Je vois passer un article de Maître Verbrugge (avocate ET photographe) et ma première réaction c’est de me dire mais pourquoi ça ne m’étonne pas ? Le billet est intitulé « une curieuse façon de promouvoir le commerce de proximité » et je m’en vais de ce pas vous en faire un petit résumé du spectacle navrant donné par le service communication de la commune de Grande-Synthe qui, à n’en pas douter, va devenir la vedette de l’internet dans les jours qui viennent. L’affaire est malheureusement d’une banalité confondante. Il s’agit pour cette commune de « recruter » un photographe non-professionnel pour, je cite « immortaliser les cérémonies se déroulant principalement les samedis à la mairie (mariages, baptêmes civils, etc…) » L’annonce précise que le photographe sera rémunéré, tenez-vous bien (tenez-vous mieux) cinq euro la photo. Mais il y a mieux, l’annonce précise, je cite encore, que le photographe postulant « devra obligatoirement posséder son propre matériel photo, matériel constitué a minima d’un reflex numérique et faire preuve d’une grande disponibilité les samedis ». Inutile de vous dire que pour tous les photographes professionnels en général et pour Maître Verbrugge en particulier, cette situation ubuesque (mais pas inédite malheureusement) c’est du velours.
Voilà. On en est donc là. On sollicite un photographe non-pro, disons-le plus clairement un photographe amateur mais équipé comme un pro, pour le sous-payer, voire pour ne pas le payer du tout. Est-ce que ça m’étonne ? Pas le moins du monde. C’est au contraire dans le droit fil de ce qui s’est déjà passé, je pense aux photos scolaires ou aux photos d’identité directement gérées par les mairies. Chaque fois c’est un pan d’activité qui s’effondre, dans l’indifférence quasi générale. Finalement chacun voit midi à sa porte, hein ? Dans le domaine qui est le mien, c’est idem. Les fosses de concerts sont désormais désertées par les photographes professionnels et squattées par des touristes équipés comme des pros. Il est devenu impossible de vendre une photo live et ce n’est pas un hasard si la plupart des photographes que je côtoyais autrefois dans les pits ont désormais déserté les champs de bataille, à commencer par moi-même. Le hobby du jeune cadre dynamique, c’est désormais de parader en fosse, armé du reflex numérique haut de gamme que le jeune pro ne pourra jamais s’acheter, lui, par manque de moyens. Faut-il en vouloir pour autant au passionné de photo qui vient assouvir sa passion en fosse ? Pas du tout. Enfin, pas tant qu’il ne distribue pas ses clichés gratuitement à l’issue du concert. Et on sait tous que c’est ce qui arrive. Et chaque fois qu’un cliché est donné gratuitement c’est toujours ça qui n’est pas pris pour le professionnel.
Alors oui, sûrement, le temps est venu de s’indigner de ces pratiques. On ne peut pas accepter que des productions acceptent de jouer ce jeu minable consistant à demander gratuitement des photos de live, quand il ne s’agit pas carrément de sessions photos destinées à la promotion de groupes dans la presse qui désormais, quant à elle, refuse de payer des clichés. Il ne se passe pas une journée où je ne sois sollicité par la presse pour des clichés gratuits, libres de droits, où l’on m’assure que je serai crédité (alors que la mention de crédit est, rappelons-le, obligatoire). La semaine dernière un grand titre de la presse française m’a contacté pour un cliché en me disant : « on aurait bien utilisé votre cliché trouvé sur internet mais votre copyright était en filigrane et la définition n’était pas suffisante ». On est désormais dans une boucle qui consiste, pour une industrie qui passe son temps à se lamenter (à juste titre) du piratage massif de ses œuvres, à récupérer du matos gratuit contre une flatterie à l’égo, un petit privilège, quelques pièces lancées d’une fenêtre. Le photographe est devenu le parent pauvre, le dindon de la farce. La conséquence, à terme, c’est de voir la qualité tirée vers le bas, des images ternes, tristes et sans âme. Comme un samedi matin d’hiver, froid et sec, à la mairie de Grande-Synthe…
• lire le billet de Maître Verbugge sur son blog
• le titre de ce billet est (évidemment) un hommage à la mémoire de Stéphane HESSEL.
Erminig Gwenn dit
D’accord à 95 % avec cet article, et indignation partagée face à cette annonce scandaleuse.
