Voilà, on y est. Après un pré-lancement qui a singulièrement ressemblé à une cacophonie, fuite de visuels et même fuite de communiqué de presse hier à la veille de l’annonce, Canon dégaine enfin une salve de nouveaux reflex. Deux EOS 5DS, du gros calibre et deux EOS d’entrée de gamme, comme pour ratisser large. Et une nouvelle optique aussi et pas des moindres, un zoom ultra grand angle EF 11-24mm f/4 L qui n’a pas fini de faire parler de lui, avec un range d’exception et une promesse rectilinéaire qui donne envie d’y aller voir. Et puis un hybride aussi, tant qu’on y est, avec EOS M, l’ultra compact qui se glisse dans la poche tout en embarquant un Digic 6, l’air de rien. Je savais, depuis des mois, que Canon préparait un truc, un « gros truc ». Un reflex, avec un capteur maousse dont on murmurait qu’il pourrait dépasser les 50mp, ce genre de boîtier capable d’aller chatouiller le segment moyen format. Comme un reflex de studio, en somme. Et on a vu débouler des visuels, sur les agaçants sites de rumeurs et ça nous a un peu gâché le plaisir. Désormais, EOS 5DS est là et je vais vous dire tout ce que j’en pense.
Canon EOS 5DS. La réponse du berger à la bergère.
• Dans le sillage de Nikon D800
Il faudrait être singulièrement de mauvause foi pour ne pas voir, dans l’annonce de EOS 5DS et son équivalent EOS 5DS R (sans filtre passe-bas), la réponse cinglante de Canon à son concurrent historique. Oui, indubitablement, Canon s’engouffre dans le segment du reflex très haute définition, celui occupé jusqu’à hier par Nikon D800, introduit en février 2012, il y a exactement trois ans. C’est court trois ans, mais c’est suffisamment long pour préparer la réplique et proposer deux reflex avec une ligne de specs calqués sur la gamme concurrente. Alors oui, il semble assez clair que Canon s’inscrit dans la démarche initiée par Nikon avec D800/R. Un reflex orienté studio, doté d’un capteur haute définition, proposé dans deux modèles, avec filtre passe-bas et sans. Mazette ! C’est du copier-coller ou je ne m’y connais pas. Ironie du sort, entre temps, Nikon a choisi de proposer son reflex sans filtre passe-bas d’office. Exit les deux modèles qui ont fusionné en un seul et unique Nikon D810. Ça ne manquera pas de piment lorsqu’on verra Canon faire la même chose dans une prochaine version de son EOS 5DS. Cette situation de voir Canon en challenger de Nikon est assez cocasse et prête à sourire dans le Landerneau de la photographie. Comme le glissait, avec un soupçon d’ironie, un photographe pro de mes amis « Désormais, c’est à savoir qui va sortir la plus grosse ! » Il parlait de définition naturellement. Entre 36 ou 50mp, on reste dans le king size. En revanche, une pareille taille ne va pas sans induire bon nombre de problématiques…
• Size matters.
Comme disait Debra Morgan « size matters ! » La taille, ça compte. Pas d’état d’âme sur le fait que Canon sait gérer des capteurs de très grande taille, ils l’ont prouvé par le passé, on se souvient d’un capteur expérimental estampillé Canon de plus de 100mp. À ce propos, il s’est dit ici et là que le capteur équipant EOS 5DS était signé Sony. C’est une info que je n’ai pas pu vérifier moi-même et qui n’a de toutes façons qu’une importance relative. L’argument n’est pas l’origine du capteur mais ce que la marque en fait. En revanche, on ne gère pas un capteur de ce calibre n’importe comment et on n’en fait pas n’importe quoi. Ici, clairement, ce reflex vise une clientèle habituée au studio, travaillant habituellement en moyen format. Le panel de sensibilités va de 100 à 6400iso, exactement ce qu’on trouve sur des boîtiers MF. On reste sur une plage iso raisonnable, même si EOS 5DS propose un mode étendu de 50 à 12,8Kiso. Idem sur des fonctionnalités secondaires sur un boîtier studio, comme le mode rafale limité à 5 fps. En revanche, certaines specs ont été soignées. L’autofocus 61 points (dont 41 de type croisé), un système de reconnaissance des visages, de suivi des sujets en mouvements, un système de réduction de vibration du miroir, un capteur de mesure avec détection du scintillement, … Autant de paramètres qui vont ravir les photographes de studio.
