Personne (ou presque) ne s’y attendait. Nikon avait fait chauffer à blanc ses contrats NDA (non-divulgation) et le secret a été parfaitement gardé, l’effet de surprise a joué à fond. Autant tout le monde savait que Nikon allait annoncer D5, autant on ignorait que le navire amiral cachait une autre annonce et pas des moindres. Car Nikon D500 est une véritable arlésienne, le successeur du désormais mythique Nikon D300s, l’enfant terrible de la gamme Nikon qui aura été le boîtier de toute une génération de photographes. D’ailleurs, les équipiers de Nikon s’en amusaient depuis des années. À chaque salon, à chaque rencontre, revenait invariablement la sempiternelle question. Quand allez-vous sortir Nikon D400 ? Tant il était évident que le successeur serait désigné de ce nom. Il faut croire que les priorités de la marque jaune étaient ailleurs, notamment dans la consolidation de la gamme FX (fullframe, capteur plein format) avec D610, D810 et plus récemment l’excellent D750 qui fait un carton et qui le vaut bien. Mais du côté du format DX, Nikon ne disposait pas d’une proposition professionnelle, car oui, Nikon D500 est bien sur le segment pro, malgré son format DX. Et l’annonce est tombée, juste après Nikon D5. Comme un « one more thing » à la façon du boss d’Apple. Un reflex à qui Nikon D5 pourrait affirmer qu’il est son père, tant ces deux boîtiers se ressemblent, jusque dans la liste de leurs spécifications. Alors ? Nikon D500 est-il un D5 au format DX ? Non seulement il l’est mais il se paye le luxe, de surcroît, d’embarquer des fonctionnalités qu’on ne trouve pas sur D5. En vérité je vous le dis. Nikon D500 va réaliser un énorme carton d’audience. Suivez le guide.
Nikon D500. Le retour de l’enfant terrible.
• Nikon D500. Il l’a.
D’abord, une fois n’est pas coutume, commençons par son prix d’introduction, 2299€. Vous savez comme moi qu’un prix d’intro n’est jamais un prix figé, on ne s’étonnera pas de voir ce reflex pointer rapidement le bout de son nez à moins de 2000€ TTC et ce prix-là, avec la liste de specs longue comme le bras de Nikon D500, c’est cadeau. D’abord, c’est un boîtier au format DX, coefficient de conversion 1,5 ce qui signifie que si vous montez un 100mm le format DX multiplie sa focale par 1,5. En clair l’optique montée sur D500 dispose d’un angle de champ une fois et demie plus importante, soit 150mm pour un objectif de 100mm. Un 70-200mm comme un 105-300mm ça peut être utile, parfois. Du côté de l’ergonomie, on dirait un petit D5, le grip en moins. Les habitués des reflex Nikon ne seront pas dépaysés. Face arrière, l’écran est large (3,2 pouces), tactile et inclinable, un détail particulièrement savoureux dans certaines prises de vue à bras tendus ou en mode vidéo. Avec un grip optionnel, on bénéficie d’une meilleure prise en main, d’une autonomie étendue, du mode de prise de vue facilité en format portrait. Définition du capteur 20,8mp comme D5 et les similitudes ne s’arrêtent pas là. L’autofocus du D5 ? Il l’a. La prise de vue en rafale et le buffer de dingue ? Il l’a. Le slot dual XQD/SD ? Il l’a. Expeed 5 ? Oui, il l’a aussi. La sensibilité en méga iso ? Il l’a. La vidéo en 4K ? Il l’a. Et Nikon D500 embarque aussi des specs que son grand frère D5 n’a pas. Un écran inclinable, bluetooth pour transférer des images en temps réel vers un smartphone ou une tablette via SnapBridge. Bref. Il a tout ça et ça fait de lui la meilleure proposition de Nikon depuis des lustres.
• Nikon D500. Calibré comme un pro.
