Dans mon histoire avec la marque jaune, débutée avec Nikon D3s il y a sept ans, il manque un chapitre et pas des moindres. Celui de la période argentique. Je n’ai jamais, de toute ma vie jamais, chargé une pellicule sur un boîtier reflex Nikon et je dois avouer que ça manque à ma culture. Ces derniers temps, c’était comme si je ressentais l’appel de l’argentique. L’envie de retrouver des sensations, peut-être. Ce que certains désignent du terme un peu pompeux de pure photography. Bien sûr, pour ça, j’ai ce qu’il faut. J’ai gardé une belle collection de reflex et d’optiques Canon de la belle époque. Mais ce que je voulais, c’était écrire un chapitre avec la marque avec laquelle je partage une belle histoire depuis près de dix ans. C’est au détour d’une discussion que le nom de ce reflex légendaire, que dis-je ? Mythique ! Est tombé. Nikon F6. Le must, le prince des reflex argentiques et aussi le dernier des mohicans. Dernier reflex professionnel de la gamme argentique sorti en 2004, au moment où la vague numérique submergeait le monde de la photographie professionnelle, emportant avec elle les derniers rêves des photographes adeptes des cristaux d’argent.
Nikon F6. Le must.
• Premiers contacts avec Nikon F6
J’ai ouvert le colis estampillé Nikon avec une bonne dose de fébrilité. Dans un sac Nikon, le voilà. C’est donc lui le reflex ultime, dernier représentant de toute une lignée d’appareils photos professionnels de légende. Nikon F6. Rien qu’à prononcer son nom, il y a une petite émotion. Première prise en main, premier constat. C’est léger, nettement plus léger qu’un D4s ou un D5 ! Ici pas de grip mais un compartiment avec deux piles Lithium 3v, histoire d’aller loin. Nikon F6, c’est d’abord du Nikon, donc une construction impeccable, le genre de reflex tropicalisé dont on se dit qu’il peut tout endurer, les pires conditions climatiques, dans n’importe quel coin de la planète. Un rapide coup d’œil, l’ergonomie de Nikon F6 est très proche de celle de D3s. D’ailleurs c’est en observant Nikon F6 que j’ai réalisé, rétrospectivement, à quel point Nikon s’en est largement inspiré pour sa gamme numérique. La rupture s’est produite avec Nikon D4 puis D4s et aujourd’hui D5. En une minute, montre en main, j’ai fait le tour du sujet. Un écran LCD sur la face arrière permet quelques réglages étendus. Une trappe amovible masque les boutons d’accès au menu, au réglage des iso, au flash. Pour les optiques, c’est du Nikkor comme aujourd’hui.
• Ergonomie parfaite
J’ai monté mon Nikkor 24-120mm f/4 sur le Nikon F6. Dans le viseur, il faut un temps de réadaptation, car avec Nikon F6, du point de vue des collimateurs, c’est un peu service minimum, si on compare ses 11 points avec les 51 points AF d’un D4s ou mieux les 153 collimateurs d’un D5. En revanche, l’acquisition du point AF me semble très correcte, assez proche de ce que j’obtiens sur mon actuel D4s. Ici, pas de suivi 3D mais un sélecteur manuel, en face avant comme il existait sur D3s, avec les trois positions C (AF continu), S (AF spot) et M (AF manuel). Les réglages de mode de mesure et mode d’expo se font également avec des molettes dédiées. Le chargement du film se fait tout seul, en revanche j’ai eu quelques difficultés à faire entrer la pellicule dans son logement. On règle la sensibilité du film via le bouton iso. Le menu permet de dater le film entre chaque vue, un réglage permet aussi de dédier la première vue (noire) avec la reprise de l’ensemble des paramètres. Un genre d’ancêtre des EXIFS, en quelque sorte. Restait à tester Nikon F6 en prise de vue terrain.
• Nikon F6. Un must.
Pour ça, je n’ai pas choisi la facilité. Un concert de jazz, deux pianos, avec des lights minimum. La plus grande appréhension était finalement plus liée au bruit du déclencheur pendant le concert. La relative douceur du déclencheur fut la meilleure surprise de ces premiers instants vécus avec Nikon F6. J’ai l’impression que le niveau de bruit du déclencheur est sensiblement moins élevée qu’avec un D3s ou un D4s, même si les boîtiers numériques sont équipés du mode Q (Quiet) qui autorise un demi déclenchement. Avec Nikon F6 le bruit s’apparente plus à un flap qu’à un clac et l’avancée du film se fait en silence. Pour la petite histoire, pendant le concert, mon pouce gauche a régulièrement cherché, en vain, le bouton de preview de l’écran LCD ! J’ai finalement réalisé 24 vues sur les 36 que compte la pellicule Kodak 400TX (montée à 1600iso). C’est à peu de choses près ce que je faisais autrefois, avec mon Canon F1.
Vous vous demandez probablement ce qui change, entre la photographie avec un Nikon F6 en argentique, par rapport au travail en numérique ? Eh bien au risque de vous étonner, dans le fond rien. Absolument rien. C’est un acte photographique qui nécessite la maîtrise de quelques paramètres mais sinon l’utilisation d’un reflex comme Nikon F6 est proche d’un reflex de la gamme D. C’est de la photo en somme. Ici, il n’y a pas pas d’opposition encore moins de confrontation. Toutes les différences apparaissent dans la forme. Il faut avoir un singulier sens de l’humour pour passer d’un Nikon D5, équipé d’un double slot XQD chargé de deux cartes mémoire Sony 64Go à un Nikon F6, chargé d’une pellicule Kodak 36 poses. Reste que, dans les deux cas, on est en mesure de produire un acte photographique de qualité premium, même si le processus argentique engendre nettement plus de coûts et de contraintes… En conclusion, Nikon F6, près de quinze ans après sa création, demeure un must. Un reflex de référence qui n’a rien perdu de sa pertinence et de son merveilleux pouvoir d’attraction.
• merci au NPS (Nikon Pro Services) pour son soutien à la réalisation de ce test.
• illustration : Nikon F6 et optique Nikkor 24-120mm f/4
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