Extérieur jour, 100iso, ciel bleu, légèrement nuageux, bref, environnement facile, j’ai même envie de dire classique pour tester Canon EOS 80D. Histoire de voir si ce reflex est un bon investissement, si avec ça et une optique basique, on peut faire de bonnes photos. Alors la réponse est oui, indubitablement oui. Avec EOS 80D, Canon signe un excellent reflex, léger, polyvalent, performant, tout aussi capable de convenir à un utilisateur lambda, celui qui achète un bon reflex pour faire de bonnes photos, autant que l’amateur passionné qui a envie de faire de la photo, d’explorer les méandres de cet art complexe, en laissant libre cours à son imagination. Dans les deux cas, EOS 80D assure, c’est la moindre de ses qualités, embarquant toutes les fonctionnalités qu’il vous faut pour rendre la prise de vue agréable. J’avais gardé pour ma part des souvenirs un peu houleux, voire chaotiques, de mes derniers moments vécus avec EOS, après de longues années passées avec la marque rouge, mais ce test terrain a balayé les derniers doutes. Canon tord le cou à quelques vieux démons, au premier rang desquels l’autofocus, ici parfaitement réactif et c’est sans aucun doute le point qui m’a le plus bluffé. C’est d’autant plus vrai que je suis habitué à un AF premium avec mon reflex de prédilection, Nikon D4s. Alors naturellement, lorsque j’ai décidé d’emmener EOS 80D avec moi en concert, en basses lumières, dans des conditions d’éclairage assez compliquées (voire inexistantes), je me devais d’oublier pour un temps les performances auxquelles je suis habitué. Une condition sine qua non pour juger objectivement et en toute impartialité des qualités de Canon EOS 80D, un reflex milieu de gamme, doté d’une optique basique (EF 50mm f/1.8), en basses lumières et en ayant l’obligation de pousser la molette des iso.
Basses lumières, oui mais.
• La promesse est tenue…
Le côté un peu pervers de la photographie, c’est qu’elle vous reprend de la main gauche ce qu’elle vous offre de la main droite. En basses lumières, vous n’avez guère le choix. Vous pouvez ouvrir le diaphragme et laisser entrer toute la lumière disponible, mais plus vous ouvrez grand plus la profondeur de champ diminue, ce qui peut être un facteur limitant. En plus, il faut disposer d’une optique qui ouvre grand, ce qui n’est pas toujours le cas. Vous pouvez aussi tourner la molette de la sensibilité, exprimée en iso, mais plus vous montez haut, plus vous risquez la présence de bruit numérique sur votre image. L’idée est donc de trouver le juste milieu, le bon équilibre. Pour ma part, par principe, j’essaie d’éviter de pousser la sensibilité au delà de 3200iso, même s’il m’est arrivé récemment de travailler à 16Kiso, mais j’avais deux bonnes excuses. La première c’est que je n’avais vraiment pas le choix, la seconde c’est que je travaille avec Nikon D4s. Bref, je voulais tenter le coup raisonnablement à 3200iso avec EOS 80D. C’est donc la valeur que j’ai choisie, en mode manuel pour pouvoir décider de varier les expositions, en one shot, collimateur central. Car, précision importante, sur ce type de reflex la mesure de lumière ne se fait pas sur le collimateur actif. La bonne idée c’est donc de faire le point AF et la mesure de lumière sur le collimateur central, de maintenir le déclencheur à mi-course, de recadrer et de déclencher. Quant à la promesse faite par Canon d’un reflex capable de travailler en basses lumières, voire en conditions de lumières très difficiles (jusqu’à -3 IL), j’ai voulu savoir si cette promesse était tenue.
• Mais au delà de 3200iso les chose se gâtent !
Oui, la promesse est tenue et je confirme que le comportement de Canon EOS 80D est en tout point convenable. L’AF s’avère parfaitement réactif, très rapide, même avec une optique aussi basique que peut l’être le modeste EF 50MM f/1.8. À une sensibilité de 3200iso, le petit reflex profite de la moindre parcelle de lumière avec une tendance à la sublimer mais sans l’altérer outre mesure. Résultat des courses, EOS 80D produit une image relativement propre, sans bruit trop perceptible à 3200iso. En revanche, dès qu’on pousse la molette un cran au dessus, les choses commencent à se gâter. À 6400iso et au delà le bruit devient, pour moi, nettement perceptible, même si cette perception du bruit numérique dépend de l’image réalisée, de la lumière ambiante, du sujet. Au cours de mon premier test, réalisé au Vauban, j’ai photographié mon pote ingé son au 1/15è à main levée et à 6400iso et j’ai obtenu une image exploitable et d’assez bonne facture. C’est donc jouable. En revanche, même si Canon EOS 80D promet une plage de 100 à 16000iso (étendue à 25600 iso), il conviendra de rester raisonnable en évitant de pousser le bouchon trop loin et la molette des iso trop haut. Mais un max de 6400iso c’est quand même déjà bien pour un boîtier de ce calibre et de cette gamme de prix.
• En conclusion, EOS 80D est un bon reflex.
Avec Canon EOS 80D, on a dans son sac un reflex de très bonne facture, très polyvalent, qui va convenir à un large spectre de clientèle. C’est un appareil photo numérique léger et performant qui va plaire autant aux amateurs qui veulent faire des photos qu’à ceux qui veulent faire de la photo. Un AF hyper réactif, un comportement sain en basses lumières, une ergonomie parfaite, un aspect didactique soigné, bref. On sent que Canon a mis le paquet pour séduire ses clients, avec des fonctionnalités héritées du grand frère, EOS 1Dx Mark II. Ce reflex va s’avérer un allié précieux pour les amateurs de photo animalière ou sportive, surtout en lui associant des optiques de qualité et ce n’est pas ce qui manque au catalogue de la marque rouge qui excelle dans ce domaine. Un caillou comme EF 100-400mm f/3.5 – 5.6 par exemple, qui devient un 160-640mm par la grâce du capteur APS-C, monté sur EOS 80D et son capteur de 24mp qui vous crache une image 6000 par 4000 pixels, à 7 images par seconde en rafale (merci Digic 6), ses 45 collimateurs, tout en vous proposant trois tailles de RAW (standard, medium, small), comme Georges, j’ai envie de vous dire what else ? Alors, est-ce que je recommande Canon EOS 80D ? Oui. En achetant ce reflex, vous faites un excellent choix, à un prix qui reste raisonnable pour du matériel de ce calibre : 1299€ TTC livré avec un objectif 18-55 IS STM sur Amazon.
• illustration: le Beaj Kafé de Brest (Canon EOS 80D, EF 50mm f/1.8, 3200iso, 1/40s f/3.5). Télécharger cette image en haute déf.
• télécharger la photo du trio Rocher, Champion, Peoc’h en haute déf.
Philippe dit
Est-il malgré tout possible de sauver une photo à partir de 6400 iso en photographiant en noir et blanc ?