Comment et pourquoi un photographe professionnel décide-t-il un jour de passer du reflex à l’hybride ? Quelles sont ses motivations ? Est-ce seulement en raison du poids plume de l’hybride, de son encombrement restreint ? En photographie plus qu’ailleurs, un tiens vaut mieux que deux tu l’auras. Le photographe est souvent très attaché à son matériel, fruit de l’expérience de plusieurs années sur le terrain, à une marque aussi. Quand vous avez investi beaucoup d’argent dans une marque, quelle qu’elle soit, vous ne voyez pas d’un très bon œil de la quitter. Le switch (le passage d’une marque à l’autre) coûte cher, très cher. C’est une décision difficile à prendre, coûteuse et pas seulement en terme financier. Switcher, c’est devoir se réapproprier un environnement, une ergonomie. J’ai voulu m’intéresser à ces photographes qui ont franchi le pas, essayer de comprendre leurs motivations. Je me suis naturellement tourné vers deux de mes amis très proches.
Le premier, les lecteurs de SHOTS le connaissent bien, c’est Gérald Géronimi. Ce photographe de mariage, l’un des plus doués de sa génération, originaire de la cité phocéenne mais habitant chez les ch’tis (c’est vous dire son sens de l’humour), a switché de Canon à Fujifilm au début de l’année 2015. Il est d’ailleurs devenu, peu après, Ambassadeur Fujifilm. C’est auprès de lui que j’ai pris conseil lorsque j’ai envisagé de réaliser mon test terrain avec X-T3. Le second, c’est Michael Parque. Ce photographe professionnel breton (il est de Nantes), avec qui j’ai partagé de nombreux concerts de jazz, notamment pendant Atlantique Jazz Festival qu’il couvre chaque année, est équipé en reflex Nikon. Il embarque aussi dans son sac photo un APN Fujifilm X-T3. La dualité reflex et hybride, la complémentarité entre les deux environnements me semble intéressante. C’est ce que j’ai cherché à comprendre en posant à Michael les questions qui suivent…
Michael Parque. Reflex ET hybride.
[SHOTS] Depuis combien de temps utilises-tu un APN hybride Fujifilm ?
[Michael PARQUE] J’ai commencé à utiliser la série XT il y a 3 ans maintenant. J’ai acheté un X-T1 d’occasion, avec des optiques d’occasion aussi, pour tester. J’ai compris à l’usage l’engouement de mon entourage pour ce boîtier, je suis rapidement passé au X-T2 qui venait de sortir et qui apportait de meilleures performances. Dès sa sortie, j’ai acheté le X-T3.
[S] Qu’est-ce qui t’a motivé, sachant que utilises également un des meilleurs reflex de la gamme Nikon (D850) ?
[MP] J’avais à l’époque un D800, qui devenait très bruyant à mon goût pour les concerts intimistes. J’ai toujours été très attaché à la discrétion que se doit d’avoir un photographe par rapport au public. Le X-T1 d’occasion ne représentait pas un gros investissement, alors j’ai franchi le pas, mais ses performances étaient à mille lieues du D800, il faut le dire. Aujourd’hui un D850 n’est pas beaucoup plus silencieux et le X-T3 m’est devenu indispensable, d’autant que là, les performances sont au rendez-vous.
[S] Comment gères-tu l’utilisation de tes APN, reflex et hybride ?
[MP] Au quotidien, j’utilise Nikon D850 en priorité, chaque fois que possible. C’est à dire quand je peux me permettre d’être bruyant, concerts à haut volume sonore, résidences et répétitions d’artistes, balances. Dans tous les autres cas j’utilise Fujifilm X-T3.
[S] Tu travailles beaucoup en noir et blanc. Est-ce que tu travailles de manière native en noir et blanc avec ton boîtier Fujifilm ?
[MP] Dans les deux cas, je travaille exclusivement en RAW. Je travaille mon noir et blanc sous Lightroom, photo après photo, sans utiliser d’automatismes.
[S] Si tu devais résumer ton expérience avec un hybride Fuji en quelques mots ?
[MP] Silence et légèreté, qui m’ont permis d’appréhender la photographie de scène d’une autre manière.
• La fin d’une époque ?
L’approche de Michael Parque est intéressante à plus d’un titre. Elle est un signe des temps. J’évoquais dans mon article précédent un changement d’ère, le glissement progressif du segment des appareils photos à visée reflex vers celui de la visée réelle, aussi qualifiée de mirrorless. Je pense que le switch reflex versus hybrides prendra beaucoup plus de temps qu’on ne veut bien l’imaginer, mais on vit aujourd’hui les premiers épisodes de cette longue saga. D’ailleurs, le sujet est d’actualité. Ce n’est pas par hasard si Nikon vient tout juste d’annoncer une baisse significative de ses prix publics conseillés sur ses deux reflex phares plein format (moins 200€ sur D850 et D750) comme en APS-C (moins 100€ sur D7500). Depuis son annonce en août 2017, Nikon D850 a connu une baisse significative de son prix public conseillé, moins 400€ excusez du peu. À ce jour, un reflex Nikon D850 coûte sensiblement le même prix qu’un hybride Nikon Z7.
Pour avoir travaillé en concert avec Fujifilm X-T3, je ne peux évidemment que confirmer le propos de Michael. Discrétion et élégance sont au rendez-vous, ainsi que la légèreté. Le déclenchement dans le silence absolu est un rêve pour tout photographe évoluant dans le milieu feutré des clubs de jazz ou des spectacles de danse. De ce point de vue, le déclencheur électronique du X-T3 fait merveille. Couplé à la visée réelle, c’est un véritable bonheur. Mais tout cela n’est rien, finalement. Le plus important, dans le propos de Michael Parque, tient dans ces quelques mots : « les performances sont au rendez-vous ». Fujifilm X-T3 ne se contente pas d’être un boîtier au design racé, à l’ergonomie élaborée, léger et silencieux au déclenchement, embarquant de merveilleuses optiques Fujinon, le tout pour un prix plus que compétitif. Non. l’argument essentiel de l’hybride Fujifilm X-T3 tient dans la qualité des images qu’il produit, leur dynamique et leur pertinence.
• merci à Michael Parque pour son témoignage. Vous pouvez retrouver le travail de Michael sur son site internet.
• La photo d’illustration de cet article a été prise par Michael Parque à la Carène Brest pendant le concert de BCUC. Avec un Fujifilm X-T2.
• prochain épisode avec Gérald Géronimi, Ambassadeur Fujifilm.
[…] rien de mieux que de donner la parole aux utilisateurs Fujifilm. Après Michael Parque, photographe de jazz, voici donc le témoignage de Gérald Géronimi. Outre le fait notable […]