L’improbable rencontre entre une optique de légende Canon et un Fujifilm série X.

Ça aurait pu (ça aurait dû) être une journée comme une autre, ponctuée du train-train habituel. Twitter, suivre l’info de la photographie, en faire (des photos), se dire que on en parlera. Et puis je vois passer un tweet qui m’intrigue. On y parle d’une vieille optique Canon montée sur un boîtier Fujifilm série X et quand je vous dis vieillerie, c’est du vieux qualifié vintage. Une de ces optiques légendaires à monture FL commises au siècle dernier par la très respectacle société Canon. Si vous vous êtes un jour demandé d’où vient la réputation de qualité des optiques Canon, la réponse est là, dans l’histoire même des optiques à monture FL, puis FD, puis EF. Ici on parle de Canon FL 19mm f/3.5R, t’en veux de l’optique de légende, ça en fait partie ! Je me suis souvenu d’une discussion avec des amis de la marque rouge, de la moue dubitative lorsque j’avais évoqué le montage d’une optique vintage sur un boîtier numérique. J’en étais donc resté là, jusqu’à hier après-midi. Un clic qui allait m’amener sur Captures Digitales, le site de Christophe Garnier, photographe.

Christophe est un photographe installé dans les Côtes d’Armor. Il fait du reportage et du mariage. Suite à un problème à la main droite, Il s’est acheté un boîtier Fujifilm X-T1 pour des raisons que je peux aisément comprendre et qui sont responsables, en partie, du succès de la gamme X de Fujifilm. Quand je pose mon Nikon D3s et que j’ai autour du cou un boîtier Fujifilm X, j’ai l’impression d’être en vacances. La légèreté est sans aucun doute un argument redoutable, mais pas seulement. Les fonctionnalités de la série X et la qualité renversante des images produites sont aussi des facteurs clés qui font de la gamme Fujifilm le produit tendance du moment, à juste titre. Mais revenons à Christophe. Il a donc monté son optique antédiluvienne sur son XT-1 par la grâce d’une simple bague adaptatrice qu’on trouve à 10€ dans n’importe quelle bonne crèmerie. Et le résultat ? Wouah !

On pourrait imaginer que cette optique qui n’a pas été conçue pour supporter les contraintes du numérique va s’avérer catastrophique un fois montée sur le boîtier Fuji ? Que la mise au point ne va pas être des plus aisées ? Eh bien non, justement. Une optique de légende comme ce FL 19mm demeure une optique de légende. Mieux encore, bien utilisée, elle procure un rendu époustouflant. Inutile de le répéter, mais quand même, c’est par l’optique que passe la lumière. Et pour la mise au point ? Christophe écrit : « L’avantage d’avoir le focus peaking sur le Fuji X-T1 permet de faire une mise au point très rapidement. » Le photographe breton a choisi un traitement en noir et blanc ce qui confère à ses clichés de paysage un côté à la fois noble et vintage. Le granit et le ciel breton, tourmenté, s’accordent à merveille et le résultat est beau. Simplement beau. Et émouvant.

« Ça donne envie ! » Oui, je ne sais pas vous, mais moi ça me donne envie de ressortir quelques unes de mes optiques Canon (de légende aussi) qui roupillent dans le placard. Par le biais d’une simple bague adaptatrice à 10 balles, on peut monter de l’optique Canon sur un boîtier Fujifilm et obtenir des résultats bluffants. Et comme il existe aussi une bague pour adapter des optiques Nikon de la série AI (à peu près au même prix, comptez une petite dizaine d’euro) on peut aussi s’amuser avec du Nikon. Enfin, ce qui me plaît dans la démarche de Christophe Garnier, c’est qu’elle démontre que la photographie demeure encore et toujours un vaste terrain d’exploration. Il faut juste oser franchir la barrière pour découvrir le pays des merveilles, être curieux comme Alice, tenter des expériences. Les belles images sont là, à portée de viseur, derrière le miroir. Comme disait un illustre photographe, il suffit de les prendre.

• photo : le boîtier Fujifilm X-T1 et l’optique Canon FL 19mm f/3.5R (crédit photo : Christophe Garnier)

• lire l’article et voir les photos sur le site de Christophe Garnier