Sur le bon de livraison en provenance de Nikon France il y a écrit « Nikkor 200-400 f4 VR« . Petit frémissement. Je regarde le prix pour l’assurance. Ah ouais, quand même… Il s’agira donc de ne pas le perdre ou de le laisser tomber. De toutes façons, un engin pareil monté sur mon D3s ça accuse plus de cinq kilos à la pesée, alors pour le shooting à main levée, on oublie. Non. Là, c’est direction Digit Photo au rayon Manfrotto. J’ai investi dans un monopode pas trop cher (autour de 45€) qui supporte un poids de dix kilos. Un investissement indispensable, de toutes façons et puis comme j’ai déjà eu la bonne idée d’investir dans un trépied de la même marque, l’excellente rotule du trépied s’adapte à merveille sur le monopode, c’est ce qui s’appelle péréniser ses investissements. Me voilà paré. Pour le test sur le terrain j’ai choisi deux grandes salles. D’abord le Quartz, scène nationale et son grand auditorium avec Miossec pour la soirée Georges Perros. Ensuite la Carène, la grande salle qui accueille le concert sold out de Selah Sue. Deux salles, deux configurations idéales pour un shooting live et un test grandeur nature d’une optique d’exception, un zoom capable d’étaler de 200 à 400mm à f4 constant, équipé d’un VR, et plus si affinités avec un téléconverstisseur TCF14 capable de faire monter l’engin à une focale de 560mm à f5,6 constant. N’en jetez plus !
Évidemment, le premier paramètre de ce monstrueux zoom Nikkor 200-400 mm, c’est justement son aspect énorme. Et puis quand le prend en main, comme disait Izma, tu sens la puissance Kronk ? (Oh oui ! On la sent bien). Habituellement, on attache une optique à son boîtier, ici c’est l’inverse. Il est conseillé de fixer solidement l’attache de la rotule sur le zoom, puis de fixer le zoom sur le monopode et d’amener le DSLR à la rencontre de l’optique. Pas d’ambiguïté, dans cette configuration c’est l’optique qui supporte le D3s qui semble bien rikiki quand il est fixé au 200-400. Un peu flippant au début, je m’assure que tout est solidaire et c’est parti. Premier constat. Je suis tout au fond du Quartz et à 200 je n’ai déjà pas assez de recul pour shooter tout le groupe. En revanche à 400mm c’est la fête. L’image dans le viseur est d’une luminosité sans nom, d’une clarté impeccable. Le zoom est très réactif, capable d’aller chercher un point de netteté dans des conditions borderline, tout ce que j’aime. On s’habitue très vite, finalement, à cette focale qui semble vraiment naturelle. Précision, il s’agit d’une émission qui passe en direct sur France Culture, donc on n’a pas affaire à un plan de feux phénoménal, d’une part et le tintamarre du déclencheur est totalement proscrit. Avec mon D3s je vais donc bosser en mode Q (le mode silencieux) et à 6400iso. Dans ces conditions, l’image présente un poil de grain mais c’est toujours moins pire que pas d’image du tout. Mais revenons à Nikkor 200-400. Si l’on excepte son poids, sensiblement plus élevé que la moyenne (doux euphémisme), au niveau du comportement, c’est un zoom de la famille Nikkor (j’allais dire comme un autre) avec toutes les qualités qu’on leur connaît, une grande souplesse d’utilisation, une fluidité parfaite de la bague de zoom, sauf que dans le cas présent on peut la tourner avec le plat entier de la main et pas du bout des doigts ! Dans le viseur, on s’habitue très vite à l’image, à sa clarté, à sa netteté, le plus troublant bien sûr demeure le ratio d’agrandissement à 400mm. En fait, en étant au fond de la salle, j’avais l’impression d’être au premier rang. C’est d’ailleurs ce qui m’a le plus gêné dans ce test, ce genre de matos lourd et encombrant, monté sur monopode ou trépied ne permet évidemment a priori pas la même souplesse qu’avec un 70-200, par exemple. Les contraintes sont plus sévères mais le champ d’action est immense. J’imagine aisément tout le profit qu’un photographe de sports ou un photographe animalier peuvent tirer d’une optique pareille, avec des fonctionnalités d’AF en continu, entre autres.
