D comme digital. F comme fusion. J’ai lu, ces derniers jours, beaucoup de commentaires sur la toile, les réseaux sociaux, des commentaires désabusés, voire vindicatifs à propos de ce boîtier, parfois avant même sa sortie officielle. Après tout, c’est la règle, les réseaux sociaux sont devenus au fil du temps l’écho de toutes les rancœurs, le réservoir de toutes les jalousies parmi les plus perfides, les plus tenaces, mais quand même ? Doit-on tenir pour parole d’évangile les propos de quelques haters, embourbés dans leurs certitudes au seul motif que, quoiqu’il arrive, ils n’auront jamais, pour la plupart, le début de la queue d’un centime d’euro à investir dans un objet pareil ? Probablement pas. J’entends qu’on dit de Nikon Df qu’il est un « objet marketing ». Quelle notable erreur d’appréciation ! À ce propos, laissez-moi vous éclairer, en vous racontant une petite anecdote à propos de ce boîtier.
Habituellement, lorsqu’une marque comme Nikon établit le plan de création d’un boîtier photo, on réunit le service marketing qui énonce en substance une liste d’envies, les specs. Par exemple, si on travaille sur un reflex d’entrée de gamme, on va imaginer qu’il sera doté d’un capteur de tant de mégapixels, emmené par un processeur de telle gamme et s’ensuit une définition de spécifications très précise. Là, pour Nikon Df, les choses ne se sont semble-t-il pas exactement passées de cette façon. Dans le cas de Df, c’est le service recherche et développement qui a imaginé un boîtier idéal. Monsieur Tetsurô Gotô, qui dirige ce service chez Nikon corp., a posé ses crayons et a demandé à son équipe à quoi correspondrait le reflex de leurs rêves, si ce boîtier existait. Monsieur Gotô, Nikon, il connaît. Un journaliste lui demandait un jour, avec une pointe d’ironie, s’il pensait qu’utiliser une monture âgée de plus de cinquante ans (NDLR : la monture F) était une bonne solution. Monsieur Gotô avait répondu, avec une sagesse toute nippone, que la monture F, utilisée sur plus de cinquante millions d’optiques Nikon, avait fait ses preuves. J’essaie de me mettre à la place de Monsieur Gotô, qui a commencé à imaginer le projet Df en 2009, soit, pour la petite histoire et au risque d’en décevoir plus d’un, deux ans avant que Fujifilm ne lance (au printemps 2011) son premier boîtier X100 et son look rétro à la mode teutonne. À quoi pensiez-vous, Monsieur Gotô ? C’était quoi votre idée ? C’est pourtant simple. Votre idée, c’est ce qui nous a tous motivé, un jour, ce qui a donné envie à tous les photographes en herbe de se saisir d’un appareil photo et d’appuyer sur le déclencheur, pour voir. Parce que la photographie, ça tient en un mot. Du plaisir.
Moi, j’ai frissonné quand j’ai vu Nikon Df. Finalement, c’est presque à cause de lui que j’ai renoncé à aller au salon de la photo cette année. Je n’avais pas envie que la première rencontre se fasse au milieu de plein de gens, dans le brouhaha et la confusion. Non. J’ai préféré reculer l’échéance, en recevoir un, ici, dans mon atelier. Retrouver ce côté sacré, ce cérémonial, comme autrefois. Ouvrir le carton, poser délicatement Nikon Df sur le plateau de bois, allumer les lumières, l’observer, l’admirer. Lorsque Nikon imagine le slogan « pure photography » ce n’est pas pour signifier qu’avec un autre boîtier que Nikon DF la photographie n’est pas pure. C’est juste pour signifier qu’avec ce boîtier, l’utilisateur va retrouver des sensations oubliées. Prenez un Nikon F (ça marche aussi avec un Canon F1), chargez une pellicule, faites des photos avec. C’est l’approche même de la photographie qui est radicalement différente, dans son tempo, sa respiration. Ne cherchez pas plus loin le relatif succès du revival de l’argentique, c’est ça. Les gens qui ont envie de faire ou de refaire de l’argentique recherchent cette sensation-là. Nikon Df c’est la même chose. C’est une autre approche, d’autres gestes qu’on croyait oubliés.
