Aux toutes première notes de « Walk on the wild side » impossible pour moi de réprimer un petit « Oh ! » qui fait sourire mon pote Hugues qui présente la prog de la vingtième édition des Vieilles Charrues cru 2011. Lou Reed, c’est l’excellente et totale surprise de cette édition. C’est celui que je n’imaginais pas, plus précisément que je n’espérais plus. T’en veux d’la légende bébé ? En v’là et pas du petit calibre. On y reviendra. Mais avant de vous parler plus en détail de mes coups de cœur de cette édition 2011, un petit préambule. Le meilleur moyen de ne pas être déçu par une programmation, c’est de n’en n’attendre rien de particulier. J’avais entendu Francis Cabrel dire qu’aux Vieilles Charrues, le truc important c’est pas les artistes, non, le truc important c’est les Vieilles Charrues. Il avait tout pigé, le Francis. Il avait capté l’esprit de ce festival. Finalement, pour schématiser, il y a deux sortes de festivaliers aux Charrues. D’un côté il y a les festivaliers qui viennent pour la programmation, ceux-là peuplent les forums, supputent à donfe, croient à la fois au Père Noël ET aux poissons d’avril. Ils fantasment grave toute la Sainte journée sur la venue, en vrac, de U2, de AC/DC ou des Who. Ils font la gueule à l’annonce de la prog mais pour une grande majorité d’entre eux ils viendront quand même. Parce que nombre d’entre eux fait partie des festivaliers qui viennent pour le festival, pour les Charrues, pour boire un godet de Coreff (ou un pichet d’un litre si tu t’appelles Jean Floc’h) ou un Breizh Cola au bar numéro 4 et savourer cette inimitable ambiance qu’on ne retrouve nulle part ailleurs. Les Vieilles Charrues existent d’abord grâce aux bénévoles et aux festivaliers et ce n’est pas un hasard si la thématique retenue pour les vingt ans des Charrues c’est justement les gens, tous ces gens qui font vivre et vibrer la plaine de Kerampuilh pendant quatre jours. « On fournit le son, vous apportez les couleurs ! » Voilà. Tout est dit. United colors of Kerampuilh, vingtième du nom. Top départ.
Et là vous me dites, et cette année alors ? Voici mes coups de cœur, en vrac. Pas nécessairement des têtes d’affiches, même si je place Lou Reed tout en haut des concerts absolument et définitivement inratables. Lou Reed, découvert il y a un bail par hasard à la sortie de « Coney Island baby« . La claque, la révélation du rock dans toute sa grandiose splendeur. Le Velvet underground, un nom mythique, une définitive légende du rock et de la pop. J’avais pris dans la gueule, coup sur coup « Transformer« , « Rock’n roll animal » et le sublissime « Berlin » qui fait partie de mon top ten personnel des dix meilleurs albums pop rock de tous les temps, on ne plaisante pas. J’ai vu Lou Reed en live en 1975 et ce concert est resté profondément ancré dans ma mémoire. Voir Lou Reed encore une fois, ça va être un magnifique privilège de la vie. Et pouvoir le croiser dans le collimateur de mon reflex, ça va être unique et intense. Dans un autre registre, je vais enfin voir Kaiser Chiefs qui devait passer aux Charrues il y a trois ans ou quatre je ne sais plus, leur son pop rock (comme on dit sur la FM) me parle, ça va pogotter maousse et rendre le public heureux. Pareil pour Pulp, le combo porte-étendard de la pop british avec un Jarvis Cocker qu’on espère remonté à bloc. Je vais en épater plus d’un mais j’attends aussi David Guetta, je veux bien parier une Coreff avec Jean Floc’h que le set va être monstrueux, même si ça ne tape pas vraiment dans mon registre (doux euphémisme), mais après tout un peu d’easy listening ça ne fait pas de mal, comme dirait Maïté. Dans la série deux pour le prix d’un, j’ai vraiment hâte de voir ce que les p’tits gars de The Octopus nous auront préparé en ouverture du festival, scène Kerouac le vendredi. Les gagnants du tremplin des Jeunes Charrues sont aussi de véritables bêtes de scène, il faut le savoir. Un conseil, vendredi 15 juillet, soyez à l’heure, The Octopus, ça va envoyer le pâté, Hénaff ça va sans dire ! Si vous avez faim de rock, de gros son, de sueur, de bière et d’animal, avec The Octopus, vous allez être servi. Vous ne raterez pas non plus The Bellrays et la sublime Lisa Kekaula, à mi-chemin entre Aretha (Franklin) et Tina (Turner), qui avait foutu un feu d’enfer en d’autres temps à mon respectable et mythique Cabaret Vauban, avec les rescapés du MC5. Dans la série beau temps, mer calme, j’ai promis à mon pote Hugues de ne pas zapper Jack Johnson le vendredi, qui va nous ramener du soleil de sa Californie natale, ainsi que Angus & Julia Stone, dans un registre pop folkeux australien de bon aloi. Dans le genre OMNI (objet musical non identifié), j’irai décalaminer mes esgourdes sur DJ Zebra feat. le Bagad de