• Crop et sous-définitions RAW. Canon va jusqu’au bout du rêve.
Un capteur de gros calibre c’est bien, surtout si on peut en faire ce qu’on en veut. Un capteur à géométrie variable en quelque sorte. C’est ce que j’avais (vainemant) espéré avec D810 et qui n’est pas venu. Par contre Canon, de ce point de vue, ne rate pas la marche et propose une armada de solutions qui vont permettre au photographe d’utiliser le capteur exactement comme il l’entend. La taille du capteur, qui fait pousser à bon nombre d’observateurs des cris de vierges effarouchées, devient alors l’argument massue et confère à ce nouveau reflex un atout absolument indéniable. D’abord grâce aux sous-définitions RAW, en clair la possibilité de choisir la taille de son fichier RAW. Dieu me tripotte ! C’est du bonheur en barre pour les photographes habitués aux flux importants ou massifs, comme en packshot par exemple. On peut choisir de générer un RAW plein pot, à 50,6mp ou un RAW-M médium à 28mp ou un RAW-S small à 12mp. Avec trois tailles de RAW, Canon va au bout du rêve, là où Nikon s’était contenté d’un RAW-S. Et c’est pas fini ! Comme dirait la cruche de la pub SFR. Canon propose aussi des modes recadrage, tels qu’on les connaît sur la gamme Nikon, avec des crops de 1,3 ou 1,6, ça ne vous rappelle rien ? Cet EOS 5DS plein format peut se comporter comme un APS-H ou un APS-C. À un crop de 1,6 le reflex exploite encore 19mp, c’est énorme et en même temps c’est d’une incomparable souplesse. Oui, la taille, ça compte, surtout si on peut la choisir et sur ce coup-là, Canon ne met pas à côté. Quant à la définition elle-même, pas d’états d’âme, à 50,6mp on peut plonger avec délice et délectation dans le détail de l’image, on peut cropper à la hussarde (pardon HCB) en étant assuré de garder une taille d’image exploitable ! D’autant que la marque rouge promet une version R, sans filtre passe-bas, la perspective d’une image nette razor cut.
• Et les optiques ?
« Ça sera un gros truc. » Mon interlocteur était aussi impatient que moi, mais ne m’avait rien dit de plus. Il avait raison. EOS 5DS est un gros truc et pas seulement en raison de la taille de son capteur. Une taille qui induit de la puissance. Pour ça, Canon sait faire et introduit un double Digic 6 pour gérer la masse d’algorithmes nécessaire à la création d’une image de ce type. Je dis et répète souvent que la qualité des optiques est primordiale et qu’il convient de ne pas monter n’importe quoi sur un reflex. Dans le cas de EOS 5DS, ce n’est plus une option mais une obligation. D’ailleurs Canon a balisé le terrain depuis des mois en révisant sa gamme d’optiques. Les nouveaux cailloux que sont le 24-70mm f/2.8L II ou le 70-200mm f/2.8L II en sont de parfaits exemples, autant que le dantesque 100-400mm ou le nouveau 11-24mm f/4. Sur EOS 5DS il va falloir aussi compter sur de l’optique d’exception, au risque de produire une image indigne de ce reflex hors normes.
• Canon is back !
Aucun doute, Canon is back. La marque rouge est de retour du futur, plus flamboyante que jamais avec une proposition dantesque. J’imagine le chemin de croix que cela a dû représenter pour les équipiers de chez Canon, cette attente. D’autant que la crèmerie d’en face n’est pas restée les bras ballants, alignant une gamme de reflex fullframe, multipliant les annonces, grignotant des parts de marché. Avec EOS 5DS, Canon repositionne clairement sa gamme et donne un signal fort à la clientèle professionnelle et quelque part, elle redore aussi son blason. EOS 5DS écrit en lettres d’or sur la face avant de ce nouveau reflex haut de gamme. Une proposition qui va motiver les photographes de studio mais pas seulement. Les fonctions de sous-définitions RAW et de crop ouvrent des perspectives intéressantes pour ce reflex EOS 5DS qui pourrait bien être singulièrement plus polyvalent qu’il n’y paraît…
• Prix publics conseillés : EOS 5DS 3599€ TTC, EOS 5DS R 3799€ TTC disponibles en juin 2015. Optique Canon EF 11-24 mm f/4L USM 3199€ disponible en février 2015.
