Lorsque Nikon a annoncé D750, il s’est passé deux choses. D’abord, un certain tassement du côté des acheteurs de D810 dont une part non négligeable se serait bien vu patienter un peu et investir dans un D750. Et au passage économiser la différence de prix de 1000€. Je les comprends, ça se tient, même si, à y regarder de plus près, Nikon D810 a des spécificités que D750 n’a pas, on y reviendra. Ensuite, et beaucoup plus bizarrement, d’aucuns ont pensé que le lancement de D750 sonnait le glas de Nikon D610. Et ça, franchement, je n’y crois pas une seconde, au contraire. Je pense qu’avec le lancement de D750, Nikon établit solidement son offre de reflex numériques, en faisant le pari du plein format. Et de vous à moi, elle tient la route, cette gamme, plutôt quatre fois qu’une même. À l’exception de Nikon D750, j’ai utilisé pendant de longues sessions de travail tous les boîtiers de la gamme Nikon fullframe. Hier encore, je travaillais sur des clichés réalisés avec Nikon D610 et j’étais subjugué par la qualité de l’image, son dynamisme et son piqué. En juillet dernier, au cours d’une interview, on me demandait ce que je conseillerais à un jeune photographe professionnel qui souhaite débuter dans la gamme Nikon et j’avais répondu, sans l’ombre d’une hésitation, Nikon D610. Ma réponse serait peut-être plus nuancée aujourd’hui, avec l’annonce de Nikon D750, mais quoi qu’il en soit, chaque boîtier Nikon de la gamme fullframe a ses atouts. Impossible de les opposer, difficile de les comparer. Chaque reflex a sa cible, sa clientèle avec laquelle il sera en adéquation. Petit tour d’horizon de la gamme Nikon 24*36, mais d’abord une question basique. Pourquoi choisir un plein format ?
Plein format. Le pari audacieux de Nikon.
• Pourquoi un reflex plein format ?
Les photographes qui viennent de l’argentique (suivez mon regard) vous calculeraient bizarrement si vous leur posiez cette question. Parce qu’autrefois, voyez-vous, on ne coupait pas la pellicule en morceau, un appareil photo reflex c’était 24 par 36 et pis c’est tout. Quand le numérique est arrivé, il y a eu des contingences et des obligations techniques qui ont fait que c’était plus économique, moins coûteux de produire des capteurs qui ne soient pas plein format. Au début, Nikon a produit des capteurs DX avec un coefficient de conversion de 1,5. Canon de son côté a produit des capteurs APS-C sur ses gammes amateurs (coefficient de 1,6) voire APS-H (coefficient de 1,3) sur certains reflex de la gamme pro (par ex. EOS 1D Mark IV). Certains ont vu dans le capteur non fullframe un avantage notoire. En effet une optique de 200mm se comportait comme une focale de 320mm, par la seule grâce du capteur APS-C. Mais ce qui était intéressant dans le sens de la montée s’avérait plus délicat dans l’autre sens. Un 16mm qui devient un 26mm, c’était pas franchement judicieux. Le plein format influe aussi sur d’autres paramètres, comme la profondeur de champ, la qaulité et la dynamique de l’image mais induit aussi une gamme d’optiques plus exigeante.
J’attendais ce moment depuis dix ans. Qu’on revienne, enfin, au plein format. Et ça tombe très bien, puisque c’est Nikon, ma marque de prédilection, qui dégaine son offre en plein format, sans pour autant délaisser le format DX qui continue de perdurer. En revanche, l’offre plein format est désormais structurée, chez Nikon, avec quatre reflex qui, chacun dans leur catégorie tiennent particulièrement bien la route. Petit tour d’horizon.
• Nikon D610. Le plein format pour tous.
