Comme le temps passe ! Il y a trois ans – oui, trois ans déjà – j’écrivais un article titré « Nikon Z8. Deux ou trois choses que j’aimerais voir sur le prochain mirrorless de la marque jaune« . Pêle-mêle, j’évoquais un grip (car, oui, il m’a beaucoup manqué sur mon Z6), un lecteur double slot (en précisant bien que c’était le cadet de mes soucis). Sans conviction aucune, je pensais déjà avec une bonne dose de frayeur à un capteur maousse de 61mp. En revanche, l’ancien utilisateur de Nikon D4s que je suis fantasmais dur sur un autofocus suivi 3D. Ça c’était avant. Avant que la marque jaune ne propose son nouveau flagship, Nikon Z9 sorti en décembre 2021, soit un an et demi après la publication de ce billet.
Z8. Compact, performant.
Mercredi 10 mai 2023. Voilà, nous y sommes. Nikon propose Z8 et les sites de rumeurs (suivez mon regard) vont pouvoir enfin passer à autre chose. En même temps, c’est dommage, parce qu’on s’est bien marré à la lecture de tout et de son contraire. Sur ce coup-là, Nikon ne s’est pas compliqué la tâche. Ce boîtier n’est ni plus ni moins qu’un Z9 qui ne serait pas monobloc. D’ailleurs on le surnomme « baby Z9 » ce qui résume assez bien l’engin. Et autant le dire clairement, ce nouveau bébé, porté sur les fonds baptismaux par la marque jaune, est attendu par beaucoup comme le sauveur.
• Nikon Z8. Chronique d’un jackpot annoncé
Ce nouveau boîtier va s’installer dans la gamme Nikon Z comme l’alter ego (en mieux) de Nikon D850 dans la gamme reflex. Quand on sait le succès que D850 a connu, on imagine que bon nombre de propriétaires de ce reflex ont les pieds dans les startings blocks et font déjà chauffer leur carte bleue. J’espère seulement que Nikon a prévu le coup et saura approvisionner le réseau de distribution, mieux qu’ils ne l’ont fait avec leur flagship. Car oui, je vous le dis, c’est écrit. Nikon Z8 va faire un énorme carton.
Pour une raison assez simple. C’est un Z9 qui ne dit pas son nom. En clair, regardez les qualités et les défauts de Z9 et vous aurez peu ou prou ce que vous êtes en droit d’attendre de Nikon Z8, dans un gabarit compact plus proche d’un Z7. Une vélocité de dingue, couplée à un autofocus premium et toutes les petites nouveautés sexy qui ont tant fait rêver depuis l’annonce de Z9. Tout le monde va vouloir un Z8. Presque tout le monde.
• Z8. Sayonara !
J’ai été à deux doigts de commander un Z9 et finalement j’ai renoncé au dernier moment. Pour Z8 c’est peu même motif, même punition. J’utilise mon Z6 depuis bientôt quatre ans et comme disait Georges, le bilan est globalement positif. Quand je vois les clichés que je ramène avec Z6 (et Nikkor 24-70 f/2,8S qui est mon optique de référence) je ne vois pas ce qu’un autre boîtier pourrait m’apporter de plus. D’autant plus que Z9 et a fortiori Z8 ne sont pas exempts de points qui (me) fâchent. Petite revue de détails…
• Taille de capteur et montée en iso
D’abord, parlons de taille, parce que comme disait Debra Morgan, la taille, ça compte. Mon D3s faisait 12mp, mon D4s 16mp, mon actuel Nikon Z6 dispose d’un capteur de 24mp, c’est pour moi la taille idéale. La corrélation taille du capteur/montée en iso est évidente. Vous ne pouvez pas demander au capteur de 45mp d’un Z9 (ou d’un Z8) de monter en sensibilité comme un D6, ou alors il y a un truc qui vous a échappé !
En clair, je ne veux pas d’un capteur de 45mp, générant des images de gros calibre, incapable de monter haut en iso au besoin, même si pour ma part je bosse rarement au delà de 3200iso. Et je ne veux pas non plus passer des plombes à nettoyer mes images pour qu’elles aient une gueule potable. Sur ce coup-là Nikon ne vous la fait pas à l’envers, en annonçant clairement la plage max de sensibilité de Z8 : 25600iso.
• Stockage CFExpress et… SD !
Sur Nikon Z9, le monobloc embarque un double lecteur CFExpress. Sur Z8 c’est un lecteur CFExpress et un lecteur SD. Pourquoi Nikon a-t-il fait ce choix ? Problème de taille de boîtier sans doute. Z8 va donc embarquer une carte capable d’enregistrer des données à 1700Mo/s et une seconde carte plafonnant à des débits minables (300Mo/s). Fin de l’histoire.
