On était en train de sortir tranquillement d’un été sans fin, entre grise mine pour certains (suivez mon regard) et canicule pour d’autres. On n’attendait rien de cette fin d’été, quand est tombé le communiqué de presse de Canon. Une annonce, enfin ! L’arlésienne de la marque rouge. Le reflex professionnel successeur de la lignée EOS 5D, le boîtier numérique de référence de toute une génération de photographes. Et disons-le clairement aussi, de vidéastes depuis Mark II. On avait tellement fantasmé Mark IV, depuis si longtemps, qu’on se demandait s’il allait enfin voir le jour. Sur le stand Canon, au salon de la photo, on avait essayé de gratter des infos l’an passé mais rien n’avait filtré. Néanmoins, on savait toutefois que le projet était dans les cartons. Jusqu’à ce matin et ce laconique communiqué de presse annonçant, enfin, la disponibilité prochaine de EOS 5D Mark IV.
• EOS 5D Mark IV. Vous en avez rêvé.
Une chose me vient à l’esprit, à la lecture des specs de EOS 5D Mark IV. C’est ce sentiment que Canon a largement appris de ses erreurs passées. Notamment à propos de l’écoute de ses utilisateurs. J’ai l’impression que depuis EOS 7D, quelque chose a changé dans la proposition de Canon qui me semble beaucoup plus à l’écoute et en phase avec ses clients. C’était d’ailleurs le postulat de la marque rouge lorsqu’elle a lancé EOS 7D. Proposer un reflex disposant de fonctionnalités attendues par les utilisateurs. Avec EOS 5D Mark IV, il sufft de jeter un coup d’œil rapide à la liste de spécifications pour en être convaincu, a priori. Un capteur de 30,4mp, un mode rafale de 7fps, de la vidéo en 4K, Wifi et GPS intégré. La messe serait-elle dite ? Pas sûr.
• Mode RAW dual pixels
Le communiqué de presse évoque des avancées notables sur la gestion des basses lumières, sans d’ailleurs toutefois évoquer clairement la sensibilité en iso (de 50 à 102400iso). Bonne nouvelle quand on sait qu’à ce chapitre les reflex Canon ont longtemps été à la traîne derrière la concurrence. Pour ne pas dire à la ramasse. Au détour d’une ligne on apprend l’existence du mode RAW dual pixels. Qu’est-ce que c’est que ce truc ? À en croire la promesse de Canon, on serait capable de réajuster la netteté après la prise de vue. Mazette ! Comment un tel prodige est-il possible ? L’idée, pour schématiser, c’est d’enregistrer dans un seul et unique fichier RAW plusieurs sous-ensembles d’une même image. Charge au logiciel de post-prod (DPP uniquement, au moins dans un premier temps) de réajuster ces sous-ensembles pour obtenir une image nette. Là, honnêtement, je demande à voir, si j’ose dire.
• Autofocus
Du côté de l’autofocus, pas d’avancée spectaculaire. Canon EOS 5D Mark IV conserve ses 61 collimateurs mais annonce une sensibilité accrue sur le collimateur central. Jusqu’à -3IL en visée optique et -4IL en liveview. Pour le mode rafale, qui passe à 7fps, il faut nettement relativiser la performance, puisque le nouveau reflex a une capacité très limitée en RAW, avec 21 images, autant dire trois secondes d’autonomie. En clair, pas grand chose pour ne pas dire pratiquement rien.
• Vidéo, le défi en 4K
Depuis Mark II, Canon est devenu l’apôtre de la vidéo sur reflex. On peut même affirmer sans ambages que ce coup de maître a permis à la marque rouge de garder la tête hors de l’eau durant toutes ces années. On attendait donc Mark IV au tournant et de ce point de vue, il ne déçoit pas. Il embarque un format 4K, capable de produire un flux vidéo d’une qualité premium de 4096px par 2160px sur 30, 25 ou 24 images/sec. Pour la petite histoire, il est désormais possible d’extraire une image JPG de 8,8mp d’un flux vidéo. Concernant le 4K, un bémol de taille tout de même. EOS 5D Mark IV serait équipé d’un port HDMI non compressé, un port non compatible avec le format 4K ! En clair, il faudra enregistrer ses vidéos 4K sur cartes. La proposition EOS 5D Mark IV devient donc nettement moins attirante.
• Écran tactile, Wifi, GPS
Du côté des goodies, ceux qu’on vous met en plus pour vous faire briller les yeux, citons par exemple l’écran tactile, qui sera surtout utile aux vidéastes, pour afficher une fonctionnalité ou ajuster une zone de netteté du bout des doigts. EOS 5D Mark IV embarque aussi le Wifi pour transmettre ses images en temps réel. Le module GPS ravira sans doute les photographes voyageurs, en leur permettant de géolocaliser leur images, tout en permettant de régler automatiquerment l’heure locale selon la localisation.
• On en arrive aux sujets qui fâchent
La proposition de Canon ne réussit pas à me convaincre, mais je suis néanmoins certain que ce reflex va trouver son public et réaliser un carton d’audience. En premier lieu, il y a le positionnement de ce reflex et son capteur 30mp. C’est pratiquement deux fois la capacité de taille d’un capteur idéal, qui se situe selon moi à 16mp. On n’est plus dans le reflex de reportage tout en étant cependant pas assez haut pour prétendre être un reflex de studio. Le choix de cette taille de capteur me semble hasardeux de la part de Canon, sans même évoquer la taille des fichiers RAW. Ainsi, du côté des sujets qui fâchent, Canon n’avance guère. L’autofocus et ses 61 collimateurs ne font aucune avancée notable. Le mode rafale, utile en reportage, fait un peu sourire avec son buffer de 21 images.
