Lomography, la photo c’est d’abord du plaisir
Tout petit déjà j’étais fan de photo. Comment vous dire ? J’étais fasciné par le côté magique de l’incrustation d’une image sur un morceau de pellicule, la possibilité d’imprimer cette image en négatif sur du papier et quand j’ai découvert le principe de la visée reflex, ça m’a retourné (si j’ose dire). Mais surtout, ce qui me plaisait dans la photographie, c’était la possibilité de faire tout et n’importe quoi et surtout n’importe quoi. C’est donc très logiquement que ma mère m’avait offert mon premier appareil photo, mais comme elle craignait, à juste titre, que ce ne fut qu’une passade, elle décidait très opportunément d’investir le minimum d’argent dans un boîtier. À l’époque, les camarades de la Russie soviétique produisaient des appareils photos de qualité moyenne mais robustes et à des prix très abordables, autant d’arguments qui parlaient à ma chère mère et l’incitaient à m’offrir un reflex de ce calibre, lourd comme un char russe et résistant aux chocs que je n’allais pas manquer de lui faire endurer. Zenit E, c’était son nom, avec une cellule frontale sous le prisme, la mesure through the lens n’étant pas encore acquise à l’est, à l’époque. C’était pas la gloire mais ça permettait de faire de bonnes photos tout en apprenant sagement les rudiments de cet art qui se joue de la lumière. J’ai gardé de cette époque des souvenirs tendres et un brin nostalgiques, mais surtout j’ai en mémoire les après-midis passés à inventer, à bidouiller des accessoires pour sortir des photos rigolottes. Un juda de porte devenait un fisheye de fortune, un morceau de tissu percé permettait de réaliser des flous artistiques, (presque) dignes des prouesses de David Hamilton dont les modèles nous faisaient sévèrement fantasmer. Bref, on se marrait bien et le reste était franchement secondaire. Parmi les appareils en vogue à l’époque, il y avait Lomo. Ah ! Lomo ! Un petit appareil qui n’avait rien du reflex et qui avait la particularité de donner des résultats très… approximatifs ! En gros, tu logeais une pellicule et tu priais le Tsar de toutes les Saintes Russies de t’accorder sa bénédiction, ce qui arrivait assez peu souvent, il faut bien en convenir. Car la révolution d’Octobre était passée par là. Elle avait démotivé le prolétariat qu’elle était censée défendre et le contrôle qualité était passé à la trappe depuis belle lurette. Donc, un bon Lomo à l’époque, c’était un peu la loterie. Mais ça, comme on dit, c’était avant.
Les années ont passé, les murs se sont effondrés et on s’est dit que c’en était fini de la Leningradskoïe Optiko-Mekhanitcheskoïe Obiedinienie et de ses appareils cheaps en plastique à cent balles. C’était bien dommage, parce qu’avec un Lomo, finalement, on s’amusait bien. Bien sûr il y avait le Lomo LC-A, le plus Lomo de tous les Lomo, un petit compact au format 24*36 doté d’un objectif honorable 32mm f/2,8, totalement polyvalent et très casse-gueule et c’était justement tout ce qui faisait son charme. À l’époque, c’était un peu pile ou face, selon qu’on était tombé sur un bon Lomo, ou pas, mais quand on en tenait un bon, généralement, on le gardait, jalousement. La firme russe produisait aussi Lubitel, un charmant 6*6 qui a accompagné les premiers pas de très nombreux photographes, le Smena un compact avec ses réglages de diaph incompréhensibles. En face, les camarades chinois produisaient Holga qui autorisait aussi toutes les bidouilles possibles, jusqu’à intégrer un dos Polaroid. Tout celà aurait dû disparaître, se fondre dans l’oubli, d’autant que la vague numérique allait logiquement balayer et remiser toutes ces vieilleries archaïques au placard, voire à la poubelle. Seulement voilà. Au début des années 90 une société autrichienne s’empara du Lomo pour initier le mouvement Lo-fi désigné aussi sous le terme de Lomographie. Le petit Lomo était bien décidé à survivre, coûte que coûte.
Comment expliquer le succès grandissant de Lomography ? J’ai une explication très simple. Parce que c’est amusant. Parce qu’avec un simple Lomo et une pellicule argentique, on peut obtenir le tout et son contraire. Parce qu’avec un appareil somme toute modeste, on peut explorer des voies paralèlles, en dehors des standards. Faire des photos différentes, donc des photos qui vous ressemblent. Lomography s’illustre parfaitement dans la chanson de Lou Reed et du Velvet underground : « Take a walk on the wild side ». C’est est une invitation au jeu, au fun, à retrouver des ingrédients qui font partie des fondamentaux de la photographie et c’est pour ça que ça fonctionne. Lomo c’est exactement ça. Une invitation à aller voir ailleurs, de l’autre côté du miroir. Parce que finalement les gens s’achètent un Lomo pour s’amuser, sans trop se prendre la tête, pour explorer des voies, pour être fasciné par le résultat, ou pas, mais qu’importe. Le sourire est toujours au rendez-vous. Et comme en face, de l’autre côté du comptoir, la firme Lomography compte parmi les meilleurs imagineurs du marché, les produits proposés sont en phase avec la demande. Qu’est-ce qui vous ferait plaisir ? Un appareil à construire vous-même en kit (Konstruktor), un Lomo LC-A grand angle (17mm), un Lubitel 6*6 pour faire des photos à l’ancienne, un moyen format Belair avec une gueule folle ? Voilà ce qui fait le succès durable de Lomography. La préoccupation de ces gens n’est pas dans la performance mais d’abord de savoir ce qui vous ferait plaisir. On revient à la base de ce qui amusait les gamins dont j’étais, autrefois et que je suis resté, d’ailleurs. La photographie, c’est un petit plaisir solitaire mais c’est d’abord du plaisir. C’est s’amuser, découvrir, s’étonner. Avec Lomo on fait d’abord des photos pour soi et on partage ses trouvailles et ses délires avec ses meilleurs amis. Lomo, c’est un soupçon de magie mâtinée de hasard. Vous voulez découvrir tout ça et même un peu plus, sans trop vous prendre au sérieux et sans avoir à engager des budgets faramineux ? Aucun doute. Lomography est fait pour vous. Vous allez vous amuser et je vous envie beaucoup.
crédit photos : Lomography.