On est samedi, en novembre. Sur Brest, le soleil est éclatant, il règne une douceur printanière sur la ville. Il m’a sorti de l’armoire où je passais jusqu’alors le plus clair de mon temps et il m’a mis dans son sac photo. Enfin ! Retrouver l’air du large, repartir en quête d’images, retrouver un œil dans mon viseur télémétrique Zeiss Ikon; on ne se refusait rien, à l’époque, chez Land. Ils avaient opté pour le meilleur de la technologie teutonne, excusez du peu. Prendre la route, se sentir balloté dans la sac et puis retrouver la lumière, celle qui inonde le viseur et brûle l’iris. C’est ainsi qu’un samedi de novembre, dans la douceur du ciel brestois bleu azur, sous une température digne d’un printemps, nous sommes partis, mon photographe et moi, en quête d’images. Et pour tout dire, je crois bien que j’ai adoré ça. Mais pas autant que lui…
Polaroid 250. Back to the sixties.
Avant de partir, il fait un rapide check de son sac. Avec moi, pas besoin de grand chose. Il m’a logé une pellicule couleur Fujifilm FP-100C et j’étais fin prêt pour cracher à la demande dix photographies instantanées. Dix, pas une de plus. Sur l’étagère, j’ai bien senti que le boss (Nikon D3s) me toisait avec un air vaguement condescendant (en un mot), du haut de sa carte 64 gigaoctets. Mais aujourd’hui, c’est moi la vedette, c’est mon jour de gloire, moi et mes dix vues peel apart. Bien sûr, je ne peux pas m’empêcher d’avoir une pensée pour le génie de mon créateur, Edwin H. Land, qui a conçu le procédé de développement photographique instantané et le baptisa Polaroïd. Quant à moi, je suis né dans les trente glorieuses, à la fin des années soixante, dans une Amérique tourmentée, entre révolte étudiante, lutte pour les droits civiques, protestation contre la guerre du Vietnam. Je suis né à la fin d’une époque et au début d’une nouvelle ère. D’ailleurs ce n’est pas un hasard si j’ai été l’appareil photo de prédilection de nombreux artistes, de Andy Warhol à Patti Smith.
Mais assez parlé de moi. Je retrouve la lumière et je sens qu’on va travailler. Mon photographe déploie mon soufflet avec délicatesse et je découvre le panorama. Devant moi, le célèbre pont de Recouvrance et à gauche, le château. Après avoir passé des années outre-atlantique, je retrouve le monde de l’image. San Francisco, Brooklyn et aujourd’hui Brest. Obturateur armé, mon photographe active les glissières de mise au point. Dans mon viseur, il cadre le pont de Recouvrance et il attend. Pourquoi attend-il ? Peut-être est-ce l’envie de temporiser, de suspendre sa respiration comme le temps. Ici, on n’est pas dans l’urgence. Il attend que l’image vienne à lui et en attendant le moment, il soigne son cadrage et fait que ce qu’il voit dans son viseur Zeiss soit joli. Un tramway, sans doute nommé désir, passe sur le pont, remontant vers la rive droite. Clac. Mon obturateur s’est ouvert, illuminant la pellicule. La languette de papier est tirée, permettant l’accès à l’épreuve que mon photographe extrait en douceur. J’ai toujours aimé ce moment un peu magique où la photographie va naître, sous l’action conjuguée des rouleaux qui libèrent la précieuse chimie et révèlent l’image fixée sur le négatif. Top chrono. Rien, je dis bien rien ne pourra, ne saura jamais remplacer ce moment d’angoisse mâtinée d’excitation. Quatre-vingt dix secondes si la température extérieure est de 25°, c’est pour ça que le photographe a logé le tirage à l’intérieur de sa veste. Les secondes s’égrainent sur le chronomètre et puis le moment arrive enfin, la séparation du positif de son négatif. « C’est un peu sous-ex, merde ! » lâche-t-il. Normal, c’est une marque de fabrique du Polaroid 250, cette tendance à sous-exposer. La prochaine fois, il pensera à pousser la molette de l’objectif vers Lighten.
