Un bon croquis vaut mieux qu’un long discours. En une phrase, Napoléon Bonaparte résumait un concept intemporel. Je veux bien croire que cette maxime a sûrement inspiré David Taylor lorsqu’il a jeté les base de son livre La photo, comment ça marche. Un titre évocateur qui n’est pas sans rappeler les chroniques télévisuelles de Michel Chevalet, pour expliquer quelque chose de très compliqué dans des termes simples. Et la photo, c’est exactement ça. Ça a l’air simple, comme ça, vu de loin. Mais dès qu’on s’en approche et surtout, dès qu’on essaye de comprendre les mécanismes qui induisent le processus de photographie, ça s’embrouille très rapidement. D’ailleurs l’auteur, dès son préambule, n’y va pas par quatre chemins. « Il est rare que le photographe amateur comprenne et exploite pleinement toutes les capacités de son boîtier. » C’est tellement vrai. D’ailleurs je ne cesse de répéter à qui veut l’entendre, au fil de mes chroniques ici-même, la pensée de François Rabelais. Science sans conscience n’est que ruine de l’âme. Quand on voit passer certains clichés, il m’arrive souvent de me dire que celui qui a appuyé sur le déclencheur n’a visiblement pas saisi tous les paramètres. L’approche adoptée par David Taylor est peut-être la solution.
La photo expliquée simplement
• Comprendre la lumière
Le premier chapitre, essentiel, est consacré à la lumière. Comprendre la lumière est sans doute le challenge le plus complexe qui soit, car la lumière est à la fois le truc le plus tordu, le plus délicat, le plus casse-gueule qui soit tout en étant la base, le concept, l’élément fondateur de la photographie. Finalement, il y a deux approches possibles. Soit vous vous jouez de la lumière, soit c’est elle qui vous manipule. Dans ce jeu de dupes, le photographe est rarement gagnant. Il n’y a donc pas d’alternative. Certains concepts fondamentaux doivent être acquis et je ne vous ferai pas l’affront de vous demander l’étymologie du mot photographie. David Taylor consacre assez logiquement son premier chapitre à la lumière, évoquant longueur d’onde, spectre des couleurs, … Des concepts comme la température des couleurs, la balance des blancs, l’intensité ou la direction de la lumière, artificielle ou naturelle, la douceur ou la dureté d’une source lumineuse sont autant de paramètres qui influent sur la nature d’une photographie.
• Comprendre simplement la complexité
David Taylor a scindé son ouvrage en thématiques, ce qui permet une lecture non-linéaire. L’avantage de l’infographie c’est de permettre une visualisation simple de concepts qui ne le sont pas et en cela le livre édité par Eyrolles est une réussite et une mine d’informations. Faire passer la compréhension de la complexité en utilisant le vecteur le plus simple et le plus universel qui soit, le dessin schématique. Un exemple, les formats de capteurs, résumés en une page. Résultat ? L’impact visuel implique une compréhension immédiate. La recette n’est certes pas nouvelle, ce qui est très malin c’est de l’avoir appliqué à la photo. Exposition, ouvertures, profondeur de champ, diaphragme, sensibilité, plage dynamique, modes de mesure, … David Taylor passe l’essentiel des concepts que vous devez maîtriser et assimiler et en cela son livre est incontournable. En revanche, comme toujours en photographie, il n’y a pas de recette miracle. Il vous faudra tenter, essayer, tester, chuter, vous relever, essayer encore. Le parcours est long mais tellement passionnant ! D’ailleurs c’est ce qui rend la photo tellement fascinante. Si ce petit livre peut vous aider à piger quelques concepts essentiels et fondamentaux de la photo, alors David Taylor et son éditeur Eyrolles auront gagné leur pari. Et à ce prix-là (16,90€), ça ne vaut pas le coup de s’en priver.