Nikon D810. Lancement imminent ?
C’est imminent. Nikon est prêt, semble-t-il, à lancer le successeur de son D800/D800E et il semble désormais acquis que le prochain reflex haut de gamme qu’on avait baptisé un temps D800s, en référence à la lettre qui traditionnellement s’ajoute au suffixe (D3s, D4s), s’appellera donc D810. Le lancement d’un nouveau reflex dans la gamme Nikon n’est jamais anecdotique, celui-là l’est encore moins pour de nombreuses raisons. L’une de ces raisons c’est que D800, malgré les apparences, me semble être une épine dans le pied de la marque jaune et ce depuis son lancement.
• Genèse de Nikon D800. Un phénomène.
Nikon D800 aura été un boîtier phénomène. À son lancement, nombre d’experts sont restés bouche bée à l’énoncé de ses spécifications, en particulier de son capteur monumental de 36 mégapixels. « Trente six mégapixels ! » se répétait-on, incrédules, à la présentation du dernier-né à Paris par Nikon. La messe était dite, ça serait 36mp à prendre ou à laisser. Et disons-le clairement, les habitués des capteurs modestes, de 12 à 16mp max, n’étaient pas disposés à franchir le pas et dans la foulée à investir dans force cartes mémoires, disques durs et nouveaux Mac ou PC à processeur musclé. Parce que les fichiers RAW crachés par la bête sont monstrueux. Bref, les avis, à l’époque, étaient très nuancés. On comparait, à juste titre, ce reflex avec un moyen format, on le voyait cantonné en studio. La confusion s’accentuait encore avec le lancement d’un Nikon D800E, sans filtre passe-bas, qui coûtait une grosse poignée d’euro en plus mais qui était livré avec Capture NX2 en cadeau. Des specs incomprises, un reflex sans doute trop en avance sur son époque, un positionnement produit pas toujours compréhensible, bref, pour Nikon le lancement de Nikon D800 fut problématique. D’autant que pendant ce temps-là, à l’épicerie d’en face…
En face, sur le segment haut de gamme, Canon ne restait pas les bras ballants, dégainant coup sur coup un EOS 5D Mark III, reflex léger, polyvalent, performant et un nouveau navire amiral, EOS 1Dx embarquant enfin tout ce qu’on attendait de la marque rouge depuis des lustres : un autofocus véloce, une montée en iso remarquable. Un segment haut de gamme clair, une offre attractive, du matos pour tous les besoins. Un an à peine après D4, Nikon avait quant à lui commis D4s, une perfection incarnée, introduisant une spécification passée quasiment inaperçue, le RAW-S. Un fichier RAW dont on peut choisir la taille, c’était pas nouveau, Canon le proposait déjà. Pour Nikon, c’était sans doute une remise en cause des principes, une révolution culturelle. On ne peut pas éternellement aller contre le sens du vent.
• Un RAW à taille variable, qu’est-ce que c’est ?
L’utilisateur peut choisir de générer un fichier RAW en utilisant la pleine capacité du capteur, par exemple sur Nikon D4s 16 mégapixels ou une taille réduite, 4 mégapixels. La taille native divisée par quatre. Nikon a utilisé l’argument d’un utilisateur qui aurait besoin de shooter en RAW sans utiliser le capteur à pleine puissance, pour du packshot par exemple. Mais jusqu’à ce jour, on parlait de D4s et d’un capteur modeste. Modeste en comparaison de celui de Nikon D800. Et là on se prend à rêver de cette fonctionnalité implémentée sur un gros capteur…
• Nikon D810. Un capteur à géométrie variable ?
Imaginez. Un reflex doté d’un gros capteur, disons 36mp. Dont l’utilisateur pourrait choisir, au moment de la prise de vue, d’adapter la taille de son fichier RAW selon ses besoins. Je travaille en studio, j’ai besoin de toute la puissance, je veux 36mp. Je bosse en reportage, j’ai besoin d’un reflex véloce, de fichiers rapidement exploitables, je veux 18mp. Je fais du packshot, je veux pouvoir dérusher sans attendre, j’opte pour 9mp. Un RAW plein pot, ou un RAW medium (50% capteur) ou un RAW Small (25% capteur). Je vous épargne les détails, les autres specs dont serait doté Nikon D810 : un reflex compact et léger, sans filtre passe-bas, armé de l’AF légendaire qui a fait la réputation de Nikon, … Un petit D4s dans un corps de rêve ? Et puis, peut-être, histoire d’aller chatouiller Canon sur son terrain de prédilection, des fonctionnalités vidéo à faire pâlir un EOS 5D Mark III en embarquant du mythique 4k ?
• Si vis pacem, para bellum.
Rarement un boîtier aura été aussi espéré, attendu que ce Nikon D810. Si Nikon va au bout du rêve, en introduisant un reflex capable de proposer à son utilisateur de moduler la taille de ses fichiers RAW, il ne fait aucun doute que ce reflex va créer l’événement. Mais entre le rêve et la réalité du possible, il y a un pas de géant. Pour Nikon, il n’y a pas d’alternative. En face, chez Canon, l’offre existe et sur son segment photo/vidéo EOS 5D Mark III réalise des scores enviables et disons-le clairement, il n’y a pas d’équivalent chez Nikon. Pour le moment. Avec Nikon D810, les choses pourraient changer. De toutes façons Nikon n’a pas le choix. Si vis pacem, para bellum. Si tu veux la paix, prépare la guerre. Sur la guerre menée contre Canon sur le segment haut de gamme, Il est temps pour la marque jaune de contre-attaquer. Nikon D810. The rocket is on the launchpad.
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