• Un format 4K limité
Mais finalement, tout cela est anecdotique. On passera par exemple sur le mode dual pixels, qui ressemble plus à un effet de manche, pour aborder les points de détail vraiment incompréhensibles. Canon propose un reflex capable de produire un flux vidéo 4K. C’est l’argument, avec un A majuscule, de cette proposition. Et dans le même temps on apprend quoi ? Que le port HDMI non compressé de EOS 5D Mark IV est incompatible… Avec le format 4K ! Les vidéastes apprécieront. À cause de cela, impossible d’utiliser un enregistreur externe et de ce fait obligation d’enregistrer sur cartes avec toutes les limitations induites.
• Un soupçon de déception
En conclusion, EOS 5D Mark IV est une proposition qui a de la gueule, du lustre, même si toutefois le vernis a tendance à s’écailler par endroits, sur certains détails. Mais pourtant ce reflex est tellement attendu que les afficionados de la marque rouge vont sans aucun doute lui réserver un accueil plus que favorable. Dernier bémol et non des moindres, le prix public annoncé, de 4099,99€ TTC (3415€ HT). Il faudra aussi prévoir des capacités de traitement musclées pour pouvoir absorber les fichiers RAW. On évoque une taille de 60Mo pour un fichier RAW en dual pixel. Le prix de la netteté.
• Canon EOS 5D Mark IV, disponible à partir du 8 septembre 2016 au prix public conseillé de 4099,99€ TTC
Romain dit
Tout à fait d’accord avec ton analyse !
Je trouve que le GPS est un gadget ! un bon calepin et un crayon font tout à fait l’affaire pour noter la rue, l’endroit où l’on est ! en plus ça bouffe énormément de batterie.
je pense que je vais rester sur un bon Mk3 !
Hasgarn dit
GPS gadget, certes, mais dans le Larzac entre 2 buissons, l’adresse…
Concernant l’autofocus, c’est justement une évolution assez importante en matière de collimateurs croisés et de sensibilité (jusqu’à f/8 sur les centraux) et la sensibilité en basse lumière. Je trouve pas si mal sans être révolutionnaire. Pourvu que l’AF soit précis et rapide, voilà ce qu’il faut.
Sinon, c’est clair que ce boitier souffre des mêmes « défauts » que le D800 en son temps : c’est un boitier de studio ou un boitier reportage ? Et ça, il va falloir attendre les premiers tests et retour pour s’en faire une idée. J’imagine que ça va faire comme pour le D800.
Je suis sur qu’une mai firmware viendra gommer les défauts, de la 4k non compressée au buffer (souvent parce que c’est codé très lourd et qu’une cure de factorisation augmente la performance). Ça me rappelle un D5 qui limitait la durée des vidéos 4k à 5 minutes vite rectifié avec le tollé provoqué.
Bref, j’attends surtout les testes. Je dois changer de boitier l’an prochain et ce sera ce 5D mkIV ou le nouveau 1Dx.
chiffon dit
L’AF est issu de celui du 1Dx II, a priori ça reste un bon niveau au dessus du 5D III.
Ce qui fâche, pour moi, c’est surtout ce foutu buffer (et autres mesquineries de segmentation de gamme, du genre la mesure spot sur le colli actif…). Même si Nikon a aussi déconné sur le sujet, Canon a vraiment fait nawak sur ces deux aspects.
Sur le reste, le 5D4 ressemble grosso merdo à ce qu’on attend d’un outil tout-terrain, et nul doute qu’il fera le job. Mais à quel prix..? (4100 balles.)
Patrice dit
Ce qui peut etre considéré comme un gadget pour les uns, est d’une grande utilité pour les autres.
Pas deçu du tout par les specs du bébé, 5D mark IV continue ce que la serie 5D est, c’est a dire un bon boitier « multirole » pour la plus vaste majorité des photographeurs et videastes, pro ou amateur-experts tout le monde confondus.
Par contre le prix public … pff il est juste a grosso modo 2 000 balles du DX
Antoine Magnier dit
Un boitier comme ça j’y crois mais plutôt à 3000 euros.
Louis dit
Je suis à Bangkok
123000 baths( environ 3100 euros)à la boutique Canon de MBK
A ceprix, à deduire environ5 % de TVA récupéree à l’aeroport.
Les YVAmais aussi les marges des revendeurs ne sont pas les memes partout.
Le 1dx II est à 219 000 bathssout 5700 euros ( moins 5 % de tva)
Yann dit
Ce qui est anecdotique pour vous peut captital pour d autres. Dans tous les cas, vous vous trompez sur l af. Les photographes spécialisés en basse lumière apprécieront les -3il. Pour avoir shooter conjointement avec un 6d et un 5dmiii, la différence d un il est tout sauf anecdotique.
De plus, la veritable avancée dont vous ne parlez pas est le double proc. La ou le miii singeait l af du 1dx sans en avoir les moyens, (un malheureux proc) le 5d iv est réellement meilleur en terme d af que le miii, egalement au niveau de la justesse des jpg (la nikon est juste a la ramasse) car oui on a pas tous le temps de poser un workflow raw.
Mais oui, ce miv n est pas extraordinaire, en revanche tres largement superieur au mIII.
Autant je ne voyais aucun intérêt a acheter un miii au lieu d un 6d que ce miv se dinstingue définitivement de la gamme 6d. Ce qui arrange bien la politique tarifaire Canon, certes.
alain dit
Bonjour,
outre le prix que je trouve rédhibitoire, je n’ai toujours pas compris l’intérêt du dual pixel surtout qu’en divisant les pixels par 2 ils reçoivent chacun deux fois moins de lumière.
Certes ils est meilleur que le mark III mais le contraire aurait été étonnant.
Bref, je ne suis pas du tout convaincu de l’intérêt de ce boitier.