Dans le milieu de la photographie numérique, on se souviendra longtemps des tout premiers jours de cette première semaine de l’année 2016. Deux annonces, sur deux segments de marché que tout oppose, en apparence. Nikon corp. est à la manoeuvre, déployant son insolente toute puissance au niveau planétaire.
Nikon au sommet du segment photographie numérique
La marque jaune avait bien préparé son coup, réussissant l’exploit, au passage, de préserver le secret de ses annonces jusqu’au dernier moment. C’était malin, de dévoiler en fin d’année dernière, qu’un nouveau navire amiral allait bientôt accoster, qu’il s’appellerait D5 et qu’on pouvait s’attendre à du lourd, nouveau haut de gamme oblige. Et finalement, avec le recul, je réalise que Nikon D5 était l’arbre qui cache la forêt, car c’est de cela dont il s’agit. Avec D500, Nikon a dévoilé un nouveau boîtier dont les spécialistes ont eu du mal à dire si on avait affaire à un boîtier amateur ou à un boîtier pro. Pensez donc, un boîtier DX ça ne peut pas être un boîtier pro ! C’est oublier un peu vite le nombre de professionnels qui bossent chaque jour avec des reflex APS-C. Les specs « gavées aux stéroïdes » de Nikon D500 donnent le tournis, tant il apparaît que ce reflex est une proposition universelle, qui peut potentiellement intéresser un spectre de clientèle particulièrement large. Des photographes, attirés par la précision d’un autofocus redoutablement efficace, directement hérité du nouveau grand frère Nikon D5, 153 points dont 99 capteurs en croix, ultra-véloce parce que piloté par le nouveau processeur Expeed 5. Une toute puissance dans un boîtier DX dont Nikon D500 tire largement parti, justement, en affichant une zone de couverture nettement plus large qu’un capteur plein format. Alors DX ou pas, qu’importe le format pourvu qu’on ait l’ivresse de la performance et la vélocité de l’AF. Et ça va être justement le cas. Avec Nikon D500, le photographe va bénéficier d’un concentré de puissance capable de verrouiller la cible, de faire le point en mode C suivi 3D avec une redoutable performance. Capteur DX ou pas, c’est le cadet de mes soucis, on fera avec le coeff de conversion. Ça c’est pour le versant photo. Les vidéastes, eux, vont bénéficier d’un outil capable d’enregistrer un flux vidéo 4K. Comme le 4K c’est glouton, il faut que le reste suive. Ça tombe bien, Expeed 5 est fait pour ça et derrière on peut enregistrer sur une carte XQD 2.0. Au passage, ceux qui affichaient une moue désabusée par rapport au format XQD, en suspectant son manque de pérennité, au seul prétexte que Canon ne l’avait pas adopté, sont invités à revoir leur copie. Le format XQD était déjà une tuerie (pour mémoire la série S de Sony affichait déjà 169Mo par seconde), alors la version 2.0 pète tous les compteurs, avec son débit stratosphérique de 400 Mo/s, tout en optimisant la construction physique de la carte elle-même. Alors oui, la présence d’un double slot XQD/SD sur Nikon D500 est une excellente nouvelle.
• Nikon, une offre complète en plein format
Un haut de gamme, un boîtier pro au format DX, ça c’est pour les annonces du début d’année. Et je veux bien parier que c’est pas fini, que 2016 va nous réserver d’autres surprises, du côté de la marque jaune. Si on fait le point, qu’on jette un œil dans le rétro, on peut réaliser le chemin parcouru par Nikon sur le segment de la photographie numérique. Historiquement, il faut convenir que Nikon avait ostensiblement traîné des pieds pendant quelques années sur la proposition plein format. Aujourd’hui en revanche son offre est particulièrement musclée, avec pas moins de quatre déclinaisons en reflex numérique fullframe (plein format 24 * 36). Nikon D610 (l’entrée de gamme), D750 (le reflex universel), D810 (et son capteur haute déf) et D5 (le nouveau haut de gamme). Pour les optiques, Nikon a dégainé des mises à jour de sa gamme Nikkor, avec quelques fabuleuses pièces premium, dont le récent 24-70mm f/2.8 VR, qui est aussi bon qu’il en a l’air, en passant par quelques focales calibrées, Nikkor 500 ou 600mm, entre autres. Cette année, on aura même eu droit à la surprise du chef, avec cet OVNI désigné sous le nom de KeyMission 360. On dirait le titre d’un blockbuster, mais non, c’est juste une caméra d’action génialement pensée.
