Le workflow avec C1Pro. Plus loin, plus vite, plus haut.
Chaque fois qu’on me parle de Capture One Pro, j’ai le souvenir de Mathieu Ezan travaillant sur ses clichés aux Vielles Charrues. Speedy Gonzales (la souris la plus rapide de tout le Mexique) n’a qu’à bien se tenir. J’étais épaté et Mathieu me disait à l’époque en souriant « Un jour ou l’autre tu y viendras, c’est juste une question de temps ! » Il y a eu ce concours de circonstances, l’arrêt brutal de Capture NX2, le passage à Nikon D4s et aussi cette insupportable idée de se sentir désormais condamné à utiliser un logiciel (Adobe Lightroom) que fondamentalement je n’aime pas. J’ai pris mon courage à deux mains mon cousin, bien décidé à comprendre ce qui pouvait motiver des photographes à utiliser un logiciel à l’interface aussi mal foutue. La raison est toute simple. D’abord, l’interface de Capture One Pro 8.2 est claire, intelligente, brillamment pensée, elle est tellement souple qu’elle peut se plier à tous vos désirs. Ensuite ce logiciel est truffé de petites pépites, des fonctionnalités absolument magiques qui, lorsqu’elles sont assimilées et bien utilisées s’avèrent d’une redoutable efficacité. Avec Capture One Pro, il faut simplement aller au delà des apparences, avoir envie d’apprendre, ne pas avoir la crainte de se remettre en question. Il faut un peu de patience car l’outil ne se révèle pas immédiatement. Moi, par exemple, j’ai mis une semaine avant d’impacter tout ce que C1Pro allait m’apporter en matière d’efficacité, de pertinence dans mon workflow. Le jour où l’outil s’est enfin révélé à moi, j’étais tellement heureux que j’ai envoyé un texto à mon pote Mathieu. Ça disait : « En immersion profonde avec C1Pro. Cette fois je pense que j’ai compris. »
• Faites de Capture One Pro votre outil.
C1Pro est un logiciel hautement personnalisable, c’est même ce qui en fait une de ses remarquables particularités. Je vais vous apporter ici mon expérience personnelle, la façon dont j’utilise ce logiciel, même s’il y a autant de manières de l’utiliser qu’il y a d’utilisateurs. La souplesse d’utilisation de C1Pro est simplement sidérante et ça commence par les onglets d’outils. Lorsque j’ai appréhendé Capture One Pro pour la première fois, je me suis vraiment demandé ce que j’étais venu faire dans cette galère. J’ai importé mes images, incapable de gérer mes mots-clés, mes métadonnées, j’étais complètement perdu. En revanche (et c’est vraiment ce qui m’a motivé) mes images à l’écran ressemblaient à s’y méprendre aux preview de mon Nikon D4s, l’interprétation était donc quasi parfaite. J’ai pris une image et j’ai commencé à tester chaque outil, à explorer les arcanes du logiciel. Une fois que j’avais fait le tour du propriétaire, que j’avais un peu goûté à tous les plats, j’étais prêt. J’ai créé un onglet outils à moi, je lui ai affecté une icône (le petit cœur), je l’ai positionné dans ma palette et je l’ai enregistré. Oui, parce que si vous ne l’enregistrez pas et que vous changez de profil, C1Pro vous perd votre personnalisation (ah ah). Ensuite j’ai ajouté dans mon menu tous les outils dont je vais avoir besoin, dans l’ordre de mon workflow.
Les caractéristiques de base de mon image, les métadonnées, les mots-clés, l’outil de recadrage ainsi que l’outil de rotation, la balance des blancs (que j’utilise très peu compte tenu de la faculté du ghost in the shell de Nikon D4s à être particulièrement pertinent dans ce domaine, entre autres), l’exposition, l’outil high dynamic range (à utiliser délicatement), l’accentuation pour ajouter un poil de netteté, la clarté avec ses quatre niveaux, la réduction du bruit (jamais utilisée, j’ai un Nikon D4s), l’éditeur de couleurs, le mode noir et blanc (parfait, surtout utilisé conjointement avec les styles et préréglages), le vignettage (pour supprimer le vignettage pas en ajouter) et l’outil de suppression spot, qui permet d’effacer les taches de capteur, ce qui pour le moment ne me concerne pas, mon reflex étant tout neuf (mais ça ne va pas durer). Une douzaine d’outils sont déployés, dans l’ordre de leur utilisation. Je suis prêt, envoyez les images !
