Réussir ses photos tout en se faisant plaisir.
Je reçois régulièrement du courrier de lecteurs qui me posent invariablement la même question. Est-ce qu’il existe quelques trucs de base pour réussir ses photos ? Cette question, c’est un peu la quête du graal de tous les gens qui un jour ou l’autre ont eu envie de passer leur œil de l’autre côté du miroir et d’appuyer sur le déclencheur, pour voir. Je ne sais pas s’il existe, à proprement parler, des trucs infaillibles pour réussir ses photos. En revanche, il y a des voies à suivre qui contribuent à y arriver et quelques pièges à éviter. Voici quelques conseils de base, avant de vous lancer dans cette belle et grande aventure qu’on appelle la photographie.
1- Bien choisir son matériel en fonction de ses objectifs.
D’abord, à l’image du génie dans Aladdin, une première question. Vous voulez quoi ? Demandez-vous ce qui vous ferait plaisir, vers quel genre de photographie vous souhaitez vous orienter. Réussir ses photos, ça passe d’abord par le choix approprié de son matériel. On n’achète pas le même matériel photo selon qu’on a plutôt envie de faire de la photo de rue, de la photo animalière, de la photo sportive ou de spectacle. Évaluez aussi votre capacité financière, le matériel photo peut coûter très cher. L’idée de commencer par un boîtier modeste n’est pas forcément une idée de génie, car qui dit modeste dit aussi performances modestes, notamment en matière d’optique. Et puisque je vous parle d’optique, n’oubliez jamais cette règle fondamentale en photographie. C’est par l’optique que passe la lumière. En clair, si vous vous orientez vers de la photo de rue, que vous cherchez un matériel léger et discret, choisissez un boîtier léger à objectif interchangeable. L’offre hybride mirrorless, ainsi désignée car il n’y a pas de miroir contrairement à la visée reflex, commence à se structurer, il existe de bonnes propositions chez Fujifilm et Sony et aussi chez Nikon et Canon, dans des budgets qui demeurent raisonnables. Si vous cherchez un matériel plus polyvalent, capable d’embarquer des optiques de tous calibres, choisissez un reflex, les deux marques qui tiennent le haut du pavé étant Nikon et Canon. Andy Warhol disait qu’une bonne photo est une photo nette. Au chapitre de la précision et de la vélocité de la mise au point (le fameux autofocus), en reflex j’ai une préférence marquée pour Nikon. Un reflex plein format (24*36) comme D610 ou Nikon D750 me semble être un excellent choix. Complété par une bonne optique polyvalente comme Nikkor 24-120mm f/4, vous êtes sûrs d’aller loin.
2- La composition, d’abord.
Pour réussir ses photos, il y a deux options possibles. La première, c’est de faire confiance à la technologie et de se concentrer sur l’image. C’est assez pervers comme choix, car c’est à la fois le meilleur moyen de se faire plaisir et d’être souvent déçu. N’empêche, c’est quand même une bonne idée. Dites-vous que le numérique permet de faire des images sans que ça coûte un centime, alors profitez-en, surtout au début. Mettez l’appareil en mode tout automatique, ne vous préoccupez pas des réglages et laissez faire votre boîtier, il fera ça sûrement plutôt bien. Concentrez-vous sur l’image, attachez-vous à ce que l’image dans le viseur soit jolie. On appelle ça la composition. Au début, n’essayez pas des trucs trop tarabiscotés, essayez simplement de produire une image qui soit élégante, harmonieuse, ce qu’on appelle une belle photo. La composition est une priorité et vos premiers pas vous aideront à avancer et à progresser. Soyez patients, faites des photos en essayant d’être raisonnable sur la quantité d’images produites. Ah ! D’ailleurs, la quantité ne fait rien à l’affaire et ne rime pas avec qualité, donc allez-y mollo sur le déclencheur en général et le mode rafale en particulier.
3- Les réglages, ensuite.
Vous avez sorti quelques jolies photos qui vous plaisent et vous commencez à avoir envie de voir ce qui se passe avant d’appuyer sur le déclencheur. C’est bien. Vous êtes prêt pour l’étape suivante. Pour paraphraser ce cher Rabelais « science sans conscience n’est que ruine de l’âme ». Rien ne résume mieux à mon sens l’acte photographique dans son entier que cette pensée de Rabelais. En clair, si vous vous ne comprenez pas ce que vous faites, si vous ne maîtrisez pas la technique photographique dans sa globalité, vous passez à côté de l’essentiel. La photographie, c’est pas sorcier et en même temps c’est une curieuse alchimie. C’est la rencontre entre la lumière qui s’incruste sur un matériau sensible et le rôle du photographe c’est de doser tous les ingrédients, en fonction de la lumière et du mouvement. Il faut assimiler certains concepts tels que la sensibilité à la lumière (exprimée en iso), le diaphragme (qui laisse entrer plus ou moins de lumière), la vitesse d’obturation (qui définit le temps pendant lequel on laisse passer la lumière). Sur les appareils photo numérique d’aujourd’hui, on peut choisir de confier au boîtier certaines capacités automatiques. Par exemple, la fonction iso automatique laisse l’appareil choisir lui-même la sensibilité. Il en va de même pour l’ouverture (le diaphragme) ou la vitesse, avec des modes semi-automatiques. Le mode A (comme aperture, ouverture en anglais dans le texte) permet de choisir un diaphragme, l’appareil adaptant la vitesse en fonction de l’ouverture choisie. Idem pour le mode S (comme speed, vitesse). On choisit une vitesse et l’appareil choisit l’ouverture appropriée. Les modes semi-automatiques sont une excellente alternative au tout automatique, elles permettent d’appréhender certaines notions comme la profondeur de champ et d’avancer. Le mode M (comme manuel) offre quant à lui le contrôle total sur le boîtier, mais ça c’est peut être pas pour tout de suite…
4- Format RAW. Sans l’ombre d’une hésitation.
