Rétrospective concerts. Best of 2015.
Quel point commun entre David Guetta et Yo La Tengo ? Comment relier Ana Carla Maza et Guillaume Perret ? The ready mades et Krismen et Alem ? C’est simple. Leur dénominateur commun, c’est moi. Encore une année d’engloutie, encore une année qui passe au rayon des souvenirs. Je me disais que j’allais couvrir moins de concerts cette année que l’année passée et finalement c’est l’inverse qui s’est produit. Il n’y a pas franchement d’explication, même si l’envie va souvent de paire avec le matériel et de ce côté-là, cette année, j’ai été gâté ! J’ai eu de quoi explorer de nouvelles facettes du matos, à commencer par Nikon D4s qui est, sans aucun doute possible, le reflex le plus abouti que j’ai eu à utiliser de toute ma vie, sans compter les optiques Nikkor qui le complètent à merveille. D’ailleurs, si je dois formuler un vœu pour l’année qui s’annonce, pour tous les photographes, les pros comme les amateurs passionnés, c’est d’être en phase avec leur matériel autant que je le suis avec Nikon D4s. Mais revenons à la rétrospective. Voici donc, par ordre chronologique, les douze concerts qui auront marqué de leur empreinte mon année 2015.
• Fuzeta. La Carène Brest, 30 janvier 2015.
Je connaissais Fuzeta de (bonne) réputation, j’avais été ébloui par le clip absolument merveilleux réalisé pour ce groupe par mon ami Mathieu Ezan, il me tardait de les découvrir en live. Fuzeta ne déçoit pas, servant une musique profondément mélancolique mâtinée de lyrisme. Les voix sont magiques, servies par des musiciens appliqués, bref, un groupe à découvrir absolument sur scène.
• Krismen et Alem. La Carène Brest, 7 mai 2015.
Du hip hop, beat box, le tout en breton, gast ? Je suis allé à ce concert pour réaliser un travail de commande, immergé dans le public qui tapait la gavotte. Je pensais atterir à Spézet, entre galette-saucisse et chouchenn cul-sec et les deux lascars m’ont propulsé à Chicago, downtown, en me servant leur flow hardcore made in Breizh. Ce soir là, à Brest, mes préjugés ont pris un grand coup de penn bazh et je suis sorti KO du concert.
• Guillaume Perret. Vieilles Charrues, 17 juillet 2015.
J’avais vu des vidéos de Guillaume Perret en live, je savais donc à quoi je pouvais m’attendre. Quand je suis arrivé dans la petite fosse de la scène Gwernig, j’ai réalisé que j’étais le seul photographe. Il s’est produit un truc magique, pendant ce concert. Le public est arrivé progressivement, comme attiré de loin par la magie du son. Vibrillonant, solaire, féérique. L’un des meilleurs concerts de cette édition 2015.
• Archive. Vieilles Charrues, 17 juillet 2015.
Un grand groupe, un grand concert, devant un grand public. On pourrait ainsi brièvement résumer le set d’Archive aux Charrues en juillet dernier. Des musiciens en place, visiblement heureux d’être là, ça ne pouvait donner qu’un très beau moment.
• Tony Allen review. Vieilles Charrues, 17 juillet 2015.
Plus qu’un groupe, un line-up de légende, un costard trois pièces, un combo avec du très beau linge, à commencer par Tony Allen, probablement l’un des meilleurs batteurs vivants au monde, une pure légende. Pour le tempo, on ajoute un zeste d’Oxmo Puccino, excusez du peu et aux claviers, à la voix, au sourire deluxe, une rasade de Damon Albarn, qui officie chez Blur et Gorillaz, entre autres. Je cherchais à accrocher une jolie image de Tony Allen pour la ranger dans mon panthéon, mon hall of fame des best drummers ever. Géant.
• The Strypes. Vieilles Charrues, 18 juillet 2015.
Du rock qui sent la bière et la bonne chaleur de l’animal, ça se trouve là-bas, au nord, en Irlande, du côté de Cavan. Le rock, ça ne se chante pas, ça se crache, ça s’éructe, c’est une musique de sauvages. Dans leur genre, Ross Farrelly et ses potes ont donné ce qui restera l’un des meilleurs concerts de cette édition 2015. Fort, authentique, comme une rasade de Jack’s le matin au p’tit déj.
• David Guetta. Vieilles Charrues, 19 juillet 2015.
