Cinquante sept mois. Oui, j’ai calculé. Cinquante sept mois, c’est le temps qu’aura duré mon aventure avec la sauvegarde hubiC. Depuis le premier article consacré, avec l’enthousiasme que vous me connaissez, à cette solution 100% française. À l’époque, j’avais la tête pleine de rêves, pensez donc. Un cloud à la française, réalisé et hébergé par OVH, ça ne pouvait que me faire rêver. Oui ! Hébergé par OVH, mon prestataire de toujours, en France, sur des serveurs français, régis par la législation française ! Si ça marchait, c’était le début du bonheur. Comme toujours avec OVH, quand on a vu l’offre initiale, on est tombé de sa chaise, à l’époque. Pour 69,90€ HT par an on avait un hébergement illimité. I-lli-mi-té ! De l’illimité qui allait s’avérer virtuellement limité avec le temps et pas seulement en taille… Février 2012, novembre 2016. Voilà, c’en est fini de mes rêves. Je jette le gant, l’éponge et le reste. Et je vous dis pourquoi.
Sauvegarde hubiC, clap de fin pour le cloud à la française.
• Quand c’est pas cher, c’est trop cher !
Ma grand-mère me disait toujours de me méfier des prix trop alléchants, autant que des affiches en couleur. Quand c’est gratuit, c’est trop cher ! s’amusait-elle à répéter. Pour la sauvegarde hubiC c’est un peu ça. C’était pas cher et surtout c’était la promesse de pouvoir mettre ses données à l’abri de manière sécurisée. Toutes ses données. Et au début, ça marchait bien. Rendez-vous compte. Un espace disque illimité et une bande passante du même acabit. Une poignée d’utilisateurs équipés en fibre s’est engouffrée dans la faille, uploadant des teraoctets à tour de bras. À eux seuls, ces happy fews cannibalisaient l’essentiel de la bande passante. Ce qui devait arriver arriva. Fidèle à sa réputation, Octave Klaba (OVH) a sorti sa hache et a tranché dans le vif. Pour les cannibales, le festin était fini. Pour les crevards de l’ADSL, à 1Mbps en upload, aussi, par la même occasion.
Si vous ajoutez à cela que le développement du petit logiciel hubiC fut abandonné au profit d’un soft de synchronisation merdique à souhait, l’affaire était pliée. Entre temps, le prix de la sauvegarde hubiC était passée à 10€ par mois pour 10To puis, dans une tentative de contrer l’offre Amazon drive qui s’annonçait, à 5€ par mois pour 10To. Avec une bande passante réduite à la portion congrue et des conditions d’upload de plus en plus chaotiques. On ne comptait plus les blocages systèmes, les pannes de services sur tout un week-end, un support technique désemparé. Il fallait que ça bouge. Et vite.
• L’épisode Public Cloud storage.
C’est Octave Klaba qui alluma la lumière, au début du mois de février 2016, dans un de ces communiqués de presse enthousiasmants dont il a le secret. En gros, Octave nous expliqua que l’offre hubiC serait désormais destinée au grand public. Pour les pros, ils auraient la possibilité de transformer leur sauvegarde hubiC en abonnement PCS. Public Cloud Storage, du stockage en pay as you go avec une bande passante garantie de 500Mbps et un prix canon, 0,004€ par Go. Quatre euro par mois pour sauvegarder 1To, on a tous applaudi à deux mains. Problème. Ce qui devait prendre deux ou trois mois, selon Octave Klaba, à être mis en place ne vit jamais le jour. Un silence radio pesant pendant des mois chez OVH, un service communication presse aux abonnés absents, pas mieux sur Twitter. Finalement, le 12 octobre 2016, sur Twitter le boss d’OVH me livre une réponse sibylline (je cite in extenso). « On bosse sur le pCS, on n’est pas encore bon. Concernant l’apps hubic on regarde pour bosser avec une boîte extérieure pour le dev. » Un message qui sonne comme un cinglant revers pour tous ceux qui ont cru dans la sauvegarde hubiC et PCS. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à faire mon sac.