• voir la gamme de reflex professionnels sur le site Canon France
kiraa88 dit
Leur nouveau 11-24 ressemble comme deux gouttes d’eau au 14-24 de chez Nikon. Ils pensent pousser la copie jusqu’où exactement ? Reste que Nikon l’a fait en 2.8, pas Canon… Bref, Nikon pousse Canon a se sortir les doigts, et tant mieux pour les canonistes j’ai envie de dire. Le mode vidéo annoncé sur leur nouveau 5DS est 1080p/30, meme pas de 60ips, que le Nikon D810 fait deja.
Gerald Geronimi dit
Maintenants la question que tout le monde se pose, à quoi ca sert autant de pixel ?
Croucrou dit
Pas de Gps, pas de WiFi pas d’écran tactile, là c’est vraiment du plagiat de D810 😉
Visiblement le crop ne fonctionne pas en Raw (jpeg uniquement), fonctionne t’il en vidéo comme sur un D800/8100 j’en doute
Auto iso enfin programmable (a la nikon)
Autonomie 700 vues là ils auraient du copier sur le D810
Pas de flash pop up : Là aussi il fallait copier (J’ai 3 flashs cobra mais il y a toujours des cas ou le flash intégré me sert)
Pas Obturateur d’oculaire (volet oculaire attaché à la courroie) : Là aussi il fallait copier
Pour ce qui est de la dynamique étendue annoncé ya plus qu’a attendre les tests DXO pour voir si canon a réussie a rattraper son retard dans le domaine (D810 : 14.8 evs Canon en moyenne 11.7 evs)
Pour la vidéo :
Pas de prise casque
Pas de sortie HDMI compressé
En full HD seulement 30 images secondes et même en réduisant la résolution on plafonne à 50 images (vous êtes sur que c ‘est bien sur un canon ?)
A part le M Raw (que l’on peux faire sur un Nikon en croppan a 1.2 ou 1..5
et les 50Mp y a pas grand chose de transcendent, pas de quoi obliger Nikon à faire du copier coller dans l’autre sens
Bref je vais donc garder mon D800 et me commander un D810
Vivement le nikon D5 et ses 173 collimateurs AF
ou le Canon 5Dmark IV pour des progrès en vidéo
Là ou Nikon a réussi a fusionner le D800 en une seul modèle, Canon va réussir à découper le polyvalent 5D en 3 boitiers (Ds Dsr Dmark IV).
Hasgarn dit
Croucrou : si ça c’est pas du commentaire troll (ça reste light), je ne vois pas ce que c’est.
Et pour piquer un peu, qui déclarait que la course au pixel ne servait à rien avant de sortir le D800 ?
Bref, le « qui copie qui » ne fait avancer aucun schmilblick, envenime les débats et comprent souvent de mauvais arguments. Donc, je pense renvoyer vers le nouvel article de Hervé pour que vous puissiez faire vos premières corrections.
En passant, Nikon a un appareil qui filme en 4k ? Pas que je sache, ça n’en fait pas de mauvaise caméra pour autant. Et puis, comme si c’était simple de faire de la 4K vidéo. Par contre, il y a le 1Dc pour le 4K chez la marque rouge, et éventuellement le 5D mk3 avec Magic Lantern pour la vidéo RAW et 4K.
Croucrou dit
je te rejoint Nikon n’a pas de 4K et ça me gonfle et il manque également plein de choses à mon D800. j’attendais beaucoup de chose de ce 5ds pour secouer Nikon. Pour moi c’est une bonne réponse mais elle ne pas assez fortes pour forcer la riposte.
pour ce qui est de tes propos sur la dynamique, oui je connais les chalenges dont tu parles, et je trouve cela assez drôles mais aucun des photographes ayant fait ces chalenges n’a annoncé avoir définitivement switcher vers le joujou de leur enfant :-).
En argentique cela m’agaçais de ne pouvoir avoir toutes la dynamique d’un paysage sur la pellicule. avec le numérique dans certains cas en faisant 3 exposions différentes on arrive à s’en sortir.
mais c’est beaucoup mieux quand ton appareil enregistre tout en une seule fois.
par exemple cela permet en bougeant seulement un curseur de ne plus percer le ciel en paysage comme on peut le voir sur cette exemple.
http://www.hasgarn.net/liens/photo/nature_4N3B2722.png
J’espère sincèrement que de 5Ds dépassera Nikon dans ce domaine pour aider Nikon a continuer à progresser dans ce domaine.