La question finalement, la vraie question est de savoir qui va acheter Nikon Df. D’abord, il y a les photographes pros équipés en Nikon. Ceux qui ont connu l’époque de gloire de Nikon F qui fut en son temps à la photographie ce que le carnet Moleskine était à l’écriture, un objet de désir définitif, au même titre que Canon F1. Lorsque ma mère m’a offert mon F1 pour mes vingt ans, j’avais attendu une journée entière avant de charger une pellicule. Je l’avais observé, jaugé, pris en main, j’étais fasciné, subjugué. C’était mon reflex, c’était l’Everest, un must, un rêve. Trente six ans plus tard, chaque fois que je le vois, que je le prends en main, je ressens la même émotion. Je ne laisse personne l’utiliser, il est mon reflex, le reflex. C’est ce lien que Nikon entreprend, j’en suis convaincu, de tisser avec les futurs (heureux) propriétaires de Nikon Df. Le plaisir et, disons-le clairement, la fierté de porter ce bel objet autour de son cou. Et puis, mine de rien, Nikon n’a pas lésiné sur la machinerie, à l’intérieur. C’est un Nikon D4 et comme le génie de la lampe, il est livré avec tous les accessoires. Un processeur musclé qui drive un capteur splendide de 16mp, dont je continue de penser qu’il s’agit de la taille idéale pour un capteur numérique. Et puis c’est l’AF du D4, hein ? Bien sûr d’aucuns s’interrogent sur le fait de savoir pourquoi Nikon n’a pas repris l’AF 51 collimateurs du D4. Posez un D4 et un Df l’un à côté de l’autre et vous comprendrez qu’il s’agit simplement d’une question de taille. Et Nikon a poussé le rêve jusqu’à pouvoir utiliser toutes les optiques Nikon, y compris les optiques non AI d’autrefois.
Nikon Df va séduire, j’en suis persuadé. Séduire les pros, les amateurs éclairés, tout ceux pour qui l’instant photographique ne se limite pas à un simple déclenchement. Les vieux de la vieille (suivez mon regard), familiers de cet esthétisme raffiné qu’ils ont côtoyé dans leur jeunesse, vont voir là comme un clin d’œil au passé, un hommage, une nostalgie peut-être et pour ceux qui n’ont pas réussi à se résoudre à se séparer de leurs optiques de prédilection, une fantastique opportunité de monter sur un reflex numérique d’aujourd’hui des cailloux absolument mythiques et, accessoirement, de réaliser des clichés hors normes. Les plus jeunes, quant à eux, vont pouvoir embarquer, être du voyage pour une autre dimension. Découvrir des sensations, un autre approche. Nikon Df porte bien son nom. C’est la fusion entre le classicisme de la ligne, la beauté du design, le clin d’œil classieux et vintage avec le modernisme du pixel, la performance du haut de gamme actuel, Nikon D4. C’est l’alliance de l’élégance passée et de la performance d’aujourd’hui. Nikon Df c’est un fantasme, le charme discret d’un appareil de rêve. Celui qu’on découvre un beau jour dans la vitrine du photographe et dont on se dit j’en veux un.
Bernard Tribondeau dit
Bonjour Hervé
Belle chronique comme d’hab’. Je suis plutôt d’accord avec vous concernant le Df, c’est un vrai bel objet vintage avec de la technologie dedans. Ce qui me gêne un peu, c’est son prix, Près de 3000 € pour un boîtier de plaisir – parce que je pense vraiment que ce n’est pas un appareil de production, au sens pro du terme – c’est un peu chèro… J’ai écrit un topo sur le Df ici : http://bit.ly/17TV0yO, je persiste dans ce que j’ai dit … mais il n’y a que les crétins qui ne changent pas d’avis, et peut-être bien qu’un de ces jours, il va me titiller, le bestiau !!!
Amitiés confraternelles ;-))
Bernard T.
harvey dit
Pour un pro qui récupère la TVA le boîtier seul devrait être accessible sous la barre des 2000€.