Dernier concert de l’édition 2015, ils sont venus, ils sont tous là. On s’était dit rendez-vous dans la fosse, pour Guetta. Mathieu et Pierre ont finalement passé le concert sur scène, les deux Olivier, Denoual et moi dans la fosse, sous une petite pluie fine. Je suis à des années lumière du son servi par David Guetta mais finalement on s’en bat les reins. Un beau souvenir ne tient pas qu’au son. C’est aussi la magie de la mise en scène, de la mise en lumière, de l’ambiance, du public et du sourire de vos potes.
• Ana Carla Maza. Atlantique Jazz Festival, 9 octobre 2015.
Elle, elle est d’origine cubaine, elle vit en France, elle est jolie comme un cœur avec ce regard tendre à faire chavirer de l’œil le plus plus endurci des vieux matelots bretons. Il a suffi qu’elle se saisisse de son violoncelle électrique, emprunté à mon cher Vincent Segal, et qu’elle en subtilise les premières notes pour me mettre KO. Retenez bien son nom. Ana Carla Maza. Une immense artiste en devenir.
• Nicole Mitchell, Tomeka Reid, Mike Reed. Atlantique Jazz Festival, 14 octobre 2015.
Un best of de la scène de Chicago en trois personnalités affirmées. D’abord Nicole Mitchell, flûtiste émérite et sourire ravageur. Pour elle je fonds comme un glaçon au soleil. Tomeka Reid au violoncelle et Mike Reed derrière les fûts. Un trio pour un concert au Mac Orlan qui s’annonçait comme l’un des meilleurs moments de l’AJF. Il le fut et même au delà.
• Yo La Tengo. La Cigale, Paris, 23 octobre 2015.
Un concert délicat, tout en finesse et en mode silencieux dans une salle parisienne d’une grande élégance. Un public attentif, connaisseur, esthète, enthousiaste. À ma grande surprise, je suis le seul photographe accrédité ce soir-là, à l’invitation de l’excellent label Beggars France qui compte dans son catalogue les plus brillantes pépites de la pop indé, de Kurt Vile, à Savages en passant par Adele ou The Prettiots. Pour l’occasion, Georgia Hubley et Ira Kaplan ont concocté un savant mélange de reprises acoustiques issues de l’excellent album Stuff like that there. La classe américaine.
• The ready mades. La mécanique ondulatoire, Paris, 5 novembre 2015.
Cette salle, c’est pas une salle, c’est une cave comme on en trouve dans les clubs de jazz à Saint Germain des Prés. Une voute en pierres, un endroit magique pour faire de la bonne zique. On est donc tassés comme des sardines en boîte quand déboule le combo parisien The ready mades qui envoie le gros son jazz soul teinté de rythm and blues à décorner les bœufs. La chanteuse Billie Jean balance son groove avec une énergie qui laisse pantois et qui rappelle les princesses de la black music, du temps glorieux de la Motown et de Stax réunis.
• No one is innocent. Cabaret Vauban, 15 novembre 2015.
C’était plus qu’un concert. C’était un acte de résistance, un refus de la barbarie, deux jours après les événements qui avaient meurtris ce pays. Je n’oublierai jamais le concert de No one is innocent au Vauban. La pure énergie déployée par Kemar, sur scène, François « Shanka » Maigret, lisant son poème en brandissant sa guitare. Comme un défi, une négation de la terreur. Créer, c’est résister.
C’est difficile et pour tout dire assez casse-gueule de réaliser une rétrospective, j’en conviens. Faire une rétrospective, ça oblige à des choix arbitraires, une rétrospective ça contraint à zapper des concerts indispensables. Mais finalement, le point commun de ces douze concerts tient en un mot. Le plaisir. C’est tout le bien que je vous souhaite, sincèrement, pour cette année qui s’annonce. Faites-vous plaisir. Parce que finalement, la photographie ça sert à ça. Capturer des instants pour les rendre éternels et ne jamais oublier ces moments de plaisir.
Bonne année 2016 !
• photo : Hamid Drake, batteur, pendant Atlantique Jazz Festival, octobre 2015. Il ne fait pas partie de la rétrospective 2015, mais lui, il est hors concours. (crédit photo Hervé Le Gall)
Palitos dit
Alors là y en a assez!!!!
Non seulement à cause de Shots, j’ai du nouveau materiel, mais en plus, je vais me fendre de 12 nouveaux cd. Y’en à marre des mecs qui ont bon goût et le partagent!!!
Sans rire, merci pour tout et excellente année.