Je n’avais, à ce jour, jamais utilisé une optique pareille. De ma vie de photographe, jamais. Ce type de focale n’a jamais été ma tasse de thé et en plus je n’ai jamais été trop branché paysage ou nature. Je crois d’ailleurs que Nikkor 14-24mm f/2,8 est une des rares optiques Nikon avec laquelle je n’ai jamais voulu travailler. Sa lentille frontale, avec sa gueule de fisheye, me semblait un brin trop exhibitionniste à mon goût, sans même évoquer son poids (un kilo à la louche, excusez du peu). En revanche, pendant mes années Canon, le 16-35mm f/2,8 L a été l’une de mes optiques de prédilection. J’appréciais son range large, sa discrétion, son piqué, sa polyvalence. Le 16-35mm restera l’optique qui m’aura le plus manqué et que j’aurai le plus regretté lorsque j’ai switché vers Nikon. J’ai testé Nikkor 16-35mm f/4 qui tablait sur le même type de focale et qui est également une excellente optique. Alors quand j’ai su que Nikon allait proposer un zoom ultra grand angle Nikkor 14-30 mm f/4 S, j’ai immédiatement tendu l’oreille. Il faut bien admettre que 14-30mm, c’est un range très attirant, d’autant qu’en passant en mode DX sur Nikon Z6 on peut avoir entre les mains un 21-45mm. C’est presque deux ranges de rêve pour le prix d’une seule et même optique. Tiens, puisqu’on parle de prix, ce Nikkor 14-30 mm f/4 S est affiché à 1440€ TTC, prix public conseillé par Nikon. Et là vous me dites ? Un range de rêve, un prix abordable, manquerait plus que l’encombrement soit minimum, pour un poids plume et on aurait une optique vraiment très attractive. Vous ne croyez pas si bien dire…
Nikkor 14-30. Perfection XXL
Les premiers échos que j’ai eu de Nikkor 14-30 étaient littéralement extatiques. Je me suis rapproché du NPS (Nikon Pro Services) pour l’intégrer à mon test sur Nikon Z6 et finalement, alors que je ne m’y attendais pas, j’ai eu la grande surprise d’en recevoir un exemplaire. Premier constat, cette optique est d’une compacité et d’une légèreté remarquables et pour moi qui cherche justement la légèreté, voilà deux arguments imparables. Nikkor 14-30 mesure un peu plus de 10 cm de long (105mm exactement en position fermée) pour un poids de 522g. Elle est un poil plus courte que Nikkor 24-70mm f/4 et aussi plus légère. C’est donc une optique passe-partout, idéale pour partir en voyage. Et comme Z6 est un fullframe, en mode DX la même optique affiche un range de 21-45mm. Bref. Taille, poids, encombrement, range, prix, on se dit à première vue que Nikon n’a pas mis à côté. Restait à le vérifier sur le terrain. Et de ce point de vue, mazette ! Nikon ne déçoit pas.
• Nikkor 14-30 m’a tuer
Tout est dans le titre. Bon, bien sûr, vous savez déjà ce que je pense de Nikon Z6 si vous avez lu mes articles sur le sujet. Mais je dois à la vérité de dire que si j’ai été aussi subjugué par Z6 c’est en grande partie grâce ou à cause de Nikkor 14-30. C’est la première optique que j’achèterai quand je vais commander un Z6 parce qu’en vérité je vous le dis. Cette optique est une petite merveille. Pas besoin de vous faire un dessin. J’ai profité d’une belle journée ensoleillée pour aller ma balader du côté de la Pointe de Corsen, au nord-ouest de Brest, à quelques encablures de Lampaul Plouarzel. La Bretagne, dans ce qu’elle a de plus puissant et d’authentique. Un temps sublime, ciel bleu, légèrement pommelé de quelques nuages, le granit et l’océan, à perte de vue. Pour le photographe, du pain béni. Sensibilité à 100iso, 1/500e f/7,1, tranquille. Mais surtout, cette envie de travailler à 14mm pour voir grand, ultra large, beau. J’ai passé l’œil dans le viseur et j’ai immédiatement lâché un « Ah ouais ! » de contentement. L’image restituée par la visée réelle de Nikon Z6 était simplement sublime.
