J’ai longtemps utilisé Adobe Lightroom. D’ailleurs j’en avais acheté une licence, comme j’ai acheté Photoshop. J’ai toujours eu une grande affection pour Adobe. En d’autres temps, à une époque où on payait encore en francs, au siècle passé, au début des années 90, j’ai vu naître Photoshop. Je faisais même partie des tout premiers utilisateurs, des early adopters, comme on dit. De cette époque, je garde le souvenir de geeks éclairés dont certains ne juraient que par PixelPaint de Supermac et clamaient à qui voulait l’entendre, selon la formule consacrée, que Photoshop, ça ne marcherait jamais. Il faut admettre qu’à l’époque, il fallait y croire pour faire fonctionner ce monstre de gourmandise qu’était Photoshop sur un modeste processeur 68020. Le temps a passé, les processeurs se sont musclés, Apple a abandonné Motorola pour Intel et les capacités mémoire ont explosé, le règne de Photoshop allant de pair avec la naissance de la photographie numérique et celle d’un nouveau siècle. C’est presque naturellement qu’Adobe a créé Lightroom et de nombreux photographes s’y sont engouffrés, moi le premier. Les doutes ont surgi pour moi en 2011, avec mon premier reflex Nikon D3s, quand j’ai comparé le rendu de Capture NX2 avec l’interprétation de Lightroom. J’entendais alors des photographes professionnels parler de Capture One Pro, le logiciel de référence des prestigieux boîtiers moyen format Phase One, en particulier de la fidélité de son rendu. Un jour j’ai décidé de tester, pour voir. Et j’ai vu ! Depuis, on ne s’est plus jamais quitté. Aujourd’hui, je vais vous parler de Capture One Pro 11, que je viens d’installer et de tester sur mon nouvel iMac. Ce software, indispensable à mes yeux, est bluffant et ne cessera jamais de me surprendre. Visite guidée.
Capture One Pro 11. Un autre pas en avant
• Capture One Pro. Grand Prix d’interprétation.
D’abord un mot sur Lightroom. Je l’ai longtemps utilisé, je connais ses qualités et malheureusement ses gros défauts. Pour moi qui suis à la fois un photographe vintage, inconditionnel de Nikon depuis 2011, le paramètre essentiel du dématriçage réside dans l’exactitude d’interprétation de mes fichiers NEF. Un jour, j’ai fait un test simple. J’ai interprété un NEF de mon D3s sur Capture NX2, qui était le soft maison de Nikon et j’ai fait la même chose avec Lightroom, puis j’ai comparé. Les deux images avaient été interprétées de manière radicalement différentes, par l’un et l’autre logiciel. J’étais extrêmement agacé, d’ailleurs pendant un temps je n’ai utilisé que CNX2. Le problème c’est que l’interface de CNX2 avait dû être confiée à des prisonniers d’un goulag de l’ère soviétique. Il fallait avoir un grand sens de l’humour pour quitter Lightroom et son interface odieusement sexy et venir bosser avec Capture NX2. Jusqu’au jour où j’ai fait le même test avec Capture One Pro. La qualité d’interprétation de mon fichier NEF était surprenante. Je décidais illico de quitter Lightroom et je me désolais déjà d’abandonner cette interface tellement élégante. Mais je n’étais pas prêt à sacrifier l’exactitude de mes fichiers pour une interface aussi sexy soit elle. Je suis donc allé vers Capture One Pro à reculons. À dire vrai, la crainte était sans fondement. L’interface de Capture One Pro est aussi furieusement sexy et surtout, surtout ! Elle est entièrement modulable et paramétrable. En clair, ça signifie que Phase One ne vous impose pas un modèle d’interface, bien au contraire. Chaque photographe peut agencer les outils de son choix à sa façon. Bref. Interprétation parfaite, interface paramétrable. J’ai quitté Lightroom et rangé mes souvenirs au placard, sans l’ombre d’un remord.
• Capture One Pro 11. Toujours plus haut.