Pierre dit
Bonjour,
Je partage tout à fait vos points de vue sur ce boitier,
D’autant plus, coïncidence curieuse, que ces derniers mois les 2 boitiers dans mon sac sont un D200 et … mon Canon F1 acheté en 1972!! et qui fournit toujours de très bons résultats (merci la fabrication pour durer et les optiques de qualité), alors oui c’est un boitier qui me tenterait beaucoup parce que bien que ne couvrant pas TOUT, contrepartie du prêt à porter des conceptions industrielles, il rassemble un juste équilibre pour mes habitudes en photo.
Un regret, le prix de mise sur le marché est quelque peu élevé, mais bon, dans quelques mois il existera toujours et le prix sera j’espère pus abordable.
harvey dit
Pierre, vous avez un Canon F1 acheté en 1972, tout est dit. Ce reflex est éternel, car la technologie n’a aucune emprise sur lui. Une cellule, un mécanisme increvable, des optiques sublimes. Le seul truc qui peut présenter une usure avec le temps c’est les mousses de miroir, sinon si le boîtier et les optiques sont conservés dans de bonnes conditions, pas de souci. Je rêve que Canon emboîte le pas de Nikon 🙂 Un Canon vintage avec un capteur de 1Dx capable de recevoir des optiques EF et des optiques FD, quel pied ça serait… Quant au prix de Nikon Df il s’agit d’un PPC, prix public conseillé. Je suis sûr qu’on touchera ce reflex à un prix beaucoup plus raisonnable dans les mois qui viennent !
Pierre dit
« seul truc qui peut présenter une usure avec le temps c’est les mousses de miroir »
Mais tellement facile à changer et pour pas plus de 10 euros.
harvey dit
eh oui, en plus une fois changées les mousses ça tient des lustres. Seul problème du F1 c’est qu’on ne trouve plus de pile 1,35v. Un problème qu’on ne rencontre pas avec le New F1…
Mehdi Moeqrie dit
Comme toujours bel article.
Certes il n’est pas donné, mais il ne faut pas omettre qu’en plus d’être beau (histoire de goûts), on pourrait mettre un sticker « D4 inside », et ça, ce n’est pas insignifiant quand on sait à quel point le D4 est abouti. Rajoutons un esprit vintage, une compatibilité poussée pour les objos et un feeling au toucher que j’imagine fabuleux (je ne l’ai pas encore touché), ça nous donne une machine à plaisir ultime.
D’ailleurs il sortira plus souvent que mon couple D4/D800 les week ends…. et aura même parfois le rôle de back up du D4 pour les travaux « tranquilles ».
Bref, une bien belle réalisation de la part de Nikon.
philippe dit
c’est un très bel objet, un peu chère quand même mais j’attends de l’avoir en main et peut etre qu’il secondera mon D800e ….
Rebelle Nesouzix dit
Bonjour cher collègue,
Oui & non, pourrait on dire !
Un boîtier certes intéressant mais beaucoup trop cher si l’on considère certains aspects que vous connaissez déjà…
Et puis quand on a l’honneur de se voir fournir en première ce genre de boîtier par la marque, j’imagine que c’est plus facile pour flatter 😉
Bien entendu, comme certains d’entre nous, je vais certainement l’acquérir et bénéficier du HT mais cela ne m’empêche tout de même pas de considérer que l’effet vintage fut-il agrémenté de caractéristiques techniques intéressantes, est tout de même cher payé…
Cordialement, tout de même 🙂
harvey dit
@Mehdi je crois que Nikon Df insuffle un autre état d’esprit. Je suis convaincu qu’il ouvre une autre voie, un autre tempo.
@philippe on est d’accord, il s’agit d’un prix public conseillé.
@rebelle ne perdez pas de vue que, comme le signale justement Mehdi, c’est du D4 inside.
Rebelle Nesouzix dit
Oui mais un capteur déjà bien amorti…
harvey dit
@rebelle pour mémoire Nikon D4 a été introduit en janvier 2012.
Rebelle Nesouzix dit
C’est déjà vieux 😉
Cela fait plus de trente ans que j’utilise entre autres marques du Nikon mais cela ne m’empêche pas d’être circonspect…
Sans animosité – aucune – ne pas avoir de lien étroit avec une marque permet sans doute d’être plus objectif et clairvoyant.
