Deux cents jours. C’est long et en même temps, c’est pas grand chose. Surtout si je compare à toutes les années où j’ai traîné mon matériel pour glaner des images. Seulement voilà. Il ne s’agit pas de deux cents jours avec le premier boîtier venu, non. Ici je vous parle de mon feedback avec Nikon Z9, le flagship de la marque jaune. Avec le recul, je peux vraiment vous dire, en toute sincérité et sans langue de bois aucune, ce que je pense vraiment de ce boîtier. Depuis juin 2023, il ne s’est pas passé un moment où Z9 ne m’a pas accompagné. J’ai couvert avec lui deux festivals, les Vieilles Charrues d’abord, puis Atlantique Jazz festival. Et quelques autres, dans des salles aussi atypiques, en matière de lights, que la Carène ou le Cabaret Vauban. Les mauvaises langues m’avaient prédit toutes les misères du monde et j’avais reculé le moment de la décision. Un peu comme le gars qui décide de sauter de l’Empire state building et qui à chaque étage se répète « jusqu’ici tout va bien ».
Deux cents jours avec Z9
Il fallait pourtant y aller, se lancer, faire le grand saut dans l’inconnu. Craquer une bonne (grosse) part de son budget, revenir à un boîtier monobloc après avoir passé quelques années avec le petit Nikon Z6. Mais après tout, le monobloc, je connais, j’ai déjà donné, avec Nikon D3s puis Nikon D4s. Il allait falloir aussi affronter les préjugés, les on dit, les sales rumeurs. Affronter le LED banding, l’absence d’obturateur mécanique, la taille maousse des fichiers, la lenteur de traitement. L’espace disque à prévoir, la taille du capteur et je vous ai gardé le meilleur pour la fin. L’incapacité supposée à monter en sensibilité au delà de 4000iso. Bref. Si j’avais écouté tous ceux qui m’ont conseillé de ne pas y aller, j’en serais encore au point mort. D’où mon premier conseil. N’écoutez jamais les autres.
• Deux cents jours. Bilan provisoire.
Je ne vais pas vous mentir. Nikon Z9 est un boîtier professionnel, capable de déployer des fonctionnalités dantesques. C’est donc un boîtier qu’il faut maîtriser. Nikon Z9 est tout sauf un boîtier facile. Je l’ai reçu au mois de juin et je devais couvrir les Charrues un mois plus tard. Je sais d’expérience que ce genre de plan peut être très casse-gueule, d’ailleurs je l’ai déjà vécu, à l’époque où je bossais avec Canon EOS 5D Mark II. La différence, c’est que je connaissais déjà un peu Z9 pour l’avoir utilisé l’année précédente sur le même terrain des Vieilles Charrues, je savais à quoi m’attendre. Honnêtement, je n’ai pas eu l’ombre d’un problème, mais les Vieilles Charrues sont un terrain facile que je connais bien.
Gros plans de feux, le seul bémol c’était le LED banding. À dire vrai, j’ai eu plus de misères avec l’absence de signal du déclenchement qu’avec un quelconque LED banding. Depuis, j’ai écouté le conseil donné par un membre du NPS, j’ai équipé mon Z9 d’une oreillette. Celle ci, connectée au port sortie son du Z9, me permet d’entendre le son du déclencheur. Cela s’avère particulièrement utile quand je travaille aussi bien sur des spectacles bruyants que sur des concerts très calmes. Dans les deux cas, j’entends mon déclenchement mais pour les autres c’est un silence absolu.
• La réalité du terrain avec Z9.
S’il y avait bien une chose qui me faisait très peur, c’était le poids de Z9. Un monobloc, par nature, c’est lourd. Revenir à un boîtier de ce calibre, après avoir passé trois années en mode touriste japonais avec le petit Z6, ça allait être compliqué non ? Eh bien non. J’ai retrouvé l’ergonomie d’un monobloc Nikon avec tout ce que ça peut apporter d’avantages. J’ai retrouvé le plaisir de bosser à nouveau en mode portrait, de bénéficier d’une autonomie accrue, de la vélocité, la souplesse, de cette ergonomie typiquement Nikon que je kiffe par dessus tout. Mais surtout, surtout ! J’ai – enfin ! – retrouvé ce fantastique autofocus suivi 3D qui m’avait tellement manqué lorsque j’ai quitté D4s.
• Nikon Z9 et les optiques Z
Aux Charrues, j’ai bossé avec Nikkor Z 100-400 f/4,5 – 5,6 prêté par le NPS pendant la durée du festival. J’ai ensuite retrouvé mon Nikkor Z 24-70 f/2,8 S qui est mon caillou de prédilection. Avec Nikkor 70-200 f/2,8 en monture F via l’adaptateur FTZ, j’ai rapidement compris que ça n’allait pas être vraiment pratique et pas optimisé non plus. J’ai donc investi une autre part non négligeable de mon budget dans un Nikkor Z 70-200 f/2,8 S et j’ai bien fait. D’abord parce que les optiques Z sont conçues pour du Z, avec une qualité optique, comment dire ? Bluffante. Ensuite parce que ce 70-200 bénéficie d’une ergonomie entièrement personnalisable : molettes, boutons de fonctions paramétrables. Bref. Si vous envisagez l’achat d’un Z9 (ou d’un Z8), prévoyez large au niveau du budget. Ce boîtier mérite de l’optique premium.
