La sauvegarde cloud, je l’ai testée dans tous les sens, depuis des années. La perspective de pouvoir mettre ses données à l’abri, dans un espace virtuel, délocalisé, accessible de n’importe où sur la planète, n’importe quand, c’est quelque chose qui m’a toujours intéressé. Je ne parle pas seulement des photographes. La sauvegarde cloud concerne tout le monde, autant pour mettre à l’abri des documents d’entreprise que pour stocker la vidéo du petit dernier. C’est à la fois un outil de sauvegarde et de partage, de travail collaboratif. Alors oui, j’en ai testé des solutions, en long, en large et parfois même de travers. J’ai vécu le lancement de hubiC et sa fin calamiteuse, j’ai envoyé, mon chronomètre Casio en main, des tonnes de données sur bon nombre de services en ligne, j’ai usé mes fonds de quotas 4G à charger péniblement mes datas sur le cloud. Car pour uploader des données et profiter pleinement des fonctionnalités du cloud, il faut d’abord un vecteur solide, en clair une bonne capacité en débit montant. Le cloud avec une connexion ADSL chargeant les données à la cadence piteuse de 0,9Mbps, on oublie. En revanche, lorsque la fibre a débarqué chez nous, il y a trois semaines, ma vision du cloud a radicalement changé. Notre capacité en upload a fait un bon en avant prodigieux, passant à plus de 200Mbps. On allait enfin pouvoir tester et décider de la meilleure solution cloud à adopter. Sur la ligne de départ, quatre concurrents sérieux. Dropbox, d’abord. Puis son concurrent et challenger suisse, pCloud suivi de deux géants, Google drive et Amazon drive. Chrono en main, j’étais bien décidé à tester leurs capacités et à faire un choix. Mais comme vous allez le constater, les choses ne sont pas aussi évidentes qu’elles en ont l’air et le choix plus difficile qu’il n’y paraît.
Sauvegarde cloud. L’heure du choix
Protocole du test
Il s’agit d’uploader un dossier de 5Go constitué de 341 photos au format NEF et jpeg, via la web app pour Dropbox, pCloud et Google Drive et via l’app dédiée pour Amazon drive. La connexion utilisée pour les tests est une fibre optique Orange (capacité 200Mbps en moyenne, outil de mesure Speedtest).
1- Dropbox
En matière de sauvegarde cloud, Dropbox est très populaire, d’ailleurs j’en suis moi-même un utilisateur. J’ai un abonnement Dropbox Plus, un forfait de 1To qui me coûte 9,99€ par mois. J’ai choisi Dropbox car c’est une solution universelle qui bénéficie d’une large reconnaissance. Si un service utilise une solution de sauvegarde cloud, vous pouvez être à peu près sûr que Dropbox est dans la liste. Par exemple, le plugin de sauvegarde des bases de données WordPress (l’excellent BackWPup), est interfacé avec Dropbox. Mon compte Dropbox est synchronisé avec mon NAS Western Digital MyCloud PR4100. Cette reconnaissance de Dropbox comme solution de sauvegarde cloud par de très nombreux acteurs du marché est donc un paramètre intéressant. Sur mon iMac, l’intégration de Dropbox permet la synchronisation des données et une app dans la barre de menu permet de gérer la synchro. Idem sur mon iPhone, avec une app bien pratique, qui permet la sauvegarde automatique des photos et vidéos prises avec le smartphone sur son compte Dropbox. Les fonctions de partage sont simples et intuitives. En revanche, côté performances et évolutivité, les choses se gâtent… Il n’est pas possible d’augmenter la capacité de Dropbox Plus, à moins de passer en formule business advanced, à des tarifs nettement plus gonflés (stockage illimité, 18€ par mois à partir de trois utilisateurs, soit 54€ par mois). Un teraoctet, c’est bien, mais c’est trop léger pour de nombreux utilisateurs, en particulier pour les photographes, un secteur où les définitions de capteur sont de plus en plus élevées. Quant à la performance en upload, c’est pas Byzance !
• upload du dossier test de 5Go via l’interface web : 41′ 28″ (2Mo/sec soit 7235Mo/h)
À propos de l’upload en synchro. L’upload en synchronisation de dossier est nettement plus rapide, mais attention ! C’est de la synchro, ce qui veut dire que si vous supprimez le dossier en local il sera aussi supprimé de votre Dropbox. Pas des plus aisé à gérer, donc.
J’aime : l’universalité et la simplicité de la solution, l’app iPhone très pratique, les fonctions de partage.
J’aime moins : la limitation à 1To, la lenteur en upload.
