Un test avec des hybrides, pourquoi pas ? Ça fait un bail que j’y pense, alors pourquoi ne pas l’avoir fait depuis longtemps, me direz-vous ? La réponse est simple. Parce que l’offre était restreinte, à mes yeux, à deux marques. Fujifilm, au format APS-C et Sony en plein format. J’attendais que les deux acteurs majeurs du marché de la photographie que sont Canon et Nikon se décident à dégainer une offre. Pourquoi ne l’ont-ils pas fait avant ? La réponse est évidente. Ces deux marques sont leaders sur le segment de la visée reflex depuis toujours, se tirant la bourre année après année. Alors changer de monde, c’était un peu pour les deux géants se tirer une balle dans le pied. Et puis créer une gamme hybride, ça ne se fait pas du jour au lendemain. Nouvelle technologie, nouvelle monture, nouvelles optiques, c’est un travail titanesque qui représente au bas mot quatre à cinq années de préparation. J’étais assis le long du fleuve et j’attendais patiemment de voir passer les annonces. J’ai eu vent de l’info, à la fin de l’été 2018, pour Nikon et deux mois plus tard pour Canon. J’ai réalisé aussi, à ce moment là, que le monde de la photo allait changer d’ère, que les heures de la visée reflex étaient peut-être comptées. Que plus rien désormais ne serait comme avant.
Sur le segment des hybrides, il y aurait désormais quatre acteurs, au lieu de deux. Une offre en hybride au format APS-C avec Fujifilm, trois offres en plein format avec Sony, Canon et Nikon. Du moins pour le moment, tant il semble évident qu’une offre en équivalent DX serait un jour prochain proposée par Nikon, voire par Canon. J’étais prêt. J’ai établi le cahier des charges de mon test terrain, histoire de ne pas être pris en défaut sur tel ou tel détail qui pourrait jouer en faveur ou en défaveur de telle ou telle marque. Un test hybrides, d’accord, mais à mes conditions. Sur mon terrain, pas nécessairement le plus facile, des salles obscures. Des lumières difficiles comme des mouvements indociles.
Fujifilm X-T3 rencontre avec un petit surdoué
Cahier des charges, modalités du test.
Pour ce test hybrides, j’ai souhaité travailler avec des configurations aussi proches les unes des autres que possible. Un APN doté d’un capteur de 25mp et une optique basique, une focale fixe de 50mm f/1,8. Priorité au format jpeg, pour ne pas être pris en défaut sur le sujet délicat du traitement des fichiers RAW. J’ai donc choisi de travailler directement en jpeg, en « brut de capteur » même si cette expression n’a guère de signification en elle-même, un fichier jpeg étant déjà une interprétation de l’image par le boîtier. Bref, exit le RAW, a priori. J’ai décidé de cibler quatre boîtiers. Fujifilm X-T3 et Fujinon 35mm f/1,4 (équivalent 52mm). Sony A7 III et Sony 50mm f/1,8. Canon EOS R et 50mm f/1,8. Nikon Z6 et 50mm f/1,8. Tous dotés de capteur avoisinant 25mp à l’exception de Canon EOS R (capteur 30mp). Venant du reflex, je n’ai jamais travaillé avec de l’hybride, à l’exception de mes tests sur Nikon 1 et son capteur 1 pouce. J’ai donc un regard parfaitement neuf sur le sujet. En revanche, je suis photographe. Un détail qui va s’avérer utile pour la suite des évènements, comme vous allez le constater. Last, but not least, cette série d’articles n’est sponsorisé par aucune marque.
Fujifilm X-T3. Vous avez dit sexy ?
J’ai reçu Fujifilm X-T3 vendredi midi et j’avais un concert le soir-même. Pour la petite histoire, lorsque je suis arrivé au Mac Orlan, la jolie salle de spectacles située rive droite, dans le quartier de Recouvrance de Brest, un ami m’a dit, interloqué « Tiens ! Hervé ! Tu as ressorti ton matériel argentique ? » Tout était dit. Les bonnes fées qui se sont penchées sur le berceau de Fuji X-T3 n’ont pas lésiné sur le look. Les mauvaises langues diront qu’elles se sont largement inspirées du design teuton de la firme de Wetzlar ! Qu’importe. Fujifilm X-T3 est indubitablement l’un des appareils photo les plus sexys du marché. Mon ami Gérald Géronimi, le photographe de mariage qu’on ne présente plus et ambassadeur Fujifilm m’avait conseillé Fujinon 35mm f/1,4 en précisant… « Tu verras, avec son petit paresoleil, ça ajoute encore un peu plus à son esthétique ! » Vrai. Habitué à trimballer du gros lourd (Nikon D4s et optiques Nikkor), là, j’ai eu l’impression de n’avoir rien dans les mains. Même si le poids n’est pas un argument décisif pour de nombreux photographes, historiquement habitués à supporter des sacs dignes d’une marche commando, avoir un poids plume autour du cou (775 grammes, batterie et cartes comprises), ça vous change un peu la vie. Cette fois j’étais prêt au contact.