Une petite précision ou témoignage à propos de la fin du 2ème paragraphe et des fosses qui se vident « à l’exception de jeunes cadres dynamique avec du matériel dernier cri »…
Je suis un jeune cadre, dynamique quand il n’a pas la grippe, avec du bon matériel, et j’affectionne particulièrement les photos de concert et de spectacle, à tel point que je cherche de temps à autres à voir s’il y a moyen de se faire « accréditer » pour aller tout devant, ou bien simplement a me coller à la arrière au premier rang.
Monstre sanguinaire ? Tueur de photographes ? Non. Vous en faites une rapide allusion, mais tout est ensuite dans la diffusion des photos prises. Pour ma part, je mets mes photos sur Flickr, où elles ont un petit succès. Mais, en parallèle, je fais une veille implacable sur les contrefaçons. J’en suis, en 4 moins, à une douzaine de procédures amiables contre des contrefacteurs qui se sont purement et simplement servis dans le tas pour illustrer leur activité commerciale ou leurs journaux.
C’est, pour moi, la démarche indispensable pour effectivement ne pas menacer les photographes. Et je me base sur le barème de l’UPP pour demander mes indemnisation, barème doublé lorsqu’il n’y a pas de crédit.
Avec l’aide technique indispensable de google image, je me retourne systématiquement contre le diffuseur.
Juste pour dire que voilà, la prochaine fois on sera peut-être dans la même fosse, ou l’un devant la grille et l’autre derrière, mais cela n’empêche ni le respect pour le travail des pros, ni la sensibilité et la considération pour la problématique de l’avenir de la profession.
Mais, au final, combien d’amateurs « experts » sont informés et formés à ces problématiques ? Savent comment retrouver des photos, réclamer des droits ? Connaissent les enjeux, de fonds pour les photographes, financiers pour eux ? Trop peu. le travail à faire est peut-être là. ne pas faire des « amateurs experts » des jaunes et des casseurs du marché, mais des relais et un appui dans une lutte commune : celle de permettre à la photo de continuer à avoir de la valeur, et certains à pouvoir en vivre.
Car n’oublions pas que, au delà de certains snob qui font des photos pourri et payent une fortune un matériel dont ils ne savent pas se servir, les plus fondus des amateurs sont, aussi, pour certains d’entre eux, des aspirants pro qui ne peuvent pas (encore) en vivre.
YML dit
Merci pour cet article, quel manque de respect et incivisme en effet pour un amateur de venir empiéter sur le terrain des pros en jouant non pas sur le terrain de la qualité mais de la gratuité ou du sous payé. Ma vision est plus moderée par contre pour l’amateur, enregistré à l’Agessa, qui vient proposer ses services aux prix couramment proposés par les pros et jamais en dessous et qui aura su être sélectionné par son book et la qualité de son travail. Qui travaillera déclaré et sera imposé sur ses gains. L’Agessa permet cette forme de professionnalisme en alternance avec une autre profession, à eux de nous empêcher si la situation devient critique pour les 100% pros en autorisant une affiliation qu’au delà d’un certain montant de gains annuels. Qu’en penses tu?
harvey dit
@Yves je pense que tu as raison et je pense aussi que c’est faire preuve de beaucoup d’angélisme que de croire que les photographes amateurs vont prendre un statut Agessa. Non, pour la plupart les clichés sont diffusés gratuitement contre une future accrèd, une mention de crédit et autres petits privilèges qui permettent d’approcher les vedettes. C’est le syndrome du gars qui arbore un t-shirt sur lequel est écrit la mention « I am with the band ».
Didier dit
Très intéressant ton point de vue et assez d’accord avec le commentaire d’Erminig Gwenn.
Faisant de temps temps de la photo de concert (mon hobby principal étant le paysage) et j’ai croisé un peu de tout dans les fosses du gentil geek qui refile ses photos gratuitement au professionnel en passant par l’amateur/semi pro qui ne sais pas comment réussir enfin un jour à vendre ses photos.
Et donc pour rebondir, je suis totalement d’accord que les amateurs et semi pro manquent cruellement d’info pour la vente des photos.
Personnellement je suis souvent partagé entre accepter d’autoriser quelques photos avec mon gros copyright sur le site de la salle organisant le concert ou faite un gros non catégorique. Et bien entendu si je peux je préfère largement me faire payer. J’ai d’ailleurs déjà répondu une fois où l’orga sous entendait que je venais profiter peinard d’un concert gratuit, que là n’était pas mon but car si je veux profiter du concert je viens sans appareil et je paie ma place.
