Faire de meilleures photos. C’est l’objectif de tout photographe. Toujours s’améliorer. Tout mettre en œuvre pour rendre l’image plus attractive, plus originale, plus harmonieuse. Plus heureuse. La recherche de l’image, c’est ce qui rend cet art si passionnant. En photo, on ne sait jamais tout. Il y a toujours quelque chose à prendre, à apprendre et ça rend les choses vraiment fascinantes. Seulement voilà. Si la photographie est un art, un art magnifique, elle nécessite de la maîtrise. On ne cessera jamais assez de rappeler la pensée de François Rabelais. Science sans conscience n’est que ruine de l’âme. De l’âme, certes. Et du porte-monnaie aussi, accessoirement. Car il n’est rien de plus vain que de partir avec la ferme intention de ramener de belles photos et de revenir bredouille. Faire de meilleures photos, tout est dit. Soyez positif. Si vous vous êtes déjà demandé comment vous y prendre pour faire de meilleures photos, bonne nouvelle ! Vous avez déjà fait la moitié du chemin…
Faire de meilleures photos. Les bonnes questions.
1- Vous voulez quoi ?
Avant de songer à faire de meilleures photos, demandez-vous d’abord ce qui vous intéresse, dans la vie. Êtes-vous plutôt un contemplatif, adepte de longues ballades en forêt, à la montagne ou en bord de mer, à capturer la beauté de la nature et des paysages qui vous entourent ? Est-ce que le monde animal vous fascine, du simple piaf dans l’arbre du jardin aux fauves de la savane africaine ? Peut-être trouvez-vous des images dans la vie qui vous entoure, dans la ville, les gens. Ou comme certains, suivez mon regard, aimez-vous la nuit, les sons, la lumière des concerts ? Il y a tant d’images à capturer. Essayez de définir vos sujets de prédilection, car c’est important pour la suite.
2- Achetez le matériel qui convient à vos envies.
C’est un point radicalement essentiel. Pour un photographe, faire de meilleures photos ça passe d’abord par une parfaite harmonie avec son matériel. Comprenons-nous bien. Là, il ne s’agit pas de concurrence entre telle ou telle crèmerie. Toutes les marques ont leurs qualités. Mais si vous voulez faire de la street photography, vous n’aurez pas les mêmes besoins que si vous voulez taquiner le renard au coucher du soleil. Ou le groupe de garage rock dans la salle de concerts du coin. D’où l’intérêt de réfléchir avant d’agir.
3- Achetez le matériel qui convient à votre budget.
Autrefois, au temps béni de la pellicule et de l’argentique, on payait à tous les étages. Pour le matériel, d’abord. Puis pour la pellicule et son développement. Enfin pour les tirages papier. Avec le numérique, la donne a changé. Radicalement. On achète la matériel, les cartes mémoire et en avant ! On fait des photos et ça ne coûte plus rien. Est-ce pour autant que la photographie est devenue abordable ? Pas vraiment. Le matériel coûte cher et se renouvelle plus rapidement qu’avant. Un bon conseil. Évaluez bien votre budget avant de vous lancer et surtout évitez de vous ruiner.
4- Quelle est la meilleure marque d’appareil photo ?
Si vous avez la réponse à cette question, ça m’intéresse ! Sérieusement, il n’y a aucune réponse à cette question. Ou plutôt, si. Il y a une réponse et il y a autant de réponses qu’il y a de photographe. Prenez le cas de mon ami Mathieu EZAN. Mathieu travaille dans le milieu de la musique, vidéo et photo et il utilise un Sony Alpha 7s Mark II. Gérald GÉRONIMI, qui est photographe de mariage, après avoir travaillé en Canon pendant de nombreuses années, utilise désormais les appareils hybrides de la gamme Fujifilm. Vincent MONTIBUS sillonne les rues de Paris et d’ailleurs et capture les gens avec son matériel Leica. Quant à moi, en corporate comme en spectacle vivant, je ne jure que par Nikon. Est-ce pour autant que l’un d’entre nous détient la vérité ? Sûrement pas. Mais nous avons tous un point commun. Celui d’être en phase avec nos matériels. Se sentir bien, à l’aise. Que votre appareil photo soit le prolongement naturel de votre bras, le viseur celui de votre œil, croyez en notre expérience. Pour un photographe, c’est le début du bonheur.
5- La maîtrise de la technique.
