Lomo Instant. La magie de l’instant.
J’ai photographié mon petit-fils Victor, trois ans, avec mon drôle d’appareil photo Lomo Instant. Victor, le matos photo, il connaît. Le regard de ce gamin a croisé mon reflex alors qu’il n’avait que quelques heures et qu’il venait tout juste de venir au monde. Et puis la photo, c’est un truc de famille, puisque son père, Olivier, est aussi un amateur fervent de l’image numérique. En plus, Victor a reçu un Nikon Coolpix pour ses deux ans, alors la photo numérique, il est tombé dedans quand il était tout petit. Donc, Victor, la photo, en clair, il connaît. Mais là, c’était pas pareil. Habituellement, quand Victor voit un reflex, il est assez indifférent. Là, il a avisé que c’était un appareil photo, certes, mais avec une dégaine résolument différente, un petit je-ne-sais-quoi d’inhabituel, de pas commun. Victor est un petit garçons très fûté alors je lui ai dit : « Victor, on va faire un tour de magie, d’accord ? » Victor m’a calculé, en se foutant ostensiblement de moi et a fini par lâcher, conciliant, un « d’accord ! » Quelques réglages de base, j’ai cadré. « Tu es prêt pour le tour de magie Victor ? » Clac ! Regarde ! La photo est sortie de son logement, sous les yeux ébahis de Victor, qui n’avait jamais vu ça de toute sa courte vie. Pas un mot. Juste les yeux écarquillés du gamin. Et puis, le second effet kiss cool. Le développement instantané. Des lustres après l’invention du dévelopement par Edwin Land, je réalisais que la magie Polaroid fonctionnait toujours. J’étais prêt à vous parler de ce qui restera à jamais l’une de mes grandes fascinations pour un procédé photographique mis au point il y a bien des années, en 1947, par un génial scientifique américain, Edwin Herbert Land.
• Polaroid, de la genèse à la révélation.
Polaroid. Ce mot, à lui seul, évoque à la fois des souvenirs, des fantasmes et du rêve pour des générations entières. Rendez-vous compte. Polaroid, c’était la possibilité de prendre une photo et de la voir se développer, sous vos yeux, en moins d’une minute. Une technique qui suscita un engouement planétaire, autant chez les particuliers que chez les photographes professionnels. Puis vinrent les années 2000 et Polaroid ne résista pas à la vague numérique. Finie la magie, les quelques secondes d’éternité qui nous séparaient de la genèse à la révélation. Désormais la photographie apparaissait illico presto à l’écran et si elle ne plaisait pas, on pouvait même l’effacer sans autre forme de procès. La photo numérique, c’était l’antithèse du Polaroid. Gratuite, à consommer immédiatement et sans modération. Polaroid ne résista pas très longtemps, entamant un processus de restructuration au début des années 2000, qui allait conduire à l’abandon du procédé, à partir de 2007. C’en était fini de nos rêves d’enfance. Oui, mais. C’était sans compter sur l’envie des gens de poursuivre le rêve. D’abord, le procédé Polaroid n’était pas complètement mort, puisque la firme japonaise Fujifilm continuait à produire du film pack de type 100. Ensuite, à partir de 2008-2009, on a commencé à assister à un revival de la photographie argentique. C’est à peu près à cette période qu’un groupe d’anciens salariés d’une usine Polaroid racheta du matériel pour créer un projet au nom aussi évocateur que provocateur, Impossible Project. L’idée ? Mettre au point de nouvelles émulsions et repartir à l’aventure délaissée par Polaroid. Aujourd’hui, pour faire des photos instantanées et poursuivre le rêve de Monsieur Land, on a donc le choix entre trois alternatives. L’utilisation du film Fuji Instant, avec les appareils de la gamme Fujifilm ou Lomography. La gamme de films Impossible Project, utilisables notamment sur les appareils Polaroid SX70. Enfin la gamme film pack 100, utilisables sur les vieux (et néanmoins honorables) coucous de la gamme Polaroid 250 et consorts. Pour ma part, j’ai testé les trois et j’ai choisi de vous en parler, en commençant par la solution contemporaine, basée sur le film Fuji Instant et le matériel proposé par Lomography, Lomo Instant.
• Lomography. La photo option fun.
On connaît tous Lomography. Cette bande de joyeux drilles qui a repris le concept de l’appareil argentique de l’ère soviétique, le cultissime Lomo LC-A, ne pouvait pas laisser passer l’occasion de faire à nouveau parler d’elle et de surfer sur la vague du revival de la photographie instantanée. Comme chez Lomography, ils ne font jamais les choses à moitié et qu’ils ont un sens débordant de l’imagination, ils ont adopté le concept développé par Fujifilm pour l’adapter à leur sauce. Et il faut bien avouer que le résultat est à la hauteur de leurs ambitions. Non seulement la gamme Lomo Instant est totalement atypique mais en plus il s’agit d’appareils très malins, dotés de fonctionnalités beaucoup plus évoluées qu’il n’y parait. À dire vrai, on peut utiliser l’appareil Lomo Instant de deux façons. Soit en mode complètement automatique, on appuie sur le bouton et hop ! Quelques secondes après on a sa photo (sous les Wouah ! Admiratifs de son entourage). Soit on peut approfondir les réglages, prendre le contrôle de l’appareil et accéder à des modes créatifs totalement inédits !