Quelques jours plus tard, j’ai rendez-vous à la Carène, pour un concert cette fois et un plan de feux qui a fait la réputation de cette salle. C’est Selah Sue qui sera mon sujet d’expérimentation, il y a pire. Comme au Quartz je suis en fond de salle, sur le balcon, une perspective très inhabituelle pour moi qui suis plutôt habitué aux fosses. Bizarrement, ce soir, je me sens beaucoup plus à l’aise avec le 200-400, la rotule Manfrotto permet une grande latitude et le monopode se règle en un clin d’œil, se déployant ou se rétractant très facilement. D’ailleurs, avec un peu d’habitude on peut se permettre quelques fantaisies de positionnement avec le monopode qui n’est pas condamné à reposer à terre, il peut aussi être en soutien ailleurs, sur le bout de ma chaussure par exemple, avec la rotule l’exercice est un peu sportif mais convaincant. Cette grande stabilité du monopode permet de shooter à des vitesses basses et le moteur VR fait des petits miracles. Tranquille à 1/60e, la capacité de Nikon D3s à monter tranquillement en iso permet de shooter à 1/125e f4,5 et au delà. Comme toujours, D3s fait preuve de son insolente domination dans sa capacité à accrocher le focus même dans des conditions de lumière délicates, pour peu qu’il trouve un point de contraste.
• Le verdict. Que voulez-vous que je vous dise ?
Caillou d’exception, ça vous va ? Focale de rêve, f4 constant, optique ultra-lumineuse, dotée d’un VR des plus efficaces. Monté sur un calibre comme Nikon D3s on joue sur du velours, l’AF est extrêmement réactif. Le tandem produit des images d’un piqué remarquable. Comme d’habitude, j’ai poussé le bouchon en plaçant un téléconvertisseur Nikkor TC14 entre le boîtier et le zoom, en perdant certes un diaph (f5,6) mais en montant la focale à 560mm, excusez du peu, sans réelle perte de lisibilité, tout en préservant une image bien nette. Voilà le verdict. Nikkor 200-400 est à classer dans les must-have, les optiques de rêve qui permettent d’aller loin, plus loin pour enfin atteindre, comme le disait si joliment le grand Jacques, l’inaccessible étoile. Et puis quelle focale, mazette ! Quelle latitude, de 200 à 400, une focale qui ravira les photographes animaliers, sportifs, événementiels et people, cette optique monumentale, capable d’aller voir ce que les autres ne voient pas tout en se payant le luxe de produire une image nette et piquée, le tout à f4 constant, encore une fois excusez du peu. On lui adjoindra évidemment un boîtier fullframe d’exception, comme Nikon D3s (what else ?) voire un excellent D700. Et, surtout, avant d’investir dans cette optique, on prendra une profonde inspiration par le nez avant de signer, en apnée, d’une traite et avec le sourire un chèque de l’ordre de 7500€ TTC. Mais c’est bien connu. Quand on aime, on ne compte pas. C’est le prix du ticket pour un voyage vers les étoiles.
NSOphoto dit
Quelle optique de rêve.. Je ne sais pas trop quoi dire d’autre tant elle me fait baver mais me semble inaccessible.
Bon il est marrant de constater que la version Canon qui vient juste de sortir intègre dans l’objectif un multiplicateur de focale x1,4 qui s’active.. ou non.. Pas con Canon.. 😉
T0rv4ld dit
Arf, je m’attendais à voir des photos…d’étoiles 😀
Joli caillou en tout les cas, même si pas à portée de toutes les bourses.
Buffalaurent dit
@T0rv4ld: Bah Moissec et Selah Sue, c’est pas des stars? 😉
harvey dit
@NSOphoto c’est marrant de voir que le remier truc auquel tu penses (et en même temps, c’est tellement humain) c’est d’aller encore plus loin que 400. C’est d’ailleurs ce que j’ai fait en montant un TC14 entre D3s et le 200-400 et en multipliant par 1,4. J’aurais pu aussi activer le mode DX sur le D3s et monter encore plus haut tout en descandant à 8mp. D’ailleurs j’imagine tout le profit d’un mode DX sur un boîtier qui afficherait une trentaine de mégapixels (disons 36). En réduisant du même ordre, on aurait encore en mains un boîtier de 24mp… Étonnant non ?
catfishs dit
C’est vrai que cette optique est magique et inaccessible pour beaucoup.
En tout cas c’est sympa d’avoir ton retour sur un objectif qu’on voit nettement plus souvent dans le milieu sportif et animalier plutôt que dans des salles de concerts et de se rendre compte qu’il s’en sort à merveille.