• Nikkor 14-30 f/4. Pour en finir avec la tyrannie du 2,8 !
Ma seconde pensée est allée pour l’ouverture de ce caillou. Parce que, rappelons-le, Nikkor 14-30 affiche f/4. Exit le tyrannie du 2,8 ! Aujourd’hui, les optiques à f/4 font quasiment jeu égal avec ce qu’on qualifiait autrefois de grande ouverture, comprendre f/2,8. Les cartes sont rebattues et on peut saluer le choix de Nikon dans la taille de sa monture (55mm, on ne s’en lasse pas). Je dis et je redis donc que cette taille de monture dantesque est et sera un argument décisif à moyen et long terme et qui va jouer en faveur de la marque jaune. Si vous ne devez garder qu’un seul et unique argument à l’esprit concernant Nikon Z, c’est bien celui-là : la taille de la monture et accessoirement son corollaire, la tirage mécanique (16mm). N=f/d et c’est tout. La messe est dite. C’est, à mon avis (et je ne suis pas le seul à le penser) un argument qui va être très problématique dans les années à venir pour certaines marques concurrentes, je pense en particulier à Sony et la monture rikiki de sa gamme Alpha, initialement prévue pour un format APS-C (et pas du plein format).
• En conclusion ? Cette optique XXL frôle la perfection.
On m’avait dit que Nikon avait réalisé une grande optique avec Nikkor 14-30 f/4 mais c’est bien en dessous de la vérité. Ce zoom trans-standard ultra grand angle cumule de nombreuses qualités. Un range de rêve, un encombrement réduit, un poids plume, pour un prix très abordable. Quant à la vélocité, le confort d’utilisation sur Nikon Z, c’est idem. Restait à vérifier si les images produites sont aussi belles sur l’écran de mon iMac 27 pouces qu’elles semblaient l’être dans le viseur de Z6. Éditées dans Capture One Pro 12 les images sont irréprochables, d’un piqué, d’un dynamisme, d’une profondeur de couleurs époustouflants. Cette optique va ravir les amateurs de photos de paysage mais pas seulement. En live, en spectacle, partout on a besoin de voir grand, ultra large, Nikkor 14-30mm f/4 S va permettre des prises de vue en plan XXL, tout en restant très discret.
Voilà bien longtemps qu’une optique de ce type ne m’avait autant bluffé, toutes marques confondues ! Je pense qu’il faut remonter à de nombreuses années en arrière, période Canon EF 16-35mm f/2,8 L et encore ! Ici, avec Nikon Z, on travaille à 14mm et si on le souhaite on peut switcher illico à 45mm en mode DX, on a donc accès à un range très large. En plus d’être un trans standard très performant, ce Nikkor 14-30 sait aussi être très polyvalent. Je veux bien lui promettre un (très) grand avenir ! Et pour ceux qui ne jurent que par f/2,8 qu’ils patientent. Nikon prépare pour l’année prochaine le retour de son mythique 14-24mm f/2,8 pour Nikon Z. Il sera à lentille plate, pour enfin pouvoir monter des filtres sur ce type d’optique. Pour ma part, je n’attendrai pas. J’aurai un Nikkor 14-30 sur mon Nikon Z, sans l’ombre d’un doute.
• illustration : Nikon Z6 et Nikkor 14-30 f/4 S en balade à la Pointe de Corsen, Lampaul Plouarzel.
• merci au NPS (Nikon Pro Services) et Nikon France pour ce test inattendu.
• cet article n’est pas sponsorisé.
Pascal dit
« Si vous ne devez garder qu’un seul et unique argument à l’esprit concernant Nikon Z, c’est bien celui-là : la taille de la monture et accessoirement son corollaire, la tirage mécanique (16mm). N=f/d et c’est tout. La messe est dite. »
Effectivement la baïonnette des Nikon Z est grande, mais il faut garder la tête froide et ne pas fantasmer plus que nécessaire sur cette monture.
