Je me souviens parfaitement de ma première rencontre avec Nikon D3s. C’était au salon de la photo, en 2009, il fallait montrer patte blanche pour accéder à un petit local et avoir le privilège de prendre la bête en mains. C’est étrange, j’ai ressenti deux choses en prenant ce boîtier et en regardant dans le viseur. La première chose a été de me dire qu’avec ce reflex, on pourrait aller très loin. Que ce boîtier n’avait pas de limites. La seconde, c’est qu’un jour j’en aurai un. Ce qui s’est avéré juste, quelques mois plus tard. Le temps a passé. Depuis Nikon D3s, j’ai vécu mille aventures avec la marque Nikon. J’ai testé plein de boîtiers et d’optiques.
Puis est arrivé le moment où Nikon a annoncé la gamme Z, mirrorless, que j’ai aussi testée. La visée réelle, le choc. Je n’ai pas hésité longtemps, tant j’ai su que l’heure de nos bons vieux reflex était comptée. J’ai troqué mon D4s contre un Z6, mais j’ai gardé mon petit D500 et mes deux optiques de référence. Avec Z6, comme avec D3s dix ans plus tôt, j’ai su que ce boîtier était fait pour moi. Silencieux, discret, performant, surtout avec mon 24-70mm f/2,8 S. Mais moins endurant qu’un D4s, tant en terme de durabilité, d’autonomie, de performance en AF. J’ai fait mon choix en connaissance de cause et je ne l’ai jamais regretté.
Nikon Z9. Oh lala !
J’attendais que Nikon dégaine – enfin – son monobloc Z et je me doutais, que ça allait être monstrueux. Quand j’ai vu la fiche tech de Nikon Z9, j’ai compris. Sur ce coup-là, la marque jaune savait qu’elle n’avait pas le droit à l’erreur. Il fallait un électrochoc, un truc énorme, une perfection qui mette tout le monde par terre, qui ne souffre d’aucune critique. Z9 a mis tout le monde d’accord, même les plus septiques. Nikon était de retour du futur.
• Nikon Z9, comme un vertige.
On attendait Nikon au tournant, à bien des égards, mais surtout on l’attendait sur un point précis : l’autofocus. Allait-on enfin retrouver un AF suivi 3D, le même qui avait fait les beaux jours de Nikon D3s et consorts ? Car même si l’AF des gammes Z6 et Z7 est performant, c’était pas au niveau de ce qu’on avait l’habitude d’utiliser sur la gamme monobloc. Il faut d’ailleurs souligner un gros malentendu sur ce point précis. Un certain nombre de photographes qui bossaient sur D4s ou D5 ont cru naïvement qu’ils allaient retrouver le même type de performances sur un Z6 ou un Z7. Non, on n’a pas retrouvé un AF suivi 3D sur Z6. En même temps, Z6 et Z7 ne boxaient pas dans la même catégorie que D4s ou D5 et c’était pas non plus le même prix. Même si pour ma part, je n’ai jamais pris l’AF de mon Z6 en défaut.
Bref. Quand Nikon Z9 a été annoncé, je dois à la vérité de dire que j’ai eu le tournis, comme un vertige. Quand je l’ai eu en mains, quelques mois avant sa sortie, j’ai ressenti le même frisson qu’avec D3s une dizaine d’années plus tôt. Seulement voilà, moi aussi j’ai prix dix ans de plus. Avec Z6 je me suis habitué au confort d’un petit boîtier, relativement léger, j’ai donc réussi à me convaincre que Z9 n’était pas fait pour moi. Même si je considère qu’il s’agit là d’un des meilleurs boîtiers jamais conçus par la marque jaune. Pour ne pas dire le meilleur.
• Nikon Z9. Le seul moyen de se délivrer d’une tentation.
Alors évidemment, quand le NPS (Nikon Pro Services) a déboulé aux Vieilles Charrues avec une palanquée de Z9, je me suis promis de ne pas y toucher. Surtout ne pas céder à la tentation. D’ailleurs à quoi bon hein ? Je l’ai juste maté du coin de l’œil, reluquant avec une jalousie mâtinée de dédain dans la fosse tous ces photographes qui avaient eu moins de scrupules que moi (et ils étaient nombreux). Je m’étais fait une promesse. Tu ne testeras point Nikon Z9. J’ai tenu trois jours. Mais comme disait ce cher Oscar, le seul moyen de se délivrer d’une tentation, c’est d’y céder. J’ai donc craqué le quatrième jour, le dimanche, à l’heure de la messe.
Il faut dire, pour ma défense, que j’avais croisé le samedi en fin de journée un pote photographe pro qui testait Z9, en vue d’en acheter un. Je lui avais demandé ce qu’il en pensait, il m’avait simplement répondu « Oh lala ! » Le lundi suivant, il en commandait un.
