Développement RAW, l’épreuve par trois
Le développement des fichiers RAW est devenu aujourd’hui une véritable problématique qui concerne tous les photographes, ou presque. Certes, il y a bien encore quelques irréductibles qui ne travaillent pas dans ce mode, par philosophie ou par nécessité. Il faut avoir une parfaite maîtrise de son outil pour se passer du développement RAW, tellement ce format présente d’avantages considérables. Ou alors par manque de temps. Comme me le confiait un membre du staff Nikon Pro « les photographes sportifs qui bossent sur des événements comme les jeux Olympiques par exemple, n’ont guère le temps de pinailler. Ils font confiance à leur matériel et transmettent leurs fichiers jpeg en temps réel à leur rédaction. » Et puis il y a les autres, tous les autres pour qui le format RAW est devenu aussi indispensable que le déclenchement. Et pour développer les fichiers RAW issus de votre reflex, il faut un logiciel. Oui, mais lequel ?
• Capture NX2. C’était avant.
Lorsque j’ai commencé à envisager ce comparatif, j’avais initialement choisi de m’intéresser à trois logiciels qui tiennent le haut du pavé en matière de développement RAW, en particulier dans le monde Nikon. Capture NX2 (spécifiquement dédié aux fichiers NEF estampillés Nikon) en faisait partie. Entre temps, Nikon a annoncé l’abandon de CNX2 pour le remplacer par Capture NX-D, sorte d’ersatz du précédent, comme une version light façon Canada Dry, abandonnant au passage les quelques point-clés du logiciel, dont les fameux U-points. Cet abandon du navire par Nikon a semé le trouble et suscité la colère de nombreux utilisateurs qui voyaient en Capture NX2 la seule solution pour développer efficacement un fichier NEF. Car si l’on ne doit retenir qu’une chose de Capture NX2 c’est sa parfaite exactitude dans la compréhension du fichier NEF. En clair, quand Capture NX2 comprend le fichier NEF, les autres logiciels l’interprètent, à leur façon, du mieux qu’ils peuvent. Voilà, tout est dit. En clair, lorsque CNX2 lit le fichier NEF, il décode et comprends les arcanes du fichier dans sa globalité en tenant compte de l’ensemble des réglages utilisés par le reflex Nikon au moment de la prise de vue. Pour schématiser, il ne se contente pas de restituer la balance des blancs, il a accès à toutes les données, sans exclusive, pour une raison toute simple : c’est un logiciel Nikon. Il n’a aucune restriction en matière de lecture ou d’interdiction d’accès à des données sous licence. Lorsque CaptureNX2 lit un fichier NEF, il en a toutes les clés. En revanche, ce n’est pas un monument d’ergonomie (doux euphémisme). Nombre d’utilisateurs Nikon continuent cependant d’utiliser CNX2 mais à terme ce logiciel disparaîtra. Il n’est déjà plus mis à jour et si vous avez un boîtier récent (comme Nikon D750), il n’est pas supporté par CNX2. Peut-on compter sur une évolution de Capture NX-D ? Rien n’est moins sûr. Seule différence entre CNX2 et Capture NX-D, le petit nouveau est gratuit. Mais comme disait feu ma grand-mère, quand c’est gratuit, c’est trop cher.
• voir Capture NX-D sur le site de Nikon
• Adobe Lightroom, le leader.
Il a été le challenger (son killer aussi) de feu Aperture, le logiciel maison d’Apple dédié à la photo. Puis, au fil du temps, il l’a largement dépassé, jusqu’à l’éclipser totalement et vampiriser le marché. Lightroom, c’est le couteau suisse du photographe, « il ne lui manque que l’interface pour préparer le café » me disait un photographe, grand utilisateur de ce logiciel qui tourne désormais en version 5. Lightroom sait tout faire : il catalogue les images, permet une gestion évoluée des bibliothèques, interprète les fichiers RAW et permet le traitement des images. Un traitement non destructif sur lequel on peut revenir à l’envi. Il permet d’utiliser des presets (un ensemble de traitements pré-sélectionnés) et peut traiter des lots d’images, avec, j’en conviens, plus ou moins de bonheur, mais ça, c’est du ressort de chaque utilisateur. Bref, on peut raisonnablement penser que ce logiciel est un must have, adopté par de très nombreux photographes. Mais Adobe Lightroom a aussi sa part d’ombre. À force de vouloir tout faire (et plutôt bien, il faut en convenir), il en devient un peu lourd. Last, but not least, Lightroom interprète les fichiers RAW, à sa sauce et le résultat est souvent bien loin de l’original.