• Dropbox et Google drive
La vérité ? Je n’utilise quasiment plus hubiC depuis avril 2016, mais j’ai continué de payer parce que j’ai continué d’y croire. Vous me direz, à 5€ par mois, je n’ai pas perdu une fortune, mais quand même. Entre temps, j’ai testé nombre de solutions, de iCloud à Google Drive en passant par Dropbox et mon choix s’est finalement porté sur Dropbox, pour mes activités de photographe. Passer de hubiC à Dropbox, c’est comme redécouvrir l’Amérique. Associée à ma connexion 4G chez Freemobile (50Go de quota mensuel), la solution Dropbox est d’une redoutable efficacité. En fait, Dropbox sait bien faire tout ce que la sauvegarde hubiC fait de travers : supprimer, déplacer ou renommer un dossier en temps réel ? C’est possible. Comme uploader sans aucune erreur, gérer mes données via mon smartphone avec identification par empreinte, partager mes fichiers, … Avec Dropbox, tout est simple, jusqu’au glisser-déposer de dossiers via la web app sur Chrome. Avec la sauvegarde hubiC, en revanche, tout était devenu problématique. Dommage. Quand j’ai vu le tweet d’Octave, j’ai compris que pour moi, c’était fini. Il était temps que je mette un point final à mon aventure avec le cloud à la française.
• En attendant la fibre ?
En conclusion, j’aurai tenu cinquante sept mois et je ne regrette rien au fond. Juste le sentiment d’un immense gâchis et d’avoir perdu du temps et un peu de monnaie. Ce qui marrant, c’est que je réalise aujourd’hui que mon rythme de sauvegarde s’est singulièrement accentué avec Dropbox. C’est normal, l’upload fonctionne. J’ai un espace de un tera et je paye 10€ (TTC) par mois. Je sauvegarde mes données photos, mes sélections prodées au format jpeg et mes RAW exportés avec leur historique de traitement via Capture One Pro 9. Pour la sauvegarde de mes petites données (documents texte et divers), j’ai Google Drive (1,99$ par mois pour 100Go). En ce moment j’essaie, tant bien que mal, de récupérer les données de mon hubiC, avant la fermeture du compte en novembre et c’est compliqué (doux euphémisme). Même avec une bonne bande passante ADSL en download (12Mbps soit 1,5Mo/sec théorique), je ne récupèrerai sans doute jamais mes données. En attendant la fibre, j’ai une solution d’upload qui fonctionne via la 4G de mon smartphone sous Android 7. En face, il y a Dropbox qui fonctionne comme une horloge suisse. Avec la souplesse que j’aurais rêvé d’avoir avec la sauvegarde hubiC.
• hubiC, c’est fini. Et maintenant ?
En conclusion, est-ce pour autant que j’ai abandonné l’idée de sauvegarder mes données avec PCS ? C’est probable. Quand on prend des habitudes de consommation avec un produit et qu’on en est satisfait, on n’a pas envie d’aller voir ailleurs. De plus, on n’est pas du tout sûr qu’OVH propose un jour une solution PCS comme celle décrite par Octave Klaba en février 2016. Depuis cette date, il semble que la société OVH ait d’autres priorités, d’autres axes de développement, comme l’implantation sur le marché US. Pour le cloud personnel, le cloud à la française, en tout cas, il me semble qu’OVH a raté la marche en n’ayant pas su (pas pu ?) mettre les bons outils en place au bon moment. Comme me le disait un ami photographe, avec une pointe d’ironie, avec la sauvegarde hubiC on avait l’impression d’utiliser une version beta qui a duré cinq ans. C’est pas faux. Seul bémol, c’est que cette béta était payante.
• Si vous avez envie de lire un autre avis que le mien sur hubiC, je vous conseille cet excellent billet publié sur GeekZone. C’est clair et encore plus incisif que sur SHOTS, c’est rien de le dire.