C’est l’entrée de gamme des reflex numériques plein format. Un boîtier très compact, léger, un capteur 24,3mp emmené par un Expeed 3, double logement cartes SD, vitesses de 1/4000e à 30s, sensibilité de 100 à 6400iso, extensible à 25,6Kiso. Un autofocus 39 points véloce, sensible jusqu’à -1IL, un mode rafale à 6fps, des fonctionnalités vidéo de premier plan, une excellente tenue en reportage, en conditions de lumière diffficiles. Je l’ai testé en photo de concert et j’ai été emballé par son dynamisme et son poids plume. Introduit à un prix public de 1799€, on le trouve facilement en boutique à moins de 1500€ TTC, ce qui le met à un prix HT d’environ 1200€ pour le client professionnel. On rêvait d’un fullframe à moins de 1500€, Nikon l’a fait. Et puis un prix compétitif comme celui-là, ça permet de mettre un peu plus d’argent dans des optiques Nikkor de qualité. Pour moi Nikon D610 reste donc un excellent choix.
• Nikon D750. Le reflex de l’année.
Nikon D750, c’est la surprise de l’année, celui qu’on n’attendait plus. Successeur d’un reflex mythique, Nikon D700, à peine sorti il est déjà en route pour la gloire. Parce que ce boîtier a tout, absolument tout pour faire un énorme carton commercial. Plein format, capteur 24,3mp emmené par le prodigieux Expeed 4, double logement SD, rafale 6,5vps, vitesse de 1/4000e à 30 s, sensibilité de 100 à 25,6Kiso avec des modes étendus à 50iso et 51,2Kiso. Un autofocus 51 points hérité de D4s, emmené par un nouveau Multi CAM, sensible jusqu’à -3,0IL, l’AF groupé, un moniteur inclinable, le wifi intégré, … Nikon s’est surpassé, jusqu’au design entièrement revu, un frontal habillé en fibre de carbone, une ergonomie encore plus fine, un poids plume et une prise en main confortable. Et je ne parle même pas des fonctionnalités vidéo ! Avec un reflex de ce calibre là, totalement polyvalent, situé au milieu de la gamme plein format, Nikon va exploser les compteurs. Introduit à 2199€, on devrait le trouver en boutique assez rapidement à moins de 1900€ TTC. Pour moi, c’est le reflex de l’année 2014, toutes marques confondues.
• Nikon D810. Poids lourd.
D810 a tout. Pour ce reflex hors-normes, Nikon a entièrement revu sa copie, réécrit le firmware. Nikon D810, c’est d’abord ce capteur digne d’un MF de 36mp emmené par Expeed 4. Ici pas de filtre passe-bas, le capteur délivre une image tout en puissance, d’un dynamisme et d’un niveau de détail inégalé dans la gamme. D810 pourrait être le petit prince des studios, mais il sait aussi être polyvalent en reportage. Je l’ai testé aux Vieilles Charrues, j’ai été enthousiasmé par sa capacité à délivrer une image pointue et dynamique, associée à un AF d’une précision razor cut, son nouveau mode de mesure haute lumière, l’AF groupé. Et puis naturellement les sous-définitions à un quart de capteur qui, en harmonie avec le recadrage DX permettent de faire des miracles. C’est le reflex couteau-suisse qui va enchanter les photographes de mariage, mais aussi parfait en studio sur du packshot, de la photo culinaire, là où on cherche une image chiadée, lumineuse, dynamique, avec cette capacité à démarrer à 64iso, voire à 32 iso en mode étendu. Introduit à 3199€, c’est un boîtier pro dont la liste de specs ne laisse aucune place au hasard.
• Nikon D4s. Le reflex numérique.
Difficile d’évoquer la perfection. Nikon D4s est sans concurrence, sans équivalent. C’est le boîtier fullframe par excellence, un capteur 16mp (la taille idéale pour un capteur) piloté par Expeed 4, une vélocité et un dynamisme d’image d’un niveau jamais atteint. Et un mode autofocus d’une absolue efficacité, dans toutes les conditions de lumière. Nikon D4s, c’est la quintessence du reflex professionnel, l’aboutissement d’un long chemin, une masse de compétences réunies en un boîtier. C’est l’outil de référence du photographe pro, capable d’évoluer sur tous les terrains, avec une prédilection pour le reportage d’action (sport, animalier, événementiel, …). Introduit à 5999€, c’est le boîtier de prédilection des pros. Associé à des optiques de qualité (Nikkor), ce reflex n’a aucune limite.