2- pCloud
Voilà donc pCloud. C’est LA solution de sauvegarde cloud dont tout le monde parle. C’est une solution européenne – basée en Suisse – qui revendique 8 millions de clients dans le monde. Une particularité – et non des moindres – tient dans leur solution lifetime. Pour une somme forfaitaire, il est possible d’acheter un espace cloud « à vie », une vie étant estimée à 99 années (ça laisse donc de la marge). Un espace de 500Go, par exemple, coûte 175€ quand celui de 2To coûte 350€ (pour info, un espace de 4To est aussi disponible en lifetime). Vous pouvez également opter pour un plan mensuel. Le forfait 2To coûte 7,99€ par mois (soit 2€ de moins que Dropbox pour deux fois plus d’espace). Pour ce prix-là, pCloud propose une foule de services inclus, notamment en matière de sécurité. Puisqu’on parle de sécurité, pCloud propose un service de cryptage optionnel (3,99€ par mois en supplément). Cerise sur le gâteau, il est possible de sauvegarder sur pCloud ses données venant des réseaux sociaux (Facebook, Instagram) mais aussi d’autres solutions de cloud parmi lesquelles on compte OneDrive, Google drive et… Dropbox ! On peut faire avec pCloud tout ce qu’on fait avec les autres. L’app pour iPhone est parfaite, très fluide, avec sauvegarde automatique de ses contenus photo et vidéo. Avec l’application pCloud drive (pour Mac, Windows, Linux), il est possible de monter son espace pCloud comme un disque dur virtuel sur le bureau du Mac, d’y envoyer des fichiers en glisser-déposer, de synchroniser avec un dossier local, de partager des dossiers avec d’autres utilisateurs, de crypter les données de manière sécurisée, … C’est assez sexy en apparence mais l’upload est nettement plus lent. Cela dit, ponctuellement, c’est hyper pratique de visualiser sa sauvegarde cloud sous cette forme. Bref, les développeurs de pCloud ne manquent pas de talent et encore moins d’imagination ! Restait à tester l’upload. Et là encore, mazette ! pCloud ne déçoit pas, en étant quasiment 5 fois plus rapide que Dropbox.
• upload du dossier test de 5Go via l’interface web : 8′ 35″ (9,7Mo/sec soit 34,92Go/h)
À propos de pCloud Drive. Cette app permet de monter le volume cloud distant sous la forme d’un volume sur le bureau du Mac (un peu comme le fait Expandrive, mais en nettement plus performant). C’est attrayant et la copie est ultra rapide en apparence mais en apparence seulement ! Les dossiers sont copiés puis vient la copie des fichiers elle-même et là on est dans un mode synchronisation qui ne dit pas son nom. Au final c’est nettement plus lent : 28′ 48″ pour uploader le dossier de 5Go (2,89Mo sec soit 10,4Go/h). En revanche pCloud drive permet de manipuler les fichiers et dossiers très facilement. Déplacer, renommer, supprimer, se fait aussi facilement qu’en local avec son disque dur. Et les modifs sont immédiatement prises en compte, c’est très intuitif.
J’aime : la vitesse en upload, l’app pCloud drive, l’espace confortable, les possibilités de licence lifetime, le cryptage (en option), la possibilité de récupérer des données des réseaux sociaux ou d’autres systèmes de cloud, la foule de fonctionnalités incluses dans l’offre, la manipulation de données en local via pCloud drive, le tarif attractif pour un volume de 2To.
J’aime moins : la jeunesse de l’entreprise (5 ans), le support en anglais, la lenteur de l’upload avec pCloud drive.
3- Google drive
Là, on entre dans la cour des (très) grands. Google drive ne se contente pas d’être une sauvegarde cloud, c’est un élément qui s’intègre dans une chaîne de services. En étant utilisateur de la messagerie Gmail, on a de facto un drive. Le mien fait 17Go, par la grâce de quelques gigas offerts ici et là par Google à diverses occasions. Je n’utilise pas G Drive mais je sais qu’un jour ou l’autre il faudra que je verse mon obole pour en passer la capacité à 100Go (1,99€/mois). Le forfait 1To c’est 9,99€ par mois, mais comme pour Dropbox c’est le même reproche, un teraoctet c’est bien mais c’est pas assez. Cela dit, il existe la solution G Suite Business pour accéder à du stockage illimité mais il faut être cinq utilisateurs au minimum et le coût est nettement plus élevé (cinq fois 8€, soit 40€ par mois). Reste la grande qualité de Google Drive, c’est un système global et une référence de taille. Ici, pas d’états d’âme, le taulier n’est autre que le géant de Mountain view, autant dire du solide. L’upload n’est pas un foudre de guerre, c’est deux fois plus rapide que Dropbox mais deux fois moins rapide que pCloud.
• upload du dossier test de 5Go via l’interface web : 19′ 32″ (4,3Mo/sec soit 15,35Go/h)
J’aime : la globalité de la solution, la solidité de Google.