• La découverte de C1Pro. Plus loin, plus vite, plus haut.
Je ne vais pas vous cacher qu’au début, j’ai été salement agacé. Un truc aussi simple que d’affecter des mots-clés à une série d’images, je n’y arrivais pas. Idem pour les métadonnées. Donc j’ai laissé ça de côté et j’ai commencé à utiliser les outils. Des trucs de base, la notation des clichés, les étiquettes de couleur (du vert pour les clichés qui me plaisent beaucoup). Ensuite, j’ai demandé de filtrer par notation pour travailler sur les clichés classés 5 étoiles. J’ai appréhendé la balance des blancs, l’expo, l’accentuation et puis j’ai testé le recadrage, la correction d’horizontalité, autant d’outils qui m’ont bien bluffé et m’ont donné l’envie d’aller plus loin, plus haut. J’avais du mal à assimiler le concept de la transmission de paramètres d’une image à une autre image, voire mieux. Pouvoir appliquer tout ou partie des paramètres d’une image à un groupe d’images. J’ai testé, presque timidement. J’ai copié les mots-clés d’une image et j’ai réussi à les coller sur l’image suivante. J’étais heureux comme un gosse, pas autant que lorsque j’ai réussi à coller les mots-clés d’une image sur tout un groupe d’images ! C1Pro daignait enfin me révéler toute sa puissance, j’aurais découvert le Saint Graal que je n’aurais pas été plus heureux. Car ce concept est d’une puissance et d’une pertinence absolue. Vous pouvez appliquer à une image ou à un groupe d’images une caractéristique d’un traitement ou un ensemble de carctéristiques. En clair, vous pouvez post-proder une image et appliquer le traitement de cette image à l’ensemble des images de votre choix. Quand j’ai découvert cette fonctionnalité, j’ai repensé à mon ami Mathieu… Et comme disait le Francis, c’est que le début, d’accord, d’accord.
J’ai l’impression de découvrir CaptureOne Pro chaque fois que je lance le logiciel. Si je peux vous donner un bon conseil, outre le fait de ne pas vous fier aux apparences, c’est d’utiliser le logiciel régulièrement, d’insister, de le tester dans tous les sens. Rien n’a été imaginé par hasard et on ne peut qu’être enthousiasmé par le travail réalisé par les développeurs de Phase One ! Finalement, mon seul regret, outre le fait de ne pas avoir pris la peine de découvrir ce logiciel plus tôt, c’est de ne pas avoir un Mac à la hauteur. Mon prochain iMac aura une dalle 27 pouces et un processeur à la hauteur (Broadwell) et j’imagine déjà le bonheur de pouvoir travailler en plein écran. Pour le reste, je savoure la pertinence de cet outil. Une fois les images traitées, je peux les enregistrer au format de mon choix. Au début j’étais un peu réservé, j’avais réussi à exporter mes fichiers au format jpeg, dans le dossier qui va bien, quand j’ai réalisé que je pouvais, en une seule opération, exporter le même fichier sur des cibles multiples. Un jpeg taille originale, qualité 100% et puis aussi un jpeg preview en taille réduite et puis un jpeg en 810*539 intégrant mon filigrane pour mon book en ligne, etc… J’ai réalisé aussi que je pouvais faire ces opérations sur un seul fichier ou sur un ensemble de fichiers. C’est pratique de pouvoir traiter un groupe de fichiers en une seule opération. Comme les imagettes de la fenêtre navigation portent l’icône export (la roue crantée), quand les images ont été exportées, c’est très facile de s’y retrouver. D’ailleurs, une fois l’outil Capture One Pro appréhendé, le mot qui revient sans cesse est le mot facile.
