Tests terrain Shots. Nikon Df. Beau comme un Nikon F. Puissant comme un D4.

Il parait que sur certains forums ça flingue Nikon Df à tout va. Il paraît que DxO encense les performances de Nikon Df. On dit qu’un photographe américain connu dit de Nikon Df qu’il est aussi bon qu’un D4. Il est américain et il est connu, c’est que ça doit être vrai. J’entends des échos sur les réseaux sociaux, je vois passer des messages sur Twitter, sur Facebook. Il ne se passe pas une journée où quelqu’un de bien intentionné n’ait un avis autorisé à donner sur ce boîtier. Autorisé ? Faut voir. Moi, je ne parle plus depuis un bail de reflex que je n’ai pas moi-même testés. C’est peut-être ce qui fait la marque de fabrique de ce blog, ici on ne parle que de matos qu’on a utilisé sur le terrain et sur de longues périodes. Je ne peux pas, je ne sais pas tester un reflex en trois jours. J’ai besoin de me poser et j’y vais quand j’ai envie dy aller. Ça peut durer longtemps, des semaines, voire des mois. C’est la règle du jeu. Donner un avis autorisé sur un reflex, c’est vivre avec lui, au jour le jour, le ressentir, prendre le temps, le jauger. J’ai vécu ça avec Nikon D3s et Nikon D4 et aussi avec Canon EOS 1D Mark IV, je peux vous en parler, en long et en large de ces boîtiers. J’ai testé Nikon D610, idem. J’ai été le premier à dire que ce petit reflex numérique fullframe d’entrée de gamme était un excellent boîtier pendant que la plupart des médias internet ne retenaient de ce boîtier qu’une seule chose, qu’il était le successeur du D600 qui bouffait de la poussière. Un peu léger, si je puis me permettre… Je n’ai aucun a priori sur un matériel, quelqu’il soit, estampillé Canon ou Nikon. Ou Sony, ou autre chose. Ce qui m’intéresse, c’est les images qu’on peut en tirer. Le reste, c’est du blabla.

• Regarde. C’est un Nikon F !
J’ai amené Nikon Df avec moi en ballade, un après-midi ensoleillé. Je me suis mêlé à la foule, mon appareil à la gueule vintage autour du cou et j’ai fait des photos. Avec Nikon Df il y a un double ressenti. Celui du photographe, qui regarde à travers le viseur et qui parle à son reflex en lui disant : « Allez ! Montre-moi ce que tu as dans les tripes ! » Et là Nikon Df crache des images fortement contrastées, qui dans un premier temps vont me déstabiliser. Quelques réglages de paramètres plus loin, ce désagrément était effacé. L’autre ressenti, c’est le regard des gens sur le boîtier. Il y a les gens lambdas, qui le regardent d’un œil distrait ou qui ne le voient pas. Les seniors, à qui ce boîtier rappellent des souvenirs. Au risque de me répéter, on éprouve un sentiment de fierté à se promener avec ce petit bijou autour du cou. Je veux bien parier que c’est le modèle silver qui va cartonner. Et là vous me dites « On n’achète pas un reflex de ce prix pour être fier de le porter autour de son cou, quand même ? » Allons, êtes-vous sérieux ? Tous les photographes (tous) ont ressenti un jour cette petite émotion, ce regard des autres à la vue de son matos. Sauf qu’avec un reflex numérique lambda, on est noyé dans la masse, alors qu’avec un Nikon Df on se singularise, on sort du lot, du troupeau. « Regarde. C’est un Nikon F. » J’ai entendu ça alors je regarde le gars en souriant, je lui montre la face arrière du reflex en lui expliquant que c’est un numérique haut de gamme. Le gars a des étoiles plein les yeux.

• Chaud devant ! D4 inside.
Jam session. Cabaret Vauban. Je croise Charles (le taulier) dans l’escalier, il me dit « ça joue ! » Sur la petite scène tendue de rouge de ma salle mythique brestoise, ce soir c’est la reprise des jams. On croise Zalie Bellacicco qui vocalise acommpagnée par des pointures locales, Christophe Rocher, Fred Bargeon-Briet, … Dans un coin il y a mon ami Guy Chuiton qui crame une pelloche sur son Contax, ambiance vintage. Il voit Nikon Df, sourit et nous voilà partis tous les deux dans une session. Pour le coup, on pourrait se croire revenu vingt ans en arrière. Je teste tout, dont le mode Q, qui me semble encore plus efficace. Je trouve très rapidement mes marques, c’est étrange ce sentiment d’avoir l’impression d’utiliser un D4 planqué dans un corps de Nikon F. Je pousse la molette à 3200iso, sans états d’âme. J’utilise le 50mm livré en standard, c’est peut-être le seul bémol de ce reflex, presque contradictoire, de livrer avec un boîtier de ce calibre une optique somme toute assez basique, presque moyenne. Et puis je n’aime pas les focales fixes qui m’obligent à me déplacer pour trouver le cadrage qui me convient. Là je réalise que Nikkor 24-120 me manque salement. Pourtant je sens très rapidement que cette fois, je suis dedans. L’AF est parfaitement réactif et franchement les 39 collimateurs (au lieu de 51 sur un D4) se comportent plutôt bien. Étrange sentiment, comparable à celui ressenti quand on travaille avec un D4, que de sentir toute la puissance et la performance du boîtier. Ici, pas besoin de courbes, de graphiques, de de-pas-mis-avec-rien (tu fais la récidive), d’évaluations mathématiques, de coups de frime, non. Juste un feeling, des années de pratique pour sentir qu’à chaque déclenchement c’est dans la boîte, pas besoin de regarder sur l’écran de contrôle, tu sais que c’est bon, que ça joue. Et là on pige le concept de pure photography si cher au cœur de Monsieur Goto.

• Nikon Df. Très bon sur toute la ligne.
Quand je suis revenu au bureau, j’ai regardé mes jpegs (je n’ai pas travaillé en RAW) dans Photoshop. Rien à dire, rien à ajouter, rien à enlever. C’est bon, ça pique, ça cadre. Nikon Df tient toutes ses promesses et permet d’engranger de l’image de qualité premium. Est-ce qu’on peut le comparer à un D4 ? Arrêtons de tergiverser, Nikon Df c’est un D4. Le seul bémol de ce reflex numérique c’est l’optique un peu basique livrée en standard. Mais c’est pas grave. La plupart des photographes remiseront ce caillou et le remplaceront soit par une optique de leur parc (c’est ce que je vais faire en utilisant mon 50mm f/1.4) soit investiront dans une optique cossue (et chez Nikkor c’est pas ça qui manque) soit iront fouiller dans leur placard pour ressortir une optique vraiment vintage, puisque rappelons-le, entre autres talents, Nikon Df est capable d’accueillir des optiques non AI (produites avant 1977 donc). Pas de bol, dans mon placard à moi il n’y a que du Canon en monture FD, mais j’ai ma petite idée pour trouver du Nikon. Mon prochain défi sera de tester Nikon Df avec une optique old style, non AI. Histoire de voir… On n’a pas fini de se marrer et c’est bien là l’essentiel.