• KeyMission. Sur le terrain de GoPro ?
Qu’est-ce que c’est que ce truc ? J’ai pas mis trop longtemps à piger, à réaliser ce que les ingénieurs de chez Nikon nous avaient pondu là. C’est bête comme chou, mais il fallait y penser. On prend une optique dans un boîtier carré, ça filme (en 4K) à 180°. On a un capteur qui est capable de gérer plusieurs caméras, donc de l’autre côté, on met une autre optique, qui filme aussi à 180°. Les deux optiques combinées de manière logicielle, on obtient un système capable de gérer un panoramique de 360°, le tout au format 4K. Le reste est presque une formalité. On construit un boîtier solide, résistant aux chocs, étanche à 30 mètres, résistant aux poussières, capable de transmettre une image en wifi, en bluetooth, en NFC. Avec une interface pour envoyer des images directement sur son smartphone, sa tablette, voire l’inverse et piloter la petite boîte à partir d’un périphérique externe. Les applications ? Innombrables. Les utilisateurs ? Tout le monde. Vous, moi, pour le fun ou pour le travail. Le segment ? Les caméras d’action. En face de qui ? Gopro avec sa gamme Hero, Canon avec Legria, Sony avec ActionCam, Dji avec Osmo. On n’imaginait pas que Nikon allait continuer à se laisser bouffer la laine sur le dos, alors que l’image, c’est quand même sa tasse de thé, son cœur de métier.
• Un hybride Nikon c’est pour quand ?
Ah ! L’hybride… Il semble que le soufflé de l’hybride soit singulièrement retombé, ces derniers temps, mais là n’est pas le sujet. Je comprends parfaitement les motivations qui ont poussé quelques photographes à échanger leur baril de reflex contre un baril d’hybride, au premier rang desquelles on peut parler de budget. Et puis Sony et Fujifilm ont su faire le job marketing pour imposer ce segment et y faire leur place, une place somme toute modeste quand on observe les chiffres du marché de la photographie numérique. Sur le marché de l’hybride, l’offre Nikon avec la gamme 1 n’est pas de nature à séduire une clientèle professionnelle, même si l’appareil en soi est intéressant. J’avais testé Nikon 1, notamment avec des optiques Nikkor, bénéficiant d’un coefficient de conversion assez hallucinant (2,7) où un 500mm affiche 1350mm. Pour le moment, quand on évoque le segment de l’hybride chez Nikon, c’est silence radio. Mais je veux bien parier mon futur D5 que le jour où Nikon va dégainer son hybride, quelques bras ballants vont tomber. Je vois mal Nikon proposer autre chose qu’un hybride plein format, avec un pont vers les optiques Nikkor et quelques specs à couper le souffle, en matière d’AF, de vélocité ou de mode rafale avec des cadences impossibles à réaliser avec un miroir reflex à gérer. Sans même évoquer de la vidéo en 4K à tous les étages. Un hybride plein format Nikon est-il dans les cartons ? Ça, c’est pas une rumeur, c’est une quasi certitude !
• Pendant ce temps-là, chez Canon…
Eh bien, pendant ce temps-là chez Canon, Sœur Anne ne voit toujours rien venir ! Je ne perds pas de vue la marque rouge, en revanche elle semble s’être assoupie depuis un bon moment, comme assommée par son éternel rival. Voyons les choses en face, sans ironie aucune. Chez Canon, ça fait quand même un bail qu’il ne se passe plus rien. Dans les faits, le dernier-né de la gamme reflex plein format, EOS 5D Mark III, date d’il y a quatre ans. Pour mémoire ce modèle avait été introduit en mars 2012. Pas mieux sur le segment haut de gamme, EOS 1DX a été annoncé en octobre 2011 et lancé en juin 2012. Et là vous me dites qu’il y a eu EOS 5Ds, certes. Un reflex studio, sur un segment vertical très étroit, qui lorgne sur le marché moyen format ? Pas évident. Une définition de 50mp, c’est à mon avis trop lourd pour un usage pro en reportage au jour le jour et trop léger si on le compare à un boîtier moyen format comme celui de Phase One, qui affiche 100mp, excusez du peu. Le génial initiateur de la vidéo embarquée sur un reflex (avec EOS 5D Mark II) a perdu son avance en photographie numérique depuis un moment et il y a du monde dans la boucle du 4K. Je ne désespère pas de voir rebondir la marque rouge et le plus vite sera le mieux, parce que là, on commence un peu à s’impatienter.