• Une fidélite proche de CNX2
Pour tout utilisateur d’un reflex Nikon, le mètre-étalon en matière de dématriçage des fichiers NEF est le logiciel Capture NX2 ou désormais son successeur Capture NX-D. Ou à défaut un jpeg brut de capteur, même si cette définition est sujette à controverse, la notion de « brut de capteur » n’étant pas applicable à un fichier jpeg qui par nature subit des contraintes de traitement. Quoiqu’il en soit, l’une des grandes qualités de Capture One Pro 8.2 tient dans sa capacité à produire une image qui respecte le traitement original et même un peu plus. C1Pro propose, de base, un dématriçage qui optimise certaines tonalités de l’image, c’est particulièrement vrai sur les tons chairs mais pas seulement. C’est d’ailleurs cet argument qui a été prioritaire dans mon envie de tester le logiciel de Phase One, singulièrement agacé par la désinvolture de Lightroom et les libertés prises dans l’interprétation de mes fichiers NEF, notamment sur certaines couleurs comme le magenta et le bleu. C’est une des premières choses que j’ai notées avec Capture One Pro. Ici, pas d’interprétation à la hussarde, le maître-mot est respect de l’image. D’ailleurs j’ai noté que c’est une constante chez les photographes ayant adopté Capture One pro. Une bonne dose d’esthétisme lié à un respect de l’image, tout en apportant cet indéniable petit quelque chose, une touche qui rend l’image simplement agréable et unique à regarder…
• Le workflow selon Saint Mathieu
Photographe aussi connu en mariage qu’en corporate ou en photo musicale, Mathieu Ezan est un inconditionnel de Capture One Pro, autant dire qu’en matière de workflow il en connaît un bout sur le sujet. Je lui demandé de m’expliquer sa façon de travailler avec C1Pro.
« Là où le workflow de Capture One Pro m’a vraiment changé la vie, c’est pour le mariage essentiellement. J’ai longtemps cherché la bonne matière de procéder, cohérente sur toute une série d’images. Quand je travaillais sur Photoshop, je traitais chaque photo une à une, d’une certaine manière. Un jour j’ai voulu modifier ma façon de procéder, adopter une manière de traiter mes photos pour être plus efficace, c’est ce que j’ai trouvé avec Capture One Pro. J’ai affiné mes paramètres, puis j’ai créé un style spécifique à mes photos de mariage, afin de réaliser des séries de photos qui soient cohérentes, homogènes. Une fois le style établi, j’importe toutes mes photos dans C1Pro en leur appliquant ce style directement à l’importation. Une fois l’ensemble des photos importées et le style appliqué, je n’ai plus qu’à les trier en indiquant celles que je conserve, ajuster au besoin des réglages complémentaires (balance des blancs entre autres). Par exemple j’ai créé un style noir et blanc que j’applique aux photos que j’ai envie de voir en noir et blanc. Ce workflow fonctionne pour 98% des photos de mariage que je réalise, l’interprétation de mes fichiers RAW est parfaite, autant pour mon EOS 5D Mark III que pour mon Sony A7s. Ensuite, sur certains clichés, je vais passer un peu plus de temps, comme sur les photos de couple par exemple, mais de manière générale sur une majorité de clichés c’est bon tout de suite. Du point de vue de l’efficacité je suis passé de trois jours de travail à trois heures. La différence aussi c’est que compte tenu de la qualité d’interpétation de mes RAW dans C1Pro, les images me plaisent toute de suite, inutile d’en faire plus. J’ai fait des tests d’import d’un fichier RAW dans Photoshop et dans Capture One, le rendu dans C1Pro est largement plus flatteur, ça n’a rien à voir ! C’est le jour et la nuit, la chaleur des tons est incomparable dans Capture One Pro.
• Capture One Pro. Un outil unique.