J’attends de voir ce que vaut le 200-400 de chez Canon monté sur un 1DX et voir si la qualité sera la même parce que là, ça fait rêver !!
Pascal dit
Je me penche sur l’achat d’un super télé, mais j’hésite… un sigma 120-300 f/2.8 ou un nikkor 200 f/2.0 ou ce 200-400 f/4.0 ???
Le Sigma à pour lui le prix, mais sans doute un peu moins bon que les 2 nikkors…
Le 200 offre une sorte d’outils de compet avec les multis: Un 200 à f/2.0, miam. Un 280 f/2.8 aussi bon que le 300 f/2.8, ou un 400 f/4.0 encore un poil meilleurs que le 200-400. Bon, ce dernier offre la souplesse d’un zoom, mais le prix, mazette !
Bref, pour l’instant je penche plutôt sur le 200 f/2.0 car il offre 3 optiques exceptionnel a partir d’une seule, le tout à un prix plus léger si je puis dire, que le 200-400.
Le 200-400 à je trouve, un petit handicap avec son ouverture maxi à f/4.0 à 200mm. En bref, je trouve qu’elle n’est réellement compétitive qu’à 400mm (par rapport à son poids et son prix, vis à vis par exemple du 300 f/4.0).
Qu’en pense-tu Harvey ?
David dit
Et pendant ce temps là, d’autres allègent leur fourre-tout avec un Fuji X100… ahah !
Joli achat mister !
Mastaba dit
Et comparé au 70-200+TC20 ca donne quoi à 400 ?
Et est-ce qu’ il est bon dès f4 ?
Pour le prix je me demande si ce serait pas plus intéressant, quitte à investir, de tapper directement dans un gros télé fixe genre 400/2.8 ou carrément 600/4, pas « tellement » plus cher (et étant donné qu’ on va rarement en acheter plusieurs) mais avec un range plus important et une meilleur tolérance aux TCs, sans la souplesse du zoom celà dit.
Pour le petit capteur très (très) dense, est-ce que le pouvoir de séparation reste suffisant même sur ce type d’ objectifs ?
harvey dit
@Pascal entre Sigma et Nikkor, il n’y a pour moi pas l’ombre d’une hésitation. Un 200 f2 est meilleur qu’un 200 f4 mais il ne va pas au delà de 200, idem pour le 300. C’est difficile de comparer une focale fixe et un zoom qui, par nature, est capable d’étaler plusieurs focales. Un autre argument de poids, si j’ose dire, de ce 200-400 c’est justement son poids 3360g permettant des shoots à main levée avec un VR particulièrement efficace.
@David c’était un test. Je l’ai rendu à M’sieur Nikon 🙂
@Mastaba là encore on ne parle pas du même calibre d’optique. Un 400mm f2,8 ça pèse 4620g on n’est pas dans la même gamme de poids. Pas dans la même utilisation non plus. Ce qui est fascinant c’est de pouvoir naviguer de 200 à 400mm avec une seule et même optique.
erwan raphalen dit
Pour en revenir sur ne vaut il pas mieux un 400 2.8 ou un 600f4..
Et bien tout dépend de sa pratique, je pense…
le 200f2 est une tuerie absolue pour qui veut faire de la proxy, du portrait, de la scene.
le 200-400 f 4 est l objectif à tout faire par excelence, mais encaisse tout même difficilement les TC..
Pour qui veut faire de l animalier, le 400 2.8 est l arme absolue avec cette puta.. d ouverture à 2.8 et puisque le TCIII passe allegrement et on se retrouve avec un 800… mais il ne faut pas penser à faire de tres longue billebaude vu le gabari et le poids de l engin!!!!trepied ou monopode obligatoire et quasiment que de l affut..