• voir Lightroom sur le site Adobe
• Capture One, la nouvelle vague.
Capture One Pro c’est LE challenger et si ce logiciel de développement RAW est adopté par de plus en plus de photographes, notamment de la nouvelle génération, ce n’est pas par hasard, tant ce logiciel est bourré de qualités et truffé de bonnes idées. Ici, le maître-mot est le respect. Capture One interprète les fichiers RAW avec subtilité et intelligence, en étant moins radical ou rentre-dedans qu’un Lightroom qui peut sembler bien bourrin, en comparaison. Ce que les utilisateurs de Capture One mettent le plus en avant c’est la délicatesse de rendu, notamment dans les tons chairs qui sont parmi les plus complexes à traiter ainsi que la finesse des détails, un meilleur lissage de l’image, une gestion du bruit optimisée, la vivacité et la brillance des couleurs. Un argument particulièrement vrai dès lors qu’on monte en sensibilité. Dans les hauts isos, Capture One Pro fait des merveilles. L’occasion de rappeler que l’éditeur de ce logiciel n’est autre que Phase One qui produit des boîtiers MF (moyen format) de très grande qualité, alors au chapitre maîtrise des paramètres de l’image, chez PhaseOne ils savent faire. Ajoutons à cela que la nouvelle version 8 apporte de nouvelles fonctionnalités : ajustement de réglages sur certaines portions de l’image (luminance, balance des blancs), option grain du film, optimisation de la conversion en noir et blanc, calques de réparation, … Et si vous êtes utilisateur de Lightroom ou Aperture, sachez que la récupération des catalogues est possible. En résumé, Capture One Pro 8 s’affirme sans l’ombre d’un doute comme l’un des meilleurs logiciels de traitement RAW du marché. Notez aussi qu’une version d’essai valable 30 jours est disponible sur le site Phase One.
• voir et télécharger une version 30 jours de Capture One Pro 8 sur le site Phase One
Voilà ! Vous avez quelques éléments désormais pour faire votre choix. Mais comme rien ne vaut, à mon sens, l’expérience d’un professionnel de terrain, j’ai choisi d’interviewer, afin de faire complètement le tour du sujet, des photographes utilisateurs de ces logiciels au quotidien. Chacun a répondu à mon questionnaire avec beaucoup de franchise et d’humour, livrant leur ressenti sur leur logiciel de prédilection, mais aussi leur avis sur les deux autres programmes.
• cliquez ici pour découvrir l’interview de Mathieu EZAN, utilisateur de Capture One Pro
• cliquez ici pour découvrir l’interview de Jean-François VIBERT, utilisateur de Adobe Lightroom
Smy dit
Vous avez oublié DxO…
gaëtan dit
Que pensez vous de After Shot Pro 2 qui est le plus rapide de tous les logiciels de développements de RAW ?
Pour ma part je l’utilise car il est le seul outil valable pour le développement sous une plateforme Linux.
C’est aussi un des logiciels qui répond à un grand nombre de demande mais avec un prix bien plus raisonnable que Lightroom par exemple.