J’ai fait mes premiers pas avec Capture One Pro 7 puis la v8. J’ai fait la mise à jour de la v9 mais j’ai zappé la v10, pour une raison assez simple. D’abord, j’étais pleinement satisfait de la version 9 et je m’étais convaincu que j’allais attendre mon nouveau Mac pour passer à Capture One Pro 11. Quand mon nouvel iMac 27 pouces Retina 5K, armé de son i7 4,2Ghz, du haut de ses 24Go de RAM et de sa carte Radeon Pro 580 (8Go de mémoire vidéo) est arrivé, j’étais prêt. L’installation s’est faite en clin d’œil, j’ai converti mes catalogues, déjà surpris par la rapidité de conversion. Premier point, avec Capture One Pro 11 (comme avec les versions précédentes) on peut choisir de travailler en session ponctuelle ou en catalogue. Le catalogue c’est bien, mais ça peut devenir rapidement très lourd. Lors de la mise à jour, Capture One Pro 11 a réintégré l’interface basique, mais pas de problème, j’avais sauvegardé mon interface utilisateur et en un clic je me suis retrouvé chez moi, avec mes outils de prédilection, rangés à ma façon. L’interface personnalisable de Capture One Pro 11, quand on y a goûté c’est très difficile de s’en passer ! Positionnement des menus, des outils de son choix, dans leur ordre logique de mon utilisation, création de raccourcis clavier, tout est prévu pour optimiser le workflow…
• Un workflow toujours plus optimisé
Ce qui me fascine, avec Capture One Pro 11 c’est la fluidité, la facilité d’accès aux images et naturellement, en tout premier lieu, la qualité et la fidélité du rendu dans la conversion des fichiers NEF (le RAW Nikon). Les outils d’editing sont particulièrement puissants, travailler sur des séries d’images en copiant et en collant l’ensemble des réglages d’une image sur une ou plusieurs autres images rend le travail plus simple et accélère de manière notable le rendement. La version 11 introduit des nouveautés qui vont s’avérer pratiques, comme la possibilité d’ajouter des annotations directement sur une image pour se souvenir d’un point particulier, d’un traitement à réaliser. Les annotations sont conservées et stockées sur un calque à part lors de l’export de l’image au format PSD. Un nouvel outil de superposition permet désormais d’intégrer des graphiques ou d’autres images en superposition pour assurer une composition optimale de son image. Cette superposition est conservée et enregistrée lors de l’export au format PSD. Si vous utilisez un watermark et que vous exportez votre image en PSD, le watermark est stocké sur un calque distinct. Capture One Pro 11 introduit également une nouvelle génération de calques, de masques, autant d’outils de précision pour les retoucheurs les plus exigeants, notamment dans le milieu de la photo de mode.
• Toujours plus rapide.
J’ai naturellement testé Capture One Pro 11 en premier lieu sur mon ancien Mac, les performances sont accrues de manière notable. Mais bien sûr, c’est sur la nouvelle machine que la v11 s’exprime pleinement ! Au premier lancement, à la sélection du catalogue, j’avais une petite crainte sur le temps de traitement, compte tenu du poids de certains de mes catalogues. Ça a été, comment dire ? Fulgurant. Les catalogues s’ouvrent plus rapidement et la sauvegarde est également ultra rapide, même pour des catalogues lourds. Ensuite, une fois mon environnement de travail installé, j’ai pu tester l’editing et là, mazette ! La navigation est ultra fluide, ultra rapide. Les réglages s’appliquent de manière instantanée et c’est encore plus flagrant lorsqu’on copie les paramètres d’édition d’une image pour les appliquer à une autre image. Idem pour les fonctions d’export intégrant l’historique de traitement dans un dossier distinct, une fonctionnalité que j’apprécie particulièrement. Les performances globales de Capture One Pro 11 sont hyper optimisées. Lorsque, à l’issue de l’editing, j’ai converti mes images au format jpeg, j’ai cru que j’avais un problème. La pastille orange indiquant le traitement en cours n’apparaissait pas. En fait, le traitement est si rapide qu’on n’a plus le temps de voir la pastille orange ! Capture One Pro 11 intègre désormais un système qui vérifie qu’un fichier n’a pas déjà été importé dans un catalogue, ce qui évite les doublons. Des efforts notables ont été également réalisés au niveau de la gestion des couleurs par couches qui est l’un des éléments-clés de Capture One Pro 11. L’utilisation combinées des calques, des masques permettent des variations de l’image à l’infini. En matière d’editing et de traitement de l’image numérique, Capture One Pro 11 est littéralement stupéfiant, offrant aux photographes les plus pointus un panel d’outils d’une puissance inédite !
