Samedi 18 juillet 2015, scène Glenmor, festival des Vieilles Charrues à Carhaix. Il est 22 heures, le petit groupe de photographes accrédités de la short list s’avance tranquillement vers le pit pour le concert du groupe britannique The Prodigy. Electronica et big beat en perspective, avec un combo emmené par Liam Howlett et son désormais célèbre Moog Prodigy, d’où le nom. Pas franchement ma tasse de thé, fût-il british, même si je sais qu’il va y avoir du grain à moudre, car The Prodigy est connu depuis les années 90 pour la qualité visuelle de ses prestations scéniques remarquables. Pour ce set, il n’y a qu’un seul photographe du festival accrédité, l’équipe porte donc son best choice sur Mathieu Ezan qui est désigné pour aller au charbon. La tâche est loin d’être facile mais connaissant bien les qualités de Mathieu, je sais qu’il va ramener de l’image. Quant à moi, j’hésite entre une pause au bar numéro 3 et un shooting à distance. Finalement, j’opte pour la seconde option et je m’apprête à embarquer mon Nikkor 300mm f/2.8 et un téléconvertisseur TC20EIII, soit un équivalent 600mm f/5.6. Un choix qui m’a permis de ramener de bons clichés par le passé (Bob Dylan, Rammstein, Neil Young, …). Alors que je suis sur le point de quitter le local photographes, je croise Ludovic Dréan qui m’alpague et me demande pourquoi j’embarque le 300. Le responsable du NPS (Nikon Pro service) me propose de prendre plutôt le nouveau Nikkor 500mm f/4 qui vient tout juste de sortir, ce qui m’évitera d’ajouter un doubleur. Et puis accessoirement le Nikkor 500mm f/4 est plus léger que le 300mm f/2.8 ce qui autorise la prise de vue à main levée. Pour l’occasion, je vais quand même monter une platine sur le 500 et embarquer mon monopode Manfrotto. Me voilà dans la place, à cent cinquante mètres de la scène, à vue de nez. J’ai monté Nikkor 500mm f/4 sur mon Nikon D4s, je suis prêt.
Nikkor 500mm f/4, le choix premium.
• La symbiose D4s Nikkor 500mm f/4
Début du set de The Prodigy, en demi-teinte, avec des lights un poil molles. J’ai une pensée pour mon équipier, Mathieu Ezan, qui est dans la fosse, j’imagine qu’il attend comme moi que la lumière s’accentue. J’ai en mémoire les bleus somptueux du set de Neil Young, les flammes de Rammstein et pour le moment, le gars à la console lights de The Prodigy est dans la réserve, mais ça ne va pas durer. Dans le viseur de mon D4s, le collimateur a déjà commencé à s’activer. Le mode AF-C suivi 3D fait encore une fois des miracles, l’autofocus du Nikkor 500mm f/4 est merveilleusement réactif. Mon pouce droit maintient la touche AF-ON enfoncée, j’avise le voyant d’AF qui semble me dire « OK pour le shoot ». Dès que je perds ma target, je lâche AF-ON et je fais une réacquisition du point de netteté en temps réel. Dans le viseur, l’image est somptueuse, avec ce Nikkor 500mm f/4 le photographe voyage en business class, c’est du top premium, largement aussi lumineux qu’avec un 300mm f/2.8. Sur ce coup-là, encore une fois, les ingénieurs nippons ont tapé fort, en créant une optique qui ouvre moins grand mais qui demeure ultra lumineuse. Le traitement nanocristal, le verre ED et les lentilles en fluorine font, encore une fois, des miracles. Qui dit f/4 dit aussi gain de poids et là, ça se sent. L’utilisation de lentilles fluorine (sur le groupe avant de l’optique) et l’habillage en alliage de magnésium permettent à ce Nikkor 500mm f/4 d’être plus léger que mon habituel 300mm (et son téléconvertisseur) tout en voyant nettement plus loin. Et dans le viseur, que dire ? C’est la fête ! L’image est ultra propre, parfaitement nette, mais surtout, surtout ! L’autofocus AF-C est absolument réactif, c’était d’ailleurs ma seule crainte. Voir loin, d’accord, mais du point de vue de l’AF, il y a plutôt intérêt que ça étale ! Et là, rien à dire, ça le fait. Le tandem Nikon D4s et Nikkor 500mm f/4 est en parfaite symbiose, j’ai l’impression que le reflex et l’optique ne font plus qu’un. Je suis sur le toit du monde, l’autofocus réagit au doigt et à l’œil. Mon œil fait l’acquisition, mon pouce conserve le focus, mon index déclenche. Je suis en mode rafale standard que j’ai réglé à 5fps. J’évite d’utiliser le mode H à 10fps, avec un autofocus de ce calibre c’est un coup à se retrouver avec une floppée d’images parfaitement nettes que j’aurai un mal de chien à départager… Pour le shoot en mode rafale, Nikon a intégré dans cette optique une technologie de diaphragme électronique qui permet de produire une image plus précise tout en garantissant une expo homogène. Ne me demandez pas comment ça fonctionne mais une chose est sûre, ça fonctionne !