ce 200 400 f4 , est une merveille pour l animalier, pour pouvoir s amuser aussi bien en proxy à 200 qu a 400 tout en ce balladant sans trop de difficultée
David dit
Pas trop dur de le rendre ? 🙂
Pascal dit
@Harvey, je voulais dire que si tu met le multi 2x sur le 200 f/2.0, tu obtiens un 400 f/4.0 qui d’après le ebook des tests optiques de Jean-Marie SEPULCHRE sur D3s :
« Le nouveau TC20 E III transforme le 200 mm en 400 mm f/4 et procure des résultats de même niveau (et même un peu meilleurs à pleine ouverture) que le zoom 200–400 mm ! Il est donc parfaitement adapté aux caractéristiques de l’objectif le plus piqué de toutes les longues focales Nikon »
Et il pèse moins lourd que le zoom, tout en offrant un 200 à f/2 ou un 280 à f/2.8… mais ça reste nettement moins pratique qu’un zoom, c’est claire. Bon vu le prix du zoom, ça aide aussi dans le choix 😉
Ok, merci pour ton avis sur Sigma, ça fait place nette 🙂
harvey dit
@David non pas de souci, si je devais pleurer chaque fois que je rends du matos de test à Nikon France il faudrait que j’investisse dans des boîtes de kleenex 🙂
@Pascal encore une fois c’est (très) difficile de comparer une focale fixe, immuable par définition et un zoom capable de proposer au photographe une plage de focales largement disponible entre 200mm et 400mm. Un 200mm ne sera pas capable d’être autre chose qu’un 200mm, sauf par adjonction (donc achat) d’un TC14 ou d’un TC20. Quant à ajouter un TC20 sur un 200-400 on oublie. Donc pas de points de comparaison possible. Perso, si je devais choisir, j’opterais sans l’ombre d’une hésitation pour Nikkor 200-400 f4 !
Mastaba dit
Et comparé au couple 70-200+TC20, qui est quand même trois fois moins cher et quasiment deux fois moins lourd et est donc utilisable à main levée bien plus façilement tout en proposant le même range de focales voir un peu plus ?
J’ imagine que le piqué est nettement meilleur nan ? Ou la différence entre f4 & f5.6 suffit à justifier le prix/poids ?
Concernant le 200-400 est-ce qu’ il est bon même à pleine ouverture ?
harvey dit
@Mastaba je ne pense pas qu’on puisse raisonnablement poser des points de comparaisons entre un 70-200 poussé par un TC20 et un 200-400 qui est à cette focale de manière native, sans parler de la contruction même de l’optique. Et oui, effectivement, Nikkor 200-400 est excellent dès f4.
Mastaba dit
Ben c’ est quand même deux zooms avec +/- le même range de focal, j’ imagine bien que le 200-400 est meilleur, le contraire serait balot vu la différence de prix/poids, mais la question est à quel point ?
Je me pose d’ autant plus la question de la comparaison après l’ article dithyrambique sur le 70-200+TC20EIII.
Erwan Raphalen dit
Le fait est que le 70-200 garde en effet un très bon Piqué avec le tc2 ( mais le version III )
Malgré tout, tu te retrouvés avec une ouverture de f5,6 et surtout une perte évidente de l AF est à remarquer..
Alors oui, la différence de coût est « normale »
Brestitude dit
Un zoom d’exception encensé, entre autres, par les photographes de l’AFP. Pour ce qu’il en est de la résolution sur des capteurs DX , as tu eu le temps de faire un essai ? histoire de tester le range 300-600.
Sur le 200/F2 même avec le doubleur TC20EIII ça passe sans problème sur un D7000 même sur des sujets lointains.
Je pense qu’il doit en être de même pour toutes les super-focales-hors-de-prix de Mr Nikon.
Par contre le Sigma 150-500 s’il s’en sort a peu près sur un D700 au prix d’un vignettage parfois dur à rattraper, il a beaucoup plus de mal sur le D7000 au delà des 350mm. Même en fermant de plusieurs crans, contrairement au 200mm qui envoie dès la pleine ouverture. Ce n’est pas le même budget et ça se voit sur les images.
C’est quand même sadique cet article avant les fêtes de Noël ! 😉
harvey dit
@Brestitude à dire vrai non, je n’ai pas testé sur un format DX. J’ai un DX en boîtier backup (D7000) mais il est encore dans sa boîte, je n’y ai jamais touché. Cela dit je pense qu’une optique de ce calibre réclame un boîtier FX de gros calibre, et D3s en est un. Sur 200 f2 on peut monter un TC20 sans problème, en revanche ça n’est pas possible sur le 200-400, on serait over limit en matière de diaph. Concernant Sigma, no comment. C’est comme les rumeurs, Sigma, ici sur Shots je n’en parle pas 😉 Voilà. Et sinon désolé mais il n’y avait pas le moins du monde de volonté sadique hein ? D’autant que le chapitre 2 du test arrive. Âmes sensibles ne pas s’abstenir ! Et joyeux Noël !