Et donc il est vrai que pour l’amateur (et même pour moi) la frontière est souvent compliquée à appréhender entre ce qu’il peut faire sans nuire à la profession et ce quel rémunération il peut attendre pour ses photos (j’ai par exemple souvent entendu de la part de photographes pro que les barèmes de l’UPP sont trop élevés).
Anonyme dit
Autant la pratique dénonçée dans l’article linké qui consiste à employer un photographe au black est tout simplement illégale, autant cette volonté de toujours opposer photographes pro et photographes amateurs en jouant sur les différences supposées de talent, d’équipement et du prix de vente de leurs photos en jouant d’élitisme et de jalousie mal plaçée me semble tout à fait hors de propos ici. (Et ou que ce soit d’ailleurs)
Dans cette optique l’ amateur devient le « plombier polonais » de la photo.
On se dirige tout droit vers une discrimination inutile et dangereuse.
Et non, je ne pense pas que la démocratisation de l’acte photographique ait été une mauvaise chose, au contraire une passion est faite pour être partagée.
Et oui, un talentueux (ou non) amateur bien équipé (ou pas) a tout à fait le droit de publier les RAW haute résolution de ses photos libre de droits si il en a l’envie.
Et oui la presse a tout à fait le droit d’acheter les photos les moins chère même si elles sont de moins bonne facture, même si le nivellement par le bas est toujours regrettable je ne voit pas bien comment on pourrait obliger un photographe à vendre ses clichés au prix fort, ni comment on pourrait obliger des clients à les acheter.
C’est ce qu’on appèle la loi du marché, c’est pas forçément très joli mais je suis pas certain que l’alternative soit meilleure.
Dans l’histoire l’ amateur est tout autant victime que le professionnel de la non-vente de ses photos, mais si l’amateur désire donner gratuitement ses photos je ne voit pas bien comment on pourrait l’en empêcher, et surtout si celà serait vraiment une si bonne idée.
Et même si je le regrette réellement, je me demande si les difficultés croissantes du métier même de photographe qui découlent de cette démocratisation, ne sont pas au final totalement naturelles et dans l’ordre des choses quand tout le monde peut désormais faire et tirer des photos rivalisant sans aucune difficulté au niveau qualitatif avec un matériel de moins en moins cher et de plus en plus accessible, quand au talent il n’est aucunement lié au caractère professionnel.
C’est un peu comme si un boulanger se plaignait que les gens fassent leur pain eux-même au lieu de venir acheter chez eux, mettant par la même occasion en danger le métier de boulanger par leur piratage de pain, parcequ’ils préfèrent manger leur pain d’amateur pas cher, sans doute moins bon que le leur d’après leur propres préjugés.
Gérard dit
Indignez-vous ? Non, révoltez vous.
Quand un état, un continent, la terre entière décident que seules les lois du marché doivent réguler les mécanismes économiques de la société il ne faut pas s’étonner de ces dérives qui ne sont que lap artie émergée de l’isberg. On a supprimé peu à peu les contrôles et les contrôleurs et on continuera de le faire jusqu’au clash final. L’objectif final ? une population entière d’esclaves et une noblesse du fric. A moins que.. l’on se révolte.
Quoi, la démocratie ? le vote utile ? MDR
2005 : non au traité de Lisbonne et après ?
Bon, j’ai jeté mon venin, je vais aller me faire un petit café.
Bien à vous
Gérard
Michael dit
Je trouve que pour diffuser ses photos il faudrait avoir une obligation d’affiliation à l’AGESSA ! Et puis l’AGESSA devrait contrôler toute diffusion d’image en France. Durant les trente glorieuse on pouvait se faire un max de tune en photo scolaire, c’est intolérable que les mairies et les écoles puissent trouver d’autre solutions ! Luttons contre ces musiciens qui balancent gratuitement leur musique sur internet en libre téléchargement et qui ne veulent plus payer les photographes PRO ! Luttons contre la révolution numérique ! Et tous ces graffeurs qui répandent gratuitement leur art sur les murs des villes sans demander à être payé. Luttons contre les artistes qui ne demandent pas à être payé. Ces coiffeuses amateurs qui donnent gratuitement des conseils sur youtube, elle tu la profession, c’est scandaleux ! Et ces avocates qui diffusent des conseils gratuits sur leurs blogs, elles tuent le business, bientôt on pourrait même voir des divorces gratuit, vous imaginez ? La culture et l’information doivent rester payant pour tous.
Bertrand dit
Je pense que je vais faire du pain avec une machine à pain Domo (désolé pour la pub). Puis, je vais le vendre à qui mieux mieux.
Ben quoi? On peut être boulanger amateur et faire du bon pain non?
