J’ai testé tous les formats de films instantanés proposés par Fujifilm, je les ai comparés à la proposition faite par Polaroid Originals (ex Impossible Project) et honnêtement, pour reprendre une expression de circonstance, y’a pas photo ! Les films mini, square ou wide de la firme Fuji bénéficient tous du même process de développement. Un process parfaitement maîtrisé qui permet d’obtenir une belle image, contrastée, aux couleurs éclatantes, dans un délai parfaitement compatible avec ce qu’on est en droit d’attendre d’une photo dite instantanée. Bref. Vous l’aurez compris, je suis un utilisateur enthousiaste des produits Fujifilm Instax qui sont, selon moi, largement devant ceux de Polaroid Originals, tant du point de vue technique que qualitatif. D’ailleurs, chez Polaroid Originals, il semble qu’on digère assez mal cette insolente suprématie et ce ne sont pas les navrantes et récentes bisbilles qui prouvent le contraire. Le procès pour plagiat de la forme historiquement carrée du Polaroid me laisse un peu pantois. Cela n’empêchera pas la firme nippone d’avancer. Il suffit d’avoir eu entre les mains une photo instantanée Instax, en particulier un Instax wide monochrome, pour ressentir le frisson d’autrefois, avec des boîtiers comme le Polaroid 250 ou mieux le Polaroid 180 ou 195. On ne reparlera pas des sujets qui fâchent, comme l’abandon du film pack. En revanche, on rêve d’un boîtier qui permettrait d’avoir la main sur les paramètres en mode manuel, pour pouvoir tirer pleinement parti de l’acte photographique, tout en bénéficiant de la qualité premium des films Instax. Ça aujourd’hui, c’est un projet impossible. Les boîtiers proposés par Fujifilm (je pense au petit SQ-10 ou Instax 300) ne permettent pas de travailler en mode manuel, d’avoir le contrôle sur le diaphragme et la vitesse, même s’il faut reconnaître que ces deux boîtiers sont d’excellents produits ! Mon rêve est ailleurs et je pensais que ça resterait longtemps un rêve. Mais vous savez ce que disait Jules Verne. Ce dont un homme a rêvé, un autre homme le fera. Il y a quelques jours, j’ai vu passer une info à propos d’un boîtier que prépare la société MiNT. Son nom ? MiNT RF70. Et là, j’ai tendu l’oreille.
MiNT RF70. Tout est sous contrôle.
• MiNT RF70. Un boîtier au format Instax wide 100% manuel
MiNT RF70. L’info a fuité, de l’aveu même de Gary Ho, le créateur de la société. Je vous fais le pitch. La société MiNT est en train de préparer le lancement d’un boîtier acceptant le film Fuji Instax au format wide. Ce boîtier est équipé d’un soufflet et d’une optique en verre, de bonne qualité, disposant d’une bague de diaph (de f/5,6 à f/22) et ce n’est pas tout. L’appareil permet aussi de régler la vitesse d’obturation, de une seconde à 1/500è de seconde, avec une pause B et même un mode auto. Et puis il y a un levier d’armement. Un levier d’armement, ça ne sert à rien sur un boîtier qui n’utilise pas un film en rouleau. D’abord, ça fait joli, je vous l’accorde, mais sinon à quoi ça peut bien servir ? Et là, c’est Gary Ho qui nous livre l’explication : « Pour prendre une photo, appuyez sur le déclencheur, puis faites avancer le levier. Pour prendre une double exposition, appuyez deux fois sur le déclencheur, puis faites avancer le levier. Pour prendre plusieurs expositions, appuyez plusieurs fois sur le bouton de l’obturateur, puis faites avancer le levier. C’est simple, intuitif et élégant. Il n’y a pas besoin de boutons supplémentaires. Il suffit seulement d’un bouton. Vu la puissance du RF70, minimiser la conception d’un seul bouton est incroyable. Pas de bouton marche arrêt. Pas de bouton L/D. Pas de bouton flash. Pas de bouton mx. Aucun bouton de minuterie, aucun bouton de gros plan. Juste un bouton d’obturateur. Pourtant, il peut faire tout ce qui précède. » C’est là où ma lecture est devenue nettement plus attentive. Pour le mode manuel, on va être servi. Pas de cellule, zéro automatisme, retour radical aux fondamentaux. J’en connais plus d’un(e) qui redouble d’attention en lisant ces lignes. Oui, ces gens qui connaissent l’importance du choix d’un diaph ou d’une vitesse, qui savent aussi à quel point une erreur peut vous chier une image tout comme l’exactitude des réglages peut la sublimer. De ce point de vue, Gary Ho a tout compris. « Plus avancé, mais acceptable. » MiNT RF70 est cette machine, à la croisée des chemins. Bonne idée.