Carhaix, gast ! Du côté du cabaret breton, rebaptisé scène Youenn Gwernig, pendant les quatres jours il y aura quelques pépites succulentes, j’ai noté Titi Robin trio ou Ibrahim Maalouf (tous les deux découverts au festival du Bout du Monde), Olli & Mood, Marchand vs Burger (salut Rodolphe ça gaze ou quoi ?), Duoud (un duo de ouds), pour ne citer qu’eux. Et dans le rôle des potes de Brest, j’irai jeter quelques unes de mes forces, s’il m’en reste, dans le set de Electric Bazar Cie et je poserai mon sac pour Siam, le groupe composé par Fanny Labiau et Bruno Leroux dont je vous recommande au passage d’écouter l’excellent premier opus intitulé « L’amour à trois« , en vente partout. What else ? Plein de bonnes choses. Difficile d’ignorer les sets d’Adam Kesher (vu à Art rock et à la Route du rock), des Hyènes qui reprennent des standards du rock pour le fun mais pas en yaourt (même s’il y a deux vrais morceaux d’ex Noir Désir dedans) ou des allumés de The Inspector Cluzo que j’avais raté au Run ar Puñs récemment. Idem pour Cold war kids ou Stromae (qu’on verra aussi à la Fête du Bruit dans Landerneau en août). En partenariat avec le Sziget festival, il y aura du (beau) monde aux Balkans avec des joyeux déjantés dont Goran Bregovic, Balkan beat box, excusez du peu. Et maintenant, on range les cannes et on passe au calibre supérieur, pour la pêche au gros.
Pas de Vieilles Charrues sans des noms capables de faire venir la foule des grands jours. Yannick Noah fait partie de ceux-là, il vient de bourrer Penfeld en attirant 10.000 spectateurs à lui tout seul. Jeu, set et match. Le samedi, ça va être chaud, d’autant que c’est aussi le jour de Supertramp et de Cypress Hill ! Idem le dimanche, puisqu’en dehors de mon cher Lou Reed, sur la même scène on va savourer PJ Harvey que j’aime beaucoup et pas seulement parce qu’elle m’a emprunté mon prénom anglais et qu’elle est vachement sexy. Non, j’aime bien son côté hardcore déjanté, son style pop rock un peu crème au beurre, limite indigeste, mais c’est tellement bon de se baffrer comme ça sans retenue, non ? Écoutez « This is love » en poussant le potar vers le haut, vous comprendrez ce que je veux dire. Le jeudi, aussi, du lourd. D’abord du rock teuton avec Scorpions, dont on nous assure qu’il s’agira là de leur dernière prestation live (celui qui a dit « bonne nouvelle ! » sort immédiatement de ce blog !). Si la femme de ma vie est dans les parages quand le groupe entonnera « Still loving you« , je lui promets un slow de derrière les fagots estampillé seventies. Bon, coup sur coup on aura aussi le même jour Kaiser Chiefs (i say yeah !), Snoop dog qui paraît-il se fait désormais surnommer « Doggy style », amis du club des poètes bonsoir, le retour de Pulp qui va vous la décoller du bulbe la pulpe, et les frenchies de service qui vont rameuter la foule des grands jours. D’un côté M’sieur Aubert (celui qui en 77 gueulait dans l’hygiaphone) et Mademoiselle Olivia « just sing » Ruiz, qu’on ne présente plus. Et pendant que j’y suis, le lendemain, M’sieur Eddy pour une dernière séance ouakenole. J’ai oublié personne ? Ah ben si ! D’abord Ben l’oncle soul, vu au Cabaret Vauban. Un garçon plein d’énergie positive, vous allez adorer et mouiller la liquette. Et Pierre Perret, aussi connu pour son zizi légendaire (celui qui amidonne la main de sa soeur) que pour des registres plus graves comme le sublime « Lili ». Je l’avais vu, l’ami Pierrot, au festival du Bout du monde, c’était somptueux, j’en connais même un qui avait pleuré.
Allez, ça c’est fait. Je vous donne rendez-vous dans trois mois et un jour sur le site des Vieilles Charrues pour faire la fête. Si vous me croisez sur le festival, vêtu de mon élégant polo brodé Shots (Hervé Le Gall est habillé par Minipop), n’hésitez pas à vous manifester (même si tu t’appelles Jean Floch et que tu es déjà à bloc), on fera une petite photo souvenir. Les annonces de la conférence de presse d’hier, à Carhaix, étaient ponctuées par un lancer de boule de bowling d’un des membres de l’équipe des Vieilles Charrues. La dernière boule fut lancée par Jean-Jacques Toux, programmateur des Vieilles Charrues. Il s’est avancé sur la piste, fébrile, sous le regard un brin goguenard des journalistes présents. D’une main assurée, la boule a glissé sur la piste… Strike ! Jean-Jacques s’est retourné, est tombé à genoux les deux poings levés, large sourire. Belle image, je trouve. Finalement l’esprit de ce festival, on y revient toujours, c’est un peu ça. Les Vieilles Charrues, c’est d’abord l’histoire d’une bande de potes qui sont là pour se marrer. Alors ? Vous êtes prêts ou quoi ? N’oubliez pas. Cet été à Carhaix il y aura du gros son. Je compte sur vous pour nous en faire voir de toutes les couleurs !