La formule citée N = f/d permet de calculer l’ouverture de diaphragme, elle dit que sur un 28 mm avec un diaphragme qui mesure 10 mm l’ouverture est de 2,8 (28/10), cela n’est aucunement liée à la taille de la baïonnette (ni le diamètre, ni le tirage).
Pendant 60 ans Nikon a produit des optiques avec une baïonnette qui avait un long tirage et un faible diamètre, il serait étrange que, du jour au lendemain, les lois de l’optique changent et empêchent de produire des objectifs autrement qu’avec une fixation de 55 mm de diamètre placée à 16 mm du capteur.
Leica propose un 50 mm ouvert à f/0,95 malgré une monture de 43,6 mm de diamètre, Canon, Sony ou d’autres sont ils idiots au point d’être incapable d’en faire autant avec des baïonnettes plus larges ?
Ce qui fait la qualité du 14-30 mm ce n’est pas la monture Z, mais la possibilité d’y intégrer les corrections informatiques des aberrations dès la visée, un point que Nikon maîtrise parfaitement.
Les bretons peuvent dire la messe, depuis le Japon elle est inaudible 😉
Hervé LE GALL dit
Le propos ne manque peut-être pas de pertinence, l’insulte finale (aux bretons) ne me semblait pas indispensable.
Alex dit
Bonjour Hervé,
plutôt d’accord avec Pascal concernant la baïonnette, Tamron a bien été capable de faire un 17-35 f/2.8-4 de 450g et 9cm de long pour une monture F, la même marque propose un 17-28 f/2.8 de 420g et 10cm de long (les 2 bien moins chers que le 14-30 de Nikon, vu les tarifs habituels 1500€ c’est du classique pour Nikon mais ce n’est pas vraiment de l’abordable, à ce prix-là en F maintenant on a la version f/2.8, si la tyrannie du f/2.8 se finit en f/4 au même prix je pense qu’on ferait mieux de rester sur la tyrannie du f/2.8 lol), Canon avait conçu un 50 f/1 et un 200 f/1.8 en monture EF avec AF comme quoi c’était déjà possible…on peut en rajouter mais la question que je me poserais moi c’est est-ce que Tamron est meilleur que les autres pour être capable de faire ça ou les autres qui attendent qu’on leur secoue les puces pour se bouger? Sony s’est bougé les puces pour faire son 24 f/1.4, résultat très bon et très léger malgré cette monture rikiki (à 1500€ mais ne rêvons pas, quand Nikon et Canon sortiront les leurs en Z et RF ce ne sera pas moins cher).
Et l’argument du mode DX existait déjà avant les Nikon Z, c’est les Canon EF qui ne le permettait pas 😉 , on pouvait déjà avoir avec un 16-35 un recadrage 24-50, avec toujours les mêmes inconvénients, c’est un recadrage et non un zoom optique donc on perd des pixels et on garde la PDC des focales de l’objectif, on n’a pas un 20-45 on a des images d’un 14-30 recadrées.
Quant aux f/4 qui font jeu égal avec les f/2.8, on a déjà eu cette affirmation avec le 24-70 f/4, il a suffit d’attendre que le f/2.8 sorte pour que d’un coup le f/4 soit battu, quand le 14-24 f/2.8 S sortira on dira la même chose par rapport à ce 14-30, le f/2.8 fera mieux. Mais au final quoi de mieux? un peu de piqué sur les bords, youpi, l’argument de la monture Z c’était de faire des optiques plus lumineuses on reste sur des f/4 et f/2.8, cette monture est peut-être géniale pour compter un peu mieux les poils sur les bords mais sur l’ouverture on est toujours dans les années 90. Personnellement ça ne me dérange pas, j’imagine ce que ça donnerait si les ouvertures étaient plus grandes les tromblons que ça donnerait mais dans ce cas il aurait fallu éviter de faire une grosse partie de sa com’ sur ça (Canon fait la même chose, et on voit avec le 28-70 f/2 qu’effectivement c’est du tromblon, comme le 24-35 f/2 de Sigma qui n’avait pas attendu une nouvelle monture pour le faire, comme quoi là encore c’était faisable même en monture F).