En ce moment se tient à Vegas, seconde patrie de Tom Jones et de Céline Dion, le CES2017. The place to be pour tous les amateurs d’électronique de pointe, de gadgets connectés super énième mode et d’hommes politiques français soucieux d’affirmer leur branchitude. Pour mémoire, en français dans le texte, CES signifie consumer electronics show, ça pose le décor. Le CES c’est souvent l’occasion pour les grandes marques, comme pour les plus modestes, de présenter leurs plus récentes innovations. Dans les domaines de la télévision haute définition, de l’image en 3D, de la virtualisation, le CES2017 propose toutes les nouveautés en matière de haute technologie. On pourrait imaginer que c’est le tout dernier objet connecté, la nouvelle tablette holographique, le smartphone fûté qui te réveille et te prépare le café dès potron minet qui vont faire le buzz ? Niet. Rien de tout ça. Cette année, le buzz vient de chez Kodak. Il a suffi que la vieille dame ouvre la bouche et lâche le mot magique. Ektachrome. Non, vous ne rêvez pas. L’honorable Lady de Rochester, état de New York U.S.A., bientôt cent trente piges au compteur, vient d’annoncer la renaissance d’une pellicule mythique. Ektachrome, film inversible. Une légende.
Ektachrome. La pellicule légendaire.
• Quand argentique rime avec magique.
La photographie, c’est d’abord cette capacité à envoyer du rêve. Et force est de constater que le rêve s’est singulièrement banalisé, avec le temps et l’avènement du numérique. Tous les photographes vous le diront, à commencer par ceux qui ont travaillé en argentique. La photographie a un peu perdu de ce qui faisait son pouvoir d’attraction. Pour ma part, j’ai toujours pensé que la photographie argentique continuerait longtemps à avoir un certain avenir. D’ailleurs, en toute modestie, j’avais prédit ce revival, il y a une dizaine d’années. À l’époque, mes meilleurs amis photographes me traitaient de doux rêveur, pour les plus aimables. Pour eux, c’était fini, foutu, échec et mat. D’ailleurs à l’époque, on trouvait du matériel argentique à des prix qui faisaient pitié.
C’est comme ça, par exemple, que j’avais racheté un Canon EF, qui fut un de mes premiers boîtiers lorsque j’étais adolescent. Douze euro. Oui, vous avez bien lu. Je l’ai payé douze euro, Comme me l’avait dit le vendeur à l’époque, c’était ça ou la poubelle. Depuis toujours, j’ai des pellicules dans le bas de mon frigo, généralement Kodak TriX 400. Une façon de conjurer le sort. « Tant que tu as de la pelloche dans le bas de ton frigo, c’est que tu es vivant ! » se plaisait à rappeler un vieil ami photographe. Sauf qu’en 2012, on a su qu’on n’aurait plus jamais d’Ektachrome dans nos reflex.
• Ektachrome. Renaissance programmée.
Ektachrome 100iso. Kodak a annoncé la renaissance de ce film mythique programmée pour la fin de l’année 2017. Si vous avez déjà logé une pellicule de ce type dans votre reflex, inutile de vous faire un dessin. Vous savez déjà pourquoi cette pellicule est légendaire. Ektachrome offre un niveau de grain et de définition absolument dantesque. Ce n’est pas pour rien qu’elle a longtemps été la pellicule de référence d’innombrables photographes, notamment dans le milieu de la photographie animalière. Reste à savoir si l’engouement pour la photographie argentique va profiter à Kodak.
En conclusion, une chose est sûre. Pour la fin de l’année, je vais investir quelques euro dans l’achat de pellicules Ektachrome 100 pour mon Canon F1, en espérant que le prix de vente sera raisonnable. Inclura-t-il le développement, comme c’était le cas autrefois, si mes souvenirs sont bons ? Ou les amateurs de grains d’argent auront-ils la possibilité de le développer eux-mêmes ? En tout cas une chose est sûre. Kodak mise sur le même regain d’intérêt pour ce produit mythique que celui qui a profité au disque vinyle ou à la photographie instantanée. Une vieille dame qui fait le buzz dans un salon dédié aux produits électroniques ? Cette année 2017 commence bien. Clic clac, merci Kodak.
• lire l’article sur le retour de la pellicule Ektachrome sur le site de Kodak
Marco Tchamp dit
Excellente niouze même si c’est la KR 25, 64 ou 200 (asa/iso) qui incluait la fameuse pochette jaune en papier pour le développement diapo permettant un retour à la maison … ou chez le photographe de quartier ! le grain inégalé de la Kodachrome, son velouté, son modelé, son rendu chromatique… mais l’ekta c’est bien aussi !!