Aaaah ben tiens. Chiche que je ne vais pas en vendre plus de trois avant de me faire trucider.
Mais pour un photographe, on s’en inquiète peu ou prou…
Le raisonnement d’Erminig est intellectuellement louable. Sauf qu’il reste un non professionnel (qui ne vit pas de la photo) qui vend son pain en piquant le pain des boulanger pros.
Moi, je suis à 200% d’accord avec ton billet.
Anonyme dit
Mais comment justifier vendre ses photos à prix d’or quand d’autres amateurs diffusent les leurs gratuitement? Quel valeur ajoutée inestimable peut se trouver dans une photo professionnelle?
La valeur ajouté ne se trouve jamais que dans l’oeil du client, celui qui paie et qui définit par là même occasion la valeur du produit en fonction de l’offre et de la demande; si personne n’achète ca ne se vendra tout simplement pas.
Et c’est valable pour des biens matériels, mais c’est encore plus flagrant avec des données dématérialisées qui ne coûtent plus rien en elles même et dont les appareils nécessaires à leur création deviennent à la fois de plus en plus performants et de plus en plus accessibles.
Des données dématérialisées qui deviennent copiables numériquement sans perte à l’infini et diffusables mondialement grâce à internet, ce qui ouvre de nouvelles possibilités en rendant façilement accessible à la fois la diffusion de ses propres oeuvres et la consultation de celles des autres.
Ce changement majeur retire du même coups l’exclusivité de la photo au photographe professionnel, autant pour ce qui est de la prise de vue que pour le développement des pellicules ou le tirage.
Tout comme la pellicule elle même était l’exclusivité du fabricant, on a d’ailleurs bien vu le résultat de cette perte de pouvoir pour l’ empire Kodak.
Est-ce qu’il aurait vraiment fallu rester coincé à l’argentique juste pour pouvoir faire subsister les emplois de chez Kodak?
Est-ce qu’il aurait vraiment fallu rester à la cassette VHS pour conserver les emplois de ceux qui les produisaient?
Est-ce qu’il aurait fallu empêcher l’émergence d’internet pour que les majors puissent continuer à vendre des disques sans craindre un piratage via le mp3 ? (Piratage très surestimé qui n’a jamais été qu’une piètre excuse à l’inadaptabilité et à l’inertie des majors.)
Une démocratisation du matériel qui va un peu à l’enontre de l’argument selon lequel le pro ne peut se payer un matériel que l’amateur possède sans prblème (on considère donc que c’est le matériel qui fait la photo, ou tout du moins y participe grandement).
Pour ce qui est des concert, à qui appartient concrètement et légalement l’image de ces groupes sinon aux ayant droits eux même ?
Il me semble que disposant de leur propre image ils peuvent du même coups décider d’en retirer un bénéfice.
Qu’est-ce qui les empêche d’ échanger des goodies/entrées/accréditations contre des photos avec des fans photographes amateurs? Tout le monde y gagne dans l’affaire.
Tout le monde sauf le photographe pro bien sûr, parceque ce dernier finalement que rapporte-t-il?
Il ne veut pas payer sa place parcequ’il refuse de payer pour faire son travail, il refuse évidemment de donner ses photos; il n’est en fait là que pour profiter commercialement de l’image de ces groupes sans autre contrepartie que la promotion du groupe musical, soit exactement la même promotion qu’on propose de lui faire en le créditant!
Finalement Gérard à tout à fait raison quand il parle d’esclavage de l’argent, on le voit très clairement quand on confronte une passion extrêmement intime, subtile et qui tient plus du domaine de l’art et de la conscience avec les réalités économiques cruelles et brutales du monde actuel, qui repose quand à lui intégralement sur la loi de la jungle, ou il faut bouffer sans se faire bouffer et survivre en écrasant les autres.
La photo est une passion, pouvoir en faire son métier fait rêver, ca peut effectivement être merveilleux que de concilier les deux; de pouvoir vivre de son talent et de sa passion.
C’est aussi très dangereux puisqu’on risque de gâcher et de corrompre cette belle passion avec des questions d’argent.
On risque de devenir aigri, et de finir par en vouloir à des amateurs qu’on ne voit désormais plus comme des amis partageant la même passion, mais comme des concurrents qui nous ôtent le pain de la bouche en cassant le marché.
Cette perversion d’une passion de l’art par l’argent me rends malade, comme si demain un photographe amateur ne pouvait plus couvrir gratuitement le mariage de ses amis ou de membres de sa famille, parceque celà ferait une concurrence déloyale au métier de photographe de mariage, comme si le métier associait automatiquement une sorte de possession jalouse et exclusive de la photo sous toute ses formes.