Avocat du diable, je suis et préfère le rester.
La presse spécialisée et certains photographes influencent – parfois malgré eux – l’utilisateur lambda et font le jeu des marques.
Il est bon de raison garder et un esprit libre ne peut se satisfaire de connivences implicites fussent elles même inconscientes.
Cordialement.
Claude dit
Moins de deux ans c’est vieux ? Sur un boîtier pro la durée d’amortissement va de trois à cinq ans.
Et sinon Harvey, excellent article comme d’hab’ à quand un test terrain avec du Canon ? 😉
Lorenzo dit
Bonjour de Chine,
SVP pas tapez, pas tapez !
Je suis persuadé, contrairement à ce que dit l’article, que cet appareil n’est que le fruit d’un ingénieur proche de la retraite qui a voulu se faire plaisir et a facilement convaincu le Marketing Nikon en partant d’un postulat simple :
1) nous ne demandons pas à nos client de faire un choix, nous couvrons toutes les gammes ! 99% de nos clients se désintéresseront de cet archaïque objet. On a tout ce qu’il faut pour eux en otpiques interchangeables : de la qualité basse avec les Nikon One (et même en version étanche pour les baroudeurs), de l’APS-C, du 24×36 entrée de gamme, du 24×36 de studio, du 24×36 pro.
2) Peu de clients seront intéressés, certes ! Mais quels clients !!! Des retraités au pouvoir d’achat plus important que le jeune petit con qui veut poster sa merveilleuse photo sur Facebook (sont cons les jeunes, c’est carrément un pléonasme) !
3) La population des pays riches vieillit ! C’est considérable au Japon, aux USA, en Allemagne. Même la Chine vient d’assouplir la règle de l’enfant unique car la population vieillit trop ! Tous ces vieux, on ne peut pas les mettre en haut d’un arbre et secouer l’arbre pour en éliminer une bonne partie (comme le faisaient certaines civilisations).
4) Ces vieux qui sont pas cons (puisque c’est l’apanage des jeunes), on les reconnaît aisément. Il suffit de les écouter 5 minutes, pas plus. Observez les bien, ils commencent assez régulièrement leurs phrases par : « avant… ». Parfois, les plus vieux (ou les moins cons) osent carrément une affirmation : « C’était mieux avant… » ! Avant on apprenait à lire, à écrire, à compter, on connaissait les départements français et le nom des poissons qui coulent dans la rivière près de notre village que personne ne connaît au-delà de 50 Km. Ah avant !
5) Messieurs du Marketing, je vous propose de faire l’appareil dont rêve toute cette population. Ils ne sont pas tous nantis, il y a des vieux qui souffrent (pitié, messieurs les gouvernants, ne baissez pas les retraites, ce sont nos meilleurs clients). Vous le vendrez sans difficulté. Ciblez les magazines de vieux (Valeurs actuelles, Minute…). Non, c’est trop voyant. Ciblez en général, les vieux sont partout ! Mais si vous faîtes des spots TV, ciblez les chaînes. Par exemple, en France (un tout petit marché, je vous le concède), ne diffusez pas sur Canal+. Visez plutôt TF1 et certaines chaînes câblées comme Histoire, Géo…
6) Faîtes rêver le vieux ! Rappelez lui ses premières années, faîtes-le vibrer, jouez sur sa corde sensible : le temps perdu. Le vieux est suffisant, il n’aime pas les cons (pardon, les jeunes) car ils veulent tout tout de suite, ils n’ont plus le goût des belles choses qui demandent du temps, ils ont perdu les valeurs essentielles. Le vieux regrette que l’on compare ses photos à celles d’un jeune dont l’appareil photo fait le point sur la zone que l’on effleure d’un doigt, qui prend 10 photos en une seconde et vous propose la meilleure, qui enregistre un RAW sur une carte à plus de 100 Mo/seconde et qui diffuse automatique une version JPEG allégée sur ses comptes Facebook, Flickr et autres, qui géolocalise la photo, corrige tous les défauts optiques, lui propose un recadrement et une retouche avant publication, qui tient dans la poche de son jean et dont la qualité aurait fait rêver n’importe quel photographe argentique (je ne parle pas des bouillies de pixels de Cartier-Bresson qui photographiait au 35mm car il n’avait pas le choix). Avant (c’était mieux), la photographie était un art, tout comme la peinture. Maintenant, on trouve dans les agences de presse des photographies prises avec un iPhone 4 (quand on sait qu’Apple a sorti 3 nouvelles générations entre-temps et que chaque fois, ils nous disent qu’ils ont nettement amélioré l’appareil photo, alors même que le dernier 5s est loin derrière un Lumia 1020, lui-même loin derrière un simple reflex entrée de gamme, je me dis que les photos d’un iphone 4 ne doivent pas être très qualitatives. Le professionnel qui veut vivre de ses photos aujourd’hui, il doit risquer sa vie ou faire partie d’une élite. La plupart des acheteurs sont des passionnés et c’est eux qu’on vise, aussi bien avec l’AW1, le D600, le D800e et… ce DF.
