Il est probablement l’un des plus grands batteurs vivants de la planète. Il a joué avec les zicos les plus légendaires, une liste de pointures king size longue comme le bras. Il a des mains immenses et dès qu’il se saisit du moindre objet, tambourin, tambour, baguettes, c’est son sens inné du rythme qui l’envahit et qui fascine son auditoire. La première fois que je l’ai vu, j’avais d’abord été subjugué par son allure, sa dégaine incroyablement classieuse, cette espèce de force tranquille qui se dégage du personnage. Moi qui suis si souvent au taquet (doux euphémisme), j’adorerais avoir une once de sa sérénité, sans parler de son définitif groove mais ça, faut peut-être pas trop en demander. Lui, c’est un vrai caméléon, capable de s’adapter au style, à l’ambiance. Ce beau grand bonhomme est à mon sens le symbole même de ce qui fait le jazz, sa grandeur, savant mélange de cultures, savoureux métissage de musique africaine, de blues root, de native jazz et de bidouilles géniales. Et puis humainement, c’est le gars dont tu rêves qu’il soit un jour ton ami.
Je l’ai vu hier au Vauban. Je pensais qu’il m’avait oublié, depuis l’année dernière. Je me suis pointé devant lui en lui disant « Mister Hamid Drake is back in town ! » Il m’a regardé, a souri, m’a dit « Hey ! Harvey, dear ! » m’a serré la main et tapé la bise. Voilà quoi. Hamid Drake, excusez du peu. Le mec devant qui on se sent tout petit mais surtout en compagnie de qui on se sent franchement bien. Cette année, durant Atlantique Jazz Festival, Hamid Drake rejoint Napoleon Maddox sur le projet IsWhat ?! un mélange singulier de rap, de hip hop, de jazz qui s’annonce déjà explosif. « We call it IsWhat ?! because it is What it is » précise Maddox qui, à l’image du géant, a déjà enflammé la scène du Vauban. Le Vauban. Lieu mythique s’il en est, il enfile son habit de lumière, cire ses pompes de club de jazz dont la réputation a depuis bien longtemps largement dépassé les frontières du Ponant, pour accueillir l’Atlantique Jazz Festival. Monsieur Hamid Drake est parmi nous et il n’est pas venu seul. Cette semaine, le bonheur se résume en un simple mot de quatre lettres. Jazz.
• photo : Hamid Drake, Atlantique Jazz Festival 2011. Crédit photo : Hervé LE GALL cinquième jour