Julien dit
Cet article tombe bien ! A l’heure ou l’on parle de LR6 et de la possibilité qu’il n’y est plus que la version avec abonnement de dispo… Je ne suis pas contre payer l’abonnement mais je me pose des questions quand à la pérennité de mes catalogues le jour ou je ne veux plus ou peux plus payer… Pourrais je encore ouvrir mes fichiers raws ? Mon travail de post traitement et classement sera fil encore lisible ? Je commence doucement à m’intéresser à Capture One. Savoir que je peux importer mes catalogues LR actuel me réjouis… Je me demande si je ne vais pas faire un test un de ces 4…
Jerome Milac dit
Je viens de passer de Aperture à LR (Lightroom), Apple ayant tout simplement décidé d’abandonner son logiciel. Je cherchais donc un logiciel plus pérenne. Étant donné qu’Adobe vient de prendre le virage de l’abonnement sur une grande partie de ses logiciels, j’ai décidé d’acheter LR5, sachant que LR6 a des chances de n’être disponible que par abonnement..
Personnellement, je refuse cette mensualisation (ainsi que la « cloudisation »). Je veux rester propriétaire de mes photos et de mon matériel en LOCAL.
Ceci étant dit, LR est un logiciel très complet, supérieur à Aperture.
Seul regret : LR ne gère pas les métadonnés (celles concernant les objectifs) aussi bien que le faisait Aperture. En effet, LR se résume à la focale et ouverture sans plus. Impossible de faire la différence entre des modèles AF ou AF-S, impossible de reconnaitre la marque, ce qui complique les tris et les filtres.
harvey dit
Depuis le temps que le cas Aperture est remis en cause par Apple ! Déjà du temps où Steve Jobs était encore de ce monde, il avait singulièrement rué dans les brancards à propos de ce soft qui se faisait bouffer par le logiciel vedette de Adobe ! Je pense que le problème, à terme, de Lightroom sera effectivement sa mensualisation. D’ailleurs je pense que le regain d’intérêt pour Capture One Pro ne tient pas seulement dans sa supériorité en matière de rendu mais aussi que ce soft demeure disponible en local (même si Phase One propose également une version en abonnement).
Sinon Lightroom est incontestablement un excellent logiciel, même si quelques points sont agaçants, comme effectivement l’absence de métadonnées précises sur les optiques.
PLDR22 dit
Comme l’ a si bien fait remarquer Smy le 22 janvier 2015 : Pourquoi pas le moindre mot sur DxO Optics Pro 10 ?
J’ai testé les trois dont question dans l’article, et d’autres encore, dont SILKYPIX (livré avec les APN Lumix et Pentax) et UFRAW (gratuit et dans le sillage de GIMP). J’en suis revenu à DxO, pour sa puissance (pour éliminer le bruit, un top !), ses possibilités multiples et surtout sa facilité d’emploi.
C’est vrai qu’il est moins connu et c’est dommage.
R de Decker dit
De fait, j’utilise la version d’essai de DXo et suis bluffé par leur capacité à corriger automatiquement les défauts d’optique en fonction de l’objectif et du boîtier utilisé… Cela paraît fou de se dire que même les marques d’appareils ne fournissent pas ce genre d’outils !
Hasgarn dit
Je vais faire comme la vox populli : quid de DXO Optics ?
Sincèrement, à avoir tâté du Lightroom, Capture1 et DXO, ma préférence va à ce dernier. Une capacité extraordinaire à récupérer les noirs, Le moteur Prime, la gestion des contrastes et bien sur les modules boitiers / objos…
Une bombe. Par contre, une limitation dans les couleurs. Là, c’est pas trop ça. Il est vrai que Capture1 tient très bien la route dans ce domaine, tout autant que Lightroom par ailleurs.
En revanche, gaëtan, non, vraiment pas AfterShot pro 2 et c’est un fan de Bibble qui vous le dit. C’est une catastrophe de dématriçage. Il va vite, certes, mais le résultat est d’emblée tellement mauvais : l’image est molle, sans piqué, ça ne croustille de nul part.
harvey dit
« Pourquoi pas le moindre mot sur DxO Optics Pro 10 ? » Parce que j’ai souhaité limiter cet article à trois produits et que je pensais que DXO n’existait plus, depuis le temps*.
(*c’est une blague)