Nous avons continué ensemble notre promenade, nous avons silloné Brest, le Château, le Cours Dajot, la rade, le port, le monument des soldats US. Et puis on a fini là où tout a commencé, au Vauban. Le tram nous a ramené à la maison et il semblait apaisé. La photographie, ça sert à ça, aussi. Enfin, je parle de la photographie d’avant, celle qui ne laissait aucun droit à l’erreur, qui ne permettait quasiment aucune latitude, aucune trafic. C’était un temps où la patience était une vertu qui forgeait la maîtrise technique et révélait parfois le talent. J’ai retrouvé mon placard, mais au passage il m’a semblé apercevoir des rangées de pellicule Fujifilm FP-100C. Comme une promesse et l’envie d’y retourner. Moi, je suis prêt. Lui, c’est quand il veut.
• Avec la pellicule Fujifilm FP-100C il est possible de récupérer le négatif et donc de l’exploiter, en le numérisant par exemple. C’est une opération assez facile si elle est faite avec quelques précautions d’usage. Je vous expliquerai la technique dans un prochain article !
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Alexis dit
Salut Hervé !
Merci pour ce moment de fraîcheur qui sent bon l’authenticité.
N’en déplaise au -boss- l’instanté c’est la mort subite ou le septième ciel en quatre-vingt-dix secondes. C’est la preuve entre les mains d’une part de génie pour certains ou de scr?!^*%nullité pour d’autres (auxquels je m’associe sans fausse honte) une preuve irréfutable, par positif unique, sans retouches ni grigris,
Tu évoquais le papier cuisson sur Twitter pour préserver les négatifs. Mais j’ai du mal à comprendre comment l’émulsion fraîche ne s’y colle pas. Garder les negs encore frais sans les endommager est une vrai gageure, comment fais-tu excatement, tu l’utilises avec une sorte de boite ?
Amicalement,
Alexis
PS: je vote pour la page 1 ! 😉
harvey dit
Le papier cuisson ne convient effectivement pas, l’émulsion colle et fait adhérer le papier. Mais comme c’est du papier cuisson il se décolle sans dommage. Ensuite c’est lavage du négatif à coup de grande eau tiède, séchage. Une fois que le néga est propre et sec on peut commencer l’opération du « bleaching » (javelisation du côté opposé an négatif).
Même problématique pour le positif qui a besoin de sécher une fois développé.
C’est à la fois compliqué et chiant et en même temps c’est magique, dans le sens où c’est un monde radicalement opposé à celui du numérique. Je vais écrire un article sur le bleaching et tout le saint frusquin très bientôt !
Alexis dit
Ca c’est une bonne info pour un problème épineux. Je n’aurais pas imaginé qu’il puisse se décoller sans soucis.
Pour le moment je me suis résolu à utiliser la boite que j’ai fabriqué pour ça mais c’est un truc de plus encombrant à transporter.
Merci ! je vais donc tenter ça la prochaine fois.
J’attends l’article sur le bleaching avec impatience !
harvey dit
La bonne solution c’est de concevoir une boîte à la dimension exacte du FP100C (8,5cm par 10,8cm) pour y loger les positifs à la sortie du Polaroid. Pour éviter qu’ils ne collent entre eux, la bonne idée c’est de concevoir des passe-partouts découpés à la taille de la photo hors cadre blanc et d’intercaler un passe-partout entre chaque photo. De cette manière chaque photo peut sécher tranquillement sans contact avec quoi que ce soit. Ça c’est la solution idéale, mais c’est évidemment assez complexe à mettre en œuvre.
La photo Polaroid est par nature assez fragile. Mais c’est le prix de la magie…
Alexis dit
C’est à peu près ce que j’ai j’ai fait, en m’affranchissant des passes-partouts, ça fonctionne très bien. Mais bien sûr ça reste plus encombrant que le papier cuisson …