Vendredi, 11:00. Je reçois un paquet par Chronopost. Je respire un grand coup, parce que je sais qu’à l’intérieur il y a le chaînon manquant, celui qui va effacer mon angoisse de ne pas pouvoir aller chercher le spot assez loin. Dans le carton il y a un doubleur de focale, le fameux Extender Nikon TC20EIII qui, monté sur mon Nikon D3s va transformer mon zoom 70-200 f2,8 en zoom 140-400 f5,6. Je suis impatient de voir si tout le bien que j’ai entendu de cet accessoire est fondé, ou pas. Je monte le doubleur sur mon D3s et le 70-200 sur l’extender. Dans le viseur l’image est un poil moins lumineuse sans finalement être sombre. Le traitement des lentilles asphériques du doubleur permet d’obtenir une image quasi identique dans le viseur. Côté focale, mama mia ! 400mm c’est carrément un pont plus loin. Je réprime un éclat de rire la première fois que mon regard croise l’image dans le viseur, en imaginant déjà tout le profit qu’un photographe peut tirer d’un tel accessoire, non seulement en concert (la semaine prochaine aux Vieilles Charrues, yeah !) mais aussi en photo animalière, en photo sportive, quand on est un peu court en focale. Voilà un accessoire aussi discret qu’essentiel qui trouvera sa place dans le sac de tous les photographes. Pour quelques centaines de grammes, la focale est doublée, mais attention uniquement sur les optiques compatibles. Côté investissement, c’est pas franchement une tuerie. Chez Digit Photo on le trouve à moins de 500€.
• Safari dans mon salon
Armé de mon D3s, de mon extender et de mon 70-200, pour tester le doubleur j’ai choisi d’aller en safari traquer la bête pas vraiment sauvage, shootant un Momo par ici (le chat le plus momo de tous les momos) en pleine crise de roupillon et Satori, mon terrier Yorkshire poussé dans ses ultimes retranchements, appâté par un morceau de gâteau breton maison. Et puis j’ai descendu les escaliers quatre à quatre, direction l’atelier pour dérusher. Le résultat me semble parfait. Finalement, un 70-200 équipé d’un doubleur, c’est comme un excellent 400 avec pour seule limitation c’est de perdre deux diaphs. On passe donc de f2,8 à f5,6 mais franchement, comme dirait Emmett Brown, on s’en balance ! Les deux diaphs sont largement compensés par la capacité du boîtier à monter en iso, donc la vie est belle. Sinon l’image est au poil, si j’ose dire. Ça pique, les détails sont là avec un joli bokeh en arrière-plan. Ce chaînon manquant est désormais le chaînon indispensable.
Petit coup de fil à Nikon France pour parler de l’extender et partager avec mon interlocuteur l’impatience que j’ai à aller au taff avec mon reflex D3s sur les Vieilles Charrues. C’est une première à plus d’un titre, pour moi comme pour mon festival. D’abord parce que je shoote en Nikon pour la première fois aux Charrues, avec ce reflex auquel je n’ai toujours trouvé aucun défaut (oui, désolé pour les pisses-vinaigres, mais c’est comme ça, hein ? D3s est le reflex parfait), ensuite parce que cette année le festival des Vieilles Charrues et Nikon sont partenaires et que rien que ça, évidemment, ça me touche énormément. Mais, comme disait Marie-Thérèse… La vie n’est pas un long fleuve tranquille, en tout cas pas pour moi et la suite va me prouver que j’ai raison de me méfier.
• Le cauchemar du capteur
J’ai récemment fait une séance de prise de vues en extérieur et j’avais découvert, horrifié, la présence de taches immondes sur mes images. Ni une, ni deux, j’achète un kit de nettoyage à l’épicerie Phox du coin, bien décidé à éradiquer ces points noirs disgrâcieux. Début d’après midi, je sors avec mon D3s équipé de mon 50mm, direction le ciel bleu à f16. Clic clac, je reviens au bureau, je regarde l’image dans LR et là je frôle l’arrêt cardiaque. J’ai des taches de graisse sur le capteur, des taches massives sur la partie droite de l’image. Pire encore, l’image présente des traînées dégueulasses sur la partie inférieure du cliché, comme un ruissellement de traces graisseuses et là, franchement, je suis abasourdi. Je n’arrive pas à m’expliquer la présence de taches aussi nombreuses et aussi lourdes sur le capteur de ce boîtier qui a à peine six mois de fonctionnement. Et comme je fais partie des maniaques du matos, on ne peut même pas se dire que je ne sais pas changer un caillou avec les précautions d’usage. Je suis dans la merde, à moins d’une semaine du plus gros morceau de l’année, les Vieilles Charrues.
• Nettoyage du capteur : attention ! Casse-geule !
