En parcourant le livre que Jean-François VIBERT a consacré à l’excellent Lightroom* il me revient en mémoire un propos sur le format RAW, souvent cité comme un format réservé aux experts de la photographie alors que ce format devrait bien au contraire être recommandé à tous les photographes, les amateurs comme les pros, avec une petite prédilection pour les amateurs et même (et surtout) les photographes débutants. Bon, d’abord en deux mots, petite définition du format RAW. Au fond, la traduction du mot anglais « raw » illustre parfaitement ce format de fichier numérique : brut. A la différence d’un format comme le jpeg, par exemple, qui fait subir à l’image une compression (on appelle le jpeg un format « destructif »), le format RAW ne fait subir qu’une compression modérée à l’image, tout en préservant toutes les données enregistrées à la prise de vue, ainsi que nombre de paramètres. C’est en ce sens que le RAW est souvent assimilé à un négatif numérique et qu’on associe le traitement du fichier RAW à un développement. Un fichier RAW n’est donc pas utilisable tel quel, mais doit être « développé » avec un logiciel adapté, parmi lesquels on peut citer entre autres Aperture d’Apple ou le Lightroom cher au coeur de Jean-François VIBERT, à juste titre. Notez encore que lorsque vous photographiez, vous avez la possibilité sur de nombreux reflex de choisir de photographier en RAW uniquement ou en RAW accompagné d’un format jpeg dont vous définissez la taille. Pour ma part, quand je shoote en RAW, le fichier jpeg ne m’est d’aucune utilité.
(*Travaux pratiques pour Photoshop Lightroom 2 chez DUNOD éditeur)
• Le format RAW est une Delorean
Eh oui ! Le format RAW est à la photographie ce que la Delorean est à Marty Mac Fly et au voyage dans le temps ! Ce format mémorise l’ensemble des paramètres de la prise de vue, ça va des métadonnées du capteur en passant par la balance des blancs, la température couleur, l’exposition, … et un paquet d’autres ! Ce qui signifie que lorsque vous développez un fichier RAW, vous avez toute lattitude pour modifier certains paramètres de l’image. Par exemple si vous avez shooté avec une température de 5800K, vous pouvez modifier cette valeur en l’augmentant si vous souhaitez une image plus chaude, en la diminuant si vous souhaitez une image plus froide. Vous pouvez gagner en exposition ou la minorer, modifier les teintes couleurs, améliorer la netteté, et bien d’autres chose encore ! C’est là où le format RAW s’avère impressionnant, lorsqu’il permet, comme la Delorean, de revenir dans le temps et de faire un autre choix. Fascinant, non ? Dans son bouquin, Jean-François VIBERT illustre les capacités du format RAW avec une photographie prise dans un monastère au fin fond de l’Himalaya, un cliché pris à contre-jour qui se révèle étonnant après un traitement du fichier RAW dans Lightroom. Dans ce cas de figure, non seulement le format RAW a permis d’optimiser une image mais aussi de la « révéler ». On en revient toujours aux fondamentaux de la photographie… Lorsque votre image est fin prête, vous pouvez l’exporter (ou l’enregistrer) dans le format graphique de votre choix (en jpeg, en tiff, …).
• Shooter en RAW, oui, mais…
Chaque médaille a son revers et la technologie se paye au comptant. Le principal inconvénient du format RAW réside dans son poids. Par exemple, un fichier RAW seul sur un EOS 5D Mark II pèse environ 25 Mo et comme dirait Gustave Parking, je vous laisse réfléchir là-dessus. Pour une centaine de clichés, comptez 2,5Go d’espace disque. La carte 16Go qui encaissait fièrement des milliers de fichiers jpeg est subitement réduite à moins de 700 fichiers RAW. Idem pour vos disques durs ! Si vous optez pour le RAW, vous allez devoir désormais compter en teraoctets. Heureusement les technologies évoluent et les prix baissent singulièrement. Notez aussi que le développement nécessite un PC ou un Mac musclé, vive la technologie double coeur et 4 Gigas de mémoire au minimum pour tout le monde !