Il ne fait aucun doute que ce boîtier est calibré comme un pro, quand bien même c’est un format DX. Il embarque Expeed 5, la nouvelle star estampillée Nikon en matière de processeur, qui va faire ronronner la boutique, capable d’absorber un flux maousse de 200 fichiers RAW en mode rafale à 10fps en 14 bits non compressés, plein pot donc. Là vous me dites comme D5 ? Oui, à la louche oui, D5 étant un poil au-dessus mais guère plus. Sur une carte XQD 2.0 de toutes façons, ça étale. À ce propos, l’arrivée du XQD sur Nikon D500 est une très bonne nouvelle, assurant au format XQD une garantie de pérennité, même si celle-ci était déjà garantie. Pour l’autofocus, 153 points dont 99 capteurs en croix, comme le D5. Sauf qu’ici on est en format DX et les collimateurs couvrent une très large zone de l’image, ce qui va faire de Nikon D500 un petit monstre en matière de mise au point. Ça, plus la conversion DX, vous comprenez mieux pourquoi ce reflex va attirer du monde, dans la photo sportive ou animalière entre autres. Petite précision intéressante, la sensibilité de l’AF atteint -4IL sur le collimateur central, -3IL sur le reste de la surface. En clair, on va pouvoir utiliser l’AF même en situation de très faible luminosité. Tiens, puisqu’on parle de luminosité, on peut pousser la molette jusqu’à Hi 5, soit un équivalent de 1.640.000 iso, la sensibilité standard allant de 100 à 51200 iso, avec un mode Lo 1 affichant 50 iso. Pour la vidéo, c’est 4K en 30p, 25p, 24p comme le D5 et la possibilité de sortir le flux sur sortie HDMI. Une caméra capable de filmer en 4K pour un budget de 2000€, voilà un argument qui va en séduire plus d’un. Pour la transmission des images par wifi, Nikon propose un module de communication sans fil WT-7 autorisant le transfert des images à haut débit.
• Nikon D500. Une proposition universelle.
Ce qui rend la proposition de Nikon éminemment intéressante, et ce qui, je veux bien le parier va faire de ce nouveau Nikon D500 un énorme carton d’audience, c’est que la proposition de la marque jaune est simplement universelle. Voici un reflex au format DX calibré comme un reflex haut de gamme au format FX. Finalement, D500 est à D5 ce que D300 en son temps était à D3. Pour se convaincre de la justesse de la proposition, il suffit de regarder la liste de specs sur le papier. Certains argumenteront que c’est un format DX et c’est justement ce qui rend, paradoxalement, la proposition très attractive pour le photographe professionnel. Un capteur plus petit c’est un angle de champ une fois et demi plus important, c’est une couverture de la surface nettement plus large donc une performance accrue de l’autofocus. Nikon D500 va être un succès parce que ses performances vont attirer tous les publics. Le photographe pro y verra un excellent boîtier de backup, voire un boîtier de travail capable d’assurer le job de manière complémentaire, par exemple en voyant plus loin à optique identique qu’un format FX. Montez un Nikkor 500mm f/4 sur un D500, vous obtenez un équivalent 750mm pour le même prix. Le photographe passionné, quant à lui, va pouvoir s’offrir le petit frère du D5 doté de performances éblouissantes en matière de puissance et de pertinence de prise de vue, tant en photo qu’en vidéo. Ce reflex est une proposition universelle, il va intéresser un très large spectre de clientèle, tant chez les pros que chez les fondus de photos. Un matériel léger, performant, accessible. Oui, pour une surprise, c’était une belle surprise de la part de Nikon, plus que jamais en pole position.
• Autre chose ?