Mike dit
Bah sans moi cette année… Je ne trouve pas la prog si extraordinaire pour les 20 ans… Sorry je sors !
ERWAN dit
Merci Harvey pour ce « set » verbal qui me remonte le moral.
Je ne sais pas où je serais cet été, à coté de toi dans la fosse ou dans la prairie.Une chose est sûre, j’y serais………..
Comme toi, quand Lou Reed a été annoncé, j’ai eu les poils!!Ca sera une première pour moi, et j’en tremble à l’avance.
Sur le reste , tout a été dit et redis, il y a du lourd, voir du très lourd.
Et moi aussi, j attends avant de crier au loup de voir le set du jetseteur d Ibiza…musicalement pas mon truc, mais l ambiance sera là, et à mon avis les jeux de Light aussi.
Bref rendez vous dans 3 mois, dans cette belle prairie qui nous fait tous tant aimer ce week end de Juillet.
marco dit
Dans le mil emile.
un fossoyeur pas mécontent de l’affiche.
pierre dit
Bien content de voir un article comme celui-là, depuis hier midi je ne cesse de défendre la programmation de cette année, surtout que beaucoup sont très contradictoire dans leur pensées. Passant du « les années précédentes étaient beaucoup mieux, avec beaucoup plus de grand noms » au « cette année c’est trop commercial » …. il y a quelque chose que je n’ai pas compris dans leur raisonnement. Enfin pour sûr j’y serais on se croisera peut-être sans forcément savoir que nous sommes nous mais en tout cas on va s’en mettre plein les oreilles et on en sortira heureux, comme d’habitude, peut-être même plus que d’habitude.
Jean Jean dit
Et bien voilà, il en fallait bien un pour faire un peu chier (c’est moi hein…). J’ai fait 10 éditions des Charrues (ça ne me donne aucune légitimité mais uniquement la possibilité de comparer) et je confirme que pour ma part la stratégie a évolué. Certes, les VC ont toujours souhaité être populaires et accessibles, avec une prog bigarrée mais je trouve que l’on vire de plus en plus à la prog’ festive ! Une programmation variée n’a rien d’antinomique avec la qualité… mais une prog’ de « teuf' » ça craint un peu. Oui les festivaliers vont danser sur Guetta, les Chemicals et toute la prog électro… Oui il vont chanter sur Yannick Noah et Pierre Perret. Mais merde ! On n’est pas là que pour danser ! Bien sûr je n’oublie pas les Bellrays, Jean-Louis Aubert, Lou Reed ou même les Kaiser Chiefs et deux – trois autres… mais c’est maigrichon ! Ce sont les 20 ans les gars… les 20 ANS ! Ils réussissent une jolie pirouette le jeudi à défaut d’une grosse tête d’affiche (c’est clair, pas de tournée pour les Stones, Radiohead ou les Red Hot…) mais sinon, on fait pâle figure et avec 30% de plus de budget par rapport à l’an dernier !
Remettons la musique au cœur du festival. En 2005 en une journée tu vois Devendra Banhart, Jamie Cullum, Bertignac, Iggy & The Stooges, The Kills, … Ca a de la gueule non ? Surtout que la vieille, tu as Deep Purple qui met le feu et la scène belge qui explose avec Ghinzu notamment.
Je rêve ou les Arctic Monkeys et les Strokes (4 albums au compteur chacun) tournent dans les festivals et on ne les a JAMAIS vu à Carhaix. Je me trompe ou Arcade Fire et The Hives tournent en ce moment et avaient retourné la pelouse de Carhaix lors de leur venue.
Bref… merci pour Monsieur Lou.
Les 20 ans du plus grand festival français sonnent un peu l’amertume pour moi, même si j’ai les charrues dans le sang.
Brieuc (snockot) dit
Salut Hervé !
Pour ma part, je trouve que la prog, si elle n’est pas forcement à la hauteur de ce que les gens esperaient pour la 20ème, est franchement sympatique ! J’espère bien qu’on s’y recroisera !
A dans 3 mois (voir avant ?) !
JoB dit
Sympa l’article!
Pour parler de la prog’, j’ai entendu dire que pour les 20 ans, ce sont les bénévoles qui ont choisi les artistes! Alors au final, ça se tient plutôt pas mal =)
J’veux dire, j’préfère voir un bon Pierre Perret qu’un Jamiroquaï à moitié absent!