Quand Renault a lancé Twingo, le slogan qui accompagnait cette petite voiture était « À vous d’inventer la vie qui va avec. » Je pense que cette formule va comme un gant à C1Pro. À vous de trouver votre voie avec ce logiciel unique à bien des points de vue. Pour ma part, je ne regrette pas d’être allé au delà des apparences, des préjugés, des a priori. J’ai mis quelques jours à apprendre, à comprendre, à modifier mes habitudes, mon regard, ma façon de faire. Ma motivation ? La qualité d’interprétation de mes fichiers NEF par C1Pro. Rien pour ça, j’étais prêt à beaucoup de sacrifices. Et puis j’ai compris, assimilé, réalisé la pertinence de l’outil, jusque dans l’interface tellement injustement décriée. Une interface qui se plie aux désirs de son utilisateur, qui font de C1Pro l’outil le plus user friendly qui soit. Et, comme l’a souligné si justement Mathieu Ezan, la performance, tant dans la qualité des outils que dans le workflow. La rencontre puis la compréhension de Capture One Pro ont radicalement influencé ma façon d’appréhender l’interprétation de mes fichiers RAW. Je ne peux pas m’empêcher de constater que j’ai croisé le chemin de Capture One Pro8 et de Nikon D4s au même moment. Comme le dit si justement Monsieur Daho, il n’est pas de hasard, il est des rendez-vous, pas de coïncidences.
• télécharger gratuitement une version de Capture One Pro 8.2 sur le site de Phase One
• découvrez le tutoriel vidéo dédié à C1Pro sur le site video2brain
• merci à tous les photographes utilisateurs de Capture One Pro qui m’ont apporté leur éclairage pendant ce test, en particulier Mathieu EZAN, grand amateur de Capture One Pro devant l’Éternel.
Tom dit
Hello !
je pense que tout a été dit sur ce fabuleux logiciel grâce à tes 3 articles.
L’essayer, c’est l’adopter… Mais comme tu le soulignes bien, il y a une (petite) barrière à franchir.
Pour l’utiliser depuis la version 3, je te garantis que tu n’es pas au bout de tes (bonnes) surprises ! 🙂
A+
Tom
Gilles dit
Je viens de lire vos articles sur C1Pro que j’ai commencé à tester depuis quelques semaines afin de remplacer DXO incapable de lire mes RAF (Fuji).
Je dois avouer que je suis bluffé par les performances de cet outil à tel point que j’envisage de lâcher mon LR.
Le seul inconvénient est la fonction de catalogage de C1Pro encore largement améliorable.
Encore une fois: un grand merci pour vos articles toujours bien écrits et pleins de bon sens.
Fred P. dit
Un grand merci pour ces articles détaillés, mais surtout pour partager votre « ressentie »
Cela permet de conforter les plus craintifs (comme moi) à aller vers des logiciels complets/complexes et méconnus.
Savez-vous s’il est possible d’afficher plusieurs photo sélectionnées simultanément et de les rejetées/marquées avec ce même mode de vue? Ceci afin d’éviter de trier les photos une à une
(à l’instar du raccourci touche N dans le module Bibliothèque de Lightroom)
Est-il possible de visualiser un Avant/après côte à côte?
Encore merci
Jean-Claude BERNAZEAU dit
Merci pour ces articles.
Une question toutefois est-il possible de rajouter des profils d’objectifs -dans Capture One 8,2 je pense au 2,8/300 VR Nikkor – qui ne figurent pas dans la listes des profils disponibles chez Nikon par exemple? Mais il y a fort à parier que d’autres listes de profils de fabricants méritent d’être enrichies.
Merci par avance.
Je fais de l’animalier et les longues focales sont particulièrement absentes…
harvey dit
@Jean-Claude de mémoire non il n’y a pas de profile pour le 300 f/2.8 (optique que j’utilise en concert aux Charrues). C’est d’ailleurs une des limites des softs non propriétaires qui ne peuvent pas être exhaustifs sur toutes les marques qu’elles pilotent.
cocagne dit
Il y aune version gratuite dédiée aux Sony dont les RX100 et sans doute d’autres. Elle m’a permis de franchit le pas. Et je peux confirmer ton optimise. Cet outil est respectueux de nos fichiers. Ton dossier me rappelle une décision, mainte fois reportée par flemme: Passer les fichiers NEF sur sa moulinette donc acheter la licence.