Il neige sur Paris. Définitive incongruité pour le brestois que je suis. Un temps à te foutre le bourdon, à te donner envie de jeter tous les parisiens dedans la Seine et à noyer en même temps toutes les parisiennes. Le métro (station Anvers) m’a déposé directement devant la salle où se produisent les copains de Matmatah ce soir. Après avoir bourré la crème des salles parisiennes, de l’Olympia à la Cigale, les p’tits gars de Lambé ont garé leur tour bus sur le boulevard Rochechouart. Hier c’était au coquet Trianon ce soir on remet le couvert à l’Élysée Montmartre. Dans mon sac, une fois n’est pas coutume, en complément de mon D4s j’emporte avec moi un boîtier Fujifilm Instax wide 300, chargé du nouveau film Instax wide monochrome. Pour l’amateur du film pack que je suis, ce nouveau film proposé aujourd’hui par Fujifilm sonne comme une promesse, un retour aux sources. Échaudé par le film noir et blanc proposé par Impossible Project, désormais rebaptisé Polaroid Originals, je demande à voir. Parce que de vous à moi, retrouver le grand frisson du FP3000B, ça tient plus du fantasme que de la réalité d’aujourd’hui. Me voici donc dans la place, mon Instax wide monochrome en mains. On va voir ce qu’on va voir…
Instax wide monochrome. Pure nostalgie
• Au temps béni du film pack signé Fuji
D’abord un petit flashback, l’évocation d’un passé désormais bien révolu. La grande et belle époque du format film pack, qu’on désignait aussi sous le terme anglais de peel apart, en clair un film à éplucher. Le film pack, produit pendant de très nombreuses années par Fujifilm, équipait la gamme d’appareils photo instantanés Polaroid, les fameux appareils à soufflets. Parmi eux, on citera le mythique Polaroid 250 ainsi que la gamme d’appareils professionnels Polaroid 180 ou 195. Le film pack était également utilisé sur des dos adaptables à des appareils moyens formats. Ce format de film se déclinait en trois produits, une version couleurs avec le FP100C et une variante Silk et le désormais mythique FP3000B, capable de produire une image très contrastée, avec des noirs profonds et des nuances de gris absolument divines. Paradoxalement ce film à développement instantané était surtout utilisé dans le milieu médical, mais de nombreux photographes se l’étaient accaparé, devant ses qualités exceptionnelles. Mais la vague numérique submergeant tout sur son passage a eu raison des installations argentiques. C’est ainsi que Fujifilm a dû se résoudre à abandonner le FP3000B, dans un premier temps, suivi de l’abandon du FP100C, laissant orphelins des photographes désemparés. Désormais les appareils Polaroid utilisant le film pack étaient condamnés à court terme à rejoindre au mieux la vitrine de musée, au pire le grenier ou le tri sélectif. C’en était fini de nos rêves d’adolescent où on épatait les copines en leur tirant le portrait. Fini, foutu, échec et mat. Jusqu’à ce beau jour de septembre…
• Instax wide. L’excellence est au rendez-vous
Bien sûr, on pouvait toujours faire de l’instantané. Soit en utilisant les films produits par les aventuriers du projet Impossible, avec le taux de réussite assez casse-gueule que l’on sait. Soit en se rabattant sur Fujifilm. C’est ce que j’ai fait en testant d’abord le format Instax mini sur un appareil de chez Lomography. Un résultat satisfaisant mais un brin trop mini à mon goût. En revanche, le format Instax Square m’a littéralement bluffé ! J’appréhendais le moment où j’allais découvrir le format Instax wide, d’autant que sa taille et son format ne sont pas sans rappeler le fameux format du film pack. Je dois à la vérité de dire que j’ai mis environ 3 minutes, montre en main, pour réaliser la pertinence, que dis-je ? L’excellence, la performance du film Instax wide. Je l’ai d’abord testé en intérieur, avec un film couleur et mes deux modèles de prédilection (Victor et Elliot). Les couleurs sont belles, fidèles, l’image est contrastée et l’autofocus de l’appareil Instax wide 300 remplit parfaitement son rôle. Précision, on peut fixer manuellement la distance du sujet en tournant l’objectif central. Le développement de l’Instax wide couleur se réalise en trois minutes. À noter une ou deux choses intéressantes. D’abord, le film se développe rapidement et en lumière du jour, contrairement au film Polaroid Originals qui met beaucoup de temps à se développer (quand il se développe, diront les mauvaises langues) et qui de surcroît doit être mis à l’abri de la lumière pendant les six premières minutes de développement (une minute pour le film noir et blanc). Bref. Avec Instax wide couleur, on est proche de la perfection, comprendre on est proche de ce qu’on obtenait autrefois avec du film pack FP-100C et même peut-être encore un peu mieux. Restait à tester le film noir et blanc, Instax wide monochrome.
