Je viens de finir de produire les images que j’ai ramenées des Vieilles Charrues. Une très belle édition que cette vingt-cinquième avec de beaux concerts. Un carton plein en somme, ça faisait longtemps que je n’avais pas pris autant de plaisir à travailler sur les concerts de Kerampuilh. Pour l’occasion, j’ai choisi de travailler avec mon reflex Nikon habituel, D4s, repoussant la rencontre avec le nouveau D5 à plus tard.
Essayer un nouveau reflex sur un festival majeur comme les Vieilles Charrues, j’ai déjà donné et l’affaire s’était plutôt mal terminée pour moi. Je n’avais pas envie de revivre l’épisode EOS 5D Mark II qui avait viré au cauchemar en juillet 2009. La suite on la connaît. Je suis entré dans la crèmerie d’en face, décidé à voir si l’herbe était plus verte chez les jaunes que chez les rouges. Elle l’était. D’ailleurs, je suis convaincu qu’elle l’est toujours. En voyant mes premiers clichés réalisés avec Nikon D3s, un éminent expert, esthète de la marque jaune, avait eu cette remarque sibylline. « Il n’y a pas eu confrontation entre l’homme et la machine. » Tout était dit.
Reflex Nikon D4s. Une certaine idée de la perfection.
• Nikon D4s, au doigt et à l’œil
Je regarde les images que j’ai ramenées des Vieilles Charrues, édition 2016. Et c’est exactement ce que je me dis. Entre Nikon D4s et moi, il n’y a pas eu confrontation. Ce constat se ressent à plusieurs niveaux. Sur le plan technique d’abord. Les images sont propres, nettes, dynamiques, les couleurs sont bien équilibrées. Nikon D4s a fait le job, épaulé par mes deux optiques Nikkor de prédilection, deux zooms trans-standards aux qualités éprouvées. Un 24-70mm f/2.8 VR monté sur le premier D4s. Un 70-200mm f/2.8 VRII monté sur le second D4s. Et pour les fois où il faut voir plus loin, le NPS (Nikon Pro Service) a eu le bon goût de me confier Nikkor 300mm f/2.8 VRII et un TC20EIII histoire de doubler la focale. Du côté acquisition de l’image, rien à dire. L’autofocus en mode suivi 3D Nikon est ultra réactif et D4s est un reflex Nikon que je connais presque par cœur. La possibilité de copier la config de mon reflex de travail sur mon boîtier backup m’a permis de travailler avec deux reflex jumeaux, réagissant exactement de la même manière. Au doigt et à l’œil.
• Comprendre pour gagner du temps
Comme il n’y a pas eu confrontation entre l’homme et la machine, le climat et l’ambiance de travail s’en sont nettement ressenties. Moins de contingences techniques, c’est plus de temps pour s’amuser et faire que le cadrage soit joli et soigné. Du temps pour respirer, travailler en harmonie. En résumé un peu plus de réflexion en amont, c’est nettement moins de stress. Maîtriser son matériel, ça signifie des images qu’on n’a pas besoin de retoucher en post-prod, c’est un gain de temps précieux.
Pas de confrontation, finalement, c’est tout bénéfice pour le photographe. Puisque j’en suis au chapitre post-production, je suis heureux d’avoir choisi le logiciel Capture One Pro 9. Il n’y a rien de plus gratifiant que de découvrir une image de qualité, interprétée avec délicatesse et un maximum de fidélité par son logiciel de dématriçage. Finalement, ce cher François Rabelais avait raison. Science sans conscience n’est que ruine de l’âme. De l’âme et du portefeuille aussi, accessoirement.
• Un ou deux conseils, pour la route.
Au printemps de l’année dernière, j’ai décidé de remettre les compteurs à zéro. Oublier tout ce que je croyais savoir, effacer quelques certitudes tenaces, combler quelques lacunes techniques. J’ai donc rejoint la Nikon School pour un stage intensif. Résultat ? J’ai plus appris en deux jours de stage sur les capacités de mon reflex Nikon D4s qu’en des heures de lecture en diagonale du manuel. Les cours de la Nikon School ne m’ont pas seulement appris des choses. Ils ont aussi radicalement modifié ma façon d’aborder le matériel. Apprendre. Comprendre. En photographie certains concepts de base doivent être maîtrisés et avec eux l’adaptation du matériel à la situation. Si vous n’avez acquis ni les concepts, ni la façon de les appliquer à votre matériel, vous êtes aux fraises. Vous pourrez blâmer votre matériel, vous pourrez même changer de type de matériel, voire de marque. Vous pourrez croire qu’avec un hybride ça sera mieux qu’avec un reflex, rien n’y fera. Quelque soit le matériel, la photographie garde ses grands principes. C’est qui le patron ? C’est elle.
• D4s. Le prix de la confiance.
En conclusion, il ne doit pas, il ne peut pas y avoir confrontation entre l’homme et la machine. Parce que si c’est le cas, c’est foutu. Je sais de quoi je parle. La seule fois où ça m’est arrivé, ça m’a coûté cher. Pour éviter la confrontation avec la machine, vous devez d’abord apprendre à la maîtriser. Et avant cela, à maîtriser les principes de base de la photographie elle-même. C’est le prix à payer pour exercer cette science avec conscience, comme disait Rabelais. En revanche, une fois que vous avez pigé le topo, la photographie devient l’art le plus excitant qui soit. Le plus amusant aussi. Votre machine à photographier devient le prolongement naturel de votre regard, elle vous obéit, elle vous est fidèle. Mieux encore, vous devenez complices. Quand je pars en reportage avec mon reflex Nikon D4s, je suis sûr de ramener des images de qualité, toujours. Cette certitude, cette confiance entre mon reflex Nikon et moi ? Ça n’a pas de prix.
Julius dit
Serais-je le seul à trouver la première image assez dégueulasse. Le pauvre chou qui a besoin que trois nénettes protègent ses précieuses roubignoles…
Il y a des fois où j’arrive à comprendre les « Chiennes de Garde ».
harvey dit
Merci Julius pour le 🙂 du soir