Tout le monde est photographe. Confiez un appareil photo à n’importe qui, un enfant de trois ans est capable de faire une photo. Il suffit d’avoir un doigt et d’appuyer sur le déclencheur. Les technologies aidant, faire aujourd’hui une bonne photographie, j’entends par là une photo nette, aux couleurs parfaitement équilibrées, est à la portée de n’importe qui. Un sujet, même en mouvement, peut être capturé, figé sur une image, sans grande difficulté. Plus besoin, dans la plupart des cas, de se préoccuper de la technique, c’est ce que les spécialistes désignent sous le nom de ghost in the shell qui s’en charge. Avec les années, on a vu apparaître des technologies assez dingues, capables de prévoir une action à venir. Un appareil photo capable de deviner, de prévoir le déplacement d’un sujet pour en faire le focus (la mise au point), par exemple. Et le développement du segment des appareils photo hybrides va nous réserver son lot de de nouveautés. Un paramètre, cependant, échappe à tout contrôle et c’est lui qui fait toute la différence. C’est le regard. Dans le regard, il y a l’approche esthétique de l’image, son cadrage, sa composition, cet ensemble bizarre et merveilleux teinté d’humanité. Le photographe devient alors un artiste, témoin de son temps, de son époque, de son environnement. Il parcourt la planète en tous sens pour nous montrer ce que nous, humains cloisonnés dans notre quotidien ordinaire, nous ne pouvons pas voir. J’ai toujours été fasciné par le monde animal et j’ai une grande admiration pour les photographes qui pratiquent cet art délicat et complexe qu’est la photo animalière. Alors quand le livre d’Erwan Balança, les secrets de la photo d’animaux paru chez Eyrolles, est arrivé sur mon bureau, j’ai su que j’allais écrire une chronique heureuse, comme un voeu de nouvelle année.
Photo animalière. Chronique d’une rencontre
• C’est LE livre de référence
Erwan Balança n’est pas un lapin de six semaines. D’ailleurs, son livre non plus, puisqu’on en est à la quatrième édition. Autant vous le dire tout de suite, c’est un bouquin fascinant. Vous avez envie de vous mettre à la photo animalière ? Les secrets de la photo d’animaux est LE livre que vous devez absolument lire. D’abord, choisir son matériel. Plutôt un reflex, doté d’un téléobjectif, condition sine qua non pour voir loin sans être vu ou repéré. Car c’est ainsi, le règne animal se méfie, à juste titre, de notre engeance, de notre humanité qui nous fait si souvent défaut. Un bon reflex, un caillou lumineux qui voit loin, un autofocus véloce qui accroche le sujet et une bonne maîtrise de la technique photo, comme le choix du mode de mesure, du mode AF, de la cadence de prise de vue, … Une fois le trépied et sa rotule choisis, le sac photo qui va bien, vous êtes prêt à y aller. La photo animalière ne vous conduira sans doute pas tout de suite à traquer le martin pêcheur ou le renardeau en compagnie de sa mère (deux photos absolument fascinantes d’Erwan Balença). Vous n’aurez peut-être pas les moyens financiers de vous offrir Nikon D5 et Nikkor 600mm f/4 et partir en affût à l’autre bout du monde. Ce n’est pas grave. Un bon reflex numérique d’occasion et un bon caillou (comme un 70-200mm F/4) et le petit rouge-gorge de nos villes vous permettront d’accrocher quelques belles images.
• Un altruiste au service de l’image
Restent un ou deux paramètres, parfaitement expliqués par Erwan Balença. Savoir où aller, choisir son terrain, construire son affût, être là au bon moment. La photo animalière requiert non seulement de parfaite maîtrise de son matériel et des techniques photographiques, mais il fait aussi ce supplément d’âme, cette abnégation, cette passion pour le monde animal. C’est à cela qu’on reconnaît un bon photographe animalier. C’est un altruiste au service de l’image, capable de planquer pendant des heures pour ramener une image. La démarche du photographe animalier tient dans cette capacité, cette patience. Il y aura aussi des déconvenues, des ratages, des moments de tristesse.
Mais il y aura aussi des moments magiques. Le cerf et les biches sur la crête d’Erwan Balença. L’ours au clair de lune, ce cliché réalisé de nuit il y a dix ans par Vincent Munier avec Nikon D3s m’avait subjugué. Le lièvre, un cliché de mon ami Serge Jolivel, aussi capable de grands éclats de rire dans la fosse Glenmor aux Vieilles Charrues que de silence monacal et de patience extrême dans les champs de maïs fraichement coupés au petit matin. Patience, abnégation, passion et cette envie de partager des images du monde animal. Ça vous tente ? Le monde animalier vous tend les bras. Pour gagner beaucoup de temps, je vous conseille l’achat du livre d’Erwan Balença, un livre considéré comme la bible du photographe animalier, essentiel pour réunir les bases techniques et matérielles.
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