• La quatrième dimension de l’editing
Parmi ces outils, il y a naturellement les calques et là, on passe vraiment dans la quatrième dimension de l’editing. Il est possible de créer une surcouche dans l’image, un calque donc (ou plusieurs), sur lequel on va pouvoir de travailler une zone en particulier. Sur ce calque et les zones sélectionnées, on peut appliquer un ensemble de réglages comme on le ferait pour une image dans son entier, sauf que dans ce cas ces réglages ne s’appliquent qu’aux zones sélectionnées. Les réglages impliquent également l’éditeur de couleurs qui est un outil d’une puissance incroyable dans Capture One Pro 11. Un cliché avec des zones d’ombres ? Il suffit de sélectionner les zones avec le pinceau pour déboucher quelques ombres gênantes. Un élément indésirable ? On peut le faire disparaître. Un ciel qui manque de contraste ? Une couleur qui ne vous convient pas ? Tout est modifiable, sans toucher à l’image originale. On peut afficher les calques ou pas, les combiner, les superposer, modifier l’opacité d’un ou de plusieurs calques. Ce genre d’outil peut transcender une image, rattraper le coup d’un réglage foireux et vous sauver la mise. Là, on touche au cœur du traitement numérique et on imagine le profit que le retoucheur professionnel peut tirer d’un outil de ce calibre.
• En conclusion…
Alors ? Capture One Pro 11 est-il un outil parfait ? Vous savez bien qu’en ce bas monde la perfection n’existe pas. C1Pro a toujours ses petits travers qui m’agacent prodigieusement. Par exemple, il est possible de convertir une même image en plusieurs versions différentes. Une haute def plein pot et une basse def me servant uniquement de preview. J’aimerais bien pouvoir nommer les deux versions de manière différente et les stocker à deux endroits distincts. Eh bien non, ce n’est pas possible. C1Pro applique encore et toujours le même nommage et stocke les fichiers au même endroit, sans pouvoir différencier les deux versions. C’est un détail qui m’agace singulièrement. Pour le reste, que dire sans tomber dans l’enthousiasme débridé ? J’utilise assez peu les outils de calques ou de masques parce que je déteste passer des plombes sur l’editing (et j’ai tort). En revanche, l’éditeur de couleurs s’avère d’une grande précision. La gestion des couleurs « ton chair » permet d’affiner les nuances sur les portraits. Pour toutes ces raisons, Capture One Pro 11 est définitivement mon soft de prédilection, sans oublier d’évoquer sa précision et sa fidélité dans l’interprétation des fichiers NEF. Finalement, la grande qualité de Capture One Pro c’est justement de savoir s’adapter à son utilisateur, car ce logiciel n’a quasiment aucune limite, c’est ce qui le rend absolument fascinant. Sur l’écran 27 pouces Retina 5K d’un iMac musclé, on apprécie la puissance, la rapidité, la fluidité. L’editing prend alors une toute nouvelle dimension, comme les images traitées par Capture One Pro 11.
• en savoir plus sur Capture One Pro sur le site de l’éditeur Phase One
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VieuxCroco dit
Merci pour cet article. Photographe « amateur », j’ai utilisé moi aussi LR pendant des années avec mes Nikon, avec une insatisfaction latente et incomprise quand toute la photosphère tressait des louanges à Adobe. Et puis j’ai découvert C1, et j’ai eu l’impression d’une révélation. Mes modestes images étaient enfin rendues comme je l’espérais, sans compter tout ce que C1 savait faire (ah, l’éditeur de couleurs !!).. Depuis je n’ai pu que constater l’incroyable mauvaise foi dans les louanges autour de LR et le dénigrement de C1. Comme quoi, le workflow était très faible, l’interface incompréhensible, j’en passe et des meilleures. La puissance commerciale et médiatique d’Adobe (qui par ailleurs fait de très bons outils) est telle qu’il est difficile de faire entendre une autre voix… mais les temps sont en train de changer me semble t’il.! Reste que Phase One peut encore améliorer son outil. Faisant beaucoup de photos d’architecture, je trouve que les outils de perspectives sont inférieurs à ceux de DXO View ou que les outils d’effacement ou de correction gagneraient à s’inspirer de ceux de Photoshop, mais les PSD étant désormais gérés facilement, ce n’est pas un vrai problème.
guy BRESSON dit
Curieux !
Tous les utilisateurs de LR l’on quitté pour C1 . Curieusement ils ont tous constaté les travers de LR, puis ayant essayé C1 l’ont essayé, comparé , puis adopté définitivement, sans regret du passé ,
Et moi qui me croyais original ! J’ai agi de la même manière il y a trois ans, avec C1 pro9, puis pro10 et maintenant pro11.
Me voilà moins seul..
merci pour les tutos de tous bords (surtout ceux en Français) qui donnent encore plus de possibilités du logiciel.
Merci Hervé.
Guy