Je suis toujours heureux comme un gosse de voir mes photos publiées. C’est pas vraiment une question d’ego, non c’est juste que si je fais des photos, c’est pour qu’elles soient vues, c’est pour partager un instant. Un jour on m’avait demandé l’origine de ma passion pour la photo de concert et j’avais répondu que c’était pour permettre aux gens qui n’avaient pas eu la chance (ou les moyens, car l’entrée au concert coûte quand même une poignée de brouzoufs) de partager, de revivre un instant du concert. Un jour, une jeune fille m’a abordé dans une salle de concerts pour me dire : « quand je regarde vos photos, j’entends la musique. » C’est sans doute le plus joli compliment qu’on m’ait jamais fait. Grâce à internet, il est possible de partager les émotions world wide et ça, bien sûr, c’est un vrai privilège. Au départ, Cinquième nuit – mon book en ligne créé en 2002 – était comme une bouteille à la mer que j’aurais jeté après chaque concert et puis à partir de 2004, date charnière, tout est devenu plus structuré. Montrer ses photos, c’est témoigner et c’est surtout partager avec le plus grand nombre, avec le public, avec les artistes. La photo c’est une quête des autres, pas une quête de soi. Alors voir une de mes photos publiée, sur du papier, un support durable, ça a quelque chose d’étonamment surréaliste. Je me souviens bien (comment l’oublier ?) du jour où j’ai photographié François Cuillandre (le maire de Brest) pour la campagne électorale des municipales. Quelques semaines plus tard, j’avais été saisi d’une émotion intense lorsque j’avais vu la photo, je veux dire « ma » photo placardée un peu partout dans la ville, sur les panneaux, sur un compteur électrique, au détour d’une rue, ma photo était partout. D’ailleurs, elle n’était plus « ma » photo, elle m’avait échappé, cette photo faisait désormais partie du domaine public. Nul ne connaissait le nom du photographe mais tout le monde connaissait la photo, c’est la règle. Alors, au fond, c’est ainsi. Mes images sont plus connues que mon nom et ça me va bien. Chaque fois qu’une de mes photos est publiée, ça tient autant du petit miracle que du privilège. Ici un cliché d’Indochine, shooté à la Carène de Brest lors d’un concert d’anthologie, pour une bio sur le groupe, là un autre de Thomas Dutronc aux Vieilles Charrues pour un livre de photos. Et puis, il y a quelques jours, un cliché de Ridan aux Vieilles Charrues pour un manuel scolaire de français. Je ne saurais dire pourquoi, mais de toutes mes publications c’est sans doute celle qui me touche le plus. Une photo dans un manuel scolaire, c’est une manière de transmettre de l’émotion à un très grand nombre, de manière durable, à celles et ceux qui formeront les artistes et le public de demain. Et qui sait ? Peut-être parmi eux y aura-t-il un photographe ? Qui a son tour saura témoigner, partager, inspirer.
• cliché : Nicola Sirkis (Indochine) en concert à la Carène Brest – décembre 2007
Laurent Bervas dit
Très joli titre, très jolie histoire, … inspiring 😉
bises ++
Laurent dit
Oh… et ce titre… quel titre! Quelle citation! Terence Hill, Henri Fonda, la classe!
Bon, et accessoirement, le fait d’avoir une photo dans des livres d’école, c’est la classe aussi (HA HA HA… la classe… pour un livre d’école… Ha ha ha…. hmmm… désolé…)!!!
harvey dit
Tiens je me demandais si quelqu’un relèverait l’origine du titre, bien vu Laurent c’est bien « Mon nom est personne ». La scène culte, Jack Beauregard seul contre 150 desperados. « Tu brilles comme un miroir de bordel… » Comme disait Biff (à propos d’un autre western) « ah quel putain de bon film ! »
Laurent dit
Oh oui!!!! Quel film!!!
jm dit
dis moi on le reconnais pas Nikola sur la photo. Tu étais encore en CANON à cette époque ….. loooooooooool
harvey dit
@jm c’est justement parce qu’on le reconnaît pas le Nicola (avec un C mais sans S ! Ah ! Lubies d’artiste…) que le cliché est intéressant 😉 Et sinon, oui c’était tapé en Canon et oui, je suis toujours en Canon (j’ai envie de dire et même plus que jamais). Bonnes vacances Jean-Mich, enfin c’qu’il en reste !