Les lumières deviennent prodigieuses. La scène Glenmor n’usurpe pas sa réputation de plus belle scène d’Europe et The Prodigy de référence en matière de jeu scénique. Maxim Reality, le célèbre MC au masque blanc, harangue le public : « Where are you my fucking people ? » Il vient au contact, cavale dans le public, poursuivi par deux mecs de sécu légèrement dépassés par les évènements. Il passe à un mètre de moi et avise mon 500mm en souriant, cette rencontre fugace restera un grand souvenir… Je profite aussi de ce moment pour shooter le public et les gradins VIP, de l’autre côté de la plaine. Nikon D4s ronronne paisiblement, il embarque une carte XQD Sony série H 64Go et une CF Sandisk Extreme III 32Go. Je shoote uniquement en RAW donc je suis assez serein, j’ai de quoi faire. Serein, c’est le mot qui se dégage quand on a le privilège de travailler avec un matériel de ce calibre. Reste maintenant à passer à la phase suivante, le dématriçage des fichiers NEF. Je ne le sais pas encore, mais c’est là que je vais subir le second effet kiss cool.
• Dématriçage avec C1Pro
Premier constat, j’ai tapé 280 images, c’est peu. Je n’ai quasiment pas travaillé en mode rafale, je crois pouvoir dire que j’ai savouré la prise de vue en one shot en étant relativement zen. Pour la post-prod, je travaille désormais exclusivement avec Capture One Pro, le seul logiciel qui me semble avoir une réelle bonne interprétation de mes fichiers NEF, si l’on excepte, naturellement, Capture NX2 et NX-D. Pour la post-prod, je regarde mes images en deux sessions. Un premier survol rapide me permet d’éliminer les clichés ratés (shit happens) et d’avoir une impression qualitative sur la globalité de mes images. Sur ce concert, je suis sidéré par la qualité du piqué et la dynamique de l’image produite. L’outil loupe ponctuel permet dans C1Pro de visualiser à 100% une partie de l’image afin de juger de son état de netteté. Aucun doute, le mode AF-C suivi 3D a encore fait preuve de son efficacité. L’image est nette mais pas seulement. Le rendu des couleurs est renversant. Nikon D4s restitue une image sublime, les bleus, les verts, sont simplement somptueux. Mieux, sur des couleurs un peu casse-gueules comme le rouge, le jaune, le orange, la qualité de l’image produite est jouissive. J’avais une peur bleue de quitter mon D3s pour passer à D4s, les dernières craintes sont désormais dépassées ! Quant à l’image, le constat est là. J’aurais pu travailler en jpeg directement sans souci, même si le RAW est quand même une assurance de pouvoir revenir sur certains paramètres, comme la balance des blancs, par exemple. C’est net, piqué, les couleurs sont splendides et l’image, dans sa globalité, est d’un dynamisme époustouflant. Le concept fondamental de la photographie se vérifie encore une fois. C’est par l’optique que passe la lumière.
• En conclusion, Nikkor 500mm f/4 est une optique premium
Nikkor 500mm f/4 va éblouir et enthousiasmer tous les photographes adeptes de photo sportive ou animalière. C’est vraiment une optique premium, lumineuse, dotée d’un autofocus remarquablement réactif. À noter le VR embarqué qui permet de gagner encore en vitesse et un mode sport (que pour ma part je n’ai pas utilisé). Le gain sur le poids permet le travail à main levée même si l’utilisation d’un monopode est fortement conseillé, ne serait que pour la stabilité. Reste le seul sujet qui fâche, le prix. Annoncée par Nikon France à un prix public recommandé de 10.999€ TTC (soit 9165€ HT), Nikkor 500mm f/4 est une optique d’exception réservée à une clientèle professionnelle ou d’amateurs passionnés. Montée sur un reflex du calibre de Nikon D4s on touche à l’absolue perfection photographique.
• illustrations : The Prodigy, festival des Vielles Charrues 2015 (Nikon D4s, AF-S Nikkor 500mm f/4E FL ED VR)
• merci à Nikon France, partenaire du festival des Vieilles Charrues. Mention spéciale à Ludovic Dréan et l’assistance NPS (Nikon Pro service) pendant la durée du festival.
Pabloleberger dit
Bonsoir, à ce prix là il vaut mieux. Pour les pros et les amateurs riches, parce que vous dites les amateurs passionnés et là c’est même plus un euphémisme c’est simplement un mauvais usage.
Belles photos en tout cas.