Le format RAW est assez fascinant. C’est un fichier numérique qui enregistre tous les paramètres bruts de votre photo, tout ce qui constitue votre image numérique. Ce n’est pas une image directement exploitable comme un fichier jpeg par exemple, non. Le RAW doit être développé, dématricé pour se révéler, on parle d’ailleurs souvent de négatif numérique. Pour cela, il faut utiliser un logiciel de dématriçage (on va y revenir). La bonne idée, c’est demander son boîtier de produire deux images de vos clichés. L’un en jpeg, qui sera visualisable immédiatement sur l’ordinateur, l’autre en RAW. Dans le logiciel adapté, vous allez pouvoir revenir sur nombre de paramètres qui constituent votre image, comme la balance des blancs (ou des couleurs), l’accentuation de la netteté, la correction d’exposition, le contraste, la clarté, … Vous allez aussi pouvoir corriger certains défauts de votre image comme l’horizontalité, effacer des taches de capteur s’il y en a, recadrer votre image. Pour ce dernier point, le recadrage, il sera d’autant plus facile que la taille de votre capteur le permettra. Par exemple, si vous avez un Nikon D750 (et son capteur de 24 mégapixels), vous conservez une grande latitude pour recadrer vos images.
5- Le dématricage. Optez pour la nuance.
En photographie, tout est lié. Si vous maîtrisez les paramètres de la prise de vue, le dématriçage n’en sera que plus aisé. En fait, le pire scénario est de se dire qu’on peut faire un peu n’importe quoi en misant sur le fait que le dématriçage permettra de rattraper le coup. Le bon conseil c’est au contraire de produire une image équilibrée qui ne nécessitera qu’un dématriçage conventionnel. Quant au choix du logiciel, ils sont nombreux. Vous pouvez utiliser le logiciel fourni avec votre boîtier (dont les fonctions sont généralement assez limitées) ou acheter un logiciel du commerce. Les plus connus sont Adobe Lightroom, Capture One Pro 8, DXO OpticsPro. Pour ma part j’utilise Capture One Pro 8 car il est le plus fidèle dans l’interprétation des fichiers NEF (le RAW de chez Nikon) de mon Nikon D4s. Le logiciel d’Adobe, Lightroom, rencontre un grand succès grâce à son interface très intuitive. Téléchargez des versions gratuites, testez et choisissez le logiciel qui convient le mieux à votre façon de faire. En revanche, ne tombez surtout pas dans l’excès. Une post-production outrancière nuit à la qualité de votre image finale. Je vous conseille aussi d’éviter l’utilisation systématique de presets (des réglages pré-définis), le risque étant que vos photos risquent à terme de toutes se ressembler. Bref, en dématriçage, adoptez la même attitude qu’en prise de vue, faites dans la nuance, ne tombez pas dans l’excès. Une photo post-prodée à outrance, ça se voit et c’est laid.
• En conclusion, faites-vous plaisir !
Réussir ses photos en suivant quelques règles, si ça fonctionnait ça se saurait et tout le monde serait photographe. Justement la règle en photographie, c’est qu’il n’y a pas, à proprement parler, de règles. En revanche, on a généralement de meilleures chances de réussir ses photos en étant attentif à quelques points essentiels, comme les cinq points que je viens de lister. La pratique, comme dans tous les arts, est évidemment essentielle, au jour le jour. Mais la compréhension de l’acte photographique est, j’en suis sûr, le fondement essentiel. Et pour comprendre, il faut apprendre. La meilleure chose que j’ai faite cette année, c’est de passer deux jours à la Nikon School. Non seulement j’ai appris beaucoup de choses que j’ignorais sur mon reflex mais en plus cette session de formation m’a permis de m’ouvrir sur certaines fonctionnalités dont j’avais décidé, unilatéralement en accord avec moi-même, qu’elles m’étaient inutiles et ne servaient à rien ! Erreur fondamentale. Je pense que la formation devrait être vendue avec l’appareil photo ! Nikon School, Canon Academy, voire chez un photographe professionnel, la formation vous fait gagner énormément de temps, d’énergie et vous permet de vous ouvrir à des techniques photographiques. « Vous auriez deux ou trois conseils pour réussir ses photos ? » En voilà cinq. Désormais, la seule limite est votre imagination. Une dernière chose, essentielle. N’oubliez jamais que la photographie c’est d’abord une passion. Certains en font leur métier, d’autres la pratiquent en amateurs éclairés, avec dénominateur commun le plaisir. Le secret pour réussir ses photos c’est d’abord ça. Se faire plaisir.
• photo d’illustration : The boxer. Is what feat. Napoleon Maddox, Atlantique Jazz Festival octobre 2012 (crédit photo Hervé LE GALL)
GAUTHIER dit
Je suis 100% d’accord concernant la formation. Si les deux géants (NIKON et CANON) donnaient, à chaque acheteur d’un appareil, des CD de formation avec quelques très bons conseils ils seraient les grands gagnants car la progression de leurs clients serait grandement accélérée et de ce fait:
Moins de débutants qui abandonnent faute de progression
Plus de spécialisation et plus d’envie d’évoluer vers du matériel plus performant
et donc plus de ventes !!!
Personnellement je suis très surpris de leur absence totale sur ce point ultra important.