• Nikon Z9 a-t-il une part d’ombre ?
Le mieux est l’ennemi du bien. C’est un peu le côté pervers de Nikon Z9, c’est un boîtier qui permet de faire tellement de choses, d’aller tellement loin, de faire de ce boîtier son boîtier que ça en est un peu déroutant. Surtout si vous n’en maitrisez pas parfaitement toutes les subtilités. Avec Z9, plus qu’avec tout autre boîtier, il n’y a pas une configuration type, il faut adapter le boîtier à chaque type de prise de vue, selon les besoins du moment.
En clair Nikon Z9 est un bête de course, un pur sang qui peut aussi s’avérer très casse-gueule si on ne sait pas lui parler. C’est un gros capteur (45,7mp) donc ne comptez pas sur lui pour faire des miracles en haute sensibilité. Pour ma part, je ne bosse quasiment jamais au delà de 3200iso. Mais il m’est arrivé de tourner la molette à 6400iso en faible lumière et c’est clair que c’est pas l’extase. Le bruit numérique est bien présent, même si je peux rattraper le coup assez facilement avec Capture One Pro. Les photographes qui viennent de Nikon D6, avec son capteur à 20,8mp et qui s’étonnent d’obtenir des perfs moindres en hauts iso avec Z9 ont raté une marche…
• Nikon Z9 en deux mots.
En conclusion, avec Z9, Nikon a produit un excellent flagship, peut-être le summum actuel en matière de mirrorless. Mon ressenti quand je l’utilise est peu ou prou le même que lorsque j’ai utilisé mon premier monobloc Nikon il y a quinze ans. Ce sentiment de pouvoir aller très loin, tirer la quintessence de ce boîtier tellement puissant. J’aime en particulier son ergonomie surtout lorsque je l’utilise avec des optiques Nikkor Z.
Bref, je ne regrette pas mon choix. Je n’ai qu’un seul regret, c’est d’avoir attendu si longtemps pour me décider. Le meilleur conseil que je puisse donner à un photographe qui envisage l’achat d’un nouveau boîtier c’est bien celui-là. N’écoutez pas ce qui se raconte à gauche et à droite, si vous avez la possibilité de tester vous-même un boîtier faites-le, quitte à louer du matériel pour un week-end par exemple. Faites vous votre propre avis, c’est le seul qui soit vraiment important.
Je vous souhaite une belle année 2024 et autant de plaisir avec votre boîtier que j’en ai avec mon Z9.
• Merci au NPS (Nikon Pro Services) pour les conseils éclairés et au Nikon Store pour l’accompagnement et les conseils avisés.
• Crédit photos : Hervé LE GALL
Sylvain Crouzillat dit
Bonjour,
Le banding avec le Z9 je le rencontre assez rarement et il est souvent possible de le faire disparaître en modifiant les réglages, mais le plus frustrant c’est quand on le voit en chargeant les photos sur l’ordinateur.
Le plus impressionnant avec les Z9 c’est son évolution depuis ça sortie. Lorsque je l’ai testé avec le firmware V1 j’ai vraiment été déçu, avec le firmware V2 je l’ai acheté, et à chaque évolution j’ai l’impression d’avoir un nouveau boîtier.
La qualité d’image est légèrement en retrait par rapport à mon D850 mais le Z9 est tellement géniale que le D850 ne sort que quand j’ai besoin de 2 boîtiers
Vivement la sortie du firmware v5
Avec je l’espère une pré capture raw et plein d’autres nouveautés.
Hervé LE GALL dit
@sylvain tu as tout à fait raison à propos du firmware. C’est un sujet qui avait été évoqué par Nikon dès le lancement de ce boîtier, la promesse de faire évoluer le firmware et de déverrouiller des fonctionnalités qui étaient en sommeil. Promesse tenue, le firmware a bien évolué et ça n’est pas fini puisque la v5 est en préparation.
Aujourd’hui je n’utilise plus que Z9, je vais revendre mon D500 que je gardais en backup de mon D4s et je me tâte pour me séparer aussi de mon Z6.
Et comme tu le dis justement… Vivement la suite 🙂
Sarazo dit
Merci pour ce nouvel article qui rejoint mon avis sur ce merveilleux boîtier.
Rappelons que le monobloc Z9 est 10% moins gros et moins lourd que les D5 ou D6 ce qui facilite beaucoup son adoption.
En ce qui me concerne je photographie principalement des oiseaux en vol et donc je ne suis pas concerné par le banding. Par contre dans cet usage, j’exploite beaucoup les cadences élevées et la capacité à anticiper le déclenchement. Seul regret, cette fonctionnalité qui impose 30 fps interdit de travailler en RAW …pour l’instant ! Pour autant, depuis 18 mois que je l’utilise, je peux ajouter qu’il s’améliore de mois en mois avec les mises-à-jour de firmware. Je ne désespère donc pas de voir cette possibilité arriver un jour.
Je confirme l’exceptionnelle qualité du 24-70 F2,8 que je ne regrette pas malgré son poids même s’il est moins encombrant et moins lourd que dans la version F.
Compte tenu de mes besoins, en longue focale j’ai opté avec bonheur pour le 100-400Z, moins lumineux certes que le 70-200 F2.8, mais remarquablement performant y compris avec le TC1.4.
Merci beaucoup pour l’astuce consistant à utiliser un écouteur que je retiens pour certains environnements et encore bravo pour vos articles.