On m’avait dit que.
J’ai logé la batterie dans la trappe et deux cartes carte Sandisk Ultra 32Go dans les fentes 1 et 2. Petit détail énervant, la petite batterie de X-T3 ne dispose pas de détrompeur (mais néanmoins un petit visuel orange), j’ai dû m’y reprendre à plusieurs fois avant de trouver le bon sens, pas facile dans l’obscurité. Pour info, chez Fujifilm, on ne parle pas de slot mais de fente. Précision inutile, le fucking manuel est (comme toujours) resté dans sa boîte. J’ai mis le contact et j’ai activé le menu. On m’avait dit que Fuji c’était plein de boutons et que l’ergonomie était une horreur. On m’avait dit que l’autofocus du 35mm f/1,4 avait une fâcheuse tendance à ramer en basses lumières. On m’avait dit que les menus Fujifilm étaient d’une grande complexité. Bref. On m’avait dit beaucoup de choses et rien, je dis bien rien, ne s’est vérifié. Du point de vue ergonomie, Fuji X-T3 est plutôt bien pensé. Naturellement, il faut un temps d’adaptation, quand vous venez d’un autre monde, mais pour ma part en dix minutes mes doigts savaient exactement où aller ! En photo, une fois que vous avez mémorisé diaph, vitesse, sensibilité et déclencheur vous avez déjà fait une bonne partie du chemin. Si je peux vous donner un conseil, vous le répéter, encore et encore. N’écoutez pas ce qu’on vous dit, jugez toujours par vous-même. Les menus ? Simples et intuitifs mais (très) complets. L’ergonomie ? Facile, avec quelques légers bémols (on y reviendra). Quant à l’AF et au confort de travail ? Incomparable.
Sur le terrain avec Fujifilm X-T3
Quand je suis entré dans la salle du Mac Orlan, le premier concert du festival Désordre avait déjà commencé. Je me suis donc retrouvé dans le noir complet avec un boîtier inconnu autour du cou. J’ai (évidemment) chié mes six premiers clichés. Pas de rétro-éclairage des boutons, dans l’obscurité, j’étais mal. En visionnant une image (ratée), j’ai regardé dans le viseur. Fuji X-T3 détecte l’œil dans le viseur et switche automatiquement l’image de l’écran LCD au viseur. Sans quitter l’œil du viseur, j’appuie sur le bouton menu, le menu s’affiche. Partant de là, j’ai accès à l’ensemble des réglages de l’appareil. La sensibilité, le type d’AF, le mode de mesure, la vitesse, … Une légère pression sur le déclencheur, je reviens à l’image live. L’image est sous-ex ? Je tourne la bague de diaph du 35mm et je visualise mon image en temps réel. Pour le photographe ayant travaillé en visée reflex pendant trois ou quatre décennies, inutile de le dire, la visée réelle est un choc, une révolution culturelle. Autre détail et non des moindres, la présence d’une bague de diaphragme sur l’optique. Ça fait des lustres que ça n’existe plus dans le monde du reflex. Dans le cas présent, c’est un argument d’une pertinence définitive, avec quelques réserves cependant. Ma main gauche n’étant plus habituée à la présence d’une bague de diaph, j’ai eu tendance à la faire bouger sans m’en rendre compte, d’autant plus que cette bague est d’une remarquable fluidité. C’est un détail, je pense qu’avec l’habitude, on repère la bague, surtout quand on comprend son utilité.
Fuji X-T3 résumé en un mot ? Facile.
Au bout de dix minutes de prise de vue, je me suis senti vraiment à l’aise. Dans le menu j’avais naturellement sélectionné le déclencheur électronique. Non content d’être totalement silencieux, un rêve fait réalité, il permet aussi de monter à des niveaux de vitesse surréalistes (1/32000è de seconde).Du point de vue de l’autofocus, j’ai opté pour une sélection manuelle de la zone AF, via le petit joystick sous le pouce droit. C’est d’une parfaite efficacité. Rien à dire sur l’autofocus, qui m’a semblé parfaitement réactif, contrairement à ce qu’on m’avait dit. Le grand bonheur se vit naturellement avec la visée réelle. C’est du WYSIWYG (what you see is what you get) c’est assez étrange, surtout pour qui vient de la visée reflex ! Jouez avec la bague de diaph pour corriger une expo, ouvrez grand (à f/2 par exemple) et votre profondeur de champ s’affiche en temps réel dans le viseur. Modifiez la vitesse, soit par la grosse molette vintage, soit par la molette « classique » sous votre pouce. Utilisez la bague de correction d’expo sur le boîtier à droite, mixez tous les éléments à loisir, dans le viseur vous voyez le résultat de vos réglages immédiatement, en temps réel. Voilà résumé en un mot ce que je pense de Fuji X-T3. C’est un boîtier facile. Prise en main facile, utilisation aisée. Facile, ça signifie aussi se sentir bien. Une fois la technique maitrisée, on peut se concentrer sur ce qui fait l’essence même de la photographie. Le cadrage, la composition, la dynamique.