• En conclusion, ne touchez pas au format RAW !
Je plaisante, bien sûr. Cette boutade est là pour attirer votre attention sur un point précis : si vous commencez à explorer le développement en RAW, vous ne voudrez plus utiliser un format destructif, tant le RAW permet d’entrer dans les arcanes de ses images, d’en modifier les paramètres, de récupérer un réglage un peu désastreux. C’est en cela que RAW est un format parfait pour les débutants car il leur permet non seulement de corriger leurs erreurs mais aussi de comprendre les mécanismes d’une image numérique. Gardez seulement à l’esprit les contraintes techniques liées au poids du format RAW et le temps engagé dans la compréhension et la manipulation des images.
krikri dit
Bonjour , moi c’est volker* qui m’a convaincu d’utiliser que le format raw je ne connais plus le jpeg sauf exceptionnelement où j’ai besoin de montrer les photos dans la journée.
Il y a bien sur d’enormes avantages que tu cites , on sent que le fichier en a sous le pied , par contre je viens d’acheter un seagate 1.5 To pour stocker tout ça. C’est pas facile de jouer entre lightroom,dxo,photoshop pour les traiter mais le résultat est supérieur aux jpegs. A force on arrive à convaincre les gens possesseurs de reflex de passer au raw au moins pour les photos importantes ou avec des risques de balances de blanc foireuses. En plus dpp fourni avec un reflex canon est un programme qui marche tres bien.
*http://www.volkergilbertphoto.com/
son excellent livre : http://www.eyrolles.com/Audiovisuel/Livre/developper-ses-fichiers-raw-9782212122831
Anonyme dit
J’ai oublié , les raws de 40d ca allait encore , mais ceux du 5d mk ii ca va plus , sous lightroom les apercus sont long , long à faire
Je vais devoir changer de pc ( athlon 4200+ bi coeur ) pour un core I7 sous windows 64 bits avec plein de ram et un ssd …
Marion dit
C’est vrai que le traitement RAW nécessite un bon ordinateur… et un bon écran !
Mais quand on dépense tant d’argent dans le matériel, et que l’on aime son boulot, autant aller à fond et développer les photos si bien que possible.
harvey dit
@marion : on est d’accord. Tiens, au fait, je viens de répondre à ton email Marion, désolé pour le retard mais… c’est les vacances !
mity dit
Bonjour,
Et qu’en est-il du DNG, j’ai lu dans un livre de Kelby sur Lightroom qu’il était plus raisonnable de les convertir au format DNG considéré plus pérenne que le RAW propriétaire. C’est d’ailleurs la première chose que je fais lorsque j’importe mes photos via Lightroom. Avez-vous un avis à ce sujet ?
Par ailleurs, je tenais à vous féliciter pour ce blog que je viens de découvrir (merci Twitter). La qualité de la réflexion et la prose haute en couleur sont un plaisir à lire.
Bonne continuation.
harvey dit
@mity déjà le RAW c’est lourd (avec 5D Mark II, par exemple, chaque cliché c’était 25Mo minimum) alors si il faut en plus convertir en Digital negative, on double la mise. Je pige bien l’argument de la pérénité, mais je pense qu’on aura toujours à dispo une moulinette pour convertir nos « vieux » RAW. Enfin, DNG ou RAW, une fois qu’on a goûté à ce type de format, c’est très difficile de s’en passer.
Voilà, sinon merci pour la suite du message, en particulier pour « la prose haute en couleur ». C’est toujours agréable de savoir que parmi les lecteurs de Shots, il y a des gens qui apprécient la forme des mots. C’est pour ces gens-là que j’écris.
mity dit
Merci pour la réponse. Bien entendu, après conversion, je supprime le RAW.
harvey dit
@mity je me connais, je n’aime pas détruire, alors si j’adoptais le DNG je serais tenté de garder les deux ! Et au bout du compte démultiplier les disques durs. Bon, celà dit, avec les systèmes de disques durs en dock développés par Mac way (voir bandeau ci-contre) le stockage ne coûte plus très cher ! 😉