6) Des passionnés fortunés, c’est financièrement plus intéressants que des jeunes qui rêvent d’un D800e + 14-24 + 24-70 + 70-200 + 200-400. Les rêves c’est beau mais ça ne remplit pas les caisses !
7) Le vieux est moins sensible à la liste de specs. Mettez le capteur 16 Mpxls largement amorti et vendez ça au prix fort, ça passera ! Si, si ! Par contre, il doit sentir qu’il tient un appareil aussi solide que celui qu’il possédait il y a 30 ans (du temps où l’on faisait des TV ou des machines à laver qui, pensait-on naïvement, dureraient 30 ans) !
8) Si vous fabriquez un appareil très solide, vous allez à l’encontre de notre politique depuis 25 ans : incitez au renouvellement constant de son matériel (dans tous les domaines et chez 99% des fabricants) !
Cartes… mais le vieux est proche de la sortie. Et il est remplacé par un nouveau vieux qui vient avec des copains ! C’est un marché lucratif !
Moi qui suis au Marketing, j’applaudis des 2 mais et je me dis qu’on va sortir du placard tous les ingénieurs retraités pour qu’ils nous sortent un produit de vieux !
Moi qui suis jeune depuis très longtemps, vous pouvez sortir la console de jeux de mon adolescence, l’ATARI. Comment ça c’est fait ? Mon premier reflex était un Nikon F90 et j’ai mis du temps pour passer au numérique (Canon EOS 40D). Mais désolé, un Sony A7R (beurk, une marque deTV trinitron) me fait plus rêver qu’un Nikon DF.
Je devrais être heureux, ça veut dire que je ne suis pas encore si vieux ! Ce que je ne manquerai pas de rappeler au prochain jeune con (pardonnez les nombreux pléonasmes) qui me traitera de vieux parce que je rêve d’une 300 SL portes papillon !
Avec beaucoup de second degré, Lorenzo.
harvey dit
@Claude un test terrain Canon ? Si tu as une idée je prends…
@Lorenzo oh la vache le comm de malade, et un dimanche en plus… J’ai lu la dernière ligne (« avec beaucoup de second degré ») et j’ai approuvé, je lirai demain, lundi 🙂
Lorenzo dit
Pour être plus constructif, j’ai revendu récemment mon Canon EOS 6D car il était trop fragile.
2 mois aux Philippines et 2 mois en Afrique l’ont envoyé 2 fois au SAV (avec prise en charge partielle car le boitier n’avait pas été acheté dans le pays où je le faisais réparer). Bref je comprends l’envie d’un appareil simple, dénué de gadgets électroniques, qu’on a plaisir à prendre en main, dont l’obturateur fait un bruit d’obturateur et dont on pense faire une acquisition pérenne.
Mais bon sang que le GPS de mon 6D me manque !
Utiliser gps4cam, ça dépanne mais je dois sortir ma « phablet » avant chaque balade photographique, ce n’est pas pratique.
Le WiFi je m’en servais peu. La vidéo jamais.
Mais oser sortir en 2014 un Appareil photo numérique sans wi-fi ni GPS ni vidéo, avec un capteur de 2 ans d’âge, c’est osé !