• Suivi 3D, le retour.
Dimanche 17 juillet, fosse Glenmor. Premier concert avec les frangines Ibeyi. Il fait un temps superbe sur Kerampuilh, j’entre dans le pit de Glenmor avec le tandem Nikon Z9 et Nikkor 100-400mm. J’ai hâte de voir le suivi 3D en action. Je ne vais pas mettre longtemps à réaliser. C’est absolument dantesque (désolé, je ne vois pas d’autre qualificatif). Une fois le collimateur verrouillé sur sa cible, Z9 ne le lâche plus. Je connaissais déjà le suivi 3D sur Nikon D4s mais là, honnêtement, on est un cran au dessus. Je retrouve instantanément toutes les sensations d’un boîtier monobloc, avec naturellement toute la pertinence de la visée réelle. Dans les mains, au niveau du poids, Z9 plus le 100-400mm ça ne déçoit pas, même si dans la frénésie et le plaisir de shooter j’ai complètement zappé cet argument.
J’ai commis deux erreurs. La première, involontaire, c’est d’avoir choisi un format d’image – RAW High Efficiency – qui va s’avérer ne pas être reconnu par Capture One Pro 22. J’ai dû convertir mes fichiers NEF au format DNG (via Adobe DNG converter) pour pouvoir les éditer. Le seconde erreur, que je mets sur le compte de l’enthousiasme, c’est d’avoir laissé le mode rafale en action. Sur Nikon Z9, vous pouvez déjà être assuré que la première image sera nette, je n’ai jamais réussi à prendre l’AF en défaut. Donc, je me suis retrouvé avec des séries complètes de bonnes images. L’editing a été sportif !
• Z9. Zéro défaut ?
J’ai beau chercher, je ne trouve quasiment rien à redire. Z9 a tellement de potentiel, de fonctionnalités qui peuvent être croisées, que c’est un boîtier qu’il faut maîtriser. Un détail important, Z9 n’embarque pas d’obturateur mécanique, c’est un boîtier qui travaille en silence. En clair, vous n’entendez pas le bruit du déclencheur, même si vous pouvez activer une fonction sonore qui simule le bruit du déclencheur. Mais ce bruit peut s’avérer très faible en ambiance animée (un concert de rock par exemple), on aurait aimé que Nikon nous propose un panel de sons plus vaste qu’un simple clic. Comment sait-on alors qu’on a déclenché ? Un rectangle qui fait le contour de l’image dans le viseur s’affiche brièvement au moment du déclenchement. Ça plus le mode rafale, vous comprenez mieux pourquoi je me suis retrouvé avec des tonnes d’images. Dieu merci, j’avais deux cartes CFExpress 128Go.
Vous l’avez compris, ce boîtier frôle la perfection et ça n’a échappé à personne. Surtout pas aux photographes à la recherche d’une image parfaitement nette en toutes circonstances (photographes sportifs, animaliers, photoreporters, …). Si on ajoute à ça que Nikon a opté pour une tarification nettement plus raisonnable que ses concurrents (Canon et Sony pour ne pas les citer), on comprend aisément les clés du succès. Le niveau de précommandes a donc atteint un niveau jamais vu dans l’histoire de la marque jaune. Résultat des courses ? Des listes d’attente longues comme une queue devant une boulangerie dans la Pologne de Jaruzelski pour réussir à mettre la main sur un précieux Z9. La rançon du succès, en somme. Pour une marque dont certains prédisaient la fin, il y a encore quelques mois, il faut admettre que la marque jaune se porte plutôt bien.
• Le choix premium
En conclusion, si vous disposez du budget et d’un peu de patience, Nikon Z9 est un choix premium. C’est, à mon avis, un boîtier absolument redoutable, endurant, bien pensé, bien conçu, sans limite qui vous emmènera très loin et vous permettra de capturer photos et vidéos dans des conditions optimums. En revanche, c’est un boîtier qui en a sous la semelle et qui a besoin d’être maîtrisé. Un autre point qui me semble important à souligner, c’est que Nikon va continuer de déployer des fonctionnalités dans le temps, via la mise à jour du firmware. Z9 est donc un investissement durable.
Naturellement, d’aucuns rêvent d’un boîtier de cet acabit mais qui ne soit pas monobloc et j’en fais partie. Ce boîtier pourrait s’appeler Nikon Z8, embarquerait nombre de fonctionnalités du Z9 dans un calibre plus réduit. Je pense qu’il faudra être un peu patient avant de voir ce boîtier arriver sur le marché, après tout on ne reprochera pas à Nikon de savourer son succès. En revanche, si Z9 a réalisé un strike au niveau des ventes, je veux bien parier qu’un Z8 non monobloc et à un tarif plus accessible réalisera un énorme carton en matière de vente. Mon prochain boîtier, celui qui remplacera mon Z6, c’est lui.
