J’ai su que j’allais devoir faire un énorme travail sur moi-même, dès le premier contact. On était en été, en 2021, quelques mois avant le lancement du nouveau flagship de la marque jaune. Mon interlocuteur m’a mis Nikon Z9 entre les mains. Un Z9 de pré-série quasi anonyme. Du gafer masquait le nom de la marque et son identifiant. J’avais ce boîtier Nikon en mains, nu sans caillou que je pouvais déjà évaluer le poids du bestiau. On a sorti un 24-70mm f/2,8 S du sac et enlevé le bouchon frontal. Là, j’ai vu le rideau masquant le capteur. Quelle riche idée que de protéger le capteur des poussières ambiantes, ai-je pensé en moi-même. Ce qui a suivi était du même tonneau. Les specs, énumérées, complètement affolantes.
La visualisation d’images (réalisées à l’occasion d’un match de foot, de mémoire), tapées à 20fps. La décomposition du mouvement et des images qui me semblaient toutes parfaitement focus. Mon esprit a commencé à s’embrouiller quand on m’a parlé de 120 images par seconde. Là, je me suis dit mais qui a besoin de faire des photos à 120fps ? Un peu comme en 2009 quand on se demandait qui avait envie de faire des photos à 100Kiso avec Nikon D3s. La litanie des specs, je connais, ça fait un bail que ça ne m’impressionne plus. Sauf que là, quand même, Nikon tapait fort, très fort. Z9, c’était plus qu’un nouveau flagship. C’était un monstre de puissance, capable d’aller chercher de l’image avec une précision redoutable. Voilà, on y était, Z9 c’était une rupture, un choc, un séisme. J’ai su à ce moment là que j’allais en baver pour le sortir de mon esprit.
Nikon Z9. La puissance incarnée
Parce que je me connais. Je sens immédiatement quand un outil photographique est en phase avec mes besoins. Ça a été le cas la première fois où j’ai fait des photos avec Canon EOS 3. Puis, quelques années plus tard, quand j’ai commencé à travailler en Nikon. D’abord avec Nikon D700 et quelques mois plus tard avec Nikon D3s. Ce sentiment de se sentir en phase avec son matos, pour un photographe c’est le début du bonheur. Seul travers de D3s, comme d’ailleurs celui qui lui a succédé pour moi, Nikon D4s, c’était son poids. Pour le reste, ce monobloc était un outil redoutable, embarquant des fonctions de suivi autofocus (le mythique suivi 3D) définitivement fantastiques.
Quand Nikon a été prêt à tourner la page et à entrer de plain pied dans le monde du mirrorless, j’ai su que la visée reflex avait vécu. Il m’a fallu quitter un univers qui m’était familier depuis toujours pour un nouveau monde. Un monde fait de visée réelle et surtout, surtout ! Un monde du silence. J’ai immédiatement adopté Nikon Z6 et je n’ai presque jamais regretté mon choix. Alors franchement ? Quand je vois la qualité des images engrangées avec Nikon Z6, je me demande vraiment ce qu’un monstre de puissance comme Z9 pourrait m’apporter en plus… Pour tenter de m’en convaincre, voici au moins cinq bonnes raisons de ne pas craquer pour Nikon Z9.
• Nikon Z9 ? Il coûte un bras !
C’est vrai. On notera que Nikon a quand même fait un effort singulier sur le tarif. Affiché à 5999€ (prix psychologique), c’est un investissement qui est loin d’être anecdotique. En même temps, si on compare ce prix à celui de la concurrence, il faut admettre que sur le papier la marque jaune n’a pas poussé le bouchon ! Sony Alpha 1 (qui n’est pas un boîtier monobloc) se négocie à 7299€, quant à EOS R3 de Canon il coûte le même prix que Z9, sans toutefois proposer, il me semble, le même niveau de specs. Enfin, c’est pas le genre d’investissement que tu fais pour deux ou trois ans.
• Nikon Z9 ? Il est surdimensionné
Nikon a tapé haut, à tout point de vue. On imagine que le staff a réuni sa team d’ingénieurs devant une page blanche en leur demandant de créer l’appareil photo numérique le plus élaboré de tous les temps. Quand on voit le résultat, force est de constater qu’ils ont mis le paquet. Ce boîtier mirrorless haut de gamme dispose de toutes les fonctionnalités possibles et imaginables, jusque dans les moindres détails. Mais est-ce qu’il m’apportera beaucoup plus que mon petit Z6 ?