Mais il y a une clientèle pour ça, ce qui achève de me convaincre, il s’agit d’une opération Marketing. Tout comme la série « 1 » ou le D610.
Quelle société pourrait se permettre de sortir l’appareil de rêve d’un ingénieur sans recourir au service Marketing pour valider le choix ? Aucune, restons réaliste.
Il y a eu des exemples, dans le domaine des voitures de sport par exemple. Vous prenez les meilleurs ingénieurs dans chaque domaine de compétence et vous leur dîtes : « Fîtes-vous plaisir ! Dans quelle voiture de sport aimeriez-vous rouler »? Et ça a donné une nouvelle catégorie appelée Supercar.
Dans la Hi-Fi on trouve quelques exemples.
Ce DF n’en est pas un. Il s’adresse à une clientèle (plutôt préretraitée mais pas forcément) aisée ou économe qui veut retrouver le plaisir de photographier que lui procurait son premier Reflex.
Mon Nikon F90 n’a pas du me laisser un souvenir impérissable car je suis passé au numérique sans aucun regret. Et si aujourd’hui j’étais ingénieur et que je concevais un appareil de rêve, il serait très différent de ce Nikon DF. Mais mon appareil de rêve ferait les pauvres geeks derrière leurs claviers tandis que le DF ira sous le sapin de personnes âgées pouvant se permettre son acquisition 😉
harvey dit
Je pense, Lorenzo, compte tenu de ce que je lis, que Nikon Df n’est vraisemblablement pas un boîtier qui vous donne envie, qui vous fait rêver et plus prosaïquement qui est fait pour vous.
Lorenzo dit
Bien résumé Harvey !
Ce que j’ai voulu dire, c’est que derrière ce boitier il y a une stratégie marketing et que la clientèle visée est un peu plus âgée que moi…
C’est un boitier tellement ciblé qu’oser écrire un article sur ce boitier en disant que ce n’était pas une aberration d’un service marketing, qu’un ingénieur nikon avait juste voulu se faire plaisir et qu’il travaille sur ce projet depuis 4 ans, ça n’a pas de sens !
4 ans pour sortir un DF ???
Ou 4 ans pour vendre le concept au service marketing du groupe ?
Lorenzo dit
J’ai bien sûr lu l’article en entier mais le premier paragraphe me laisse sans voix :
« J’ai lu, ces derniers jours, beaucoup de commentaires sur la toile, les réseaux sociaux, des commentaires désabusés, voire vindicatifs à propos de ce boîtier, parfois avant même sa sortie officielle. Après tout, c’est la règle, les réseaux sociaux sont devenus au fil du temps l’écho de toutes les rancœurs, le réservoir de toutes les jalousies parmi les plus perfides, les plus tenaces… »
Personnellement, je n’ai rien à redire sur ce boîtier. Mes amis Nikonsites s’attendaient à une réponse aux Sony A7 qui osaient chatouiller leurs D610 / D800e et la déception a été grande, tant le gouffre générationnel paraît insurmontable. Ils rêvaient déjà d’un A7R « like » avec optiques pancakes et l’accès à toute la gamme Nikkor depuis des dizaines d’années + des bagues pour tous les objectifs exotiques + un AF de course triple détection (car Nikon est le meilleur en tout, forcément).
Sauf que le nouveau Nikon n’était pas une réponse aux Sony A7…
Ce sont 2 produits pour 2 clientèles, je ne pense pas que l’on puisse hésiter entre un A7 et un DF.
Quoi qu’il en soit, celui qui critique (en disant que Nikon se plante ?), il a le droit d’exprimer son opinion ans se faire traiter de jaloux aigri et j’en passe.
Je comprends que l’on veuille défendre un boitier mais il ne faut pas non plus insulter ceux qui ne sont pas d’accord, même si certains peuvent employer des mots durs qui ne sont que l’expression d’une très forte déception !