Si vous ne devez retenir qu’une chose de cet article, c’est maintenant. Il n’y a pas d’acte photographique sans maîtrise de la technique. Vous devez comprendre ce que vous faites, car de la compréhension découle toute une suite d’évènements qui conduisent à la réussite ou à l’échec de la prise de vue. Et surtout, ne comptez pas trop sur la post-production pour rattraper vos erreurs techniques ou votre manque de maîtrise car c’est bien là le pire scénario possible. En revanche, une technique maîtrisée vous évitera un long parcours de souffrance et de déception en post-production. Un parcours qui ne vous mènera bien souvent nulle part.
• L’argentique, une bonne école.
En conclusion. Sachez adapter le matériel photo à vos envies et votre budget. Je reste persuadé que la photographie argentique demeure une bonne école pour comprendre les fondamentaux de la photographie. Et je ne parle même pas de l’aspect budgétaire ! Pour 150€ vous trouvez un reflex 24*36 ou un merveilleux 6*6 vintage avec quelques pellicules pour bien démarrer. Exit les automatismes et le dématriçage. Ici on est dans la pure photography. Lumière, focale, mise au point, diaphragme, vitesse, sensibilité, cadrage, composition, respiration, … Autant de concepts qui, lorsqu’ils sont acquis, ne vous quitteront plus jamais. Les concepts fondamentaux de la photographie, c’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas.
Enfin, si vous êtes déjà équipé, mais que vous sentez des zones d’ombre dans la maîtrise de votre matériel, n’hésitez pas à retourner à l’école. Même (et surtout) si vous êtes persuadé d’avoir une parfaite connaissance de votre appareil photo. Des marques réputées proposent des stages d’initiation, de maîtrise ou de perfectionnement sur leurs matériels ou certaines techniques dédiées. C’est le cas de l’excellente Nikon School, par exemple, qui dispense des formations brillantes que je recommande, pour les avoir explorées. Une dernière chose et pas des moindres. La photographie est un art, certes. C’est aussi un bonheur. Faites-vous plaisir. Votre joie, votre compassion, vos sentiments se verront dans vos images. Et ça, ça n’a pas de prix.
• illustration : Tony Allen, batteur de légende au festival Les Vieilles Charrues en juillet 2015. Crédit photo : Hervé LE GALL Cinquième nuit.
Manu dit
Si j’adhère à la plupart de vos (bons) conseils, je reste en revanche très perplexe sur « l’ecole argentique » ! Au stade de l’apprentissage cela me paraît être une forme de snobisme bien inutile pour tenter de progresser avec même le risque de se décourager rapidement.
Lumière, focale, mise au point diaph, vitesse, etc. rappelons que c’est exactement la même chose en numérique, cette approche est également possible si l’on veut se donner cette peine de réfléchir à sa prise de vue. Avec l’avantage de pouvoir multiplier les essais gratuitement et retrouver en plus tous les paramètres mémorisés, au développement sur l’ordinateur pour boucler sa réflexion. En argentique ce sera raté ou réussi sans vraiment savoir ce que nous avions parametré. Dommage… Non très sincèrement il me semble que l’argentique peut être intéressant pour explorer d’autres voies dans sa pratique mais à condition de maîtriser déjà son art.
Au final j’ajouterais un autre conseil : Regarder sans cesse les photos des autres, celles des grands : livres, expo, blog, etc en prenant son temps et en tentant de trouver le pourquoi elles nous plaisent autant : une lumière, un cadrage, un sujet ?
Hervé LE GALL dit
Merci Manu pour ce commentaire. Le gars (ou la fille) qui commence la photo et qui se décourage en réalisant que c’est moins facile qu’il n’y paraît, mieux vaut que cette personne fasse autre chose. La photo c’est tout sauf facile. Maintenant, j’entends bien ton argument sur le côté snob qui colle à la peau de la photo argentique et c’est pas faux, mais on s’en fout. La photo c’est une passion solitaire. Un moment d’intimité avec soi-même. Seul maître à bord, quand j’ai l’œil dans mon viseur, je deviens autiste et les autres ne m’intéressent plus, sauf s’ils sont dans mon cadre. Quand tu dis qu’en argentique, si on rate sa photo on ne peut pas vraiment savoir pourquoi, tu donnes de l’eau à mon moulin ! Si tu as chié une photo, tu dois savoir pourquoi ça n’a pas fonctionné. Et au besoin, un petit carnet de route pour noter les conditions de prise de vue, c’est pratique.
Quant à regarder les photos des autres, c’est vrai. Elles sont source d’émerveillement. Même si au bout du compte, avant de déclencher, on est tout seul. Et c’est exactement ce que j’aime, dans la photographie. La solitude.