Jeudi 10 novembre. 16 heures. Je quitte le Salon de la Photo 2016. J’ai l’impression de vivre le scénario de Groundhog day et d’être dans la peau de Phil Connors dans Un jour sans fin. Un vague sentiment de déjà vu, d’avoir vécu une copie presque parfaite de l’édition 2015. Sauf que cette année, le salon de la photo 2016 s’est déplacé. Il se déroule maintenant dans le bâtiment 5, juste à l’entrée du parc des expositions de la porte de Versailles et sur deux niveaux. Il faut accéder au second niveau pour pénétrer le saint des saints et les poids lourds de l’industrie.
On notera cette année l’absence remarquée de Leica qui a décliné la proposition. Pour lui préférer celle, beaucoup plus chic et nettement moins mainstream de Paris Photo, sous les ors du Grand Palais. On ne verra pas non plus des poids lourds comme Hasselblad ou Phase One, un signe qui ne trompe pas. Ce salon de la photo 2016 est résolument grand public. D’ailleurs les vendeurs que sont la Fnac ou Camara sont en première ligne, à l’entrée du bâtiment. On vient ici aussi pour faire ses courses et promener son appareil photo. Quant à moi, je file directement sur le stand de Nikon France, pour la conférence de presse des nouveaux produits.
Salon de la Photo 2016. On prend les mêmes…
• Nikon D5600, café croissants et 70-200
9 heures. Une heure avant l’ouverture du salon, une poignée de journalistes et de blogueurs est invitée par la marque jaune pour découvrir les nouveaux produits de la marque. Sur une table, côté à côte, on découvre donc Nikon D5600, le petit dernier, un reflex grand public qui sait faire un tas de choses épatantes. Il sait se connecter aux sacro-saints réseaux sociaux pour alimenter votre compte Instagram et consorts. Le chef produits explique à grands renforts d’arguments statistiques que la courbe d’intérêt des jeunes pour le smartphone décline. Désormais cette clientèle souhaite un matériel plus élaboré pour réaliser des clichés de qualité.
Ironie du sort, pendant son exposé, convaincant au demeurant, le nouvel objet du désir estampillé Nikon est photographié par une nuée de smartphones (et un hybride Olympus). Je fais quelques clichés de cette scène ubuesque avec mon D4s, seul photographe présent au milieu d’une nuée de journalistes. On présente ensuite le nouveau caillou 19mm tilt and shift, calibré pour la photo d’architecture. Puis vient le tour de Nikon D5 sur lequel est monté le nouveau petit prince de la gamme Nikkor. Je peux enfin prendre en mains le nouveau 70-200 f/2.8, jeter un coup d’œil dans le viseur. Les collimateurs sont désormais plus rikiki mais aussi nettement plus nombreux. Ça donnerait presque envie de lâcher D4s et de repartir avec D5.
• De Keymission 360 à Fujifilm série X
Une heure plus tard, la foule des grands jours a envahi les allées et sur le stand Nikon, c’est déjà la cohue. Dans le coin Nikon Pro, les optiques de rêve Nikkor passent de main en main, les présentations se succèdent. Ici Vincent Lambert, oui LE Vincent Lambert de la Nikon School, explique le reflex Nikon. Un peu plus loin un visiteur rencontre des lémuriens dans un monde virtuel managé par les nouvelles caméras Keymission 360. Cette incursion de la marque jaune dans le jardin pour l’instant réservé à une marque comme GoPro, sur le segment des caméras d’action, n’a rien d’anecdotique. Les résultats obtenus sont réellement surprenants. Keymission 360 combine l’excellence du résultat à la simplicité de mise en œuvre.
Je quitte donc Nikon pour rejoindre le stand Fujifilm France. La sensation ressentie l’an passée, cet intérêt nettement marqué pour l’hybride et la gamme X ne se dément pas. La foule compacte forme une boule devant les matériels et les présentations sont toujours aussi convaincantes en défendant le même postulat. Voyagez léger, faites de bonnes photos avec un hybride qui a de la gueule. Et accessoirement pour un budget nettement plus léger que celui d’un reflex.
• Canon M5, petit mais maousse costaud
Autant d’arguments que l’on retrouve sur le stand de Canon France. La marque rouge a réservé un coin entièrement dédié à son nouveau M5. Ambiance Brice de Nice (le jaune en moins), Hawaï, planche de surf et jolies naïades. Un hybride avec une dégaine de petit reflex, capteur APS-C (24mp) le tout cadencé par un Digic 7 maousse costaud. Voilà une proposition qui devrait attirer des photographes soucieux de partir en ballade sans se charger comme des mulets. Précision, ce petit M5 embarque des specs de EOS 80D dont je vous ai déjà dit ici tout le bien que j’en pense.
Avec mes camarades de la marque rouge, autour d’un café, je reparle de EOS 5D Mark IV qui lui, pour le coup ne m’a pas vraiment enthousiasmé. Difficile de succéder à un calibre du niveau de 5D Mark III. Je reprends ma route, je passe devant Sigma et son énorme téléobjectif monté sur un compact. On peut regarder mais pas toucher, contrairement au stand Zeiss qui invite les visiteurs à tester ses optiques autour d’une plante verte. Finalement, sur ce Salon de la Photo 2016, les stands sont les mêmes que l’an passé, à quelques détails près.
• SanDisk SD 1To !
