Il y a une quinzaine d’années je papotais avec une amie photographe dans le pit des Vieilles Charrues. On parlait matériel, prise de vue, histoire de passer le temps, en attendant le début du concert. Son père, également photographe professionnel, lui avait prêté du matos pour couvrir le festival. Dans le courant de la conversation je lui avais demandé dans quel mode elle bossait et sa réponse m’avait fait beaucoup rire. »En mode manuel évidemment ! Si jamais mon daron réalise que je n’ai pas bossé en mode manuel, je vais me prendre une avoinée ! » Son père faisait partie de cette ancienne génération pour qui, en dehors du mode manuel, il n’y a point de salut.
La semaine passée, j’évoquais Nikon Z9 avec un autre ami photographe, dans le cadre de l’écriture de mon article sur le sujet. Ce photographe nature (dans tous les sens du terme) est spécialisé dans la photo animalière. Alors qu’on parlait des performances de Z9 et de son autofocus premium, il me glisse dans la conversation qu’il travaille en mode priorité ouverture. Je sens dans sa voix, non pas une gêne, mais il y a un signe qui ne trompe pas. Il développe des tonnes d’arguments pour justifier son choix, comme si ne pas travailler en manuel était, pour lui, comme un aveu de faiblesse.
Mode manuel VS mode auto
Pour ma part, je travaille en général en mode manuel, mais il peut m’arriver de choisir un autre mode selon les circonstances. Faire des photos en mode manuel n’a jamais été un gage de qualité. Je viens d’une époque par ailleurs où on ne se posait pas ce genre de question. Mes premiers boîtiers Canon (en particulier mon F1) étaient 100% mode manuel. Il fallait mettre en accord la sensibilité, l’ouverture et la vitesse pour obtenir une photo correcte. Sans compter que la mise au point aussi était manuelle. Il a fallu attendre la génération suivante, apparue l’année suivante avec le New F1 pour bénéficier d’un viseur AE permettant le mode priorité ouverture. Aujourd’hui, tous les boîtiers proposent les modes PSAM* et l’autofocus.
(*Program, Speed, Aperture, Manual)
• Où l’on reparle de la tyrannie du mode manuel
Alors quand j’ai reçu le livre Sortez du mode auto avec un reflex ou un hybride, paru aux éditions Eyrolles, j’ai repensé à toutes ces discussions autour du mode manuel. D’ailleurs entre nous, la tyrannie du mode manuel est un sujet inépuisable sur lequel j’ai déjà écrit à maintes reprises. J’étais donc intéressé d’appréhender le point de vue de l’auteur, Jérôme Pallé, sur le sujet et sa proposition à sortir du mode auto. Un mode qui consiste à laisser l’appareil décider de ce qu’il y a de mieux pour vous et à vous laisser vous concentrer sur la composition, le cadrage. Ça se défend, mais ça peut être (très) casse-gueule !
• Ce livre est une mine de (bons) conseils
Le livre de Jérôme Pallé donne une mine de conseils judicieux, des grands classiques, voire des incontournables ! En revanche, ici pas de recettes miracle. D’ailleurs c’est bien connu, en photographie la seule règle c’est qu’il n’existe pas, à proprement parler, de règles, mais… Il y a des choses à savoir et à maîtriser. À défaut, vous flinguerez plus de photos que vous n’en réussirez et au bout du compte ça peut devenir lassant. L’idée de Jérôme Pallé et c’est le concept qu’il développe dans son livre, c’est d’acquérir une méthodologie qui tient en deux phases. L’anticipation, d’une part, la création d’autre part. Le but de cette « méthode » étant surtout d’acquérir des automatismes dans le processus de création de vos photographies.
• Chacun voit midi à sa porte
Pour répondre à la question posée en titre, le livre de Jérôme Pallé n’est pas une invitation au mode manuel. De là à prétendre comme il l’écrit que « le mode Manuel n’est pas le programme ultime à utiliser pour maîtriser la lumière… Ce n’est pas l’apanage des professionnels mais plutôt celui des photographes débutants qui mitraillent sans mesurer la lumière » je ne suis pas vraiment de cet avis. En revanche, le programme ultime n’existe pas. Certains seront à l’aise en mode manuel (c’est mon cas), d’autres préfèreront un mode semi automatique. En photo, chacun voit midi à sa porte. En revanche, comme disait Rabelais (qui aurait fait un excellent photographe) « science sans conscience n’est que ruine de l’âme ». Tout est dit. De la compréhension nait la fluidité. Et c’est ce que ce petit guide peut vous permettre d’acquérir.
• Sortez du mode auto ! Par Jérôme Pallé aux éditions Eyrolles
Jean-Bernard de Vernon dit
Merci JeanChristophe, j’ai commandé et même si j’utilise le mode M depuis bien longtemps. Il est important de lire ce que les pros et pourquoi. Je n’ai pas la science infuse.
Sarazo dit
Merci pour vos articles toujours aussi intéressants.
Un mot pour vous dire que j’ai personnellement un Z6 et un Z9.
J’aime les 2 boitiers pour des raisons différentes que vous avez très bien décrites.
Le Z6 est un régal de compacité et de qualité d’image surtout couplé au 24-70 f2,8.
Mon Z9 me sert essentiellement pour la photo animalière (principalement des photos d’oiseaux) en combinaison avec le 500PF.
Concernant le Z9, il est très important de bien comprendre ses réglages pour optimiser son paramétrage. C’est la clé pour exploiter pleinement son autofocus. Pour ce faire j’ai passé beaucoup de temps à écouter les conseils de nombreux youtubers francophones et anglophones.
Je travaille en RAW (compression sans perte) traité avec NX Studio.
J’utilise le Jpeg seulement pour exploiter de temps à autres la cadence de 30 i/s.
Quant à la batterie, comme avec le Z6, je la gère avec parcimonie et j’évite d’utiliser l’écran.
Exploitant beaucoup la fonction d’anticipation, mon boitier reste en permanence allumé avec le déclencheur à mi-course. Dès que je peux en fonction des circonstances je l’éteinds pour économiser la batterie, Je prends en moyenne plusieurs milliers de photos par sorties,
Ce faisant, j’ai rarement épuisé la batterie dans la journée mais je prévois néanmoins d’acquérir une batterie de secours.
Moyennant quoi, je dois dire que c’est une outil extraordinaire avec lequel je prends beaucoup de plaisir.