• Nikon Df. Le cinquième élément.
Quatre reflex plein format, c’est l’offre particulièrement pointue proposée par Nikon. Il existe un cinquième élément, une exception culturelle, une figure de style. C’est Nikon Df. Inclassable, il se destine à une clientèle de niche, amoureuse d’une certaine nostalgie. Un design unique, hérité de la mythique série F, Nikon DF porte des initiales qui le désignent en deux lettres. D comme digital, F comme fusion. Sous le capot, ne cherchez pas. C’est un Nikon D4 embarqué et ce reflex sait tout faire comme un D4. Pourquoi Nikon a-t-il fait cette proposition ? Pour le plaisir, naturellement. Si vous n’avez pas compris ça, alors c’est simple. Nikon Df n’est pas fait pour vous. En revanche les autres, qui veulent respirer différemment, embarquer des optiques AI et non AI, vivre des sensations oubliées, ceux-là vont adorer Nikon Df…
Nikon a clairement pris le parti du reflex plein format, sans pour autant abandonner la gamme DX. Quatre modèles, quatre segments parfaitement identifiés pour une montée en gamme lisible : un reflex pour chaque type d’utilisateur. Pour l’amateur passionné, qui veut – enfin ! – savourer le plaisir d’un reflex plein format, il y a Nikon D610 et Nikon D750. Pour le pro, qui cherche un outil puissant et polyvalent, il y a Nikon D810 et l’excellentissime D4s, mais aussi D750 en backup. Pour avoir longuement travaillé avec chacun de ces boîtiers (sauf Nikon D750 qui vient de sortir), je peux témoigner du plaisir que j’ai eu avec chacun d’entre eux, même si Nikon D4s surclasse naturellement la gamme. En revanche, le point commun entre chacun de ces boîtiers c’est l’absolue nécessité d’utiliser des optiques de qualité. Pour moi Nikkor demeure la référence et pas nécessairement dans les gammes d’optiques les plus coûteuses. J’apprécie beaucoup Nikkor 24-120mm f/4 et son range merveilleux. D’ailleurs c’est le bonheur du fullframe, où un 24mm se comporte comme un 24mm (et pas un 36mm). Et aussi Nikkor 16-35mm f/4 de la même série, idéal en reportage, en paysage, en street, … Et pour le plaisir, si les contraintes budgétaires n’en sont pas pour vous, il y a dans la gamme Nikkor quelques perles et bijoux qui vont vous combler : Nikkor 14-24mm f/2.8, Nikkor 70-200mm f/2.8 VRII (le petit prince de la gamme Nikkor), Nikkor 300mm f/2.8 VRII, etc… Sans oublier la gamme des focales fixes à f/1.4 (24mm, 35mm, 85mm). Mais une chose est sûre. Quel que soit votre choix dans la gamme Nikon plein format, vous irez vers l’excellence.
souchard dit
Bonjour,
Tout ça est très bien mais trop c’est trop, cela sent la dithyrambe commerciale de mauvais goût.
Désolé…
myriam dit
donc faut flinguer les marques pour être crédible? En résumé quand shots dit du bien de nikon il est payé par nikon, quand il dit du bien de canon il est payé par canon? c’est du grand n’importe quoi mais bon le refrain est connu.moi ce qui m’étonne surtout c’est que harvey a validé un comm aussi bateau tu vieillis mister harvey 😉
harvey dit
@myriam J’ai encensé des matos estampillés Canon, Nikon, Fujifilm, … et de tant d’autres. J’en ai aussi flingué quelques autres, des mêmes marques ! Mais toujours il me semble pour de justes raisons. Monsieur Souchard a le droit de penser ce qu’il veut et de le dire, tant que c’est dit proprement je respecte.