Sur le stand Western Digital SanDisk (le premier a racheté le second), je découvre d’abord celle qui crée incontestablement la sensation du moment. Derrière une vitre de protection, la nouvelle carte SanDisk SD 1Tb suscite l’étonnement. On ne sait pas comment SanDisk a réussi le tour de force de loger un teraoctet de datas dans un logement aussi réduit, mais ils l’ont fait. Je profite de la présence du chef produits pour demander si SanDisk produira un jour une carte au format XQD. Sans ambages, la réponse est non. SanDisk s’est engagé sur la voie d’un autre format, CFast, capable de débits stratosphériques (la version 2.0 flirtant avec les 600MBps). La petite guerre entre CFast et XQD n’est donc pas prête de s’éteindre.
En évoquant ma récente série d’articles sur le Cloud, j’évoque avec WD le NAS, l’occasion de découvrir la nouvelle gamme My Cloud Série Business estampillée WD. Une majorité de NAS (dont ceux de Synology) sont aujourd’hui équipés de disques durs WD Red. Il était donc naturel que Western Digital s’intéresse de près à ce type de sauvegarde et propose une offre sur un segment en plein essor pour les photographes.
• Le NAS vu par Western Digital
Une sauvegarde sur un disque dur autonome accessible en réseau, voilà résumée en quelques mots la philosophie du NAS. Ajoutez à cela une disponibilité planétaire par internet, un accès sécurisé (chiffrement AES 256 bits) et une technologie de disques durs capable d’assurer une bonne dose de tranquillité d’esprit grâce au RAID. Sans même évoquer les passerelles possibles avec des solutions cloud comme Dropbox et là vous me dites que c’est la solution rêvée ? Pourtant le NAS peine encore à s’imposer, notamment chez les photographes, la faute peut-être à une appréhension de la mise en œuvre un peu trop technique.
C’est sur ce point précis, la facilité de mise en œuvre justement, que WD mise, en proposant un NAS qui soit à la fois fiable, ultra sécurisé et totalement pré-configuré. Pour prendre Synology à contrepied, justement, où il faut se palucher l’installation, morceau par morceau. WD décline donc My Cloud en deux solutions, DL2100 avec deux baies de disques durs ou DL4100 avec 4 baies de disques durs. Des disques remplaçables à chaud, sans plateaux, difficile de faire plus simple, avec des capacités qui vont de 4 à 12To pour le modèle d’entrée de gamme, de 8 à 24T pour le modèle DL4100. Affaire à suivre, donc.
• Je n’ai pas vu Olaf…
En route vers la sortie, je passe devant le stand Eyrolles, l’éditeur qu’on ne présente plus. J’espérais y voir Lumi Poullaouec, auteure de l’excellent manuel pour les petits photographes mais on s’est raté de peu. C’est l’occasion de redire tout le bien que je pense de cet vénérable maison d’édition qui a dans son catalogue un nouveau manuel de référence signé Vincent Lambert (toujours le même) de l’excellent Nikon D500 dont je vais bientôt vous parler ici-même. Ou de Michael Freeman, un de mes auteurs photographes de prédilection.
Je croise un ami sur le stand Hahnemühle où une demoiselle me fait l’article sur la gamme de papier. Précision inutile, je lui explique que mes tirages print art sont exclusivement réalisés sur du papier Hahnemühle. Voilà, c’en est fini du Salon de la photo 2016. Comme chaque année, c’est toujours un peu pareil et c’est à chaque fois différent. À l’image de la photographie, finalement.
• Mais j’ai vu Jean Marquis.
Un Salon de la Photo 2016 qui proposait cette année une ou deux expositions à ne pas manquer. Cette année, on pouvait découvrir, en vrai, les sublimes clichés de Monsieur Jean Marquis, souvent présenté comme l’oublié de Magnum, ainsi qu’une expo Raymond Depardon. Pour ce dernier, j’ai du mal à être convaincu par ses clichés qui illustrent la ruralité française des années cinquante. On suit le regard de Depardon dans la ferme de ses parents, c’est un joli témoignage d’une époque passée, sans plus.
En revanche, le travail de Jean Marquis est d’une flamboyance merveilleuse. Le regard de ce photographe vaut qu’on s’y attarde, témoignage d’une époque faste, où les belles actrices italiennes – Gina Lolobrigida – côtoyaient les fringants photographes – Robert Capa. Jean Marquis, quatre-vingt dix printemps, était présent, le feutre impeccable et cette petite lueur dans le fond du regard, dédicaçant son livre de son écriture d’écolier appliqué, de l’enfant fasciné par l’image qu’il n’a sans doute jamais cessé d’être. Adepte de Cartier-Bresson, à qui il avait racheté son boîtier Leica, ou de Capa, Jean Marquis a réalisé un travail photographique d’une qualité rare.
• En conclusion, merci à Nikon (en particulier Nikon Pro), Canon, Fujifilm, Western Digital SanDisk, Eyrolles édition et au Salon de la Photo 2016. Rendez-vous en 2017.
Yves dit
Pas eu le temps d’y faire un saut cette année. Merci pour ce résumé synthétique !
Lumi Poullaouec dit
Haha ! ton inter m’a fait pouffer de rire Hervé ;D
J’ai pourtant tout fait pour qu’il vienne le gros Olaf, mais il se cachait dans sa tanière ! Rien à faire ! ^_^ C’est dommage, tu es passé l’après-midi où j’étais coincée au bureau ! 🙁 je devais te faire un dessin sur la 3eme de couv du livre du petit Victor.. Ce sera pour la prochaine fois !
Greg du blog Gregoire photographe dit
Merci pour le résumer!