• Nikon all mighty.
Il ne s’agit même plus de savoir si on est pro-Nikon ou pas. Force est de constater que sur le segment de la photographie numérique, Nikon règne sans partage, bénéficiant d’une avance insolente, tant en parts de marché qu’en performances technologiques. De ce point de vue, sur le papier, Nikon D5 éclipse sans difficultés tous ses concurrents, d’ailleurs je pense que D5 est aujourd’hui sans équivalent, sans challenger. Et il ne s’agit même pas seulement de parler de meilleur reflex du marché sur le segment photographie numérique, la place étant jusqu’alors occupée par Nikon D4s mais il convient aussi de parler d’optiques. De ce point de vue, Nikon a mis le paquet pour combler quelques lacunes, avec des propositions sur sa gamme Nikkor assez époustouflantes. Est-ce que Nikon peut aller plus loin ? Investir d’autres segments, continuer sa progression ? Connaissant un peu Nikon, ça ne fait aucun doute, même si je ne suis pas dans le secret des dieux. Et maintenant ? On fait quoi ? On va où ? ai-je demandé à mon interlocuteur. Il n’a pas répondu, comme toujours, mais dans son regard, j’ai vu une certitude. Nikon n’a pas fini de m’étonner. Et on n’a pas fini de s’amuser…
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Croucrou dit
J’ai le sang jaune Nikon et je partage une partie de vos remarques. Ces nouvelles annonces sont très existantes mais le soleil n’est pas si jaune que ça.
Sur les nouveaux Nikon il y a bien la 4k mais sur le d5 elle est très limité en duré ce qui semble incompréhensible
Et sur les deux nouveaux modèles les crop imposée rendre les plan en grand angle assez compliqué.
Le tout nouveau flash haut de gamme n’est plus capable de contrôle d’autre flash il faudra forcément acheter le module de commande. Module de commande externe qui viens se connecter sur la prise 10 pin et qui semble bien fragile et il faudra y faire attention à chaque rangement dans le sac.
Le d5 n’est toujours pas Wifi en natif
Le D500 est Wifi mais il ne parle qu’au smartphone et tablette pour transférer vers un pc il faudra rajouter l’énorme nouveau module pro qui apporte en bonus une prise rj45. Cette limitation de Wifi interne sent la manœuvre marketing à plein nez, (ma pauvre carte Eyefi tranfert sans problème les RAW énorme de mon d810 sans problème.
Bref ces petits détails qui j’ espère seront corrigé sur les prochains boîtiers car la concurrence surtout chez Sony n’est pas si loin que ça.
harvey dit
Je ne suis pas vidéaste, mon reflex je l’utilise pour faire mon métier et mon métier c’est de faire des photos. Nikon évoque un flux de prod optimisé grâce au double slot XQD 2.0, j’ignore s’il y a une limitation en taille de fichier en 4K, dans l’absolu on peut toujours connecter D5 à un enregistreur externe. Pour le flash, qu’il ne soit pas doté d’un module lui permettant de piloter d’autres flashs ne m’étonne pas, c’est déjà le cas sur la gamme actuelle. Pour ma part j’utilise un contrôleur SU-800 qui me permet de piloter mes flashs, la technologie radiocommandée va surtout permettre de s’affranchir des obstacles. Pour certaines applications ça va être très utile, pour moi non et c’est tant mieux parce que je ne me vois pas mettre 650 balles (TTC) dans un flash !
Sinon, non le D5 n’intègre toujours pas de module wifi et je pense que c’est pas demain la veille ! Je préfère un modu!e optionnel avec des fonctionnalités étendues qu’un truc intégré permettant deux ou trois bidouilles. Sur un reflex comme D5 la place coûte très cher, ça explique que l’absence du module wifi qui n’est pas une priorité absolue. Et la remarque sur D500 est très juste. Envoyer ses photos vers son smartphone ou sa tablette par wifi c’est vachement anecdotique. Mais au risque de vous décevoir, je pense qu’on ne verra pas de changement de sitôt.