• Il est lourd et encombrant
Ce boîtier ne pèse pas une tonne mais pas loin ! Il est lourd et si jamais je commettais l’erreur d’en acheter un, il est tellement encombrant qu’il ne rentrerait plus dans mon sac. En plus, un gros boîtier comme ça, c’est pas franchement discret, hein ? Sans compter que son capteur de 45mp, il va falloir suivre en matière de stockage…
• Z9 c’est surtout bon pour de l’animalier ou du sport
Voilà et moi, les seuls animaux que je côtoie c’est mon chat, mon chien, les mésanges de mon jardin. Et côté sport, je ne fréquente pas assidument les terrains de foot et autres parquets de basket, non. Moi, mon truc c’est plutôt le spectacle vivant et la pénombre des salles de spectacles. Alors taper un musicien de jazz old style à 120fps, c’est pas dans mon cahier des charges.
• C’est un monobloc
Voilà un argument qui raccroche au côté lourd et encombrant, mais pas seulement. Avec un boîtier standard, on peut toujours ajouter un grip (sauf sur Nikon Z6 à mon grand dam !), mais un monobloc lui, il reste monobloc pour l’éternité.
• Attendons la génération suivante
C’est Jean-Baptiste Poquelin (aka Molière) qui parlait de la sagesse d’attendre. C’est le premier truc que je me suis dit en voyant Nikon Z9. Attendons de voir ce qui va suivre ! On imagine que d’autres propositions vont rapidement débouler et que d’autres boîtiers sont en chemin. Alors patience est mère de toutes les vertus.
• Touché par le syndrome d’Oscar
J’en étais là. Ça a duré des mois. De temps en temps, je ressortais la fiche technique de l’engin et surtout je voyais passer des images réalisées avec Z9. Comme la photo de Tobias Schwarz, aux Jeux Olympiques. Avec le recul je me dis que ce cliché spectaculaire a eu sur moi le même impact psychologique que la photo de l’ours au clair de lune de Vincent Munier, réalisé avec D3s une dizaine d’années plus tôt.
J’ai repensé à la maxime d’Oscar Wilde : « La meilleur façon de résister à la tentation c’est d’y céder. Résistez et votre âme se rend malade à force de languir ce qu’elle s’interdit. » Le 24 mars 2022, n’y tenant plus, j’ai dit à ma femme « Je veux un Z9. » Elle a souri et a lâché « Enfin ! »
Alors oui, c’est vrai. Nikon Z9 coûte cher. Il coûte le prix de la perfection. C’est plus qu’un appareil photo. C’est un véritable ordinateur embarqué, capable d’engranger des photos comme des vidéos. Comparez son prix à un Mac Studio Ultra avec un écran Studio Display. Avec ce boîtier je vais (enfin) retrouver la prise en main d’un monobloc, sensation que j’avais perdue quand j’ai quitté Nikon D4s. Je vais aussi retrouver un vrai suivi 3D et pas seulement. La liste de specs de Z9 est absolument bluffante, jusque dans les moindres détails.
Je ne renie évidemment à aucun moment Nikon Z6 qui reste le boîtier qui m’a fait découvrir la visée réelle et le monde du silence. Avec Nikon Z9 je vais retrouver une sensation, une prise en main, une facilité de travailler (en mode portrait) et surtout, ce sentiment de puissance infaillible, cet accord parfait entre l’homme et la machine.
• En conclusion, le prochain défi est d’en trouver un !
Pour conclure, je ne connais pas un seul photographe équipé en Nikon qui ne soit pas fasciné, subjugué par les fonctionnalités proposées par le nouveau flagship de la gamme Z. Pas un seul. D’ailleurs entre nous, ça vaut aussi pour nombre de photographes équipés en Canon. Ceux qui attendaient Nikon au tournant sont servis tout autant que ceux qui prédisaient la fin prochaine de la marque jaune.
L’impact de ce nouveau boîtier haut de gamme est qualifié d’historique et c’est aussi valable en terme de pré-commandes et de ventes. Le succès est au rendez-vous, à un point tel que certaines boutiques au Japon préfèrent jouer la carte de la prudence et afficher des délais de livraison allant jusqu’à… janvier 2023. Le prochain défi de Nikon Z9 c’est désormais d’en trouver un !
• cet article n’est pas sponsorisé
• toutes les specs de Nikon Z9 sont à retrouver sur le site de Nikon France
julien dit
Merci pour l’article. Le plus dur est effectivement d’en trouver un ou la très longue attente … et aussi la tristesse de savoir que Nikon augmente ses tarifs très prochainement hélas…
J’attendrai le Z6III qui sera moins cher, peut-être plus facile à trouver et qui aura je l’espère le même processeur et le même autofocus (ou un peu mieux en fonction des mises à jour).
Après je craquerais peut-être sur le Z9 qui sait.