Si je fait mon pain et que je le partage gratuitement avec mes amis ou mes voisins qui m’offriront à leur tour quelques légumes de leur potager, est-ce que nous somme tous de monstrueux tueurs des métiers de boulanger et d’agriculteur de par notre infâme concurrence déloyale ?
Erminig Gwenn dit
J’ai l’impression que, dans cette discussion, on mélange beaucoup de choses…
Et notamment on mélange les activités des artisans photographes et celle des photographes artistes.
Que les artisans photographes puissent continuer à travailler en paix, fournir des services que eux seuls ont le droit de proposer, développer leur activité commerciale, très bien, aucun problème la dessus, et la première des justifications est bien que, eux, ils doivent payer des charges pour avoir le droit à la sécu, çà une retraite, etc. Et qu’ils doivent investir du matériel, etc. Les photos de mariages, d’école etc leurs sont exclusivement réservés, et c’est normal.
Et puis, il y a les artistes. Qui peuvent être professionnels, ou pas. Qui peuvent être affiliés ou assujettis à l’AGESSA. Qui peuvent se soumettre à la TVA ou pas. Qui peuvent faire une déclaration de revenu séparé ou déclarer leurs droits de cession sur l’IRPP.
Alors on peut essayer de faire une guerre sanglante ou seuls les professionnels déclarés auraient le droit de céder des photos… Mais, au juste, à quel titre ? le droit français choisi de privilégier le statut d’artiste plutôt que de faire une distinction claire entre professionnel et non professionnel, alors pourquoi un artiste ne pourrait-il pas céder des droits comme il l’entend, en fonction de la valeur de ses clichés ?
Je ne parle bien sûr pas là de ceux qui donnent des photos contre une place gratuite et une bière, mais bien de ceux qui protègent leur photo et font des cessions. Bertrand m’accuse, ce faisant, de piquer le boulot des photogaphes pro ? mais à quel titre n’aurait-je pas le droit, moi, de céder des droits sur mes photos contre rémunération ? Il y aurait donc des vrais artistes, qui en vive, et des faux artistes, des usurpateurs, des voleurs, des pirates qui font crever de faim les « vrais » artistes ?
Que l’URSAFF ou les administrations contrôlent plus sévèrement et répriment ce qui font des services « au black » à la place des artisans, 100 % d’accord. Que l’on prenne comme prétexte la situation difficile des photographes pour prétendre interdire à des artistes de valoriser leur création et de céder des droits, c’est absurde !
D’ailleurs qui, parmi les pros, n’a pas commencé en amateur, faisant quelques photos par ci par là, et arrivant à en vendre une de temps en temps ? Pouvez vous me jurer que vous tous, professionnels, vous n’avez commencé la photo qu’au terme d’une formation de photographe, et que vous vous êtes déclarés professionnels le jour même ou vous avez appuyé sur le déclencheur la première fois ?
Alors arrêtons un peu cette guerre absurde qui ne mène à rien. Vouloir empêcher un artiste de faire connaître ses oeuvre et de vendre ses photos est aussi dangereux pour les libertés que pour la photo elle même. D’ailleurs, on n’aurait jamais ce débat pour un autre art. J’imagine que des comédiens n’iraient jamais attaquer une troupe de théâtre amateur, qui fait payer ses entrées, sous le prétexte qu’ils tuent le métier de comédien. Que les sculpteurs ou peintres professionnels ne vouent pas une haine féroce contre les peintres et sculpteurs amateurs qui vendent quelques oeuvres. Alors à quel titre la photographie pourrait se permettre d’interdire les ventes aux artistes amateurs pour protéger les professionnels ? C’était le cas, dans les fait, du temps de l’argentique, lorsque les pro avaient une maitrise technique et un matériel de développement que ne pouvaient pas avoir les amateurs. ils avaient un monopole de fait. Le numérique met fin à cette situation, et replace la photo comme l’ensemble des arts, permettant une production de qualité à la fois par des artistes amateurs et par des professionnels.
C’est donc aux professionnels, aujourd’hui, de réinventer leurs propositions, leurs offres, leurs prestations, et de trouver à proposer des services et des oeuvres avec une vraie plus value par rapport à ce que pourrait faire un artiste passionné. Ça demande du temps, de la patience, de l’inventivité. Mais la photo ne sortira pas de cette situation en empêchant les amateurs de vendre ou de proposer des photos.