Des fichiers jpeg de très grande qualité
Après cette première soirée passée au Mac Orlan, je suis rentré avec l’impatience de découvrir mes images. Mais j’avais un concert le lendemain matin, l’après-midi en extérieur, pour faire aussi des images avec Fuji X-T3 et deux concerts le soir même. J’ai donc dû attendre le surlendemain pour découvrir mes images. Et constater qu’en matière de montée en iso, de dynamique, Fuji X-T permet d’obtenir des images de grande qualité. Ce n’est pas la moindre des qualités de ce petit boitier. Je me suis souvenu d’une discussion avec Gérald Géronimi, alors que je testais une nouvelle version de Capture One Pro. Je lui avais demandé quel logiciel il utilisait pour l’editing de ses fichiers RAW. Amusé, Gérald m’avait répondu en éclatant de rire : « Fichiers RAW ? Quels fichiers RAW ? » Avant de m’expliquer qu’il travaillait directement en jpeg. Quand j’ai vu la qualité des images jpeg directement produites par Fuji X-T3, j’ai compris. C’est net, c’est propre. Et accessoirement, la taille du fichier est conséquente : 6240 pixels par 4160 pixels, autant dire qu’il y a un peu de latitude pour croper un détail disgracieux.
En conclusion (provisoire)
Disons-le clairement. J’ai été véritablement enthousiasmé par mes premiers pas avec Fuji X-T3. Voilà un petit boîtier léger et passe-partout capable de produire des images de très grande qualité. Pour qui est fait X-T3 ? J’ai envie de vous dire pour tout le monde ! Que vous soyez photographe professionnel ou amateur passionné, ce petit boîtier est fait pour vous. D’autant que l’offre en matière d’optiques Fujinon est vaste, tant en focale variable qu’en focale fixe. Je me suis laissé dire que Fujinon 56mm f/1,2 (équivalent 84mm) est une pure optique. Quand je vois ce que le boîtier est capable de sortir avec un « simple » 35mm f/1,4 je n’ai aucun doute à ce sujet. La grande qualité de Fuji X-T3 est sa facilité de prise en main associé à la souplesse et à la pertinence de la visée réelle. Travailler à f/5,6 puis adapter ses réglages de vitesse pour passer à f/1,4 et visualiser sa profondeur de champ directement dans le viseur ? C’est bluffant, pour qui vient de la visée reflex où ce que l’on voit dans le viseur est l’exact reflet de la réalité. Même si je demeure convaincu que le reflex a encore de beaux jours devant lui, je pense que l’hybride ouvre de nouvelles perspectives. Une chose est sûre. Avec ce X-T3, Fujifilm place la barre très haut. La suite de mes aventures hybrides s’annonce passionnante.
• merci à Fufifilm France pour le prêt du matériel et rendez-vous très vite pour la suite de ce test terrain consacré à Fuji X-T3. Merci également à Gérald Géronimi, Ambassadeur Fujifilm pour ses précieux conseils.
Vanden Abeele Daniel dit
Bonjour Hervé?
Je voudrais acheter un nouvel iMac après 10 ans de bons et loyaux services.Peux-tu me dire comment se fait le transfert d’in Mac à l’autre au niveau de Adobe Photoshop Cs6 et de Capture One 11. Dois-je fermer les comptes puis les réouvrir sur le nouveau ou dois-je simplement couper l’internet avant de transférer tous mes fichiers?
Merci d’avance
Un coucou depuis la Belgique
Hervé LE GALL dit
J’ai fait une sauvegarde de mon iMac sur TimeMachine. Sur mon nouvel iMac, j’ai lancé l’assistant migration, j’ai sélectionné ma sauvegarde TimeMachine et j’ai récupéré toutes mes données et mes applications. Je pensais qu’avec High Sierra des vieilleries comme Entourage ou Photoshop CS5 ne fonctionneraient plus et en fait pas du tout. Mes vieux softs fonctionnent encore. En revanche, j’ai essayé la même technique avec un Macbook Pro et Mojave et là en revanche ça a bien planté. Donc il faut tester et valider au cas par cas.