Je déballe le kit de nettoyage capteur de chez VisibleDust. Un peu de produit en haut, un peu en bas, mais pas trop. Ouverture du miroir. J’essaie de respirer par le nez, je passe sur la capteur d’un trait, mouais. Je remets mon 50, direction le ciel. Pas de bol, le ciel bleu a disparu, ici c’est Brest. Rebelotte, je reviens sur LR. Les traces ont disparu dans la partie inférieure mais d’autres traces apparaissent ailleurs. Voilà. Bienvenue dans la diagonale du fou. Je vais essayer de nettoyer à plusieurs reprises, en changeant le sticker, rien n’y fait, les traces sont encore là. Fin de la journée, je renonce, je suis furieux, déjà prêt à tout bazarder, le D3s, les optiques, à tout plaquer, à arrêter la photo (vieux refrain) pour aller élever des chèvres dans le fin fond de l’Afghanistan, un chapeau grotesque sur la tête, comme le héros du film de Jeunet. Je suis passé du rire aux larmes, en moins de deux. Finalement la décision est prise. Demain j’amène mon D3s chez Phox qui va se démerder pour me nettoyer ce satané capteur…
• Pourquoi des tâches sur le capteur du D3s ?
D’abord, balayons d’un revers de main l’hypothèse selon laquelle D3s mangerait plus de poussières qu’un autre boîtier. Tous les appareils photos numérique sont concernés, tous sans exception. La bonne question n’est pas de se demander pourquoi D3s mange de la poussière et des particules graisseuses mais bien pourquoi mon D3s se comporte de cette manière. D’ailleurs d’autres photographes équipés en D3 ou D3s m’ont confié qu’ils n’ont pour leur part que peu de problèmes. Alors pourquoi le mien ? D’abord, je change d’optiques fréquemment, alternant du 24-120 au 70-200 et désormais un 50. Chaque fois qu’on enlève une optique, le potentiel d’entrée de particules est élevé. Lorsque le miroir s’actionne, c’est la rumba des poussières, à l’intérieur. Un technicien de Nikon France, que j’ai contacté, m’expliquait qu’il peut se produire un phénomène d’aspiration de particules de poussières microscopiques, même à travers une optique en place. La micro-poussière est invisible à grande ouverture, en revanche à partir de f16 et au delà elle se révèle dans toute son infecte splendeur. Autre paramètre, je fréquente des salles de concerts qui sentent la bière et l’animal et dont l’air est saturé de poussières en tout genre, comme le Vauban ou le Run ar Puñs, et ceci explique largement cela.
• En conclusion.
D’abord, non, je ne vends pas mon D3s. Inutile donc de me faire parvenir vos propositions vénales. Ensuite, le conseil c’est de vérifier régulièrement l’état de votre capteur numérique. La technique, très simple. Vous photographiez un objet lumineux , un fond blanc, un ciel bleu à la plus petite ouverture possible (par ex. f16 ou une valeur supérieure) en désactivant l’autofocus et en réglant l’objectif sur l’infini. Si des auréoles, des tâches, des trainées apparaissent, votre capteur a des poussières ou des taches de graisse. Pour les poussières, un délicat coup de soufflette sur le capteur ou l’utilisation d’un pinceau anti-statique feront l’affaire. Évitez absolument les bombes de gaz qui pourraient projeter des substances liquides sur votre capteur (parce que là, c’est sayonara !). Pour les taches graisseuses, deux options. Le kit de nettoyage permettant nettoyer son capteur soi-même ou l’envoi du reflex chez un pro qui vous garantira un capteur vierge et propre. Si vous êtes sur Paris, que vous êtes pro et équipé en Nikon, le staff de techniciens du NPS (Nikon Pro Service) saura vous être utile et vous évitera de plonger, comme moi, le temps d’un soir, dans la plus profonde des déprimes…
LORandZO dit
« D3s est le reflex parfait » : En mm temps à 4500 € l’appareil, ya plutôt intéret qu’il assure ! 😀
En tout cas, super article ! Juste une ptite question, est -ce que les exifs prennent en compte l’extender une fois monté ?
Fanch Dangerous dit
Toute façon un nettoyage de capteur c’est toujours casse gueule! Moi au boulot (je suis photographe dans une boutique photo) je peux passer 4h sur un capteur et honnêtement il y a une grande part de chance dans la réussite d’un nettoyage, j’ai essayé plusieurs techniques en passant du kit DÖRR Sensor green clean avec la bombe d’air comprimé jusqu’au kit Eclipse qui pour un petit budget est celui que j’ai trouvé le plus efficace! voila juste pour avis…
harvey dit
@LORandZO Je connais des boîtiers à 4500€ qui sont perfectibles. Nikon D3s est parfait à tout point de vue. Pour moi son seul défaut majeur est son poids ! Sinon, c’est le meilleur boîtier que j’ai jamais utilisé, c’est clair. Concernant les EXIFS les informations mentionnent l’utilisation d’un 70-200 f2,8 à une distance focale de 400mm.
@Fanch ça fait plaisir, merci pour ton témoignage, gast ! Ça me rassure finalement de constater que je ne suis pas le seul gars confronté au problème ! Hier j’ai amené mon D3s au Phox de Brest, ils sont charrette mais vont quand même le nettoyer propre avant les Charrues. Il faut que je regarde le kit Eclipse dont tu parles, si tu as un lien je suis preneur. Une chose est sûre. Je vais checker mon capteur en faisant une image de test tous les trois mois minimum !
