Nikon versus Canon, Fujifilm versus Sony, état des lieux du marché de la photographie en 2014

Marché de la photographie, bilan 2014

Dans un article récent, publié ici-même, un lecteur posait un commentaire à propos de l’annonce par Canon d’un reflex 50mp et disait ceci sans ambages : « Cette course aux Mpx devient ridicule, Canon et Nikon devraient pourtant le comprendre en constatant l’envol de Fujifilm… » Je dois avouer que si j’approuve généralement la plupart des commentaires émis par mes lecteurs, je ne me sens pas dans l’obligation d’y répondre ou d’en discuter. Après tout, chacun est libre de penser ce qu’il veut et je ne suis pas payé pour assurer le SAV de mes propres articles. En revanche, de temps en temps, des commentaires m’interpellent et celui-là en fait partie. Il y a un fossé entre ce qu’on entend dire ici et là et la réalité. Comme disait Alain Chabat (de les Nuls) autrefois : « des faits, Bruno, rien que des faits ! » J’ai donc voulu en savoir plus sur l’état des lieux réel du marché de la photographie, d’une hypothétique explosion des compteurs par des marques comme Fujifilm. Et pour ça, quoi de mieux que d’aller fourrer son nez dans les statistiques officielles produites par l’Institut GfK, qui ne saurait souffrir de contestation. Et là, les chiffres sont sans appel.

• Nikon en tête, pour la quatrième année consécutive
Comme disait un ami expert-comptable, le truc emmerdant avec les chiffres, c’est qu’ils ne sont pas contestables. Donc, sur l’année 2014, selon GfK, Nikon corp. fait toujours la course en tête, pour la quatrième année consécutive, même si la marque jaune est en léger repli. Je pense d’ailleurs que ce recul devrait se combler sur l’exercice 2015, avec une gamme nettement consolidée sur le segment du reflex en 2014. L’annonce de D810 suivie de D750, deux reflex plein format, ainsi que des annonces tous azimuts sur les autres segments (gammes Coolpix et consorts) devraient consolider Nikon cette année dans sa place de leader et même sans doute la renforcer. Canon, de son côté, progresse dans les ventes et caracole derrière, à la seconde place, avec 1% de ventes en moins. Finalement, c’est un score relativement bon, quand on sait que sur le segment du reflex plein format la marque rouge réalise l’essentiel de ses ventes avec EOS 5D Mark III. Du côté des marques qui progressent, on note Panasonic et Sony. On parle beaucoup du petit Sony Alpha 7 décliné en option photo et vidéo, là aussi les choses pourraient évoluer en 2015.

• Fujifilm à la peine
En revanche, du côté de Fujifilm, les choses se tassent singulièrement. Même s’il est clair que la marque a bénéficié d’un relatif succès d’estime ces derniers mois, ça ne se vérifie pas dans les chiffres. Fujifilm marque le pas, en net recul sur l’année 2014, perdant près d’un point et demi de chiffre d’affaires sur l’année 2014. Sur le marché français, Fujifilm réalise plus de sept fois moins de ventes que Nikon ou Canon. Le prétendu envol de Fujifilm ne se vérifie donc pas dans les chiffres. En revanche, la tendance d’équipement et de switch vers Fujifilm ayant commencé à se déclarer sur le dernier trimestre 2014, les chiffres pourraient évoluer de manière favorable sur l’exercice 2015.

• Et cette année ?
Canon pourrait bien poursuivre sa progression, d’autant qu’avec l’annonce de EOS 5DS la marque rouge remet les pendules à l’heure en s’affichant sur le même segment du reflex haute définition occupé jusqu’alors par Nikon D810. Les afficionados de la marque rouge espèrent aussi une annonce de EOS 5D Mark IV, successeur de 5D Mark III à qui Canon doit beaucoup sur le marché du reflex numérique professionnel. En face, Nikon continue d’affirmer sa position de leader sur le segment du reflex professionnel. La vraie surprise pourrait bien venir de Sony, très habile dans sa démarche d’ouverture. Une excellente gamme de reflex plein format, capable d’embarquer des optiques de marques diverses tout en en tirant la quintessence, sans perdre de vue que Sony fabrique ses propres capteurs. Quant à Fujifilm, les chiffres nous montreront, à la fin de cette année si le succès d’estime s’est transformé en réalité ou pas.

• voir le site de l’Institut GfK