• Instax wide monochrome, le grand frisson
Comme je n’aime pas la facilité, et en hommage à mes expériences adolescentes de photographe en herbe, où on transformait un judas de porte pour en faire un fisheye, je me suis dit que j’allais utiliser la lentille close up, permettant de faire de la macro (de la macro avec un Instax wide, ils sont fous ces japonais !) pour taper du portrait. Inutile de vous dire que c’est assez périlleux, notamment à cause de l’erreur de parallaxe que l’utilisation de cette lentille engendre. En revanche, la lentille close up permet de réaliser un portrait rapproché, comme on pourrait le faire avec un équivalent 85mm sur un reflex. Étant équipée d’un petit miroir, elle permet aussi de faire des selfies. C’est d’ailleurs ce miroir qui permet au sujet de donner au photographe une indication de cadrage, rendant la prise de vue assez sportive ! Et le résultat, me direz-vous ? Dieu que c’est beau ! J’ai retrouvé le grand frisson, celui qui m’envahissait, qui me submergeait chaque fois que j’épluchais un film pack. Instax wide monochrome produit une belle image, contrastée, pleine de détails, avec de beaux noirs, de beaux blancs et des nuances de gris ravissantes. Grâce à Instax wide monochrome, j’ai enfin retrouvé des sensations que je croyais perdues à jamais ! La prise de vue fut joyeuse, chaque portrait étant réalisé en double exemplaire, le choix étant laissé au sujet pour conserver sa photo préférée. À chaque fois, je retrouvais ce côté définitivement magique de la photographie instantanée…
• Instax wide, le meilleur rapport qualité prix
Non, la photo instantanée n’a pas disparu. Grâce à Fujifilm, elle continue d’exister, par la grâce de trois formats, mini, square et wide. Pour ma part, j’ai une préférence nettement marquée pour le format wide, tant il se rapproche de mon format de prédilection qu’était le film pack. Et puis comme il existe en deux versions, en couleurs ou en noir et blanc, on a à sa disposition une large palette, d’infinies possibilités. Techniquement, c’est propre, le film se développe vite et bien, même s’il continue de prendre en profondeur et en contraste pendant un long moment. Le film Instax wide monochrome est naturellement mon énorme coup de cœur ! Je veux bien parier qu’il va séduire de très nombreux photographes, adeptes de la photo instantanée. Côté matériel, Instax Wide 300 fait le job, autofocus et flash électronique intégré. On peut juste rêver d’un appareil qui permettrait d’avoir un peu plus la main sur les réglages manuels. Lomography propose Belair, un moyen format permettant aussi de faire de l’Instax wide. C’est intéressant, même si l’appareil reste relativement automatique et que la sortie de film se fait… À la manivelle et à l’huile de coude. Reste un paramétre non négligeable, c’est le prix du film Instax wide ! Un bipack couleurs coûte 17,90€ (source Amazon) soit la photo à moins de 0,90€. Pour Instax wide monochrome c’est un peu plus cher, comptez 12,90€, soit 1,29€ la photo (voir sur Amazon)
. Un prix somme toute raisonnable quand on compare au prix d’un film Polaroid 600 à 16,99€ les 8 vues soit 2,12€ la photo ! Sans même évoquer la différence qualitative…
En conclusion, Instax wide monochrome, c’est une des meilleures nouvelles de l’année, pour tous les amoureux de belle photographie instantanée en noir et blanc. Avec Instax wide, on retrouve des sensations qu’on pensait perdues à jamais. Fujifilm donne un signal fort à tous les afficionados de photographie instantanée. Allez ! Il vous reste quelques jours pour commander votre Instax Wide 300 et quelques pellicules pour mettre au pied de votre sapin. La magie est de retour.
• un grand merci à Fujifilm France pour leur soutien et leur support technique !
• merci au groupe Matmatah (album Plates coutures, en vente partout)
Merci pour le test mais si je peux me permettre, le Instax 300 ne possède pas d’autofocus, bien au contraire, vous devez sélectionner la distance entre « proche » et « loin » (je ne sais plus les chiffres).
De plus, il est bien dommage de n’avoir aucun cliché montrant à quoi ressemble le film monochorme…
C’est carrément exact, le terme d’autofocus est inapproprié. Instax Wide 300 fait une cote plus ou moins bien taillée de 90cm à 3 mètres ou de 3 mètres à l’infini (de mémoire). Et promis, dès que j’aurai du temps je ferai un scan d’un cliché monochrome ! Du point de vue qualitatif, on s’approche de ce qu’on obtenait avec FP3000B.
Il me semble que vous faites l’impasse sur le Lomo Instant Wide dont les possibilités (ré)créatrives sont bien plus larges que le Wide 300 ! Merci pour ce post en tout cas !
L’article étant consacré à Fujifilm il me semblait normal de parler en priorité du boîtier qu’ils m’ont prêté pour ce test terrain. Cela dit, j’ai beaucoup écrit sur Lomo qui est une marque pour laquelle j’ai une grande affection. Cela dit il est exact que le boîtier Fuji laisse peu de place à l’improvisation.