Thyl dit
Bonjour,
D610, D810, D750, D4s, DX, FX, finalement qu’importe !
Mes photos de concert sont bien plus belles quand j’apprécie l’artiste qui est de l’autre côté de mon boitier, quel qu’il soit ! C’est ce petit plus qu’aucune marque ne pourra jamais inclure dans ses specs, et heureusement !
J’apprécie beaucoup vos articles, Monsieur Harvey, surtout ceux où l’on devine la petite flamme qui vous habitait au moment où vous avez appuyé sur le déclencheur !
Bien amicalement.
leo dit
@Harvey
Oui enfin ce qui décrédibilise un peu effectivement ce sont les phrases qui vont à l’encontre de ce que l’ont peut lire sur le net et que beaucoup pensent comme :
« Successeur d’un reflex mythique, Nikon D700 »
Pas la peine de refaire le tour du sujet, c’est visiblement un super boîtier, très bien placé, mais il n’est pas le successeur du D700. C’est le D800/D810 le successeur du D700. Bien que le capteur soit une différence importante avec son grand frère, elle est toujours moins importante que celles entre D750 et D700.
Et puis il y a ça :
« Pour moi, c’est le reflex de l’année 2014, toutes marques confondues. »
Avant même les tests, critiquer comme encenser un boîtier n’a pas de sens, il y a eu tout au plus quelques previews, quelques retours et quelques shots. Ça ressemble bien à une pub.
Cette phrase est également étonnante :
« ce reflex n’a aucune limite »
Alors oui, le D4S est excellent, mais de là à n’avoir aucune limite…. Je suppose qu’ils ne sortiront plus de boîtier, puisque celui-ci n’a déjà pas de limite. Omo lave plus blanc que blanc. 🙂
Ici aussi on dirait un plaquette marketing.
Sinon j’aime bien lire les articles de shots.fr, et je trouve que l’analyse est assez bonne, l’offre Nikon est très complète en FX ! Il faudrait juste tempérer ses ardeur pour ne pas ressembler à une plaquette de publicité. 🙂
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PS : Le 18-35 semble excellent malgré son ouverture glissante, tu devrais l’essayer pour voir s’il te plait autant que le 16-35, plus léger moins, cher, plus piqué et seulement 2° de moins.
harvey dit
@leo
Je parle de ce que je connais, de ce que j’ai eu en mains et de ce que j’ai testé. Libre à vous de penser ce que vous voulez.
Concernant Nikkor 18-35, non merci, si vous parlez bien de Nikon AF-S NIKKOR 18-35mm f/3.5-4.5G ED. Je ne travaille qu’avec des optiques à ouverture constante. Je n’ai pas d’a priori concernant Nikkor 18-35 mais quand même, du point de vue de la construction et des matériaux engagés, je garde une préférence pour Nikkor 16-35mm f/4, et son traitement nanocristal qui en font une optique de très grande qualité, à l’image du 24-120mm f/4 que j’utilise tous les jours.
Encore une chose. Sur SHOTS, je ne parle que de ce que j’aime, de ce qui m’enthousiasme, de ce qui me fait rêver. Nikon en fait partie. Oui, Nikon D4s est le reflex ultime. C’est ce qui se fait de mieux au moment où j’écris ces lignes et c’est tout ce qui importe aux photographes qui me lisent et qui cherchent le meilleur reflex du marché, aujourd’hui. En attendant Nikon D5.
myriam dit
le truc que beaucoup ont pas capté c’est que mister harvey il en a rien à secouer de « ce que l’on peut lire sur le net et que beaucoup pensent ». shots c’est pas le café du commerce.on connait le taulier et ses relations étroites avec les marques (nikon par ex.) d’ailleurs je veux bien parier que ça fait des semaines qu’il a un D750 hein harvey? bon alors c’est pour quand le test terrain Nikon D750 😉