Oui ! Pendant cette salve d’annonces, Nikor corp. a proposé un nouveau modèle de flash Nikon SB-5000. Sa particularité c’est que ce flash est doté d’un système de radiocommande ainsi que d’un système de refroidissement embarqué. L’intérêt de la radiocommande c’est qu’elle permet de s’affranchir des problèmes d’obstacles physiques pouvant interférer sur le déclenchement de l’éclair. Pour le refroidissement intégré, ça évitera aux utilisateurs très actifs (comme moi en studio) d’entendre leur flash bipper parce qu’il est en surchauffe. Sur le papier Nikon annonce la capacité de 100 clichés en rafale avec le flash fonctionnant à pleine puissance. Une promesse qui (me) laisse rêveur. Du côté optique, Nikon annonce deux nouvelles optiques au format DX, AF-P DX NIKKOR 18–55mm f/3.5–5.6G VR (version VR et non VR).
Last, but not least, Nikon a annoncé le développement d’un OVNI, la KeyMission 360 et là vous me dites cékoidon ? KeyMission est une caméra d’action portable capable d’enregistrer des vidéos à 360° en 4K UHD. La caméra est dotée sur deux de ses côtés opposés d’un capteur d’image, les images étant combinées pour obtenir une image parfaite à 360°. La caméra est étanche à 30 mètres, elle est résistante aux chocs, à la poussière, aux basses température, elle embarque un système anti vibration et garantit des images parfaitement nettes, bluetooth et Wifi. Pour le moment pas de prix, pas de date de dispo, en revanche nul doute que certaines oreilles vont siffler du côté de chez GoPro, si vous voyez ce que je veux dire…
Oliv dit
Je termine de lire l’article, un fil de bave au coin de la bouche.
Merci pour ce, une fois encore, très bel artic’ !!
harvey dit
Merci Oliv’ ! Tu pourras tester la petite bête en juillet prochain, si tu as du temps à lui consacrer, occupé que tu seras avec ton D4s. Ou ton D5 ?
David dit
Avec son prix d’entrée supérieur à celui du D750 (~1900€ ce jour sur Amazon), est-ce que le D500 ne vient pas le canibaliser ?
Est-ce que le futur acquéreur d’un second boitier pro, à prix équivalent, ne va pas préférer le capteur FX du D750 aux specs sous steroîdes du D500?
J’ai l’impression que c’est soit l’un soit l’autre, les deux n’étant pas complémentaires.
Je conçois bien les couple D5 + D500 voire D810 + D500 mais je n’imagine pas un tandem D750 + D500…
harvey dit
On est d’accord qu’on parle d’un prix d’intro. À titre de comparaison le prix d’intro de D750 était, de mémoire, de 2199€ donc on naviguait dans les mêmes eaux. D750 est un FX alors que D500 est un DX. Je suis assez d’accord avec l’idée qu’on verra plus facilement un tandem D5 + D500 (ou D810 + D500) que D750 + D500. J’ai le sentiment aussi que D500 va attirer un segment de clientèle pour la vidéo en 4K, même si les specs photos sont sacrément attirantes (un AF de compèt’ avec une couverture king size dans le viseur, ça donne envie d’essayer…).
JCB dit
Merci pour l’article
Quelle est la nature du grip nécessaire pour le D500 ? (équivalent)
harvey dit
Pour le moment aucune info sur la nature du grip qui équipera Nikon D500.
Cocagne dit
On avait eu la trilogie D300, D3(s) et D700
On est donc en droit d’espérer ( tu me diras sinon qu’on est en droit d’espérer ce qu’on veut..) que l’ami Nikon nous gratifie d’une autre trilogie D500,D5 et D #00 partageant le capteur du D5 comme le D700 partagerai celui du D3
Le pouvoir de résolution des optiques que nous avons déjà tous en sac ( les meilleures bien sûr) s’accommode parfaitement de là définition du D5 et sont un peu à la peine avec le D810, les appareils comme les D600 et D750 sont merveilleux mais pas quelque part bridés ( vitesse flash et vitesse maxi etc..) sans doute pour bien laisser leur place aux appareils dits pro, il ne serait pas contreproductif pour Nikon de refaire le coup du D3/D700 même s’il a ête dit que le petit frère aurait perturbe la carrière du D3 personnellement je penserais que le D700 fut un achat déclenché par l’existence du D3
Merci pour tes bons papiers et leur ton rafraîchissant.