Molière évoquait la sagesse d’attendre. Les mauvaises langues disaient à l’époque qu’à force d’attendre, il finirait par en mourir. C’est d’ailleurs ce qui lui est arrivé. Ironie du sort, Molière est mort sur scène, ça ne s’invente pas. Ce matin, je pense à Molière. Car s’il est sage d’attendre, il arrive un moment où l’on ne peut plus se permettre le luxe d’attendre. Prenez mon cas par exemple. Je suis photographe, je réalise chaque année des milliers de clichés. Comme tous les photographes, je dois mettre mes clichés à l’abri. Il y a des solutions pour ça. Je peux stocker mes clichés sur des disques durs et multiplier les sauvegardes. C’est ce que je fais.
L’autre solution, c’est la sauvegarde externalisée, sur un serveur distant. C’est le cloud. Lorsque la solution française hubiC est apparue, j’ai choisi cette solution. J’ai beaucoup écrit, ici-même, revendiqué ma préférence, conseillé les photographes de s’engager dans cette solution hexagonale. J’ai redoublé d’intérêt pour hubiC après l’annonce, en février dernier, d’un hubiC pro, connu sous le nom de PCS (Public Cloud Storage). Problème. Depuis cette date, plus rien. Nada. Silence radio.
Public Cloud Storage OVH. C’est quand qu’on va où ?
• Le rêve de cloud à la française.
Octave Klaba, C.E.O. de la société OVH est un chef d’entreprise passionné. Il est comme ça, Octave. Il aurait pu être avocat, tant il est doué dans les effets de manches, déclamant les annonces produits qui vont changer le monde. Je le connais depuis longtemps, Octave et j’ai appris avec le temps à tempérer et à relativiser les annonces tonitruantes qui font sa marque de fabrique. Mais revenons à hubiC et à Public Cloud Storage. D’abord hubiC. C’est une solution cloud qui présente, selon moi, des avantages indéniables. Solution 100% française et économique (5€ par mois).
Au lancement du produit, OVH n’a pas fait dans la dentelle, en proposant un espace disque illimité, pas moins. Ce qui devait arriver arriva. Une poignée d’utilisateurs s’est engouffrée dans la brèche, chargeant la mule à tout va, profitant de l’espace libre et de la bande passante à gogo. Résultat des courses ? Ces utilisateurs, souvent équipés en fibre, ont mis le système à sac. Action, réaction. Octave et OVH ont sorti la hache et ont tranché à tout va, limitant la bande passante de manière drastique. Adieu veau, vache, cochon, couvée ! C’en était fini du rêve de cloud à la française.
• Quand c’est pas cher, c’est trop cher.
Pour contrer la concurrence étrangère, Amazon et consorts, OVH fit une nouvelle annonce. L’abonnement à hubiC passerait désormais à 5€ par mois pour un quota de 10To. Cinq euro par mois pour dix teraoctets, c’est pas cher payé ! Seulement voilà. Encore faut-il que le service soit utilisable, qu’on puisse bénéficier d’une bande passante potable et d’une capacité d’upload raisonnable. Les clients équipés en ADSL, avec leur capacité en up de 1Mb par seconde peuvent aller aux fraises ou être très patients. En espérant pouvoir uploader à la cadence infernale de 4Mo minute, je vous laisse faire le calcul.
Les autres, équipés en fibre, devraient-ils se frotter les mains pour autant ? Que nenni. Le coup de hache maison étant passé par là, la bande passante d’hubiC s’est vu ramener à 10Mbps maximum. Donc, dans tous les cas, la performance de la solution hubiC s’est réduite progressivement à la portion congrue. Bref. On était mal.
• L’annonce Public Cloud Storage
La lumière est venue d’une annonce au début de l’année 2016. Une annonce comme seuls Octave Klaba et OVH en ont le secret. Samedi 6 février 2016, 11:32. On allait voir ce qu’on allait voir. La magie d’OVH (sic) en mouvement. Un cloud sans limitation de bande passante, où on payerait pour la quantité de données qu’on héberge. Exit donc la piscine olympique, retour au petit bassin. Pourquoi pas, si j’ai la garantie de pouvoir profiter d’une bande passante illimitée ? D’autant qu’à y regarder de près, la proposition d’OVH avait de la gueule. Je vous fais le pitch.
La solution hubiC devient une solution personnelle. Je cite Octave. « On applique juste le contrat qui dit la bande passante est de 10Mbps par compte ». OVH propose une autre solution sur le mode « pay as you go ». Ça sera PCS (Public Cloud Storage). On vous facture au Go stocké et on vous garantit une bande passante de 500Mbps (et c’est que le début, d’accord, d’accord). Le tarif ? « Imbattable à 0,004€ par Go ». Donc, pour 1To (soit 1000Go) ça nous met Public Cloud Storage à 4€ par mois et une bande passante de course. Parfait. Un calendrier ? Je cite octave, encore. « On est parti dans 2 à 3 mois de gros boulot et donc on pense qu’en mai tout sera en place. Peut-être avant. » Je le note.
• Huit mois après, on en est où ?
Tempus fugit velut umbrae. Près de huit mois après la belle annonce, où en est-on de la mise en place de Public Cloud Storage ? J’ai tenté de poser la question à OVH et je n’ai même pas reçu une fin de non recevoir. Chez OVH, c’est le blackout. Pourtant, dieu sait si j’ai la capacité à me faire entendre, mais là, non. Rien. Un mur. Sur Twitter, c’est idem. Silence. J’ai contacté le service presse d’OVH, je n’ai obtenu aucune réponse. J’ai activé mes réseaux, on m’a fait comprendre à demi-mot qu’entre le Summit qui se prépare et la conquête du marché US, on a autre chose à faire que de se préoccuper d’un photographe du bout du monde qui pose des questions emmerdantes.
Soit. Le truc, en conclusion, c’est que j’ai un besoin et que si OVH n’est pas en mesure de le satisfaire, qu’on nous le dise. On ira voir ailleurs. D’autant que les solutions ne manquent pas, ailleurs. Dropbox, Amazon, Google Drive, Apple iCloud, … Autant de voies possibles, autant d’alternatives pour stocker mes fichiers NEF et mes clichés prodés en toute sécurité. On en reparlera, ici-même. Et le plus tôt sera le mieux.
Jeremy dit
Personnellement je suis un photographe très amateur et j’ai opté pour l’offre à 5 euros pour 10To. J’en utilise que 20%, entre mes données perso et mes petits 100Go de photos. J’ai tout uploadé à l’ADSL, ça a mis une semaine environ.
Pourtant, je ne suis pas satisfait aujourd’hui de la solution. Le problème c’est que je synchronise mes dossiers avec le logiciel Hubic en temps réel. Or un dossier personnelle (banque…) et un dossier photo, cela vit. On déplace, on renomme, on supprime. Or tout cela est très mal géré par le logiciel Hubic. Est ce même gérable tout court. Resultat des courses, j’ai perdu mes photos de mon voyages à Dubai. Supprimées du disque dur et supprimé de Hubic… Donc j’envisage d’arrêter Hubic.
Je vais attendre d’avoir la fibre et de faire des sauvegardes complètes manuelles. En attendant, je prévois d’utiliser 2 disques durs en parallèles. Malheureusement je ne crois pas que ce soit gérer nativement par TimeMachine sous Mac.