« J’entends qu’on dit de Nikon Df qu’il est un « objet marketing ». Quelle notable erreur d’appréciation ! »
Là encore je m’inscris en faux. Le Marketing c’est mon métier et s’il arrive que l’on laisse carte blanche à certains ingénieurs dans des domaines précis (supercars comme je l’ai expliqué), ce n’est pas le cas ici. C’est un produit parfaitement ciblé. Nikon ne va pas s’effondrer si ce boitier ne se vend pas. Mais ils ont quand même mis toutes les chances de leur côté pour que la clientèle visée se laisse tenter 😉
Milou dit
Merci Hervé, pour Shots dans son ensemble, pour cet article en particulier. Le ton ici est vraiment atypique, radicalement en marge du fatras de bêtises lues ici et là sur des sites dits « professionnels » (et je ne parle pas des forums et des réseaux sociaux). La plupart des gens n’ont strictement aucune prise avec la réalité et ont tendance à parler comme dans les livres. On sent qu’ici vos infos sont sourcées et vos relations « étroites » (j’entends par là clairement votre relation « privilégiée » avec les marques, celle qu’on vous reproche tant et qui agace tellement les non-initiés et la foule des anonymes condamnés à le rester) y sont sans doute pour beaucoup. Les deux parades classiques à vous opposer sont la connivence et le mensonge. Au final, j’imagine à la lecture de vos commentaires que vous rongez votre frein parce que vous en savez beaucoup plus que vous ne voulez le dire… Ou que vous ne pouvez le dire ? Bref. Continuez à nous régaler. Cela dit, il me tarde de lire un billet ici sur votre prise en main de Nikon Df. Et tant qu’on y est, comme le suggère Claude, je serais curieuse d’avoir votre avis sur EOS 70D et pourquoi pas un comparatif avec Nikon D7100 😉
harvey dit
@Milou merci. Ma relation privilégiée avec les marques n’induit pas la connivence. Il m’est arrivé par le passé d’allumer Nikon et d’encenser Canon (et vice versa), je n’ai rien à prouver et surtout pas à me justifier. Concernant Nikon Df je dois le recevoir sous peu. Comme toujours, mes tests se réalisent sur la longueur. Je teste Nikon D610, dans à peu près toutes les conditions possibles. J’aimerais beaucoup tester Canon EOS 70D mais pour ça il me faudrait du temps, c’est pour cela que j’ai tendance à privilégier Nikon qui est la marque avec laquelle je travaille. Ça ne m’empêche pas d’aimer Canon et d’y compter nombre de gens que j’apprécie et pour qui j’ai le plus grand respect…
Skarbimir dit
Bonjour Harvey,
Merci pour cet article et votre blog en général. Cela fait un moment que je suis Shots, même si c’est le premier commentaire que je laisse.
Certes, le Df n’est pour moi qu’un objet de fantasmes, il se passera du temps avant que je puisse m’offrir un objet pareil. Pour le moment, je me contente de mon vieux D90 au grip recollé à la SuperGlue, mais difficile de ne pas lorgner sur ce qui sort actuellement, et qui indique des tendances.
J’ai lu les autres commentaires – et, finalement, je trouve cela assez inquiétant. En vous lisant, Lorenzo, je me suis dit: heureusement qu’il y a les vieux! Et pourtant, je fais partie de ces jeunes qui ont à peine vu l’argentique (avec l’Olympus OM-10 de mon père, bardé de fuites de lumière) avant de passer en numérique. Seulement, à 26 ans, j’ai l’impression d’être un dinosaure lorsque je râle après les nouveaux appareils qui sortent et que je trouve trop petits et trop légers. Le Sony, même si je sais que ses caractéristiques sont excellentes, ne m’inspire rien: c’est encore un appareil à manipuler du bout des doigts. Facebook? Il faudrait déjà que j’apprenne à y aller plus souvent qu’une fois tous les quinze jours… Et je déteste les écrans tactiles.
Le capteur de deux ans d’âge est peut-être un risque marketing (encore que, le 6MP avait tenu encore plus longtemps, entre le D100 et le D40), mais ne me choque pas techniquement.
Finalement, ce qui m’inquiète, c’est l’idée que si un jour j’en arrive à pouvoir m’offrir un successeur du Df ou D4, même les vieux en préretraite soient tellement habitué à ces machins minuscules, tactiles et connectés que même les marketeurs ne voient plus l’intérêt de sortir un appareil en métal qui se tienne à pleine main.