J’aime moins : la limitation à 1To, la mollesse de l’upload
4- Amazon drive
Comme beaucoup d’utilisateurs, j’ai souscrit à Amazon drive. Cloud illimité à 70€ par an, c’était trop beau pour durer. Quand Amazon a décidé de revoir sa grille tarifaire, j’ai évidemment envisagé de clore mon abonnement. J’avais uploadé près de 4To de données, ça allait donc me coûter 499€ par an, c’était juste pas possible. Quel gâchis ! Et surtout quel dommage, parce qu’en matière de sauvegarde cloud, Amazon drive c’est la vie rêvée ou presque. J’ai réfléchi, en me disant que finalement c’était dommage de perdre une partie de mes données. J’ai donc réduit la toile jusqu’à descendre mon quota à moins de 2To, soit une dépense de 199€ par an (soit 16,60€ par mois), une somme assez raisonnable pour profiter de l’infrastructure solide d’Amazon, de son environnement logiciel particulièrement performant et de sa possible évolutivité. En matière d’envoi de fichiers, il est préférable d’uploader en utilisant l’app dédié proposée par Amazon (celle qui se loge dans la barre de menu). Les performances sont à la hauteur de l’attente : fulgurantes.
• upload du dossier test de 5Go via l’app dédiée : 6′ 49″ (12,22Mo/sec soit 44Go/h)
À propos d’Amazon Prime. Amazon propose l’upload de photos illimité à ses clients abonnés au service Prime. C’est un Amazon Drive limité aux photos, donc ici pas question d’uploader des documents ou des vidéos. Les fichiers RAW sont considérés comme des photos. Là vous me dites, pour 49€ par an, ça vaut le coup. Oui, mais… Ce service est réservé aux particuliers, si vous êtes photographe professionnel ou une société commerciale, vous ne pouvez pas utiliser ce service, vous devez donc passer par Amazon Drive. Je vous conseille donc d’éviter de charger la mule, d’autant qu’Amazon serait bien capable, un jour, de revenir unilatéralement sur la notion de stockage photos illimité. Il y a des précédents, si vous voyez ce que je veux dire.
J’aime : la performance en upload, la gamme de logiciels (sur Mac et iPhone), l’évolutivité de l’espace de stockage (jusqu’à 30To), la solidité d’Amazon
J’aime moins : le tarif (même si le prix pour 1 ou 2To reste somme toute raisonnable)
L’heure du choix.
Mon choix est fait. Je vais utiliser pCloud et Amazon drive. Au cours de mes tests, j’ai été aussi déçu par les piètres performances de Dropbox qu’enthousiasmé par celles de pCloud. Comme je peux rapatrier automatiquement mes données de Dropbox vers pCloud, je vais pouvoir transférer mes données sans trop de souci. Quand ce sera fait, je supprimerai mes données de Dropbox et je cesserai mon abonnement. En revanche, je ne vais pas fermer mon compte Dropbox, puisque je continuerai de bénéficier d’un petit espace gratuit (un peu plus de 2Go). Avec pCloud, la perspective d’économiser 2€ par mois pour deux fois plus d’espace est un argument de poids. Pour le moment, je vais opter pour un plan mensuel, même si à terme je suis fortement tenté par une licence à vie. C’est l’équivalent de 15€ par mois pendant deux ans et gratuit au delà, à vie, autant dire que c’est intéressant ! Je vais conserver mon compte Amazon Drive, avec un quota de 2To, pour la facilité d’upload et d’accès à mes archives photo. Quant à Google drive, je n’ai pas vraiment le choix. Lorsque mon quota de 17Go sera atteint avec Gmail, il faudra que je me décide à signer pour un plan 100Go.
La bonne surprise vient de pCloud. Les fonctionnalités sont nombreuses, la performance est au rendez-vous, le tarif est intéressant. En ligne de mire, le concurrent Dropbox a du souci à se faire. L’offre suisse, bien pensée, est radicalement intéressante. Deux fois plus d’espace, pour deux euro de moins, cinq fois plus rapide en upload. J’ai profité de l’espace gratuit (10Go) pour tester pCloud et aujourd’hui, je suis convaincu. Faites de même ! Testez pCloud, c’est gratuit.
• Ce test a été réalisé en toute indépendance. Cet article est non-sponsorisé et n’a bénéficié d’aucun soutien financier émanant des marques citées.
• Si vous souhaitez tester pCloud, vous pouvez le faire librement et gratuitement en cliquant sur ce lien*, ce que je vous encourage d’ailleurs à faire, afin de tester cette solution par vous-même.
(*en cliquant sur ce lien tradé, vous soutenez SHOTS. Merci !)
JP Lebeau dit
C’est pas mal votre article. On voit presque la même chose sur http://www.cloudgratuit.fr/stockage-en-ligne-gratuit-en-2018/