J’aime le range 16-35mm. Je pense qu’en matière d’UGA (ultra grand-angle) c’est un must, d’ailleurs ce n’est pas pour rien que j’ai utilisé avec bonheur ce type de zoom lorsque je bossais en Canon. D’ailleurs depuis, la marque rouge a sorti une version II qui, d’après les échos que j’en ai de mes amis encore équipés en Canon est meilleur, exprime sa pleine pertinence sur des reflex fullframe comme EOS 5D Mark III. Du côté de chez Nikon, le choix de développement s’est d’abord porté sur le range 14-24 avec une ouverture à f/2.8. J’ai eu l’occasion de tester cette optique et de dire tout le bien que j’en pense ici-même, mais un détail demeure, le range trop réduit qui ne me convient pas, d’une part et le prix aussi. Dépenser beaucoup d’argent dans une optique, fut-elle exceptionnelle, mais dont je sais pertinemment que je ne vais que très peu l’utiliser, en partie à cause de son range trop limité, c’est pas pour moi. Alors quand Nikon a annoncé Nikkor 16-35mm f/4 j’avais tendu l’oreille. D’autant que je suis déjà un utilisateur enthousiaste d’un caillou de cette collection, Nikkor 24-120 f/4 dont je ne répèterai jamais assez à quel point j’en apprécie l’utilisation sur un reflex plein format comme D3s ou D4. Un range de rêve, ultra polyvalent, capable de s’étendre du grand angle au petit télé, tout en garantissant une image parfaitement lumineuse dans le viseur. Nikon peut-il réussir avec un 16-35mm le pari tenu par le 24-120mm ? Pour connaître la réponse, une seule solution. L’amener avec moi en balade, sur le terrain.
• 16-35mm. Mazette quel range !
J’ai monté Nikkor 16-35mm f/4 sur Nikon D610, le nouveau reflex plein format d’entrée de gamme. Premier constat, le caillou est léger, relativement compact et discret. Il est doté d’une lentille frontale plate sur laquelle on peut visser le filtre de son choix, ce qui n’est évidemment pas le cas sur le 14-24 dont l’énorme lentille frontale ne fait pas dans la discrétion. Second constat, à l’inverse du 24-120 qui se déploie, le 16-35 lui, passe d’une focale à l’autre sans modifier sa taille et ça, c’est plutôt un très bon point quand on sait que le système de déploiement du 24-120 est une véritable pompe à poussières. C’est là d’ailleurs le seul vrai travers que je peux reprocher au 24-120. Du côté de la construction, c’est du Nikkor donc c’est propre. La prise en main est des plus agréables, les bagues tournent sans effort, d’une grande souplesse. Une fois le 16-35 monté on n’a qu’une envie. Regarder dans le viseur et retrouver cette sensation d’infinie largeur. À 16mm la notion d’ultra grand angle prend tout son sens, à tel point que les perspectives peuvent même donner le tournis. Dans le viseur, à 16mm, la sensation de grande largeur est simplement époustouflante. En revanche, contrairement au 24-120 dont le traitement optique nanocristal fait des merveilles et permet de conserver une parfaite luminosité dans le viseur, j’ai le sentiment que l’image renvoyée par le 16-35 dans le viseur est très légèrement en dessous. L’AF est très réactif, ultra silencieux et rapide, le système VR anti-vibration s’avère aussi très efficace. La prise de vue est à la fois confortable et facile, la molette est à 100iso, mode pépère priorité ouverture (f/5,6), le tandem Nikon D610 et Nikkor 16-35mm f/4 semble être fait pour s’entendre à merveille. J’avais testé cette optique et j’avais été enthousiasmé par les résultats sur Nikon D3s et son capteur 12mp. Reste à voir maintenant comment cette optique se comporte avec un capteur de près de 25 mégapixels.
(Nikon D610, Nikkor 16-35mm f/4, 100iso, 1/500 f/5.6, focale 35mm, mode priorité ouverture)
• Bon piqué, un poil de distorsion à 16mm
D’abord le range, 16-35mm c’est fantastique. À 16mm on tape dans un angle de vue largissime, avec lequel on peut jouer dans tous les sens, aussi bien pour réaliser de somptueux panoramiques, ce qui ne manquera pas d’enthousiasmer encore une fois les adeptes de photos nature, mais aussi jouer avec la profondeur de champ pour s’approcher au plus près du sujet et réaliser des compositions un peu décalées. Globalement les images sont propres, le piqué me semble très bon, même s’il est moins remarquable que sur Nikkor 14-24 qui permet d’obtenir une qualité uniforme sur l’ensemble de ses focales, même avec un gros capteur (comme celui de D610 ou D800, par exemple). Notez qu’ici avec Nikkor 16-35mm, à 16mm la distorsion de l’image est nette. Elle peut se corriger aisément en post traitement même si dans le cas présent je n’ai pas touché aux images que je vous montre (il s’agit de jpeg direct source). En revanche à partir de 20mm la distorsion décroit, a fortiori à 35mm plus de déformation de l’image et un piqué vraiment excellent.
(Nikon D610, Nikkor 16-35mm f/4, 100iso, 1/400 f/9, focale 16mm, mode manuel)
• 16-35mm f/4 vs 14-24mm f/2.8. Quel est le bon choix ?
Plusieurs paramètres font pencher la balance, selon moi, en faveur de Nikkor 16-35mm f/4. Son poids, sa discrétion, la possibilité d’adapter des filtres polarisants ou dégradés, ce qui ravira les adeptes de la photo de paysage. Le diaph en plus est compensé par la présence de VR, parfaitement efficace et qui permet une stabilisation en basses lumières. Le range 16-35 me semble nettement plus polyvalent, pour ne pas dire idéal. La possibilité de pouvoir passer de 16mm, en mode ultra grand angle, à 35mm en mode standard, fait de cette optique un vrai trans-standard, ce qui n’est pas le cas du 14-24 qui est un zoom grand angle. Du côté de la qualité d’image, Nikkor 14-24 demeure indubitablement la référence en garantissant un piqué sur l’ensemble de son range, de très bonne qualité à pleine ouverture (f/2.8) et pleinement excellent à f/4 et au delà. À l’exception d’une distorsion sensiblement visible à 16mm, Nikkor 16-35mm produit des images de très grandes qualités. Last, but not least, le prix de Nikkor 16-35mm f/4, généralement de 30 à 40% inférieur à celui du 14-24mm f/2.8 est un argument de poids.
• merci à Nikon France et à Nikon Pro pour le soutien apporté dans ce test.
Nicolas dit
Et quel est votre avis sur le nouveau Nikkor 18-35 par rapport au 16-35 ? Certes on perd 2mm et la stabilisation, mais on gagne 400g et quelques centaines d’euros. Avez-vous eu l’occasion de le prendre en main ?
harvey dit
Pas d’avis parce que pas testé, mais pourquoi pas ? Ce qui me gêne a priori c’est l’ouverture qui n’est pas constante (f/3.5 – 4.5) et le poids. Comme dirait un ami de chez Nikon les optiques ça se vend au poids, alors 300 grammes de moins c’est plus léger et sans doute moins bon aussi. Et puis 18mm c’est proche de 16 mais c’est pas 16. Cela dit, il y a le prix. Donc à tester, avec son boîtier.