Le flash cobra peut être une excellente alternative comme source de lumière, en extérieur comme en studio, autant pour du portrait que pour du packshot, surtout si vous en maîtrisez toutes les arcanes. L’occasion pour moi d’en remettre ici une couche et de vous reparler de l’excellent bouquin que j’ai récemment chroniqué dans les colonnes de SHOTS, le fameux Photo au flash de Scott Kelby aux éditions Eyrolles. Un des meilleurs livres techniques que je connaisse et que j’ai vraiment adoré. D’ailleurs j’ai la faiblesse de croire que c’est ce livre qui m’a donné envie de ressortir mes flashs cobra Nikon (SB900 et SB910) pour tester de nouvelles choses en studio autour de ces techniques qu’on désigne sous le terme strobist. Un terme générique qui désigne simplement la prise de vue utilisant des flashs en déporté. Il existe de nombreuses techniques pour déclencher des flashs à distance. Vous pouvez utiliser un flash monté sur la griffe porte-flash de votre reflex et l’utiliser en maître qui pilotera les flashs secondaires esclaves. Ou bien utiliser des câbles de synchro reliant votre refex à vos flashs. Une autre technique est d’utiliser un émetteur qui va envoyer à vos flashs les instructions de déclenchement. Pour ma part j’utilise depuis longtemps le contrôleur de flash Nikon SU-800 qui est un émetteur infra-rouge pour flashs Nikon. J’ai voulu tester un autre système proposé par la marque chinoise Godox qui propose un émetteur radio, une alternative qui me semblait a priori assez séduisante…
Piloter le flash. Godox XPro-N ou Nikon SU-800.
• Infrarouge versus ondes radio
Avant de vous parler du produit Godox XPro-N, petit retour sur les deux techniques. Le système proposé par Nikon, SU-800, est un contrôleur de flash infra-rouge, ce qui signifie que le contrôleur émet un signal IR qui est capté par le ou les flashs des environs en mode remote. La portée est relativement courte (un rayon de 10 à 15 mètres) et ne souffre pas d’obstacles. Un mur, par exemple, devient infranchissable au signal IR. Le système d’émetteur Godox quant à lui passe par les ondes radio. Un émetteur sur la griffe porte flash du reflex Nikon (Godox XPro-N), un récepteur sur chaque flash en mode standard. Il faut donc investir dans autant de récepteurs que vous utilisez de flashs. Comme le signal passe par les ondes radio, la portée est nettement plus importante (une centaine de mètres) et le signal franchit les obstacles. Infrarouge ou ondes radio, chaque système présente donc un intérêt. Mais qu’en est-il sur le terrain ? C’est ce que j’ai voulu savoir en testant le système proposé par la marque Godox.
• Le tandem Godox XPro-N et XIR-N
Le système de déclencheur Godox est constitué de deux parties distinctes. L’émetteur XPro-N se fixe sur la griffe porte-flash de votre reflex Nikon. La lettre N désigne le modèle conçu pour Nikon car Godox produit sa gamme également pour d’autres marques (dont Canon, Fujifilm, etc…). Le récepteur est connecté à votre flash. Le paramétrage est relativement simple, a priori. On règle sur l’émetteur son mode de fonctionnement, en TTL ou en mode manuel, on choisit un canal et un numéro d’ordre par flash et voilà. J’ai donc paramétré mon émetteur en choisissant le mode manuel 1/4, j’ai positionné mon flash et j’ai appuyé sur le déclencheur de mon reflex. Mon flash Nikon SB910 s’est déclenché, c’était parfait. J’ai donc naturellement choisi de modifier sur l’émetteur Godox les valeurs, pensant naïvement que le flash suivrait les instructions données par l’émetteur. Fatale erreur. J’ai eu beau modifier les paramètres de l’émetteur, le flash n’a pas bougé d’un iota. J’ai donc essayé d’avoir des infos auprès du support Godox, pour tenter de comprendre…
• Support technique Godox. Silence radio.
On ne m’a jamais répondu. C’est ici la limite de travailler avec des matériels d’origine exotique. Comme je suis assez pugnace, j’ai cherché la solution que j’ai trouvée dans les questions fréquentes du site internet Godox et ça vaut son pesant de noisettes ! Je cite, in extenso. « Le mode ou les valeurs d’output ne peuvent pas être changées dans le cas d’utilisation d’un déclencheur X1N sur les flashs Nikon (alors que ces fonctionnalités sont disponibles sur les flashs Canon). C’est dû au fait que le reflex Nikon n’envoie pas ces instructions via la griffe porte-flash, donc le flash ne peut pas être paramétré par le reflex Nikon. La seule solution est d’utiliser le mode iTTL du flash pour simuler les modes et l’output. » En clair et en résumé, il n’est pas possible de travailler avec des flashs Nikon en mode manuel en utilisant le déclencheur Godox. J’aurais apprécié de le savoir plus tôt, ça m’aurait fait gagner du temps.
• Nikon SU-800. Parfait sur toute la ligne.
J’ai donc repris mes bonnes vieilles habitudes. J’ai connecté mon SU-800 sur la griffe porte flash de mon reflex Nikon, j’ai allumé mon flash Nikon SB910 en mode remote, j’ai réglé les paramètres (canal, numéro d’ordre, mode, puissance, …) et voilà. Alors, certes, on est en infrarouge mais là au moins, pas d’états d’âme. C’est l’avantage indéniable d’utiliser du Nikon avec du Nikon, on ne risque pas de tomber sur un impondérable. J’ai la main sur les réglages des flashs dont je peux piloter les paramètres à partir du contrôleur SU-800, ce qui est quand même infiniment plus confortable. Et surtout, ça déclenche, tout le temps, alors qu’avec l’émetteur Godox j’ai eu quelques ratés, ce qui rend la prise de vue assez improbable.
• En conclusion, je choisis Nikon SU-800.
Une déception, que ce système Godox, doublé d’une cruelle désillusion. Impossible de modifier les paramètres des flashs à partir du trigger, autant dire qu’on peut oublier ce système. Autre agacement, l’absence totale de feedback du support technique de chez Godox. C’est l’avantage de bosser avec Nikon France, quand je leur pose une question, j’obtiens une réponse. Reste l’aspect financier. Le système Godox est constitué d’un émetteur et d’autant de récepteurs que vous avez de flashs. L’émetteur (trigger) coûte environ 80€ et le récepteur environ 50€. Si vous utilisez trois flashs, le système complet vous coûtera donc 230€. C’est justement à peu de choses près le prix du contrôleur Nikon SU-800 capable de piloter trois groupes de flashs et d’en contrôler parfaitement l’ensemble des paramètres !
• Nikon SB-5000. Le summum.
Nikon a introduit un nouveau flash haut de gamme piloté par onde radio, SB-5000. Ici, on est au sommet de ce que Nikon sait faire en matière de performances. Un système de refroidissement intégré permet d’éviter la surchauffe et de shooter en mode rafale sans la crainte de voir s’activer l’alarme du flash ou de griller la lampe, comme ça pouvait être le cas sur des modèles plus anciens. Le flash SB-5000 peut être piloté seul ou en groupes via la télécommande radio WR-R10, voire gérer jusqu’à 18 flashs esclaves en 6 groupes. Comme toujours chez Nikon, le summum a un prix, que d’aucuns jugeront clairement prohibitif (659€).
• Je ne remercie pas le support technique Godox qui n’a jamais répondu à mes sollicitations.