Dimanche 24 juin 2013. Avec Jean, mon camarade de jeu de Be celt, nous arrivons à Lannilis. Objectif, tirer le portrait de nos chouchous, les deux représentants de notre so british Team Raleigh, Eric BERTHOU et Alex BLAIN et essayer de capter l’ambiance, peut-être croiser et encourager aussi Francis MOUREY (« mon coureur ») ou Sylvain CHAVANEL, le french Spartacus, qui a décroché jeudi dernier le titre de champion de France du contre-la-montre et dont mes amis spécialistes et experts me disent qu’il peut aujourd’hui réaliser le doublé. Quant à moi, je savoure de n’avoir aucun objectif particulier, à part peut-être de ramener quelques clichés marquants, de ceux qu’on découvre en dérushant et où une petite voix intérieure me dit voilà, ce cliché là, mon gars, il restera. J’ai prié le bon Dieu et tous ses Saints pour qu’aujourd’hui il fasse beau, parce que de ce côté là, j’ai pas franchement été gâté, chaque fois que j’ai tapé du vélo. Temps de merde sur Lannilis pendant le Tro Bro Leon, gros crachin et plafond bas dans le Tour de Connemara, alors je me dis jamais deux sans trois, fataliste que je suis. On part de Brest où les nuages sont bien là, j’embarque un coupe-vent pour conjurer le sort. Arrivé à Lannilis, il y a des nuages partout, partout sauf sur le spot choisi par Jean. On fait quelques kilomètres (à pied) à travers les ribinous et nous arrivons finalement sur une petite route en sommet de côte. Il y a des gens sur le bord de la route, des supporters, ambiance très familiale. Je choisis mon spot, sur un talus, Nikon D3s et Nikkor 70-200 en main, prêt à ronronner à 9 fps sur un ordre du taulier. La voiture annonçant la tête de course arrive à toute allure. Un mec cause dans le micro et on ne comprend pas la moitié de ce qu’il dit. Pas grave. L’info essentielle c’est qu’ils arrivent.
Ça va vite, très vite. On est en sommet de côte, de ce genre de saleté de côte où il faudrait un grand braquet et des heures pour la monter. Les gars, eux, ne sont même pas en danseuse, les champions bouffent du bitume à une allure qui force le respect. Parmi les coureurs qui ont fait le break, je reconnais, avec j’en conviens une petite dose de fierté, Alex BLAIN de la Team Raleigh. Avant la course Alex avait prévenu, il allait courir pour se montrer et défendre ses couleurs. La Team Raleigh, qui enquille de spectaculaires résultats outre-manche avec des calibres comme Tom MOSES ou Tom « Scud » SCULLY, peut être fière de son champion, Alex BLAIN, qui passe en direct sur France 2. Je reconnais Sylvain CHAVANEL et puis en embuscade toute l’équipe de la FDJ pousse à fond avec Arthur VICHOT qui attend son heure. On descend un peu plus loin, pour taper des clichés dans un virage assez serré. Pour l’occasion je monte mon Nikkor 24-120mm qui demeure une de mes optiques de prédilection, avec son range phénoménal. On remonte quelques kilomètres encore, nous croisons deux nanas sympas qui piquent un roupillon au soleil entre chaque tour. Ambiance Club Med, public vraiment sympa, on se croirait à Kerampuilh. Grande ligne droite, soleil splendide. Je ne répèterai jamais assez à quel point je me sens bien avec Nikon D3s et son AF de dingue. Accroché au collimateur en mode C, la précision de mise au point du sujet de ce reflex est simplement diabolique. Dans le viseur, alors que le coureur est en approche, je vois la pastille de netteté qui clignote, l’AF ne décroche pas un seul instant. Amazing. Je déclenche, et en one shot comme à neuf images par seconde il y a ce sentiment d’ivresse et la petite angoisse de se demander si l’autofocus a suivi. Finalement, c’est le genre de question qu’on ne se pose plus avec Nikon D3s. Putain de reflex. Quand à l’optique, Nikkor 70-200mm f2,8 VRII, rien à déclarer. C’est un must.
On repart en sens inverse, mes pieds commencent à faire la gueule, surtout pour remonter la côte avec le matos sur le dos. Mais c’est pas grave, l’ambiance est vraiment sympa. On est dimanche, les gens sont en famille avec leurs gamins, la grand-mère, les cousins-cousines, on est bien. Les gamins eux, sont au taquet. J’en ai repéré un qui encourage les athlètes qui passent. Il n’a pas un regard sur un champion, non. Il encourage tous les cyclistes qui passent, avec une ferveur et un enthousiasme qui font plaisir à voir. Le cycliste pro lui, ne l’entend pas, ne le voit pas. Il est dans sa bulle, son cerveau est focalisé sur la route, les muscles, l’effort sur le pédalier. L’athlète est comme un autiste, il capte le décor et fournit l’effort pour aller encore plus loin et si possible devant. J’ai photographié l’enfant et ses champions. D’un côté le petit garçon, tout à sa joie d’encourager son champion. De l’autre un athlète dans l’effort et la souffrance. Deux mondes qui se croisent, le temps d’un cliché, un instant fugace qui s’inscrit déjà dans mes très beaux souvenirs.
• voir plus de clichés du championnat de France cyclisme 2013 sur le site Be Celt