Quant à Sony, ils sont sur le segment de l’hybride, je ne pense pas qu’ils soient une préoccupation pour Nikon D5. En tout cas pas pour le moment…
Reste que tout ça, c’est du papier. J’attends d’avoir un D5 entre les mains et l’amener en balade avec moi sur mon terrain histoire de voir s’il est aussi bon qu’il en a l’air. Mais je connais suffisamment Nikon pour avoir déjà ma petite idée…
croucrou dit
Non le flash haut de gamme Nikon avait jusqu’à maintenant toujours un mode commander permettant de commander les autres flash c’est le cas des SB-910 900 800 700.
oui la radio c’est bien pour les flash perso je le fait déjà avec mes pocket wizard TTL
La pour l’instant Nikon fait payer très cher la radio (Flash + commander optionnel)
harvey dit
Perso je n’ai jamais utilisé mon SB900 en mode maître, pour piloter un ou plusieurs flashs je préfère passer par un module externe comme SU800. Je n’ai jamais testé pocket wizzard, pas vraiment l’utilité à dire vrai. En fait j’utilise le flash en studio et en appoint de la lumière continue (ou naturelle). En tout cas on est d’accord, le nouveau flash radiocommandé Nikon est vendu au prix fort, un poil trop fort pour moi !
Olivier dit
citation « avec quelques fabuleuses pièces premium, dont le récent 24-70mm f/2.8 VR, qui est aussi bon qu’il en a l’air, »
Vraiment ??……….
harvey dit
Sentirais-je une pointe d’ironie dans votre commentaire qui me cueille au début de ma journée ? Votre regard plein d’ironie dans le mot « vraiment » ? Sans doute. Donc oui, « vraiment » et sans doute aujourd’hui encore un peu plus qu’hier. Je teste ce caillou depuis bientôt trois mois. Oui,c’est ce qui me différencie des autres testeurs, je teste les cailloux Nikon sur le terrain, sur tous les terrains et dans la durée. Comme ça, je peux vraiment savoir si c’est bon ou pas. Je ne me contente pas de ce que je lis sur les forums (…) et encore moins sur des bancs d’essais avec une mire en studio. Non. Mon bac à sable, mon terrain de jeu c’est le terrain justement.
Depuis trois mois, on ne se quitte plus, j’amène le nouveau 24-70 f/2.8VR partout avec moi. Et à chaque fois que je travaille avec lui, je suis bluffé. Est-ce qu’il est aussi bon qu’il en a l’air ? Plutôt deux fois qu’une. L’image est razor cut et le VR, qui me semblait un peu inutile, est finalement très pratique quand je suis contraint de bosser à moins d’un trentième.
Un photographe me demandait hier si j’allais tester le D5 et le D500. Je lui ai dit que oui, bien sûr. Il veut savoir si la montée en iso est aussi dingue qu’on le dit et il a ajouté « au moins avec toi, je sais que j’aurai une info fiable, que tu ne me raconteras pas de conneries ! » C’est ça. Si ça me semble bon, je le dis. L’inverse est vrai.
Bonne journée.
Olivier dit
Ce n’est pas de l’ironie , votre avis est contraire à ce qu’en disent des gens dignes de foi ,je pense au magazine ********** par exemple…
Olivier dit
pour ma part ,j’ai le 24/120 f4 VR qui me donne satisfaction , avec les 50mm d’allonge supplémentaire ce qui n’est pas rien….
harvey dit
La presse, les blogueurs (moi inclus), les forums, … Chaque fois que je peux donner un bon conseil, c’est que chacun se fasse son propre avis en testant soi-même le matos.
Concernant Nikkor 24-120 f/4 je peux en parler, comparer, j’en ai un. Une petite recherche sur SHOTS vous montrera tout le bien que j’en pense. Oui, le range est plus long, oui il est stabilisé. En revanche du point de vue de la construction, de la qualité d’image, y’a pas photo. Bon, en même temps c’est pas le même prix. J’ai fait un shooting en concert où avec un pote on alternait, on s’échangeait les optiques pendant le set, 24-70 versus 24-120. Pour revenir au 24-120 après avoir bossé au 24-70 il faut avoir un singulier sens de l’humour !
Essayez. Vous verrez.
Olivier dit
j’ai eu un Nikon 24/70 2.8 non VR pendant 5 ans ,je viens de le revendre……
En Sport automobile pour mon usage ,le 24/70 est trop court et je prefere une image un peu moins qualitative que pas d’image…..
harvey dit
Je suis allé voir votre site et je vous connaissais déjà, comme la qualité de vos images d’ailleurs. Je ne peux que confirmer sur le 24-120 c’est une super optique. Elle est un poil en dessous du point de vue qualitatif par rapport au 24/70 sans compter un diaph de différence. Maintenant, au niveau du tarif, on est pas dans la même gamme de prix, c’est du simple au double. Avec effectivement un range presque idéal sur le 24-120, que j’avais acheté à l’époque de mon D3s et qui est pour moi une optique de référence.