• Lomo Instant. Beaucoup plus évolué qu’il n’y paraît.
À l’ouverture de la boîte, le vieux briscard que je suis, habitué à son gros reflex bien épais (oui et bien lourd aussi, salut Fujifilm !) n’a pu réprouver une petite moue dubitative. C’était donc ça LE Lomo Instant ? Un appareil tout en plastique, assez léger, aux coins carrés, mais quand même avec une sacré dégaine. Avec ça en mains, on ne passe pas inaperçu. Dans la boîte, il y a aussi des objectifs interchangeables, oui, vous avez bien lu. Lomo Instant est livré, dans cette configuration, avec pas moins de trois objectifs qu’on peut visser sur l’objectif initial. Je reconnais bien là les imagineurs de chez Lomography ! Ça, c’est super malin. D’abord un objectif pour faire des portraits (équivalent 35mm) qui va immédiatement avoir ma préférence, ensuite un objectif pour faire du close-up (vue de près) enfin un fish-eye. Sans compter que l’objectif de base est un grand angle, idéal pour faire des photos de paysage. Donc, Lomo Instant, c’est un appareil photo instantané qui est livré avec quatre optiques en tout. Excusez du peu. Quant à la pellicule, elle est signée Fujifilm, c’est donc un gage de qualité, sachant qu’en plus la marque japonaise produit cette pellicule en quantité et comme c’est un succès qui ne se dément pas, on est sûr d’en trouver partout.
• Lomo Instant. No limit.
Ce qui caractérise Lomo Instant c’est ce que ce petit appareil, qui semble très anodin, tout en plastique, est à l’exact opposé des apparences. Contrairement à bon nombre de systèmes de photographie instantanée, comme le SX70 ou le Polaroid 250 qui privilégient l’automatisme, Lomo Instant n’est aucunement cloisonné. On peut l’utiliser en mode automatique et obtenir une bonne photo, sans trop se prendre la tête. Le mode auto va convenir à beaucoup d’utilisateurs : un coup de flash et c’est dans la boîte. En revanche, en creusant un peu, on réalise qu’on accède facilement à des réglages nettement plus évolués. Est-ce que le sujet est proche ou distant ? Quel est le niveau de lumière ? Quel effet je souhaite obtenir ? Plutôt portrait ou plutôt paysage ? Si je dois résumer Lomo Instant en deux mots ? No limit. Ce petit appareil d’apparence basique en a sous la semelle, pour peu qu’on souhaite approfondir un peu le sujet. Dans la boîte, vous trouverez un jeu de fiches (les tip cards), un peu comme des petites fiches-cuisine où on vous explique la recette pour obtenir tel ou tel type de photo en deux ou trois réglages : le mode, le flash (on ou off), le type d’ouverture, de déclenchement, … Finalement, Lomo Instant n’échappe pas à la règle. C’est un appareil photo qui demande à être maîtrisé, apprivoisé, pour obtenir des effets réellement surprenants, même si on peut tout à fait l’utiliser de manière standard. Au fond je crois que le secret de Lomo Instant il est là. Contrairement à bon nombre d’appareils photo instantanés, Lomo Instant permet d’accéder vraiment à des modes créatifs et de laisser libre court à ses délires. Des paysages, des portraits, du close-up, des effets fish-eye délirants, de la photo de nuit, du light painting, des expositions multiples, des pauses longues, des découpages (avec le Splitzer en option), des effets de couleurs (avec les filtres colorés livrés), des selfies, … Voilà, vous y êtes. No limit. La seule limite de Lomo Instant c’est votre imagination. Vous n’avez pas fini de vous amuser.
• Lomo Instant. Pour qui ?
Quelle est la clientèle de Lomo Instant ? J’ai envie de vous dire tout le monde, sans exclusive, y compris les professionnels. D’ailleurs plusieurs photographes pros se sont déjà emparés de ce type d’outil, aussi tendance dans les soirées branchées que dans les mariages. On invite les gens à se photographier et à coller la photo dans un livre-souvenir. Le cliché instant, par sa taille réduite, séduit tout le monde. Il peut même être intégré à des clichés numériques, comme je l’avais fait au mariage de ma fille. Une pirouette en hommage à mon ami Gérald Géronimi, photographe ambassadeur de la marque Fujifilm. L’universalité est aussi ce qui rend l’outil Lomo Instant très attractif. Il peut être utilisé partout, tout le temps, par tout le monde, à tout âge. Et puis cet appareil photo fascine les gens. Je me suis balladé avec lui dans les rues de Brest, pendant la foire Saint Michel, devant une Place de la Liberté noire de monde. À l’heure du numérique, les gens sont épatés par cette petite photo qui s’éjecte et se développe toute seule comme une grande, comme par magie. Monsieur Land, vous n’avez pas fini de nous faire rêver…
• Lomo Instant est vendu en plusieurs packs : avec les objectifs (à partir de 129€) ou sans objectifs (à partir de 99€). En savoir plus sur la gamme Lomo Instant voir le shop Lomography.
• Merci à Lomography France pour le prêt du Lomo Instant.
• prochain épisode : Polaroid SX-70 et Impossible project.
Jimmy dit
Enfin! Je commençais à me languir de voir un jour ta série d’articles sur la photo instantanée! Merci de mettre en avant cette pratique photographique… vivement la suite!