• cet article n’est pas sponsorisé
• merci au NPS Nikon Pro Services pour le soutien aux photographes durant la 30è édition du festival des Vieilles Charrues
• merci à Olivier Roué photographe aux Vieilles Charrues
Nicolas dit
Pour connaître quelques possesseurs de Z9 depuis des mois leur avis ne sont pas aussi dytirambiques.
Problème d’accroche de l’af sur fonds chargés ou par faible lumière ou sur certains sujets (en animalier, le problème serait du selon l’un de ces itisateurs au fait que les capteurs af ne sont pas de type en croix d’où problème d’accroche lorsque le point visé n’a pas la bonne orientation) et problèmes de banding liés à l’absence d’obturation mécanique en photos de concerts (en salle, pas en extérieur).
Bref, un bon boîtier mais pas exempt de défauts.
Perso je vais attendre la génération suivante en pariant sur le fait que ces défauts auront été complètement ou partiellement résolus.
Sarazo dit
Possesseur et utilisateur du Z9 depuis 3 mois, je ne regrette rien de mon choix même si on peut par moments lui trouver quelques limites.
La réalité c’est qu’il augmente considérablement le nombre de keepers.
De plus à l’usage on lui découvre des fonctions nouvelles qui augmentent encore le nombre de keepers.
Son véritable inconvénient c’est qu’il oblige à mettre à jour tout l’environnement : cartes mémoire, ordinateur et disques….
Mais quand on a comme devise « seul le résultat compte », c’est indubitablement le meilleur choix.
Pourquoi ne pas avoir attendu le Z8 dont j’aurais préféré le facteur forme ?
Réponse : 61 Mpx ne m’intéressaient pas vraiment et peuvent même représenter un inconvénient. De plus je ne suis pas sûr que le Z8 aura un stacked sensor. ?
Et à l’usage j’apprécie beaucoup l’autonomie de la batterie du mono corps.
Au final, je ne suis pas sûr que vous ne changiez pas d’avis sur le Z9 quand sortira le Z8.
On en reparle en Juin 2023…
Matthieu dit
@sarazo Nikon Z8 embarquant un capteur de 61mp ? Pas de capteur empilé ? Juin 2023 ? Vous semblez bien renseigné ! Vous avez une boule de cristal ?
Sarazo dit
Bonjour Mathieu,
Effectivement, quand je prends une décision, je m’informe au préalable pour éviter de regretter mes choix et ce d’autant plus lorsque vous investissez des milliers d’euros comme le Z9. Il suffit de chercher et consulter les sites fiables sur internet. Nikon lui même vient tout juste d’actualiser sa road map au Japon promettant le Z8 pour juin 2023. Et pour les caractéristiques du Z8 cherchez un peu vous trouverez vite.
Cordialement
Matthieu dit
@sarazo Les sites fiables sur internet ? Vous pensez à qui ? Nikon rumors ? Ou les forums spécialisés qui relayent tout et n’importe quoi ?
Sarazo dit
Mathieu,
Oui, Nikon Rumors fait partie des sites que je consulte régulièrement mais « une hirondelle ne fait pas le printemps »… Les forums, très peu pour moi. Je ne fréquente pas les bars de quartiers.
Je suis attentif à qui dispense l’info.
Nikon diffuse rarement ses informations par le même canal.
L’important c’est de vous construire une culture journalistique en cherchant puis en croisant les informations trouvées et en les vérifiant par la suite.
L’expérience vous permettra de vous faire une opinion assez fiable sur les informations collectées.
Cordialement,
Matthieu dit
@sarazo en clair, tout ce que vous avancez dans votre commentaire à propos de Z8 est faux. Rendez-vous en 2023 (et, non, pas au mois de juin).
Sarazo dit
Cher Matthieu,
Les propos belliqueux sont stériles.
Je vous encourage plutôt à chercher un peu mieux pour trouver la nouvelle feuille de route Nikon.
Sans commentaire supplémentaire.
matthieu dit
Belliqueux ? LOL. J’ai juste dit que tout ce que vous racontez sur Z8 est faux. Pour quelqu’un qui donne des leçons aux autres sur un ton vachement hautain (relisez vous) c’est tordant.
Au final le truc marrant c’est quand vous dites que vous avez renoncé au Z8 en vous basant sur deux rumeurs. 1- que « les 61 mpx de Z8 ne vous intéressent pas » 2- que Z8 ne disposera pas un capteur empilé.
Ces deux « informations » (relayées par des sites comme Nikon rumors ou par certains forums) sont fausses. Point barre.