• Instax wide, le choix judicieux
Et elle va fonctionner avec quoi, cette machine MINT RF70 ? De ce côté là, le constructeur a fait le choix évident, celui de la raison et de la qualité la plus aboutie du marché, Fujifilm Instax Wide. Et pourquoi pas Polaroid Originals ? C’est Gary Ho qui répond à cette question : « Polaroid Originals a déjà été hostile à notre égard. Bien que certaines choses aient changé maintenant, je me sens toujours un peu mal à l’aise. » C’est ce qu’on appelle une réponse politiquement correcte. À mon avis, quand Gary Ho a vu ce qu’on pouvait obtenir avec Instax wide monochrome, il n’a pas eu à hésiter trop longtemps. Instax, c’est le bon choix, à tout point de vue. Reste à voir ce qu’on peut obtenir, concrètement. Autant dire que la vue des quelques images produites par les prototypes de InstantKon MINT RF70 sont assez bluffantes et donnent vraiment envie. La capacité offerte au photographe de s’affranchir des automatismes et de contrôler les paramètres de prise de vue change singulièrement la donne. Les possibilités offertes par un contrôle manuel permettent de jouer sur l’expo, le diaph, la vitesse, la surexposition comme la sous-exposition, la surimpression des images, … Bref, on est dans le mode créatif, la liberté retrouvée. De ce point de vue, les images montrées par MiNT sont plus que prometteuses. Reste que dans cette équation, l’inconnue la plus angoissante demeure le prix.
• Et là vous me dites, combien ça coûte ?
Combien ? Quand on connaît les contraintes industrielles de conception et de fabrication d’un tel appareil, on imagine que le prix va être au moins à la hauteur de l’espérance. Pour le moment, à ce chapitre on a très peu d’informations, même si Gary Ho a laissé entrevoir un échantillon de la sauce à laquelle les futurs clients vont être mangés. Sans dévoiler le prix du futur InstantKon RF70, Gary nous donne un indice : « Certaines personnes me demandent le prix de cet appareil photo. Je ne sais vraiment pas encore, mais il coûtera un peu plus cher que le SLR670-S NOIR, car InstantKon RF70 est un appareil photo flambant neuf avec beaucoup d’efforts de R & D. » Pour info, le SLR670-S en question coûte aujourd’hui 659€ sur le site de MiNT. Un peu plus cher situerait donc le futur InstantKon RF70 dans une fourchette se situant entre 700 et 800€. C’est cher, très cher. C’est sept à huit fois plus cher qu’un Fuji Instax Wide 300. C’est plus cher que de faire modifier un appareil Polaroid vintage pour le faire fonctionner avec de l’Instax Wide. Mais comme le dit assez justement Gary Ho, c’est un appareil neuf et un projet induisant un gros budget R et D. Alors ça se paye. Pour financer le projet, MiNT a choisi la communication directe plutôt que le classique crowdfunding efficace mais coûteux. Alors si le projet MiNT RF70 vous tente, vous pouvez leur donner un coup de main en achetant une jolie montre à 91€. Sachant que les acheteurs de la montre seront les premiers informés de la disponibilité du RF70 et bénéficieront de conditions d’achat préférentiel.
• illustrations : crédit photos MiNT Camera