Yves dit
Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. Bientôt, peut-être, vous abandonnerez vos sauvegardes manuelles sur disques durs + docks pour adopter une solution centralisée, plus fiable et automatisée (et aussi synchronisable avec Dropbox, votre nouveau chouchou).
harvey dit
Fiable et automatisée ? La synchro ne m’intéresse pas, pas plus que toute forme d’automatisation.
Denis Chaussende dit
Mouais, moi ça fait longtemps que j’ai oublié les services tiers pour mes sauvegardes. J’ai deux NAS Synology en RAID qui se dupliquent tous les jours via des connexions fibres et ça fonctionne très très bien. L’investissement est assez important au début, mais je suis beaucoup plus serein et totalement indépendant de société tierces qui peuvent faire n’importe quoi avec mes données.
harvey dit
OK Denis. Physiquement ils sont où tes NAS ?
Denis Chaussende dit
Chez moi et à mon studio. Cela permet d’avoir une sauvegarde physiquement déportée en cas de dégâts important ou vol.
harvey dit
On est donc très éloignés du concept cloud. Je ne conteste évidemment pas la qualité de la solution Synology, d’ailleurs j’envisage de tester cette solution sous peu, mais ça reste une solution fragile et moins universelle que le cloud. Quant à l’argument d’un Google ou d’un Dropbox qui utiliserait mes données, je veux bien que l’argument fasse fantasmer, mais les risques sont proches de zéro.
Yves dit
Par « solution centralisée, plus fiable et automatisée (et aussi synchronisable avec Dropbox, votre nouveau chouchou) », j’entendais l’adoption d’un NAS.
Je me rappelle que nous avions débattu sur hubiC vs Dropbox / Amazon. Vous êtes passé chez Dropbox, et je ne peux que vous féciliter pour ce choix.
Je suis également certain que vous oublierez vite vos docks et backup manuels une fois que vous aurez entretevu toutes les possibilités offertes par un NAS.
Denis Chaussende dit
Ah mais, on peut aussi faire du Cloud avec un Synology, j’entends par là, synchronisation sur différents appareils, gestion de fichiers simplifiés etc… d’un point de vue utilisateur c’est très convivial et très simple ! Mais c’est une appli spécifique du nas (ça s’appelle Cloudstation), ici je parle sauvegarde. Quand à la fragilité de la solution, je dirais que c’est plutôt l’inverse ! L’os de Synology est hyper stable, mis à jour régulièrement, et fonctionne comme une horloge. Le hardware est aussi réputé, mes Synos tournent 24/24h depuis des années sans soucis. La seule contrainte est qu’il faut mettre un peu les mains dans le cambouis, même si Synology a simplifié les interfaces de gestion au maximum, mais il faut être au fait de quelques concepts techniques (rsync, ssh…).
Pour ma frilosité à confier mes données à une société tierce, je n’ai pas trop peur de ça, mais il faut bien lire les conditions générales de ventes à mon avis, surtout pour des petites boites. Mes données représentent mon travail depuis plus de 10 ans et je ne voudrais pas qu’à cause d’un service, elles se retrouvent n’importe où. Néanmoins, je suis surtout frileux quand à la durée de vie de certaines boites, quand on voit la situation de Twitter, on peut se poser des questions. Mon second argument est surtout positionné sur la fiabilité technique, tu en as apparemment fait les frais avec Hubic. Quand ça foire, ben si tu n’es pas un service technique disponible, réactif et compétent derrière, tu es bien emmerdé. D’autant plus qu’il peut être super au début et bien se dégradé dans le temps… Bref, la solution Cloud à la maison (je nomme ça comme ça ;), c’est à toi de gérér les merdes, mais au moins, tu maîtrises tout sans surprise. Et en cas de vrai problème, tu as un accès physique aux disques, ce qui pour moi est très important !