NicolasB dit
J’ai aussi récemment du nettoyer mon capteur parce qu’il était maculé de poussières récoltées en reportage et durant des concerts: on va pas s’empêcher de changer les objectifs quand il le faut non-plus… Les fabricants ont encore de gros efforts à faire, leurs systèmes ne sont de loin pas suffisants, on dirait qu’ils se reposent sur leurs pseudo-succès? Au prix où on paie…!
Ceci dit, mon capteur était « maculé », mais en passant un coup de sensor swab j’ai réussi à rétablir la situation, redevenue presque à la normale sur mon 5D mark II.
Avez-vous pensé au doubleur de focale, ou au miroir? J’ai entendu ou lu des histoires à propos de miroirs qui fonctionnaient parfois bizarrement (ce peut-être du à certains objectifs ou accessoires) et qui soudain commençaient à projeter de la graisse ou du liquide huileux sur le capteur, en s’actionnant…
harvey dit
@NicolasB c’est clair que la problématique des poussières sur les capteurs est loin d’être résolu. J’en parlais avec un technicien de chez Phox et comme je lui disais que j’avais entre autres un 24-120 (qui est un zoom qui s’allonge, se déploie) il m’expliquait que les poussières peuvent passer par les joints. Et puis effectivement les reflex ont des optiques interchangeables, on va pas arrêter de changer les optiques en se disant que ça évitera de choper des merdes ! Le miroir est une piste sérieuse parce que c’est une pièce qui bouge et parfois avec violence (11fps ça envoit !). Autre piste l’obturateur pour les projections d’huile ou de graisse. Je pense que la bonne solution c’est finalement de faire une image de test régulièrement. En septembre à la rentrée je remets ça. Et puis je vais apprendre à manier le swab, même si ce genre d’exercice n’est pas franchement ma tasse de thé…
Ah lala ! La technique c’est de la merde quand même ! J’ai un Canon F1 depuis 1977, j’ai jamais eu de problème de poussière sur mon capteur… 🙂
Fanch dit
Hoooo je m’inquièterais pas pour Grenier, au pire si il y a un souci après t’es tranquille car il se doivent d’arranger ça…
Et pour le kit Eclipse j’utilise ce kit là :http://www.missnumerique.com/reflex-video-numerique-nettoyage-capteur-entretien/photographic-solutions/photographic-solutions-kit-pro-liquide-eclipse-25-pecpad-12-sensor-swabs-type-1-brushoff-etc-p-1142.html
mais en passant quand même un coup de bombe avale poussière green clean pour le plus gros!
harvey dit
@Fanch pour être honnête je dois dire que les gars de chez Grenier ont été bien compréhensifs et qu’à l’occase je leur renverrai l’ascenceur. La semaine prochaine je vais retrouver les gars de chez Nikon France aux Charrues (Nikon est partenaire du festival cette année) et je compte bien leur soumettre l’énigme du gars maniaque qui se retrouve avec des taches d’huile sur la capteur 🙂 Parce que, à part bouffer un cornet de frites bien grasses en prenant le soin de mettre le miroir en position open, je vois pas comment je pourrais avoir des taches de graisse sur le capteur de mon D3s… Je pense qu’il y a une explication technique.
Fanch Dangerous dit
ce qu’il m’est arrivé une fois c’est un client qui avait essayé de tirer les poussières de son capteur avec de l’essuie tout ce qui veut dire que toute les poussières reste dans la feutrine autour du capteur donc je te laisse imaginer le bordel chaque fois que le miroir bouge…Voila comment bien commencer une journée!
Fanch Dangerous dit
par contre j’avoue que cette histoire de graisse… j’ai également déja entendu dire qu’ils étaient généreux sur la graisse en usine chez nikon…
PhilippeF dit
salut Hervé,
concernant le TC2III, j’ai acheté le miens ches les rosbeefs il y a quelques mois parce qu’introuvable en France. Je ne trouverai pas assez de superlatifs pour le decrire.
Tu l’as très bien defini : UNE TUERIE !!!
Le capteur Nikon, est un très bon collecteur de merde. Là aussi, bien supérieur à Canon.
Quand j’ai fini le nettoyage, j’ai largement de quoi graisser ma bagnole.
Buffalaurent dit
Zut, alors ça veut dire que tu ne revends pas ton D3s? 😉
Ceci dit, l’afghanistan, c’est probablement très joli et je crois que d’après certains reporters de guerre, il y a plein de photos à prendre là-bas…
Bon, suis heureux que tout soit réparé: j’attends impatiemment tes photos de PJ Harvey, Harvey! (Rhââââ… PJ Harvey avec une triX, ça serait terrible…)
A440 dit
heummmmmmmmmm…me semble que c’est le type3 qu’il faut pour le d3s…d’après le site SWAP
http://www.missnumerique.com/photographic-solutions-kit-pro-liquide-eclipse-25-pecpad-12-sensor-swabs-type-3-brushoff-etc-p-1145.html.
ou bien y a une astuce d’utilisation???
des retours sur l’utilisation?
meeeeeeeeerciiiiii