• Le prix
4599€, soit un poil plus cher qu’un EOS R5 ou qu’un Sony A7R V. Nikon est donc dans la gamme de prix standard même si, de nos jours compte tenu de la conjoncture économique, c’est quand même un certain budget. Ce qui m’interpelle c’est que si vous ajoutez à ce prix celui d’un grip MB-N12 (399€) vous frôlez allègrement les 5000€. Quitte à choisir, pour 1000€ de plus vous avez un Z9.
• Obtu électronique et LED banding
Comme pour Z9, Nikon a fait le choix d’abandonner l’obturateur mécanique. En clair, Z8 ne fonctionne qu’avec un obturateur électronique. Si, comme moi, vous travaillez dans des environnements où l’éclairage par LED est roi (comme une salle de spectacles), vous connaissez la problématique du banding. L’apparition de bandes dûes à la fréquence des éclairages LED est un cauchemar pour de nombreux photographes. Ce problème n’étant pas complètement réglé sur Z9, il va de soi qu’il en sera de même sur Z8.
• Nikon Z8 face à Canon et Sony
Deux boîtiers sont sur le même segment que le nouveau venu. D’abord Canon EOS R5, sur une tranche de prix proche (4499€*), embarquant également un capteur de 45mp. On lui reproche une gestion des hautes lumières délicate, un obturateur électronique incapable de travailler au delà de 1/8000è et, surtout, un cumul de problèmes en vidéo (surchauffe, limitation des temps d’enregistrement sans la possibilité d’utiliser un stockage externe, …).
(*Canon propose actuellement un rabais de 500€ sur EOS R5)
Ensuite Sony A7R V au même prix (4499€) et son capteur de 61mp. Soixante et un mégapixels et pourtant un AF et un boîtier des plus véloces, même si le mode rafale plafonne à 10fps. À noter aussi que l’obturateur électronique peut parfois être capricieux, avec des effets de déformation dûs au rolling shutter, comme sur les sujets en mouvements. Pas franchement un boîtier idéal pour faire de l’animalier, donc.
• La part du lion
Sur son segment de prix, Nikon Z8 devrait séduire une très large part de photographes, à commencer par les utilisateurs de D850 qui hésitaient à switcher vers la visée réelle. Les performances sont au rendez-vous, en matière de vélocité, d’autofocus. En vidéo, Nikon fait jeu égal avec ses concurrents, voire mieux, se permettant même de proposer certaines fonctionnalités, comme l’enregistrement sur support externe. Nikon Z8 dispose de beaucoup d’arguments pour cartonner et se tailler la part du lion.
J’aurai sans doute l’occasion de tester Z8 sur le terrain des Vieilles Charrues en juillet prochain. Quant au remplacement de mon Nikon Z6, je vais sûrement devoir m’armer de patience. Je vois mal Nikon annoncer un Z6 III et un Z7 III – tous deux susceptibles de faire de l’ombre au grand frère – dans les mois qui viennent.
Sarazo dit
Le Z8, sûrement un nouveau numéro à succès pour Nikon.
En qualité d’utilisateur du Z9, j’attendais avec impatience la sortie du Z8 pour voir précisément ce qu’il apporterait de plus… ou de moins.
En réalité, si je devais investir aujourd’hui, j’hésiterais beaucoup car son prix est sensiblement moins cher que celui du Z9. Son gabarit sans la poignée est similaire à celui de mon Z6 ce qui est bien pratique en certaines circonstances. De plus il offre une reconnaissance des yeux des oiseaux ce qui m’intéresse particulièrement. Quant au format SD de la deuxième carte, ce n’est pas vraiment un problème. Enfin, le Z8 offre la même cadence d’images que le Z9 donc il a vraiment tout pour me plaire.
Pourtant en y réfléchissant mieux le Z9 garde quelques atouts non négligeables comme son encombrement réduit et son excellente prise en mains avec sa poignée intégrée. En effet la taille du Z9 est sensiblement inférieure à celle du Z8 couplé avec sa poignée. N’oublions pas non plus que le Z9 offre une bien plus grande autonomie grâce à sa batterie ce qui peut être compensé par des batteries en réserve me direz-vous. Les risques de surchauffe du Z8 en vidéo son plus importants qu’avec le Z9 du fait de sa taille mais en photo il ne risque pas beaucoup de surchauffer.
Le Z9 dispose aussi de fonctionnalités de connexion réseau supplémentaires qui n’intéresseront probablement pas tout le monde.
Quant à la qualité des images du capteur de 45 Mp, oui elle présente un peu plus de bruit que celle de mon Z6 mais le résultat est très largement exploitable.
Au final je serais peut-être tenté par le Z8 mais je dois dire que le Z9 est génial et je ne suis pas sûr que je ferais un autre choix. Naturellement mon choix dépend aussi de mon type de prises de vues mais je trouve que le Z8 est un merveilleux boitier qui ne décevra certainement pas ses acquéreurs.